La santé et la maladie dans la pensée de Georges Canguilhem et d’Oliver Sacks

Frédéric Moinat

Résumé

Cet article a pour but de montrer la proximité importante de deux auteurs, a priori très différents, au sujet de la question de la santé et de la maladie : Georges Canguilhem et Oliver Sacks. Ils se sont tous deux efforcés de critiquer une conception naturaliste et objectiviste de la santé et de la maladie, le premier en forgeant et en travaillant le concept de norme vitale, le deuxième en décrivant des patients atteints de troubles neurologiques. Ils se rejoignent pour soutenir que la maladie n’est pas une réalité antinaturelle ou aberrante, mais une façon de vivre, une forme d’équilibre physiologique. Toutefois, leurs façons de concevoir la santé vont s’avérer très différentes, pour ne pas dire antinomiques. Canguilhem se reconnaît très influencé par Nieztsche : la santé, c’est la grande santé, la capacité à surmonter les maladies et les épreuves. Il s’ensuit un dualisme entre les héros de la grande santé et la vie plus faible et plus fragile de tous les autres, un dualisme que Sacks remet radicalement en cause lorsqu’il montre que la maladie est aussi une expérience qui nous ouvre à des possibilités nouvelles. Le dialogue qui peut s’ouvrir entre ces deux penseurs permet de problématiser des enjeux essentiels de la question de la santé et de la maladie.
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