Être une sportive de haut niveau, développer une morphologie « hors normes » et « rester une femme » ?

Essai sur les fondements d’une équation socialement impensable

Matthieu Quidu

Résumé

Une femme peut-elle, simultanément, être une sportive de haut niveau et exhiber une morphologie colossale ? Force est de constater que les athlètes conjuguant ces deux propriétés sont, non seulement extrêmement rares (ou invisibilisées), mais aussi très souvent décriées. Elles s’exposent en effet à une série de procès en virilisation (accusation de ne plus être une « vraie femme ») et en probité (suspicion de dopage). Nous avons identifié les fondements d’une telle incapacité sociétale à générer, concevoir et valoriser des compétitrices aux gabarits « hors normes ». Seront ainsi distinguées des barrières socialement efficaces du point de vue de la sélection sexuelle mais aussi médiatiques, institutionnelles et cognitives. Au final, c’est tout un système de proscriptions et de sanctions, conduisant au renforcement de la bi-catégorisation sexuée, qu’il convient de dévoiler en ce qu’il agit comme un « plafond de verre corporel » cantonnant les sportives à la modération et à la trivialisation. Il n’est plus tolérable, notamment dans le domaine anatomique, que l’extraordinaire et l’extrême puissent demeurer le privilège exclusif des hommes.

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