Le destin socioéducatif des héritiers Kergomard (1914-1983)

Nicolas Palluau

Résumé

En travaillant conjointement l’éducation par les méthodes actives et le désir de changement social, des descendants de Pauline Kergomard prolongent par leurs engagements militants au XXe siècle l’œuvre de la fondatrice des écoles maternelles républicaines. Ces hommes de la famille – son fils Jean Kergomard (1870-1954), un petit-fils Pierre Kergomard (1897-1981) puis un arrière-petit-fils Jean-René Kergomard (1926-2020) – inscrivent à leur manière leurs engagements dans la filiation de leur aïeule au sein de la floraison associative complémentaire de l’École publique : l’Art à l’école, les Éclaireurs de France, les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA), la Jeunesse au Plein Air (JPA). Comme leur aïeule, l’engagement politique intéresse peu ces trois générations. Leur rapport au temple nourrit un protestantisme plus culturel que cultuel. Les solides amitiés protestantes avec les familles François, Steeg et Seydoux rapprochent une religiosité protestante déconfessionnalisée d’une forme de spiritualité laïque. Il s’agit d’un rapport au monde sous le sceau de l’éducation, tenant à distance la hiérarchie entre savoirs fondamentaux et pratiques d’éveil. L’initiative privée demeure des plus utiles à l’École publique, préparant, comme laboratoire, le terrain des réformes futures, raison pour laquelle ces héritiers s’engagent à la Maison pour Tous rue Mouffetard ou au camp-école du château de Cappy. Un rêve d’unité pédagogique et sociale qui n’empêche pas la famille de se déchirer sur l’antagonisme à propos de la République coloniale à travers la question algérienne.
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