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Le mont Hélicon : un espace mythique

Maria ROCCHI

CNR — Istituto Studi Micenei ed Egeo-anatolici, Rome

Pausanias décrit l’Hélicon en commençant par ses prérogatives naturelles1 :

— cette montagne est l’une des plus fertiles et des plus riches en plantes domestiques qui se trouvent en Grèce ;

— les arbustes de l’andrachnos offrent aux chèvres un fruit plus doux qu’en tout autre lieu ;

— toutes les herbes et les racines — selon ce qu’affirment les gens qui habitent le territoire environnant — ne présentent jamais de danger mortel pour les humains ;

— les pâturages ôtent toute force au venin des serpents à tel point que beaucoup d’entre ceux qui ont été mordus ont la vie sauve s’ils ont recours aux soins d’un Lybien de la famille des Psylles ou à d’autres remèdes utiles.

Le Périégète continue son récit en affirmant que les vertus des pâturages héliconiens sont différentes de celles que présentent les racines qui poussent sur les monts de la Phénicie, mais qu’elles sont tout à fait semblables à celles des arbres de baume qui, en Arabie, offrant aux serpents l’onguent le plus parfumé qui existe, rendent moins nocif le venin de ces animaux.

Il distingue par conséquent l’Hélicon de la plupart des montagnes grecques et le compte parmi un tout petit nombre ; de même que, dans ce passage, il ne mentionne pas d’autres reliefs importants, dans son œuvre, me semble-t-il, il ne s’exprime jamais, dans d’autres cas, avec un tel enthousiasme.

Lui, qui ne s’intéresse pas à l’aspect sauvage et qui perçoit la nature « à travers une grille culturelle »2, trace de la montagne, qui dépasse 1500 mètres d’altitude, un tableau idyllique qui ne semble correspondre qu’en partie à la réalité3.

Je pense donc qu’il est nécessaire d’examiner le paysage de l’Hélicon selon la version que nous en donne Pausanias pour voir à quelles prérogatives de la montagne il entend se référer et quelle base a une telle image dans le mythe et dans la géographie sacrée des Grecs.

R. Buxton4, affrontant récemment le problème de la définition des rôles des montagnes dans la réalité et dans le mythe, observe qu’« un oros ne peut être simplement défini en termes de hauteur physique » et qu’il s’agit d’une « hauteur qui se trouve à l’extérieur d’un espace habité et cultivé, en dehors de la polis, de l’astu et des komai ». A cet espace du dehors le mythe attribue des caractères qui le situent, même d’un point de vue chronologique, à l’écart du kosmos représenté par la sphère civilisée.

L’oros est en effet un espace sauvage au sein duquel les Grecs non seulement situaient des épisodes se déroulant dans les temps du mythe mais ils croyaient aussi qu’il y persistait des conditions de vie antérieures et, en tant que telles, bien différentes de celles qui avaient cours désormais5.

L’Hélicon n’est pas simplement l’extrême limite ἐσχατιά de la chora citadine6 pour celui qui habite sur ses pentes, mais c’est pour tous les Grecs un mont ζάθεον, une demeure des divinités, qui représente une zone frontière vers l’ouranos7.

Dans l’image qu’en donnent les sources antiques l’oros héliconien ne brille pas, en général, par sa sauvagerie ou pour être, comme d’autres, « habité de bêtes féroces »8. Tel que nous le décrit Pausanias, il ressemble, nous le verrons, à l’une de ces terres eudaimones, situées aux limites du kosmos et proches de l’ouranos, auxquelles les Grecs attribuaient des conditions de vie heureuse semblables à celles qui caractérisaient l’existence sur toute la terre à l’âge d’or9.

Voyons maintenant le texte dans ses détails.

Pausanias décrit la végétation en suivant les différentes classes qui la composent — δένδρον, θάμνος, πόα — un ordre que l’on retrouve aussi chez Théophraste10. L’Hélicon, dit-il, est un des reliefs les plus riches en δένδρα ἥμερα « arbres domestiques, cultivés »11, qui se distinguent des ἄγρια « arbres sauvages »12, pour le fait d’être l’objet de soins de la part des hommes13.

