C’est au nom de leur émancipation que les femmes investissent le domaine de la presse et l’espace public en Chine à la toute fin du XIXe siècle. Chen Xiefen (Nübao 1899 ; Xuchu nübao 1902 ; Nüxuebao 1903) et Qiu Jin (Baihua bao 1904 ; Zhongguo nübao 1907) font partie des toutes premières éditrices de revues. Shi Pingmei (Funü zhoukan 1924-1925 ; Qiangwei zhoukan 1926-1928) intervient une vingtaine d’années plus tard, lorsque la presse fait désormais partie du quotidien. Toutes trois ont publié des périodiques engagés, féministes et littéraires. Pourtant, malgré le succès de leurs publications, elles ont été soit invisibilisées dans l’histoire, soit instrumentalisées, un aspect seulement de leur existence étant mis en avant. La confrontation de leur parcours en tant qu’éditrices de revues avant et après le renversement de la dynastie des Qing (1911) met en lumière le caractère novateur de leur action et de leur réflexion ainsi que la persistance de leur engagement en faveur de l’émancipation et des droits des femmes.