Patrice Faure, Nicolas Tran, Catherine Virlouvet (éds.), Rome, Cité universelle, De César à Caracalla
(Mondes anciens), Paris, Belin, 2018, 871 p.
Cet ouvrage nous fait comprendre pourquoi et comment la cité de Rome a pu devenir le centre d’un aussi vaste empire et tendre à l’universalité. En effet, comment a-t-il été possible de soumettre et faire tenir ensemble des populations aussi différentes que celles qui s’étendaient de l’Écosse et du Danube au désert africain, de l’Atlantique au Proche-Orient, et d’établir cette domination de manière assez durable pour marquer en profondeur l’histoire de tous ces territoires ? La réponse tient en un mot : par une conception tout à fait originale et ouverte de la citoyenneté. Afin de venir à bout des troubles de la Guerre sociale qui, depuis une vingtaine d’années, opposait Rome à une partie de ses alliés italiens, le pouvoir comprit qu’il avait intérêt à redéfinir son rapport à l’Italie. C’est à la faveur d’un recensement organisé en l’an 70 avant notre ère que tous les hommes libres de la péninsule formèrent alors le Populus Romanus. Trois siècles plus tard, grâce à l’Édit de Caracalla de 212, ce statut fut généralisé dans tout l’empire. Entre ces deux dates, les autorités publiques diffusèrent progressivement la citoyenneté romaine, comme un bienfait récompensant les plus fidèles sujets de l’empire. Et c’est ainsi que des hommes de toute origine ethnique et culturelle, vivant sur trois continents, considérèrent la cité de Rome comme leur « commune patrie ». « L’universalité de la civitas Romana durant cette période résida dans un dépassement exceptionnellement large de l’horizon local, qui distingua Rome de toutes les autres cités antiques ». C’est la cohérence de cette construction impériale, dont nous sommes encore les héritiers, que les différents auteurs de cet ouvrage mettent remarquablement en lumière.