Pausanias ne fait aucune mention des forêts — elles qui, selon Ovide, méritent même l’admiration d’une déesse14 — et offre au contraire l’image d’une montagne très riche en arbres domestiques.

Par conséquent on observe que, dans ce cas, ce qui est ὀρεινόν « montagnard » n’est pas nécessairement ἄγριον « sauvage »15.

On remarque aussi qu’à l’intérieur de l’œuvre de Pausanias la présence de δένδρα ἥμερα sur une montagne est un cas très peu fréquent et dans les rares cas où elles sont mentionnées cela est bien motivé. Ces plantes, dit-il, croissent « au dessous » du mont Chaôn sur le lieu où jaillit l’Erasinos et où Dionysos et Pan recevaient des sacrifices16. Ou encore un petit alsos entièrement constitué de ἥμερα δένδρα se trouve sur le haut oros où est situé Kyrtones près du sanctuaire des Nymphai17.

En ce qui concerne l’Hélicon on pourrait supposer que l’affirmation de Pausanias reflète ce qu’il voit sur les pentes de la montagne ou près du bois sacré des Muses, entouré, dit-il, d’habitations construites18.

Toutefois, en l’absence de toute autre référence topographique plus ponctuelle les nombreux ἥμερα δένδρα sont apparemment distribués sans ordre ni limites sur l’oros et on peut aussi avancer l’hypothèse que la mention de ce genre de végetation peu commune dans un tel milieu répond à sa volonté de caractériser cet espace comme digne des dieux et marqué par leur présence.

Pausanias reconnaît une exceptionnelle fertilité au mont Hélicon et en offre la preuve en affirmant que cet oros, espace qui échappe à la mainmise humaine, fait pousser des dendra non sauvages (ἄγρια), et qui ne sont pas simplement des ϰαρποφόρα mais aussi des ἥμερα c’est-à-dire des arbres domestiques qui offrent spontanément des fruits semblables à ceux qui, normalement, sont l’objet de soins laborieux de la part des hommes.

Cette affirmation de Pausanias se retrouve aussi ailleurs. Sur le Pélion — la montagne visitée par tous les dieux lors des noces de Téthys et Pélée et près duquel Asclépios fut élevé par Chiron — il y avait « autant de dendra karpophora que sur une terre travaillée »19. Les monts Héraia où nacquit Daphnis, fils d’Hermès et d’une Nymphe, étaient caractérisés par une nature digne des dieux et offraient une quantité de fruits domestiques, produits spontanément20.

La fertilité que Pausanias semble reconnaître à la montagne béotienne l’assimile à ces lieux mythiques où, tout comme à l’âge d’or21, la terre continuait à offrir spontanément ses propres fruits22.

Un second exemple de la fertilité de l’Hélicon est constitué par les arbustes d’ἄνδρχνος qui, selon Pausanias, offrent aux chèvres un fruit plus doux qu’en tout autre lieu23.

Ἄνδραχνος ou ἀνδράχλη est l’« arbousier »24 répandu en Grèce et en Asie mineure, et nommé dans le catalogue de Linné comme « arbutus andrachne »25.

L’« arbutus andrachne » fait partie intégrante de l’actuelle végétation de la montagne26. Il ne semble donc y avoir aucun motif pour lequel Pausanias, en l’observant de son temps, n’ait pas dû le mentionner. Toutefois, il reste à savoir pourquoi dans le panorama il ne met en évidence que cet arbuste.

On observe à ce propos que dans l’ensemble de son œuvre Pausanias ne nomme cette plante qu’une seule autre fois. Il dit qu’en Béotie, à Tanagra, dans le sanctuaire d’Hermès Promachos on conservait les restes de l’andrachnos sous lequel on croyait que le dieu avait été nourri27.

Par conséquent il me semble opportun de voir de quelles plantes il s’agit et quelles significations on leur attribuait.

Pour les Anciens l’andrachnos est considéré comme θάμνος ὀρεινός, ἄγριος, « silvestris arbor »28. En affirmant que les fruits les plus doux sont produits sur l’Hélicon, Pausanias reconnait à l’andrachnos de cette montagne une prérogative qui compte, normalement, au nombre de signes de distinction entre la végétation hemera et l’agria29.

