Allocution
Dr Claude Martin directeur général du WWF International
C’est avec plaisir que je prends la parole à ce colloque qui tente d’aborder les contextes culturel et naturel de la Montagne des Muses.
Ce n’est pas seulement en Grèce que la conservation de la nature et la préservation du patrimoine culturel doivent être considérées comme les deux faces de la même médaille : faire de la conservation sans tenir compte du contexte culturel d’un lieu mène très souvent à l’échec. Ou, inversément, ne pas prendre en considération les aspects de la nature en considérant la protection des sites culturels signifie oublier les origines spirituelles de ces cultures elles-mêmes.
L’Hélicon est un long massif montagneux qui s’étend entre les plaines de Thèbes, de Levadia et le golfe de Corinthe. De nombreux sommets, à relief parfois doux, parfois abrupt, plus ou moins recouverts de forêts de sapins (Abies Cephallonica), alternent avec de multiples vallons.
La montagne, aujourd’hui, est pâturée tout au long de l’année, et la végétation des moyennes et basses altitudes porte la trace évidente d’une longue coexistence avec les troupeaux de chèvres et de moutons. C’est la garrigue à chêne kermès qui prédomine avec quelques arbres clairsemés (souvent des poiriers sauvages), tandis que dans les parties à sol siliceux les fougères (Pteridium aquilinum) couvrent de grandes étendues avec quelques chênes caducifolies et autres feuillus. On peut encore rencontrer dans les zones fertiles des cultures de légumes et de céréales.
En ce qui concerne la faune, il reste de nos jours peu d’espèces caractéristiques de cette région. Les quelques renards, lièvres et perdrix sont à la merci des chasseurs, nombreux et favorisés par un réseau très développé de pistes forestières ou de cheminements desservant les mines de bauxite de la partie septentrionale et occidentale de la montagne.
C’est la raison pour laquelle la conservation de la nature de la Montagne des Muses n’est donc pas un aspect de la question que l’on pourrait se permettre d’écarter.
Ce n’est que depuis peu d’années que le WWF a inauguré son programme de conservation en Grèce, à une époque où la plupart des spécialistes de conservation de la nature dans ce pays déclaraient qu’il était impossible d’y créer un mouvement de conservation. C’était une bien triste perspective, étant donné que la culture grecque du passé est fondée sur la richesse naturelle de ce pays. Beaucoup de choses ont changé ces dernières années : le premier janvier 1995, le bureau de programme du WWF sera inauguré officiellement au titre d’organisation nationale. En Grèce et ailleurs, un nombre croissant de personnes reconnaissent aujourd’hui l’importance de la conservation de la nature dans ce pays, conjointement avec la préservation du patrimoine culturel.