Dossier
DOSSIER_156.4
Introduction
La Revue de théologie et de philosophie publie, dix années après le précédent dossier le concernant, qui marquait le centenaire de sa naissance1, trois travaux du philosophe neuchâtelois Pierre Thévenaz (1913-1955), auteur bien connu du lectorat de notre revue, à laquelle il a apporté une précieuse contribution et qu’il a co-dirigée à partir de 1951. Pierre Thévenaz lui-même n’ayant pas besoin d’être présenté de manière détaillée ici (nous renvoyons à l’introduction au dossier paru en 2014), nous nous contenterons de brèves remarques à propos de ces trois textes, qui remontent aux années 1940, avec deux conférences inédites à ce jour ainsi qu’un article de presse paru dans La Vie protestante en 1948 suite à la condamnation de Jean-Paul Sartre par le Vatican.
Le premier texte, intitulé « Être ou ne pas être », est une conférence que Pierre Thévenaz donna au Groupe de philosophie de Neuchâtel le 2 avril 1941. Le philosophe y expose avec clarté sa méthode, l’« analyse réflexive ». Comme ses références philosophiques ne sont plus tout à fait les nôtres, nous avons pris la décision de les expliciter succinctement en notes. Le deuxième texte, encore un inédit, porte comme titre : « Le protestant en face de la pensée philosophique ». Il s’agit d’une conférence donnée à Lausanne, Genève, Neuchâtel et Berne en janvier et février 1944 devant les Amis de la pensée protestante (APP), à l’invitation de cette Association et de son président le pasteur William Cuendet. Le troisième et dernier texte, très court, est un article paru dans La Vie Protestante du 4 février 1948, intitulé « Le Vatican condamne J.-P. Sartre ». À divers titres, ces textes portent la marque de leur époque, éloignée de la nôtre de plus de 80 ans ; cependant, leur intérêt philosophique ou historique saura stimuler la réflexion aujourd’hui encore. Ces trois textes, tous trois relativement succincts et rédigés dans une langue claire et accessible, n’ont pas besoin d’être présentés plus en détail. Ils permettent aussi d’affiner notre connaissance de ce penseur, né la même année que Paul Ricœur et lié d’amitié avec ce dernier. Le comité de rédaction remercie chaleureusement Jean-Pierre Thévenaz, qui nous a aimablement proposé de publier ces textes de son père trop tôt disparu.
Bonne lecture !2
____________
1Cf. le dossier « Pierre Thévenaz (1913-1955) : “Penser sans absolu”, après le centenaire de sa naissance », édité par Pierre Gisel et Jean-Pierre Thévenaz, Revue de théologie et de philosophie 146/III-IV (2014). Ce dossier, qui comprend six études sur la pensée de Pierre Thévenaz suivies de dix textes de sa plume, peut être consulté dans son intégralité sur le site internet e-periodica.ch ainsi que sur JSTOR.
2Nous signalons la parution récente d’un autre texte inédit de Pierre Thévenaz : « Connaissance et être d’après Simon Frank », Revue des études slaves 94/III (2013), p. 401-417. Une excellente thèse récente sur Paul Ricœur, soutenue à l’Université de Cambridge, contient un chapitre qui porte sur la pensée de Pierre Thévenaz : Barnabas Aspray, Ricœur at the Limits of Philosophy. God, Creation, and Evil (Cambridge, Cambridge University Press, 2022), cf. le chap. 3 : « Absolutely No Absolutes? Ricœur’s Encounter with Thévenaz », p. 65-85.