L’andrachnos a des feuilles et des fruits presque identiques au ϰόμαρος « arbutus unedo » « arbousier commun occidental » répandu en Italie et nommé « arbutus » chez les Latins30. Les fruits de ces arbousiers sont semblables à des cerises avec une surface chagrinée et ils sont connus comme des fruits qui poussent spontanément sur les montagnes et sont comestibles31. Servius nous rapporte que l’arbutus avait poussé pour la première fois du sang de Géryon aux extrémités occidentales de la terre, près des eaux d’Okéanos dans l’île rouge32.

D’autres auteurs latins nous disent clairement que les fruits de l’arbutus étaient considérés comme la nourriture de ceux qui habitaient la terre à l’époque où celle-ci offrait spontanément de la nourriture, sans avoir été travaillée33. Et selon Virgile, Déméter décida d’enseigner aux hommes à labourer quand, dans les forêts, vinrent à manquer les glands et les arbuta34.

On peut avancer l’hypothèse que ce n’est probablement pas un hasard si, dans le vaste panorama de la végétation montagnarde, parmi les plantes sauvages, Pausanias « voit » précisément celle qui avait une certaine identité dans les marges spatiales et temporelles du cosmos.

Il semble choisir parmi les agria un arbuste grâce auquel est confirmée l’image de l’Hélicon comme « terre heureuse » qui, sans être cultivée, spontanément, (αὐτομάτη), donne des fruits hemera, et même les offre plusieurs fois par an35. Ainsi la montagne est mieux connotée comme un espace où les conditions de vie de l’âge d’or durent encore, et que la tradition associe aux temps où les dieux enfants — et Hermès parmi eux — vivaient sur la terre et partageaient la nourriture avec tous ceux qui l’habitaient, héros ou animaux.

Le dernier élément dans l’énumération des végétaux est constitué par les ποαί. A leur propos Pausanias affirme une absence totale d’herbes et de racines capables de donner la mort.

Sur l’Hélicon, donc, selon lui il ne pousse toujours pas d’herbes vénéneuses. Il est intéressant de remarquer que celles-ci, à l’âge d’or, étaient absentes de toute la terre et que, ensuite, une telle condition ne continua à exister que sur des espaces terrestres limités. La même prérogative de l’Hélicon est attribuée aussi à la Sardaigne, région εὐδαίμων de l’extrême Occident, privée précisément d’herbes vénéneuses à l’exception d’une herbe qui faisait mourir en riant36.

Pausanias affirme en outre que les pâturages de l’Hélicon ôtent même leur force au venin des serpents. L’oros est présenté comme un lieu salutaire où pousse une végétation qui n’offre pas de poisons mais de bons remèdes37. Apparemment Pausanias nie d’une part qu’il puisse pousser des herbes vénéneuses sur l’Hélicon, mais affirme aussi qu’il s’y trouve des herbes et des racines qui ne croissent pas pour la mort, dans le sens qu’elles s’opposent à celle-ci quand elles n’en libèrent pas totalement.

Tout semble donc conspirer ici pour la vie des hommes et des animaux. Et cela est comparable à ce que nous savons de certains lieux particulièrement salutaires aux marges du cosmos dans lesquels les habitants vivent sans maladies une vie plus longue qu’ailleurs38.

Une autre donnée surprenante de la montagne béotienne est celle qui concerne les serpents (ὄφεις).

On apprend par les Anciens que ce sont les lieux qui rendent différentes les mœurs des animaux, et même les serpents, et que les lieux de montagne rendent les caractères plus sauvages39.

Sur l’Hélicon, au contraire, même les morsures des serpents sont différentes. Pausanias explique ce phénomène en le motivant comme l’effet produit par les pâturages : c’est à cause de ceux-ci que, en Phénicie, les serpents sont plus sauvages (ἀγριώτεροι). D’où l’on déduit qu’ils le sont moins sur l’Hélicon ; on pourrait même dire qu’ils sont plus ἥμεροι « domestiques ». Il est intéressant de remarquer que ce serait Zeus lui-même qui, prenant la place de Kronos à la fin de l’âge d’or, aurait rendu les serpents venimeux40. On peut en outre observer que, dans les eudaimones chorai les serpents ne sont pas présents, comme dans le cas de la Sardaigne, ou bien ils ne mordent pas et sont même mangés par les habitants de certaines îles41. Ou encore, comme le dit Diodore de Sicile, contredisant ainsi Pausanias, en Arabie lés morsures inguérissables des serpents sont un frein à l’eudaimonia de la région42.

