Leibniz et la double liberté divine
Résumé
Le principe du meilleur n’ôte-t-il pas la réalité du choix divin de ce monde ? Comment est-il possible de préserver le libre arbitre de Dieu, si sa volonté est strictement déterminée par le jugement infaillible de sa sagesse ? La doctrine leibnizienne de la liberté divine n’a cessé d’être débattue. En revanche, l’historiographie a relativement négligé une option corollaire : pourquoi créer quelque chose plutôt que rien ? La distinction scolastique entre la liberté de spécification et la liberté d’exercice vaudrait-elle, d’une certaine manière, pour la pensée leibnizienne ? Le même type de nécessité s’applique-t-il à ces deux formes de liberté ? Cet article interroge la place de cette double liberté dans la pensée tardive de Leibniz autour de ses Essais de Théodicée, en prenant compte de sa doctrine de la Création et des attributs divins. Cette problématique est fondamentale, puisqu’elle interroge deux grandes questions associées au principe de raison et la limite de la raison humaine.