Quand les statues divines se meuvent et (s’)émeuvent entre Grecs et Barbares
Résumé
Dans le monde gréco-romain, l’effigie divine, en tant qu’agent « physique » de médiation entre les hommes et les dieux, crée les conditions d’une proximité qui mobilise un large éventail d’émotions (éprouvées par la communauté et/ou prêtées à la divinité), tout en étant soumise à des normes rituelles. Ces façons d’approcher la statue, de la toucher, de la transporter définissent des frontières entre ceux qui se situent du côté de l’eusebeia et de la pietas, à savoir les Grecs et les Romains, et les Barbares, disqualifiés dans la tradition historiographique, en raison de leur comportement excessif et hors norme. Cet article se propose d’examiner le cas de la Sicile, entre le Ve et le Ier siècle av. n.è. Dans ce laboratoire d’interculturalité, populations indigènes, Phéniciens, Puniques, Grecs et Romains sont confrontés à la question du traitement qu’il faut réserver aux statues divines, surtout en temps de guerre. Deux exemples d’itinérance de statues divines mises en scène dans la tradition historiographique gréco-romaine, en particulier chez Diodore et Cicéron, retiennent l’attention : l’Apollon de Géla, exilé en Phénicie et libéré par Alexandre le Grand lors de la conquête de Tyr en 332 av. n.è., et l’Artémis de Ségeste, qui séjourne à Carthage jusqu’en 146 av. n.è., puis retrouve temporairement sa patrie d’origine, avant d’être enlevée par Verrès.
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