Tout comme la présence de dendra hemera sur l’Hélicon, l’existence de serpents domestiqués par l’effet des pâturages indique qu’il s’agit là d’un espace ayant des prérogatives que la géographie sacrée des Grecs attribue aux régions qui touchent au ciel, et par leur position liminale dans le cosmos et par la visite irrégulière des dieux43. Nous avons vu jusqu’à présent que Pausanias introduit le développement sur l’Hélicon en reconnaissant comme propres à cette montagne des prérogatives par lesquelles elle est elle-même particulièrement proche de l’ouranos, come il convient à une demeure terrestre des divinités.

Je voudrais attirer rapidement l’attention sur quelques données qui montrent bien comment la géographie de l’Hélicon, telle que l’écrit Pausanias, répond à la sacralité du lieu et a son fondement dans la tradition mythique.

On faisait remonter les origines de la montagne à la métamorphose d’Hélicon, un personnage dont la tradition affirme qu’il était d’un caractère doux et bienveillant envers ses parents. Son frère Kithairon était d’un caractère différent : par avidité, il en arriva à tuer son père et son frère. Les dieux les transformèrent dans les monts homonymes et voulurent que Kithairon, pour son impiété, devînt la demeure des Erinyes tandis que Hélicon, pour sa tendresse pour les siens, devint celle des Muses44. On affirme qu’il existe entre le caractère du personnage/montagne et les prérogatives de ces déesses, une étroite relation. Le comportement d’Hélicon envers ses parents en fait un personnage que l’on peut définir comme ἥμερος45 comme on le disait par ailleurs du mont auquel il a donné son origine46.

La tradition mythique reconnait à l’Hélicon des prérogatives analogues à d’autres espaces auxquels il est significatif qu’il soit identifié. Le sommet du mont, en tant que demeure et choros des Muses résonne de l’harmonie ouranienne et pour cette raison il est comparé à l’ouranos47. Durant le duel musical entre les Emathides et les Muses, Pégase, le cheval ailé sur la croupe duquel Bellérophon ne peut atteindre l’Olympe, empêche que l’Hélicon ne croisse trop en hauteur et ne forme tout un avec l’ouranos48.

L’Hélicon, séjour des Muses, était assimilé et même identifié avec la plus célèbre patrie des déesses, la Piérie, cette terre que l’on disait toute proche de l’Olympe49. On affirmait que l’Hélicon aussi était la terre natale de ces déesses, ainsi que la demeure où elles grandissent50. Elles y eurent pour compagnon le fils de Pan et de leur nourrice Euphème51 Krotos, qui alterne les activités musicales et celles de la chasse, trouvant comme demeure définitive l’ouranos où on le reconnaît dans la constellation du Sagittaire et qui a les formes d’un centaure, c’est-à-dire d’un des habitants mythiques des montagnes52. L’Hélicon n’est pas seulement un lieu de pâture pour les animaux de la terre, mais aussi, comme la Piérie, pour les animaux célestes. Pégase, le cheval ailé né de l’union de Poséidon et de Méduse dans une prairie fleurie aux extrémités occidentales du monde, est destiné à passer des rives d’Okéanos à l’ouranos53. Dans la trajectoire qui le porte entre les parties liminaires de la terre et du ciel il arrive à l’Hélicon54.

Ce dernier est pour les Grecs aussi une Nysa55, espace mythique décrit comme une haute montagne, une plaine, une cité et caractérisée par une végétation florissante56.

