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Matthieu Arnold, Oscar Cullmann. Un docteur de l’Église

Paris, Olivétan, 2019, 144 p.

Jean BOREL

« Ami de trois papes », comme aimait à le qualifier son collègue Karl Barth, Oscar Cullmann (1902-1999) est l’une des personnalités protestantes les plus marquantes du XXe siècle. L’excellente petite biographie que nous offre Matthieu Arnold retrace les principales étapes de la formation et de l’œuvre théologique d’Oscar Cullmann, de même que les multiples influences qu’il exerça de son vivant, tant en France que sur le plan international et œcuménique. Avec un rayonnement spirituel et une générosité humaine qui lui étaient propre, Oscar Cullmann a su toucher aussi bien les simples croyants que le pape Paul VI, les pères du Concile de Vatican II et les membres de l’Académie des Sciences morales et politiques où il avait été élu en 1972. Comme le dit à juste titre l’auteur en conclusion : « Oscar Cullmann, interprète du Nouveau Testament, s’est toujours donné pour tâche de rechercher l’essence du message de Jésus et du christianisme. Il l’a trouvée dans le rôle central du Christ dans l’histoire du salut : le Ressuscité en éclaire le passé, le présent et le futur. Il a établi que l’eschatologie du Nouveau Testament n’était ni simplement présente ni simplement future. Aujourd’hui, l’idée de la tension entre le “déjà” (la bataille décisive remportée) et le “pas encore” (la victoire finale) est devenue un bien commun de l’exégèse néotestamentaire » (p. 124). Parce qu’il a toujours mis l’Évangile au cœur de ses préoccupations éthiques et spirituelles, Cullmann a inlassablement dénoncé la tentation d’un faux sécularisme dans l’Église. Dans ce sens, « il jugeait qu’une Église qui, au lieu de se fonder sur la Bible, s’en tient principalement voire uniquement aux modes philosophiques ou sociologiques n’a plus de raison d’être : elle perd son sel et n’a plus rien à apporter au monde » (p. 128). Enfin, c’est un beau chapitre que nous donne l’auteur sur l’engagement œcuménique de Cullmann : si, dans sa « grande franchise », il n’a jamais voulu mettre de côté les points de divergence, il a toujours désiré les envisager dans un « authentique irénisme », enraciné dans sa conception de l’histoire du salut : pour Cullmann, c’est « à travers les différentes confessions que l’Esprit-Saint est à l’œuvre dans l’histoire, en dépit des déformations dues au péché humain. C’est l’Esprit-Saint également, il en était profondément convaincu, qui conduira les Églises vers une unité qui n’est pas pure fusion : en effet, l’uniformité est contraire au Saint-Esprit » (p. 109). Une bibliographie sélective des ouvrages et principaux articles de Cullmann, des instruments de travail et études qui lui ont été consacrés offre au lecteur intéressé de quoi poursuivre son intérêt sur la pensée du théologien bâlois.