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Avant-propos

Jacqueline CERQUIGLINI-TOULET

Université de Paris IV – Sorbonne

Christopher LUCKEN

Université de Paris VIII – Vincennes à Saint-Denis

« Mots tentes nomades plantées tout au long d’une vie », écrivait Paul Zumthor dans un des poèmes de Midi le juste. Les livres qu’il a laissés sont autant de tentes jalonnant un parcours d’une extraordinaire diversité. Né à Genève en 1915 et mort à Montréal en 1995, Paul Zumthor a fait une bonne partie de ses études en France, soutenu sa thèse sur Merlin le prophète à l’Université de Genève en 1943 (sous la direction de Marcel Raymond), commencé sa carrière à Bâle (avec Walther von Wartburg), l’a poursuivie en Hollande et, après un bref passage à Vincennes, l’a achevée au Canada. Clerc vaguant et nomade, il le fut dans sa vie comme dans son œuvre. A l’instar d’Abélard auquel il aimait à se comparer. A la fois critique et romancier, homme de savoir et amant du langage, traducteur et poète, il allia une remarquable carrière universitaire et une écriture qui le projetait sans cesse ailleurs. Porté par la voix. Une voix qui brûle encore sous la cendre de chaque feu de camp.

Paul Zumthor n’a jamais enseigné à l’Université de Genève. Il y avait cependant conservé de nombreux amis. Et il ne manquait pas, à l’occasion des fréquentes visites qu’il rendait à sa ville natale, d’y donner régulièrement des conférences, entretenant ainsi un dialogue constant avec tous ceux qui aimaient à y suivre ses travaux.

Afin d’honorer sa mémoire et de poursuivre le débat qu’il n’avait cessé de stimuler, le Département de langues et littératures françaises et latines médiévales de la Faculté des Lettres de l’Université de Genève a tenu à consacrer à son œuvre une journée de réflexion et de discussion, le 16 décembre 1996. Les textes réunis ici en sont issus, pour une bonne part. Sont venus s’y ajouter certaines des communications présentées à Paris à l’occasion de deux autres manifestations organisées en l’honneur de Paul Zumthor : l’une sur La parole vive de Paul Zumthor, par Jacques Darras à la Maison de la Poésie et Rosanna Brusegan à l’institut Culturel Italien, les 25 et 26 novembre de la même année, l’autre, intitulée Paul Zumthor : l’unité d’une œuvre, par Michel Zink au Collège de France, le 13 décembre. Henri Chopin, qui avait présenté à Genève une performance intitulée Fresque de l’impalpable voix, évoque ici sa rencontre avec Paul Zumthor. Helen Solterer nous a gracieusement donné le texte d’un entretien qu’elle avait eu avec ce dernier en 1991. Jean Rousset, ami de longue date de Paul Zumthor, nous a fait l’amabilité d’une Introduction. Enfin, Marie-Louise Ollier s’est chargée de compléter la bibliographie qui avait été établie à l’occasion de la parution, en 1988, du volume d’hommage qui lui avait été consacré, Le Nombre du Temps. (Pour éviter les répétitions et alléger l’appareil des notes, lors des renvois à un texte de Paul Zumthor, nous avons pensé qu’il n’était pas nécessaire de rappeler son nom.)

Nous souhaitons remercier ici de tout cœur Marie-Louise Ollier, les organisateurs des journées parisiennes à la mémoire de Paul Zumthor, ainsi que Charles Méla qui a été à l’initiative de la journée genevoise. Merci également à tous ceux qui ont contribué à son succès ou qui nous ont aidés à réunir ces textes, notamment Colette Isoz et Rhéa Anderes.

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