Il est intéressant de remarquer que, précisément en conclusion du long excursus sur l’Hélicon, Pausanias mentionne un petit cours d’eau qui coule, dit-il, sur la cime de la montagne et, immédiatement après, il rapporte l’existence d’une source qui jaillit dans le territoire situé en-dessous de Thespies, dans une localité appelée Donakon57. Il s’agit respectivement du Lamos et de la source de Narkissos58. La succession des données relatives à des cours d’eau si éloignés entre eux peut être fortuite. Dans l’hypothèse que ce ne soit pas le cas, le lien entre ces données pourrait être constitué par la tradition qui situe Nysa dans ces parages. La diatribe entre Pausanias et les habitants de Thespies sur des versions différentes du mythe de Narcisse montre que l’on imaginait la première apparition de cette fleur indifféremment sur les pentes de l’Hélicon ou dans la plaine de Nysa.

Quant aux filles du Lamos, le cours d’eau mentionné par Pausanias, Nonnos nous donne quelques renseignements sur elles : ce sont les nymphes auxquelles Hermès confie Dionysos à sa naissance et qui le nourrissent, puis deviennent folles par volonté d’Héra ou, selon une autre version, ce sont les Hyades, mères de ceux qui furent transformés en centaures pour avoir pris soin de Dionysos59.

Sur les rives du Permessos/Termessos, un autre cours d’eau rappelé par Hésiode et Pausanias, régnait un certain Mélisseus qui pourrait être identifié comme le père des Hyades de Nysa60, ou avec un Kourès/Korybas, une autre figure mythique liée à l’enfance de Dionysos61.

C’est peut-être encore l’Hélicon la montagne de la Béotie sur laquelle, disait-on, les filles de Cadmos auraient élevé Dionysos et qui, à cette époque-là, s’appelait Méros, comme la montagne de l’Inde qui domine la ville de Nysa62.

C’est sur l’Hélicon qu’Athéna, est surprise par un chasseur, ce Teirésias qui a pour sort d’apercevoir la déesse alors qu’elle se baigne avec les nymphes dans les eaux de 1’Hippocrène63, la source jaillie du coup de sabot de Pégase64. La version du mythe qui raconte cette rencontre entre la divinité et le mortel fait une référence précise à une prérogative de la montagne. Alors que Chariklô, nymphe et mère de Tirésias, invective l’Hélicon en disant que c’est lui qui a pris les yeux de son fils, Athéna disculpe la montagne en en soulignant en quelque sorte le caractère hemeros qui la distingue du Kithairon près duquel Actéon connaît un sort bien différent65 et précise que ce qui est arrivé au héros dérive d’une loi de Kronos66. A l’âge de Zeus, alors que Kronos règne tout au plus dans les îles des Bienheureux67, une norme établie par ce dieu est encore en vigueur sur l’Hélicon.

En conclusion, il semble que le tableau de l’oros, tel que le fournit Pausanias, trouve son fondement dans la tradition mythique. Comme nous l’avons vu très rapidement, il s’agit en effet d’un espace qui, outre la limite de l’âge d’or, et une fois atteint l’âge adulte de la part des dieux, continue à être pour ceux-ci leur demeure terrestre et un lieu où ils rencontrent les mortels.

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1 Paus. 9, 28, 1-4.

2 C. Jacob, « Paysages hantés et jardins merveilleux. La Grèce imaginaire de Pausanias », L’Ethnographie, 1980-1, 35-67 ; id., « Paysage et bois sacré : ἄλσος dans la Périégèse de la Grèce de Pausanias », Les Bois sacrés, Actes du Colloque International de Naples, Coll. J. Bérard 10, 1993, 33 sq.

3 Voir à ce propos : P. Voelke, « Monde pastoral et monde urbain du Cyclope d’Euripide aux Boucoliastes de Théocrite », Etudes de Lettres 1992, n° 1, 5-22 ; C. Calame, « Espaces liminaux et voix discursives dans l’Idylle de Théocrite » ibid., 1992, n° 2, 69-76.

4 R. Buxton, « Montagnes mythiques, montagnes tragiques », Ktema 15, 1990, 163 sq., 167 sq. ; id., « Imaginary Greek Mountains », JHS 112,1992, 1-15 ; id., Imaginary Greece : the Context of Mythology, Cambridge 1994, 81 sqq.

