Frédéric Rognon (éd.), Penser le suicide
Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg (Chemins d’éthique), 2018, 251 p.
« Penser le suicide » est le résultat d’un travail brillamment orchestré par Frédéric Rognon réunissant les actes du colloque international et interdisciplinaire tenu à Strasbourg en 2016. Cet ouvrage offre une lecture très complète et actuelle sur la réflexion du suicide au travers d’un large spectre de disciplines tant anthropologique, psychologique, philosophique, sociologique, légale, théologique que spirituelle. Les auteurs appréhendent avec délicatesse et profondeur des thématiques encore peu abordées dans notre société dans le domaine du suicide, que ce soit l’axe sociologique appuyé par Camus et Durkheim, la dimension religieuse et éthique avec saint Augustin, Thomas d’Aquin, Martin Luther ou encore Dietrich Bonhoeffer, les questions relatives au domaine professionnel ou à la dimension carcérale, les endeuillés par suicides, les interrogations relatives au suicide assisté ou encore sur la dimension spirituelle sur la vie elle-même. Bien que le sujet du suicide reste une énigme de notre humanité, le livre est un réel complément de lecture pour approfondir la réflexion autour de ce sujet et, comme l’a relevé Camus, « juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie ». Au travers de ces pages, le lecteur est invité à repenser ses positions par rapport à sa propre compréhension du suicide au travers d’une lecture passionnante, riche en références et en exemples. Les différentes questions autour du suicide assisté et de l’euthanasie sont abordées et invitent à une réflexion sur les concepts d’autonomie, de dignité et de liberté dans une société où l’homme cherche de plus en plus à maîtriser la mort. Au-delà des perspectives interdisciplinaires que nous offre ce manuel, il présente également une dimension préventive à la recherche sur la question du suicide. En effet, mieux connaître le suicide, c’est aussi permettre de mieux en parler, sans le condamner, en libérant la parole liée à la souffrance.