L’approche cartésienne des attributs divins

L’indifférence du Dieu infini et providentiel suscitant une relation d’amour

Aurélien Chukurian

Résumé

L’article se propose d’explorer la conception cartésienne des attributs divins, en mettant au jour sa fécondité pour les rapports entre philosophie et théologie. Procédant en philosophe en prenant appui sur l’idée de Dieu, Descartes érige en point nodal de la nature de Dieu l’infini incompréhensible, dont découlent les autres attributs. L’originalité de sa démarche consiste alors à concilier sa réflexion sur Dieu, soucieuse d’éviter tout anthropomorphisme en insistant notamment sur l’unité de l’essence divine, avec la perspective d’une authentique relation entre le sujet et Dieu : découvrant sa providence, particulière et générale, le philosophe cartésien s’élève, par l’usage de la raison, à un véritable amour de Dieu, prenant la forme d’une passion. Pour autant, si Descartes prête à son approche rationnelle de Dieu une indéfectible prétention à la vérité, au point de venir corriger les erreurs de la scolastique, il ne lui attribue pas de prétention méritoire : s’imposant pour règle de ne pas dépasser les limites de la raison, Descartes délaisse la question de la grâce et du salut pour les réserver à la théologie.