Bibliographie
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Évangiles canoniques et apocryphes
Préface par Paul-Hubert Poirier, Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 2023, 1136 p.
Philosophie et religions antiques et médiévales
Quel original et généreux projet que de rassembler, en un seul volume de la Pléiade, tous les écrits connus à ce jour, Évangiles canoniques et évangiles apocryphes connus dès l’Antiquité ou retrouvés par les découvertes archéologiques du XXe s., dont la caractéristique commune est de rapporter ce qui concerne Jésus de Nazareth et son entourage immédiat, ses antécédents familiaux, sa naissance, ses faits et gestes, ses paroles et ses discours, sa passion et sa résurrection.
Comme le dit Paul-Hubert Poirier dans son excellente introduction, « la lecture des évangiles apocryphes nous dévoile des textes qui sont souvent d’une grande beauté littéraire et d’une réelle profondeur spirituelle et qui ont trop longtemps été considérés comme des productions marginales, suspectes, voire dangereuses. Fort heureusement, les chrétiens des plus simples au plus savants, n’ont jamais cessé de les lire, ni les artistes de s’en inspirer ».
Que l’on soit croyant ou non, ces vingt-huit textes sont absolument passionnants, et l’on mesure à leur lecture à quel point la vie et l’enseignement de Jésus ont marqué les générations qui ont suivis sa résurrection. C’est en effet grâce à la prédication des apôtres et de leurs disciples immédiats, à la fécondité et la créativité littéraire exceptionnelle que leur prédication a suscité que le christianisme des premiers siècles a eu un tel dynamisme et rayonnement parmi les peuples d’Orient et d’Occident.
Très bien introduits et annotés, chacun de ces écrits est ainsi replacé dans son contexte propre et il n’est nullement question de mettre en concurrence les Évangiles canoniques de Matthieu, Marc, Luc et Jean avec les évangiles apocryphes de Marie, Pierre et Judas, édité ici pour la première fois, Jacques et Philippe, Nicodème et Barthélémy, ainsi que les différents évangiles de l’enfance de Jésus. Bien au contraire, tous ces textes se répondent dans un dialogue riche et vivant, et l’on comprend très bien qu’il ait été nécessaire, avec le temps, au vu de cette productivité littéraire, de privilégier certains d’entre eux pour des raisons ecclésiales dogmatiques tout autant que stratégiques.