Ambrogio M. Piazzoni, Francesca Manzari (Éds.), Les Bibles, De l’Antiquité à la Renaissance, Bibliothèque apostolique vaticane
Paris, Imprimerie nationale, 413 p.
Dans les trésors qu’elle possède, la Bibliothèque apostolique vaticane est l’une des bibliothèques au monde qui conserve quelques-uns des plus anciens manuscrits de la Bible. Mais elle dispose également d’une collection très importante de bibles complètes ou partielles, rédigées dans différentes langues dans lesquelles les Écritures ont été traduites dès les premiers siècles. Cela représente plusieurs milliers de codex manuscrits, pour la plupart enluminés, et quelques cinq mille trois cents livres imprimés, auxquels il faut ajouter des volumes de textes liturgiques et commentaires bibliques en tous genres, rédigés depuis la fin du IIe s. à nos jours. Le but que poursuivent dans leur ouvrage Ambrogio Piazzini, Francesca Manzari et chacun des spécialistes dont ils ont demandé la collaboration, est d’initier les lecteurs à l’intérêt et à la beauté de ces témoins privilégiés des écrits bibliques. « En concevant ce livre, disent-ils, nous avons tenté de trouver un équilibre entre une narration chronologique, permettant de définir les lignes de développement, et la nécessité de traiter des différentes langues considérées dans leur aire géographique propre » (p. 10). Pour ce faire, un choix devait être opéré, et c’est la raison pour laquelle ils se sont limités aux manuscrits de l’Antiquité à la Renaissance en accompagnant leur texte d’un grand nombre d’illustrations, toutes plus magnifiques et parlantes les unes que les autres, « illustrations qui sont de toute façon accessibles dans leur intégralité sur le site de la Vaticane » (Digital Vatican Library, à partir du site vaticanlibrary.va). Si ce parcours peut ainsi s’ouvrir avec le Papyrus Hanna 1 (P75 Mater Verbi), qui est actuellement le plus ancien témoin, presque complet, des évangiles de Jean et de Luc, écrit en Égypte entre 180 et 220 ap. J.-C., il se termine avec la plus ancienne édition sur vélin de la Bible dite « à 42 lignes » de Gutenberg, publiée à Mayence en deux volumes de 1452 à 1455. Elle est ornée d’initiales décorées a tempera rehaussées d’or. Entre les deux, c’est un merveilleux voyage dans les différentes cultures dans lesquelles la Bible a été très tôt diffusée et traduite : des premières versions grecques de la Septante et des versions latines peu à peu supplantées par la Vulgate de saint Jérôme, elle s’est implantée parmi les communautés coptes et arabes du Proche-Orient, éthiopiennes, arméniennes, géorgiennes et syriaques. Et c’est alors l’expansion rapide et extraordinairement féconde dans les deux aires géoculturelles byzantine et occidentale où l’habileté, l’imagination, la foi et les capacités techniques des scribes et des artistes n’ont cessé de rivaliser de génie pour donner aux Écritures tout l’éclat qu’elles méritent. L’art de l’ornementation et des enluminures prend alors un essor inouï. En témoignent les bibles de l’âge carolingien, ottonien, roman et enfin gothique. Chacune de ces bibles a ses caractéristiques propres tout en étant apparentées les unes aux autres parce qu’elles étaient produites dans un même milieu monastique, et souvent à la demande des rois et des empereurs. Enfin, c’est un bel aperçu que nous donnent les auteurs sur les formes et les usages particuliers du texte biblique, à partir des lectures de la Bible dans les liturgies chrétiennes. Apparaissent en effet au fil des siècles les « bibles commentées », souvent divisées en plusieurs volumes de format réduit, jusqu’au moment où les commentaires eux-mêmes devinrent des livres autonomes, pour aboutir peu à peu à des éditions de la Bible complète à usage personnel et maniable de petit format. Sans qu’ils puissent faire l’objet d’une présentation dans cet ouvrage au cadre historique limité, mentionnons pour terminer l’existence à la Bibliothèque Vaticane du manuscrit de la Bible le plus récent, la Saint John’s Bible, une bible illustrée en sept volumes et réalisée à Collegeville, entre 1998 et 2012. La technologie proposant chaque jour de nouvelles découvertes, la dernière en date est alors, « dans un format analogique et non numérique, le texte latin de la Nova Vulgata, la traduction latine officielle pour l’usage liturgique de l’Église catholique. Produite avec une technique de pointe, dite 5D optical data dans les laboratoires de l’Université de Southampton, cette bible se présente sous la forme d’un disque quartz fondu, d’un diamètre de 25 millimètres, censé traverser le temps sans se détériorer pendant des millions d’années, d’où son titre Holy Bible preserved for eternity ! En annexe, une excellente bibliographie fournit les références de toutes les bibles manuscrites et imprimées connues et les travaux d’érudition qui s’y rapportent, une liste des abréviations, un index des manuscrits cités et un index des noms de personnes.