5 Cf. F. Turato, La crisi della città e l’ideologia dei selvaggio nellAtene del V secolo a. C., Roma, 1979, 12-25 ; P. Ceccarelli, « Le monde sauvage et la cité dans la comédie ancienne », Etudes de Lettres, 1992, n° 1, 23-37.

6 Anecd. (Bekker), I, 256 ; Suid., EM s.v. Ἐσχατιά ; S. Georgoudi, « Problèmes de transhumance dans la Grèce ancienne », REG 87, 1974, 162 sq. ; G. Daverio Rocchi, Frontiere e confini nella Grecia antica, Roma, 1988, 40.

7 C. Jacob, « Paysages hantés », cit. 41 ; P. Voelke, « Ambivalence Médiation Intégration : à propos de l’espace dans le drame satyrique », Etudes de Lettres, 1992, n° 2, 35-54.

8 Cf. Paus. 1, 32, 1 ; 3, 20, 4 ; 8, 35, 7 ; Ps. Plu. Fluv. 7, 5. Son lion célèbre pour avoir arraché la victime à un sacrifice et avoir offert un présage négatif à Adrastos (Eustath. Il. 2, 507) — est tué par Héraklès (Phot. p. 147a Bekker) l’héros qui se sert d’un arbre hélikonien comme arme contre le fauve néméen (Theoc. 25, 207-210 ; 255-260).

9 L. Gernet, « La cité future et les pays des morts », REG 46, 1993, 293-310 ; A. Brelich, « Sardegna mitica », Atti del Convegno di Studi Religiosi Sardi, Cagliari 24-26 maggio 1962, Padova 1963, 29 ss. ; P. Vidal-Naquet, Le chasseur noir, Paris 19832, 39-68.

10 Thphr. HPl. 1, 3, 1.

11 Cf. A.J. Windekens, DECLG s.v. ἥμερος « domestique » (animaux), cultivé (terres, plantes), civilisé (homme) ; Théophraste, Recherches sur les plantes, éd. S. Amigues, I, II, Paris, 1988, 1989 passim « domestique ».

12 Hdt. 4, 21 ; X. Cyn. 5, 5 ; Thphr. HPl. 1, 9, 3 ; 13, 1 ; 6, 6, 3.

13 Hippon, 38 A19 (Diels) ; Theophr. HPl. 1, 3, 5-6 ; 3, 2, 2 ; Ath. 15, 682d ; Anth. Pal. 9, 4, 3 ; 384, 7 sq. ;

14 Ovid. M. 5, 264-268 ; 271 ; Hor. Od. 1, 12, 5 ; Ep. 2, 1, 218.

15 Cf. Thphr. HPl. 3, 2, 4-5.

16 Paus. 2, 24, 6.

17 Paus. 9, 24, 4 ; F. Graf, « Bois sacrés et oracles en Asie Mineure », Les Bois sacrés, cit. 24-29.

18 Paus. 9, 31, 3 ; cf. Théoph. HPl. 3, 2, 5 ; O. Rackham, « Observations on the Historical Ecology of Boeotia », ABSA 78, 1983, 293-295 ; id., « Ancient Landscapes » The Greek City from Homer to Alexander, ed. O. Murray, S. Price, Oxford, 1990, 101-103 ; A. Sarpaki, « The Palaeoethnobotanical Approach », Agriculture in Ancient Greece, ed. B. Wells, Stockholm, 1992, 70 ; C. Mauduit, « Ἀγρότερος dans l’épopée et la poésie lyrique », REG 107, 1994, 54-59.

19 Heraclid. F. II, 1 (Pfister) Πήλιον ὄρος δένδρα ἔχον τοσαῦτα ϰαρποφόρα ὅσα ϰαὶ τὰς τῶν γεωργουμένων συμβαίνει.

20 DS. 4, 84, 1-2 τῶν ήμέρων ϰαρπῶν αὐτομάτων.

21 Hes. Op. 117-118 ; 232-233 où les justes trouvent leur nourriture dans les montagnes ; cf. Hom. Od. 5, 63-74 où près de la demeure de Kalypso croissait une vigne ἡμερίς.

