Le corps comme réceptacle des dieux au Japon chez Ueshiba Morihei et Deguchi Onisaburō

Bruno Traversi Bernard Andrieu

Résumé

Ueshiba Morihei (1883-1969), créateur de l’aikidō, fonde son « budō » (voie martiale) avec Deguchi Onisaburō (1871-1948), dirigeant de l’Ōmoto-kyō, l’une des « nouvelles religions » japonaises. Ils conçoivent le budō comme « la voie de création et d’ordonnancement de l’univers » en opposition aux « budō corporels » influencés par le modèle occidental du sport. Selon eux, l’Occident, « matérialiste », a profondément modifié les pratiques japonaises de telle sorte que le vécu du corps comme shintai, comme réceptacle des kami (esprits ou divinités) lors des transes de possession est en voie de se perdre, et avec lui tout un monde. Le corps de possession rend communiquant les mondes : avec sa perte, il n’y a plus de transgressions possibles des frontières ontologiques ; l’homme ne peut plus s’unir à sa racine et retrouver sa totalité ; les animaux, les plantes et les pierres ne parlent plus et le dieu originel unique devient inaccessible, caché dans « l’imperceptible de l’imperceptible ».
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