L’Odyssée de Lycophron

André Hurst

Résumé

Dans l’Alexandra, Lycophron se propose de joindre en un seul poème la matière de Troie et celle des νόστοι. Le texte se présente comme un monologue de serviteur tragique mais ce monologue prend les dimensions d’une tragédie complète : en 1474 vers, le messager présente au roi Priam un rapport dont la partie essentielle est constituée par une prophétie qu’il a entendue dans la bouche de Cassandre (Alexandra), – il avait mission de la surveiller et de l’épier. Au moment où Cassandre se met à prophétiser les retours des Achéens vainqueurs dans leurs patries, inévitablement, les aventures d’Ulysse doivent être évoquées. Le style volontairement énigmatique de la prophétie de Cassandre-Alexandra, qui transfigure tout le contenu du poème, va s’appliquer par conséquent à des événements très connus de l’auditoire : il est d’autant plus intéressant d’observer quelles seront les stratégies suivies pour « dire » l’Odyssée à la manière d’un γρῖφος et, à l’occasion, s’en démarquer. Plusieurs cas touchant le contenu de l’Odyssée peuvent ainsi faire l’objet de remarques comparatives. Sur un autre plan cependant, un point important réside dans la situation elle-même de cet épisode privilégié à l’intérieur du monologue : on a reconnu depuis longtemps que Lycophron en avait fait le centre. Reste à se demander quelle signification cette position peut revêtir. On rejoint ici des questions que Gabriel Germain avait justement abordées dans sa Genèse de l’Odyssée.