Daniel Wallace, Grammaire grecque. Manuel de syntaxe pour l’exégèse du Nouveau Testament
Traduit de l’anglais par Léo Lehmann, Charols (F), Éditions Excelsis, 2016, 934 p.
Parue dans sa première édition en 1996, chez Zondervan, sous le titre Greek Grammar Beyond the Basics. An exegetical syntax of the New Testament, cette grammaire correspond en réalité à la sixième version d’un travail qui n’a cessé de prendre plus d’ampleur au fil des années de cours que D. Wallace a donnés au Séminaire théologique de Dallas depuis 1979. « Encourager les étudiants à aller au-delà des catégories grammaticales et à voir la pertinence de la syntaxe pour l’exégèse », tel est le but que l’A. a toujours voulu poursuivre. En fondant l’exégèse sur les tournures de la langue et en mettant en valeur l’importance exégétique de la syntaxe, l’A. veut ainsi les aider à corriger deux attitudes opposées trop fréquentes : la première consiste à « donner l’impression erronée que les étiquettes syntaxiques colleront tout naturellement aux mots d’un passage, offrant à l’exégèse des allures de science exacte », la seconde, tout aussi fausse, revient à faire croire que « l’exégèse est l’art d’imposer ses idées au texte en allant chercher des étiquettes syntaxiques à lui coller en harmonie avec sa propre précompréhension. Si donc la première attitude voit la syntaxe comme un maître froid et rigide de l’exégèse, tout aussi indispensable qu’inintéressant, la seconde part du principe que l’utilisation de catégories syntaxiques en exégèse n’est qu’un jeu “à la Wittgenstein” auquel se livrent les commentateurs » (cf. p. 10). Une autre particularité de cette grammaire est « la présence d’une multitude de catégories syntaxiques dont certaines n’avaient encore jamais fait l’objet d’une publication ». L’A. prend ainsi ses distances par rapport à l’habitude récente de plusieurs grammairiens de vouloir limiter la prolifération de ces catégories. Bien que, dit-il, sous l’influence de la linguistique moderne, « l’appréciation et la reconnaissance du sens fondamental de divers éléments morphosyntaxiques (appelé le sens non affecté) ont pris une importance croissante, arrêter les discussions syntaxiques au niveau du plus petit dénominateur commun manque de sensibilité linguistique et de justesse pédagogique. La nature de la langue est telle que la grammaire ne peut pas être isolée des autres éléments tels que le contexte, les unités lexicales, ou d’autres caractéristiques grammaticales. Plutôt que de voir tout cela comme de simples applications du sens, nous préférons les voir comme des emplois variés ou des catégories de sens affecté de la forme de base. Le fondement de notre approche syntaxique est en fait de distinguer entre le sens non affecté et le sens affecté, et de prêter attention aux signes linguistiques qui nous permettent de faire cette distinction » (p. 13). En conclusion, dit l’A. « L’une des thèses centrales de cette grammaire est que les éléments linguistiques du contexte contribuent au sens d’une catégorie grammaticale étudiée » (ibid.). L’A. propose d’autre part trois niveaux de lecture et d’utilisation de cette grammaire : un niveau simple avec des résumés de syntaxe donné à la fin de l’ouvrage, qui incluent les titres de catégories, une brève définition et des indications de traduction appelées ‘Clés pour l’identification’ ; un niveau intermédiaire, qui correspond au corps du livre en caractères normaux et comprend définitions, illustrations et discussions concernant la sémantique des catégories ; un niveau avancé, enfin, indiqué par une police de texte plus petite, et qui engage le lecteur à lire les importantes notes au bas de pages et les discussions plus développées concernant la syntaxe. Après l’introduction méthodologique, l’A. brosse un excellent panorama de la langue du N.T., dans lequel il définit la situation du grec néotestamentaire dans l’histoire plus générale de la langue grecque, et aborde certaines questions spécifiques au grec du N.T. en lui-même. Puis, de manière logique, l’A. expose et développe alors l’ensemble de la matière grammaticale du grec néotestamentaire. Une première partie analyse la syntaxe des noms et groupes nominaux, et une deuxième, la syntaxe des verbes et groupes verbaux. Particulièrement intéressants et importants sont les chapitres consacrés à l’étude de la temporalité et des aspects ou types d’actions possibles des divers temps verbaux. Les exemples choisis, abondants, sont toujours prégnants de sens et invitent le lecteur à réfléchir. Par le soin avec lequel l’A. a dressé une bibliographie sélective et propre au thème de chacun des chapitres, un aide-mémoire, un index des sujets, mots grecs et références bibliques, ainsi qu’une liste des illustrations, cette grammaire, dont la traduction est aussi claire et précise qu’agréable à lire, ouvre à l’étudiant « encore inexpérimenté comme aux plus chevronnés des pasteurs » une occasion exceptionnelle d’approfondir l’intelligence des textes.