Graham Speake, Kallistos Ware (éds), Spiritual Guidance on Mount Athos
Bern, Peter Lang, 2016, 157 p.
C’est à l’occasion de la rencontre de la Société des Amis du Mont Athos à Madingley Hall, Cambridge, organisée en mars 2013 par le Métropolite Kallistos Ware et Graham Speake, qu’ont été données les huit conférences réunies dans ce volume sous le titre « Direction spirituelle au Mont Athos ». Depuis plus d’un millénaire, en effet, le monachisme athonite, à la suite des Pères du Désert, joue un rôle important, exemplaire à bien des égards, dans la manière d’envisager et de pratiquer la direction spirituelle, l’ascèse et les voies de la prière. L’une des premières particularités de cette direction spirituelle, comme l’expose le Métropolite Kallistos Ware en introduction, c’est qu’elle ne s’attache pas d’abord à la discipline d’une règle, comme c’est le cas dans le monachisme occidental latin avec la Règle de S. Benoît, mais au développement de la « personne » de chaque moine, et à la relation particulière qu’il peut et doit entretenir avec son maître spirituel. C’est le thème de l’idiorythmie qui est mis en valeur ici, impliquant pour chaque moine une auto-discipline et la recherche d’un équilibre entre les exigences de la vie solitaire et celles de la vie communautaire. L’Archimandrite Ephraïm, higoumène du skite St-André, poursuit en faisant remarquer la souplesse et la diversité des statuts de ceux qui exercent la paternité spirituelle, qui peuvent être aussi bien de simples moines, comme l’était Silouane l’Athonite, que des moines ordonnés à la prêtrise. Les moines ne sont pas tous prêtres et les prêtres ne sont pas forcément des guides. Sur l’Athos, les enseignements de la Philocalie sont décisifs, et c’est à eux qu’on se réfère constamment, poursuit K. Ware dans un second exposé, au sens où la seule chose qui autorise la pratique de la direction spirituelle est la réalisation spirituelle personnelle de celui qui guide, et l’autorité qui lui est alors reconnue pour l’exercer. À leur tour, les deux moines-prêtres de St-Petersburg, Méthode et Kirill Zinkovskiy d’insister encore sur l’importance théologique de la notion de personne, créée à l’image du Verbe et des hypostases trinitaires, et sur le fait qu’une vraie ascèse ne peut prendre sens qu’à partir de cette communion interpersonnelle. Ils montrent également l’influence de cette tradition ascétique athonite sur les différents renouveaux de la pratique religieuse en Russie et en Europe. Dans une remarquable communication, le Fr. Maxime de Simonopetra raconte comment le Fr. Aemilianos, qui fut l’abbé de Simonopetra de 1974 à 2000, est devenu, de simple moine, une figure charismatique d’une grande autorité par l’expérience qu’il a faite de la vision de la lumière thaborique, expérience qui a été à l’origine de la réorganisation radicale de la vie monastique dans son monastère. C’est ainsi qu’il y introduisit la pratique quotidienne pour chaque moine de la Prière de Jésus ou ‘prière du cœur’ appelée à devenir perpétuelle. Les trois dernières conférences abordent tour à tour les enjeux et les problèmes que pose la direction spirituelle dans l’Eglise, auprès des laïcs auxquels les mêmes voies de l’ascèse et de la prière sont offertes (L. Barbu), les renouveaux en Grèce de la direction spirituelle en général (A. Andreopoulos) et de la vie monastique féminine en particulier. Le livre se termine par une brève bibliographie d’ouvrages en grec et en anglais, et par l’index de tous les noms cités.