La violence des frères

Trois protestants méridionaux face aux massacres perpétrés par leurs coreligionnaires au temps des guerres de religion

Laurent Ropp

Résumé

L’étude des récits de massacres perpétrés par des protestants dans les écrits d’un calviniste anonyme de Millau et des castrais Jean Faurin et Jacques Gaches permet d’examiner les regards de ces réformés sur les violences commises par leurs coreligionnaires. Les auteurs ne semblent pas dissimuler ces actes et rien ne montre qu’ils transforment délibérément les comptes rendus des événements en faveur des huguenots. Le caractère partial de certains récits peut être établi lorsqu’on envisage la possibilité dont les témoins disposent de relativiser la brutalité de leurs coreligionnaires et quand on prend garde aux descriptions des origines des meurtres collectifs. Jean Faurin et l’anonyme de Millau, qui écrivent au temps des troubles, approuvent certaines tueries tandis que Jacques Gaches, qui prend la plume après le retour de la paix, condamne les violences protestantes, y compris lorsqu’il s’agit de représailles.