L’éthique en temps de catastrophe

Pierre Gillouard

Résumé

L’article entend répondre à la question suivante : en quoi le catastrophisme dans la pensée écologique peut-il inciter à agir afin de préserver au mieux les conditions d’habitabilité de la Terre ? Dans cette perspective, sont analysées les pensées catastrophistes de Hans Jonas, Jean-Pierre Dupuy, Pierre-Henri Castel, et des collapsologues, avec en filigrane celles de Günther Anders et de Simone Weil. Pour répondre, il convient de prêter attention à la temporalité dans laquelle ils (ou elle) pensent la catastrophe (est-elle à venir ou déjà en cours ?) et à l’inscription ontologique de la catastrophe dans cette temporalité (est-elle inéluctable ou évitable ?). La conclusion est la suivante : la perspective de la catastrophe est effectivement mobilisatrice, pour celles et ceux qui se reconnaissent un devoir d’agir, quand la catastrophe est pensée comme inéluctable et déjà en cours, portant en germe une fin inévitable mais dont le contenu demeure incertain : la disparition de la vie ou le dépassement du facteur déterminant de la catastrophe, la Technique.