Les éditeurs parisiens de chansons à la fin du Second Empire, censurés mais tolérés
Résumé
À partir de 1867, les cafés-concerts, à Paris, connurent un tel essor qu’ils furent alignés sur la réglementation des théâtres, et contraints, comme ces derniers, de déposer les manuscrits et impressions de leur programme de chaque jour, chansons comme pièces, au ministère de l’Intérieur, chargé de la censure. Ce qui entraîna, en 1906, date de la suppression de la surveillance des spectacles, le dépôt, aux Archives, de milliers de chansons, autorisées ou interdites, et de petits vaudevilles. Ce fonds énorme, qui a l’avantage, par rapport aux fonds du Département de la musique, à la Bibliothèque nationale, d’être classé par ordre chronologique et non pas alphabétique, permet d’étudier et de recenser ce répertoire de chansons populaires, publiées sous forme de feuilles volantes, souvent abondamment illustrées, distribuées à la sortie des spectacles. Leurs éditeurs remplacèrent les colporteurs dont la disparition est quasi totale à la fin du Second Empire. Bien que très surveillés pour « les mœurs légères », « les prostituées et proxénètes, les anecdotes licencieuses », racontés dans les chansons, ces éditeurs, grands et petits, se font concurrence, en créant recueils et collections parfois tirés jusqu’à 3 000 exemplaires, avec une iconographie parfois très riche, dans le désir évident de faire de la chanson une discipline reconnue, et de constituer un répertoire chanté et diffusé dans toutes les classes de la société.