22 A. F. 196 (Radt) ; Pla. Criti. 115a ; Pol. 272a ; DS 2, 47, 1 ; 57, 1 ; 59, 1 ; 3, 53, 5 ; 3, 68, 2 ; Lucianus VH 2,13 ; cf. B. Gatz, Weltalter, Goldene Zeit und verwandte Vorstellungen, Hildesheim, 1967.

23 A propos du tableau des chevreaux cf. Eupolis F. 14 in Plu. Symp. 4, 1, 3 ; Verg. Ecl. 3, 82 ; 3, 301 ; Hor. C. 1, 17, 5-6.

24 Cf. HPl. 4, 15, 1 ; Pli. NH. 13, 120 ; J. Murr, Die Pflanzenwelt in der Griechischen Mythologie, Innsbruck, 1890, 69 ; voir le commentaire de S. Amigues in Théophraste, I, cit., Paris, 1988, XXXIX.

25 Autre chose est ἀνδράχλη nom d’une herbe, le « pourpier » lat. « porcillaca », (Pli. NH. 13, 120 ; 25, 162) cf. le commentaire de J. André in Pline, Histoire Naturelle XXV, Paris, 1974, 164 sq.

26 O. Rackham, « Observations », cit., 303.

27 Paus. 9, 22, 2.

28 Thphr. HPl. 1, 9, 3 ; 3, 3, 1-3 ; Pli. NH. 13, 120.

29 Thphr. HPl. 1, 4, 1 ; 2, 27 ; 3, 8, 2.

30 Thphr. HPl. 1, 9, 3 ; 3, 16, 5 ; TLL s.v. arbutus ; Forcellini, s. v. arbutum « fructum arbuti arboris qui et unedo dicitur » cf. le commentaire de S. Amigues in Théophraste, cit. I, 96 ; II, 185.

31 Ar. et Amphis in Ath. II 50 e-f ; Thphr. HPl. 3, 16, 4-5.

32 Serv. Verg. A. 7, 662 ; cf. R.J. Murr, cit. 69 ; à propos de l’île Erytheia dans la géographie mythique, cf. W. Burkert, « Le mythe de Géryon », Il Mito Greco, ed. B. Gentili, G. Paione, Roma, 1977, 277 sq. ; C. Jourdain-Annequin, Héraclès aux portes du soir, Paris, 1989, 561 sqq.

33 Ον. Μ. 1, 101-104 ; cf. Varro de re r. 2, 1 ; Lucr. 5, 940-942.

34 Verg. Georg. 1, 147-149.

35 Thphr. HPl. 3, 4, 4 ; Pli. NH 13, 121 ; cf. Hes. Op. 171-173 ; DS. 2, 47, 1 ; 5, 41, 6.

36 Paus. 10, 17, 13.

37 Cf. Hom. Il. 22, 93-94 ; Od. 4, 229-230 ; Pelion (Heraclid. II, 3 ; 11-2) Oeta, Ossa, Parnassos (Thphr. HPl. 9, 5, 2 ; 15, 4).

38 DS. 2, 57, 1 ; 3, 68, 6 ; cf. Y. Vernière, « Iles mythiques chez Diodore de Sicile », Peuples et Pays Mythiques, ed. F. Jouan, B. Deforge, Paris, 1988, 159-167.

39 Arist. HA 7, 29 607a ; cf. Hom. Il. 22, 93 sq. ; Eustath. ad loc.

40 Verg. Georg. 1, 125-135 ; cf. L. Bodson, « L’évolution du statut culturel du serpent dans le monde occidental », Histoire et Animal, III, Toulouse, 1989, 525-528.

41 Paus. 10, 17, 12 ; DS. 2, 59, 3.

42 DS. 3, 47, 1 sq.

43 Cf. Claros un territoire qu’Apollon a libéré de la présence d’animaux venimeux (Nic. F. 31 in Ael. NA 10, 49 cf. F. Graf, cit. 28) ou le sanctuaire d’Asklepios à Epidaure où vivent δράϰοντες… άνθρώποις ἥμεροι (Paus. 2, 28, 1).

44 Hermesian. in Ps-Plu. Fluv. 2, 2 ; cf. M. Rocchi, « Kithairon et les fêtes des Daidala », DHA 15, 2, 1989, 309-313 ; G. Burzacchini, « Corinna e i Plateesi. In margine al certaine di Elicona e Citerone », Eikasmos 1, 1990, 31-35.

