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Germaine Aujac, Hipparque de Nicée et l’astronomie en Grèce ancienne

Firenze, Leo S. Olschki (Biblioteca di Geographia antiqua 6), 2020, 121 p.

Jean-Pierre SCHNEIDER

L’ouvrage de G. Aujac – spécialiste reconnue de littérature géographique et astronomique antiques – porte un titre qui peut égarer. Il s’agit en fait de la traduction du traité d’Hipparque de Nicée (ca 194-120 av. J.-C.) – la première en français, semble-t-il – intitulé Commentaire aux Phénomènes d’Eudoxe et d’Aratos, en trois livres, agrémentée de quelques notes, précédée d’une introduction (p. V-XIV) et suivie d’un dossier de témoignages anciens sur Hipparque (« Textes à l’appui », p. 89-117, extraits de Strabon et de Ptolémée). Ce commentaire (ἐξήγησις) astronomique est la seule œuvre conservée du grand savant de l’époque hellénistique, inventeur de la loi dite de la « précession des équinoxes ». L’intention du mathématicien astronome est présentée, dans une lettre-préface, comme suit : « M’apercevant que, sur bon nombre de points très importants, Aratos est en désaccord avec les phénomènes [...] et que, sur tous ces points, tout le monde ou presque [...] est de l’avis du poète, j’ai décidé, devant ton goût pour l’étude (φιλομαθία) et aussi en vue de l’intérêt général, de consigner par écrit tout ce qui me paraît erroné » (p. 1-2). Le poète Aratos (IIIe s. av. J.-C.), en effet, avait écrit un célèbre poème didactique de 1 154 hexamètres (conservé) sur les phénomènes astronomiques en général et météorologiques (considérés comme signes du temps), dont la matière, pour la partie astronomique, était tirée essentiellement d’un ouvrage homonyme du grand astronome de l’Académie platonicienne, Eudoxe de Cnide (IVe s. ; l’ouvrage n’est connu que par la tradition indirecte). Notons toutefois que l’attribution à Eudoxe de Cnide des citations données par Hipparque est parfois contestée (cf. Jean Martin, dans : ARATOS, Phénomènes, Paris, Les Belles Lettres, t. I, p. XCI). L’ouvrage de Mme Aujac se recommande naturellement par la profonde connaissance du sujet par son auteure. Il s’adresse toutefois à des lecteurs intéressés par l’histoire de l’astronomie et quelque peu familiarisés avec la nomenclature mythologique des constellations et avec des notions comme celles d’écliptique, de colures, de pôle céleste, de levers et couchers simultanés de constellations, de situations d’étoiles par rapport au cercle arctique et à ceux du zodiaque, des tropiques, de l’équateur célestes, etc. Notons enfin que l’intérêt pratique de ce commentaire, éminemment critique, n’est jamais oublié par l’astronome grec : cette étude devra permettre, par exemple, de « calculer avec précision l’heure la nuit » (p. 36) et de « fixer le moment des éclipses de lune » (p. 85-86).