La Catastrophe

Friedrich Dürrenmatt, La Catastrophe, 1966, huile et gouache sur toile, 81,5 x 60,2 cm, collection Centre Dürrenmatt Neuchâtel,  ©CDNI/Confédération suisse.

Friedrich Dürrenmatt

Résumé

Commentaire de Friedrich Dürrenmatt sur « La catastrophe » 

Lorsque je présentai à Varlin [Willy Guggenheim] l’une de mes rares huiles, La Catastrophe (qui date de 1968 [en fait, 1966]), le grand peintre considéra la toile avec stupeur, et ne voulut pas vraiment croire ce qu’il voyait: sur un pont, au-dessus d’une gorge, deux trains bourrés de passagers se heurtent en pleine course; tous deux jaillissent d’un tunnel, cherchant furieusement l’air libre, et trouvant leur perte; ils se fracassent contre un autre pont, beaucoup plus bas, sur lequel défile une manifestation communiste; si bien que les ponts, les trains, les passagers et les communistes s’écroulent sur une église de pèlerinage, tout au fond de la gorge, et dont les décombres ensevelissent d’innombrables pèlerins, tandis qu’en haut, bien au-dessus du gouffre, dans le bleu d’un ciel de printemps, le soleil se fracasse contre un autre soleil, inaugurant la destruction de la Terre et de tout le système planétaire. Varlin se taisait. Finalement d’une voix soucieuse, il formula cette opinion: « Un adulte ne devrait pas peindre des choses pareilles. » (La Mise en œuvres, trad. É. Barilier, p. 32)