Savantes ou dilettantes ?

Les lectrices de la Bibliothèque nationale dans la première moitié du XIXe siècle

Isabelle Matamoros

Résumé

Entre la révolution de 1789 et celle de 1848, les femmes représentent en moyenne 3 à 5 % des emprunteurs de la Bibliothèque nationale. Cette présence discrète mais continue témoigne de l’existence d’un public féminin régulier dans ce lieu de savoir au rayonnement national voire européen. Qui étaient ces lectrices, que lisaient-elles et à quelles difficultés matérielles ou symboliques étaient-elles confrontées ? Entre des autrices, des enseignantes, des journalistes, des traductrices ou des portraitistes, des étrangères, des lectrices ordinaires ou célèbres, occasionnelles ou « grandes lectrices », la variété de profils souligne que, déjà, les femmes investissaient de multiples domaines de la culture. Leur présence, tout comme le catalogue des livres empruntés, remet en cause le préjugé de la lectrice dilettante pour dessiner les contours si ce n’est d’intellectuelles, du moins de femmes travaillant avec et sur les livres. À partir des archives administratives de la Bibliothèque nationale, et plus particulièrement des registres de prêt, cet article propose d’interroger la fréquentation de la Bibliothèque par les femmes dans la première moitié du XIXe siècle, en articulant la question de l’accès aux savoirs livresques à celle de l’histoire d’une institution culturelle, invitant à écrire une histoire genrée des pratiques de lecture.

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