Bibliographie
BIB
Clément d’Alexandrie, Les Stromates, Stromate 1
introduction, texte critique et notes par Bernard Pouderon, Paris, Cerf (collection « Sources Chrétiennes » 633), 2023, 550 p.
Patristique
C’est en 1951 qu’avait paru la première édition de Stromate 1 dans la collection des Sources chrétiennes (vol. 30), dont le P. Claude Mondésert et Marcel Caster avaient été les éditeurs. Les innombrables travaux qui ont été réalisés depuis lors dans le domaine de la patristique et, en particulier, sur Clément d’Alexandrie, rendaient absolument nécessaire la reprise de cette édition, même si elle était déjà un excellent travail de pionnier.
Nous remercions Bernard Pouderon de s’être consacré à cette tâche et de nous offrir aujourd’hui une nouvelle édition de Stromate 1, entièrement nouvelle à tous égards. « Le texte grec proposé, dit-il, résulte de la lecture minutieuse du seul codex ancien intégral des Stromates qui ait été conservé, le Laurentianus, Pluteus 5,3 de la Bibliotheca Laurenziana de Florence, confronté avec l’édition actuelle de référence, celle d’Otto Stählin, revue par L. Früchtel et U. Treu (Berlin 1985) ». L’abondante annotation et l’apparat textuel dont il est accompagné correspondent à toutes les exigences scientifiques actuelles. Dans l’introduction, Bernard Pouderon présente également de manière précise ce que nous pouvons dire aujourd’hui de l’histoire du texte de Stromate 1 – tradition manuscrite, copies partielles ou récentes, tradition indirecte et éditions anciennes, poursuit par l’analyse de la structure en sept parties et de leur contenu et, enfin, du genre littéraire et de la place qu’il occupe dans l’œuvre de Clément d’Alexandrie.
Si le 1er Stromate, dit B. Pouderon, offre une unité remarquable par rapport à d’autres, plus hétéroclites, il n’est pourtant pas le plus représentatif de l’Alexandrin, car « les exposés théologiques y sont peu nombreux et ne permettent pas de reconstruire un système ou un ensemble de doctrines. En revanche, il éclaire sa position par rapport à l’héritage grec, qu’il s’agisse d’éducation et de culture, ou d’enseignements philosophiques » (p. 32). Dans ce texte, où il vise un public restreint de païens cultivés, auprès duquel il veut montrer la grandeur du message chrétien, Clément cherche à transmettre un enseignement secret qu’il a reçu de maîtres éminents comme Pantène, et dont le but est bien indiqué : une gnose ou connaissance « mystique » de Dieu – ou de son Christ.
Au fil de ses argumentations et de ses exégèses bibliques, Clément fait part de connaissances approfondies de l’héritage philosophique grec, en citant un nombre important de philosophes qu’il présente comme autant de chercheurs de la vérité et, par conséquent, d’auxiliaires en vue d’une meilleure compréhension de la foi et des Écritures, dont il veut exposer la profondeur et la sagesse. Ceci dit, comme le remarque B. Pouderon, l’écriture des Stromates reste particulière, en fonction justement de la discipline du secret. Clément « refuse de confier l’arcane à l’écrit, et n’énoncera la vérité profonde que sous le couvert du voile, tandis que les doctrines ésotériques ont fait ou feront l’objet d’une transmission orale, de maître à disciple » (p. 46).
Une bibliographie très complète et trois index, citations bibliques, auteurs cités par Clément et noms propres font de cette nouvelle édition un exemple du genre et nous en félicitons l’auteur.