La vie simple dont nous entretient Carlo Ossola dans ce petit ouvrage bienvenu n’est pas si simple que cela, puisque les vertus de cette vie dite « simple » auxquelles il tente de rendre leurs lettres de noblesse ne semblent pas avoir grand intérêt parmi les humains d’aujourd’hui. Pour l’auteur, en effet, la vie simple constitue tout ce qui reste après avoir choisi l’exercice de la liberté, éliminé aussi bien l’inutile que le superflu et orienté ses gestes les plus quotidiens.

Que ces vertus, dont la valeur soit à redécouvrir pour soi-même d’abord, comme la sobriété, la franchise, la discrétion, la patience, la souplesse ou la douceur, ou qu’elles soient à cultiver dans nos rapports avec les autres, telles l’affabilité et la gratitude, la mesure et la générosité, le tact, la prévenance et la sympathie, la loyauté et le dévouement, aucune d’elles n’a l’héroïsme pour but. Tout au contraire.

Or c’est bien de l’héroïsme par essence inatteignable qu’aime se gargariser avec ostentation et fatuité l’hypocrisie et la duplicité du cœur humain, préférant la facilité du langage de la morale inaccessible plutôt que la confrontation intérieure et cachée avec ce qui fait la seule et véritable dignité de chaque homme, sa modération et sa courtoisie au quotidien, faite de petites attentions et de gestes minimes, porteurs de grandeur secrète, de sociabilité et de civilité féconde.

Nous remercions Carlo Ossola de s’être penché sur ces exigences dont on se retient de parler, non par avarice mais par vice, et qu’on redoute de mettre en pratique, parce qu’elles n’ont que « la retenue et la justesse » comme unique impératif.