La charge de lectrice à la cour de France au XVIIIe siècle

Un exemple de structuration des réseaux féminins au sein de la commensalité

Emily Gervais-Ledoux

Résumé

L’institutionnalisation de la lecture à la cour de Versailles est incarnée par les bibliothécaires, les lecteurs ou encore les lectrices de la famille royale auxquelles cet article est consacré et sur lesquelles les sources viennent à manquer. Il retrace le contexte de création de la charge de lectrice en 1749 et analyse les trajectoires des femmes nommées à cette fonction jusqu’à la Révolution, révélant leur appartenance sociale et les dynamiques à l’œuvre lors de leur désignation. Il transparait que par le jeu des clientèles, le patronage ou des stratégies matrimoniales, les lectrices cherchent à consolider la position de leur parentèle au sein de la commensalité, donnant naissance à une organisation progressive de réseaux féminins autour de la charge. Bénéficiant d’une éducation éclairée, elles valorisent leurs compétences et leurs talents dans les domaines artistiques et culturels et interviennent durant des temps de sociabilité dédiés aux loisirs. Les lectrices illustrent alors l’affirmation d’un savoir féminin à la cour qui devient un lieu de promotion intellectuelle pour les femmes.

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