45 A. Ag. 719-721 ; Pla. Grg. 516 b-d ; D. 21, 49 ; Theoph. HPl. 1, 3, 6 ; Theocr. 23, 3.

46 AnthPal 7, 71, 3 Ἑλιϰῶνα τόν ἥμερον ; Plu de audiendis poetis 15e τὴν ποιητικὴν ἡμερίδα τῶν Μουσῶν.

47 Procl. in Remp. II, 204, 12 (Diehl) ; Max Tyr. 3, 75 p. 299 Trapp ; cf. P. Boyancé, « Les Muses et l’harmonie des sphères », Mélanges F. Grat, Paris, 1946, 13 sq. ; M. Detienne, Homère Hésiode et Pythagore, Bruxelles, 1962, 70 sq.

48 Ant. Lib. 9 ; cf. M. Rocchi, « Il monte Elicona conteso da Musai ed Emathides », Actes du 2e Congrès Intern. d’Etudes Béotiennes, Athènes 1995, 1016 sqq.

49 Hes. Th. 53-62 ; Sch. Vet. ad loc.1 (Di Gregorio) ; Tz. Chil. 6, 90, 931 ; 937.

50 Ov. F. 4, 191 : « Helikonis alumnae » ; Met. 5, 310 « Thespiades » Pli. NH. 4, 25 « Et Musis natalem in nemore Heliconis adsignant » ; Him. Or. 9, 271.

51 Pour son image sur la montagne, cf. Paus. 9, 29, 5.

52 Sositheus, F. 5 Nauck2 ; Eratosth. Cat. 28 ; Hyg. A. 2, 27 ; cf. pour les Kentauroi et les montagnes : Hom. Il. 1, 268 ; Apollod. 2, 5, 4.

53 Hes. Th. 278-286.

54 Myth Vat. 2, 135 (Kulcsar).

55 St. Byz. s.v. Νῦσαι ; Eustath. ad Hom. Il. 2, 508.

56 Hom. H. 1, 8 sq. ; S. Ant. 1131-1133 ; Hesych. s.v. Νῦσα ; Νυσήϊον ; Eustath. ad Hom. Il. 6, 133 ; H. Jeanmaire, Dionysos, Paris, 1970, 349 sq.

57 Paus. 9, 31, 7-9.

58 V.L. Aravantinos, « Mycenaean Place-Names from Thebes : The New Evidence », Studies presented to J. Chadwick, Minos XX-XXII, 1987, 38 ; A. Schachter, Cults of Boiotia, 2, BICS 38. 2, 1986 s.v. Narkissos.

59 Nonn. D. 9, 25-50 ; 14, 145-154 ; 47, 676-689 ; voir Nonnos de Panopolis, Les Dionysiaques, IV, Paris, 1985, 16 sq. ; VIII, 1994, 48

60 Hes. Th. 5 ; Paus. 9, 29, 5 ; Nic. Ther. 11 sq. ; Sch. ad loc. ; Hyg. F. 182.

61 Nonn. D. 13, 135-166 ; cf. 28, 306-321 ; 36, 277-280.

62 Opp. C. 4, 237-241 ; Arr. An. 5, 1, 6 ; Thphr. HPl. 4, 4, 1.

63 Call. Lav. Pall. 70-106 ; cf. L. Brisson, Le Mythe de Tirésias, Leiden, 1976, 25 sq. ; N. Loraux, Quel che vide Tiresia, Il femminile e l’uomo greco, Roma-Bari, 1991 (trad.it.), 227-245.

64 Paus. 9, 31, 3 ; Arat. Ph. 215-221 ; Str. 8, 6, 21 (379) ; P.W. Wallace, Strabo’s Description of Boiotia, Heidelberg, 1979, 104.

65 Call. cit. 107-118 ; cf. ce qu’il arrive à Pentheus (E. Ba 1137-1139).

66 Call. cit. 90-102.

67 Pi. O. 2, 77 ; M. van der Valk, « On the God Cronus », GBRS 26, 1985, 5-11.