« J’aime les mots, dit Barbara Cassin, les livres pleins de mots à relire à voix haute. J’aime les anacoluthes, les tropes, les citations infuses et diffuses, les efflorescences, la liberté quand on parle et quand on se parle à soi, les souvenirs de mots, l’inquiétude des mots. »

C’est cet enthousiasme pour la langue, avec sa puissance évocatrice et sa complexité, sa richesse et sa sonorité, qui apparaît dans chaque page de ce beau volume qui réunit des articles, des conférences et quelques livres devenus pour la plupart introuvables. Que Barbara Cassin parle de sa découverte des premiers philosophes grecs, de poésie avec René Char ou de la « traduction comme politique » dans « Chancelante équivocité du monde » ; qu’elle partage, avec son humour et sa franchise provocatrice, son parcours de femme engagée, ses tendresses et ses colères en politique, ses libres réflexions sur Google, ou encore fasse revivre les nostalgies d’Ulysse, Énée et Hannah Arendt, c’est toujours la dynamique de la langue, comme véhicule privilégié de vérité, qui la porte. Et pourquoi ne pas dire : comme responsabilité écologique.

« J’ai donc organisé cet ouvrage pour montrer comment tout se tient, les disciplines, les niveaux de langue, les objets d’étude ou de respect, les actes du quotidien, les engagements généreux ou déserts. » Un index des noms propres et un index thématique font de ce volume un excellent ouvrage de travail.