Cécile Gazier, Histoire du monastère de Port-Royal
Édition augmentée de Jean Lesaulnier, Paris, Classiques Garnier (collection « Univers Port-Royal » 33), 2019, 552 p.
Une nouvelle édition de cette Histoire du monastère de Port-Royal, publiée par Cécile Gazier en 1929 avec une préface de M. André Hallays, était attendue depuis fort longtemps. Devenue introuvable et considérée aujourd’hui encore par les spécialistes de Port-Royal comme étant non seulement la contribution la plus importante de Mme Gazier dans ce domaine, mais comme un ouvrage de référence incontournable par la manière originale dont elle a su exploiter des sources inédites, au premier rang desquelles la correspondance des moniales et des personnalités qui gravitaient autour d’elles, cette réédition comble un vide pour de futures recherches. Comme le disent en introduction Bernard Gazier, président de la Société de Port-Royal et Fabien Vandermarcq, conservateur à la Bibliothèque de Port-Royal, « après la monumentale fresque de Sainte-Beuve et la mise au point austère d’Augustin Gazier, centrée sur les polémiques théologiques et les conflits politiques, Cécile Gazier fait revivre, de l’intérieur en quelque sorte, l’essor et la lente extinction du monastère. Elle n’ignore pas les querelles théologiques, mais les met à l’écart pour s’intéresser à une communauté de femmes prises dans les remous d’une aventure à l’issue tragique » (p. 8).
À cette nouvelle édition, le professeur Jean Lesaulnier a joint une excellente bibliographie mise à jour et deux annexes très utiles pour encore mieux comprendre les enjeux réels et la complexité de cette histoire de Port-Royal. Dans la première, intitulée « Petite galerie de personnalités familières de Port-Royal », il brosse de manière aussi précise que synthétique trente et un portraits d’hommes et de femmes qui ont joué un rôle de premier plan dans la vie spirituelle et l’accompagnement des moniales. Parmi eux, nous trouvons Antoine Arnauld et Robert Arnaud d’Andilly, Anne Hurault de Cheverny et Philippe de Champaigne, Jean Du Vergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran et Marie de Gonzague, reine de Pologne, Jean Hamon et Claude Lancelot, Louis-Isaac Le Maistre de Sacy, Pierre Nicole et Antoine Singlin. Sans oublier, bien sûr, Jean Racine et les membres de la famille Pascal, Blaise, Gilberte et Jacqueline. La seconde annexe donne la chronologie détaillée de tous les événements significatifs de l’histoire de Port-Royal avec la suite des différents abbatiats, de 1204 à janvier 1710, date de la démolition de l’abbaye, ordonnée par le Conseil d’État. « Les restes des trois mille corps du monastère seront exhumés et placés dans une fosse commune au cimetière Saint-Lambert. L’abbaye et son mur d’enceinte sont définitivement rasés à la poudre au cours de 1713 » (p. 516). L’Index alphabétique complet des noms de personnes a été repris à la première édition.