Minimum firmitatis, plurimum lucri
Le cas du « lin mendésien »
Attestées dès l’époque prédynastique, la culture du lin (linum usitatissimum) ainsi que les différentes productions – graines, fourrage, combustible, huile, pharmacopée et, surtout, produits textiles – y étant associées demeurèrent tout au long de l’Antiquité et du Moyen Âge un important secteur d’activité économique en Egypte et, de façon particulière, dans le delta du Nil1. Ainsi, parmi les quatre variétés de lin égyptien recensées par Pline l’Ancien, trois sont associées à des villes de cette région2. Les données papyrologiques témoignent par ailleurs de l’existence d’une autre variété régionale de lin : le « lin mendésien » (λίνον Μενδήcιον). A partir de l’examen de l’ensemble des sources disponibles, cet article s’intéressera à l’économie linière mendésienne et à sa signification du point de vue de la valorisation des environnements humides deltaïques antiques et médiévaux. Mais avant toute chose, une contextualisation environnementale et historique s’impose.
Le lin égyptien : contextualisation environnementale et historique
Les sources archéologiques, iconographiques, papyrologiques et littéraires rendent compte de la valeur commerciale de la production linière non seulement en Egypte, mais partout dans le monde méditerranéen. En effet, avant l’essor de la culture du coton en Méditerranée à l’époque médiévale, le lin était, avec la laine, la principale source de textile3. Or, de l’Antiquité au XIIe s. ap. J.-C., l’Egypte était le principal centre de culture, de transformation et de commercialisation du lin4. Pline l’Ancien affirme d’ailleurs qu’à son époque, le lin produit en Egypte, qui était « le moins fort [donc le plus fin] et le plus lucratif » des lins produits dans l’Empire, constituait une monnaie d’échange contre les denrées de luxe venues de l’Arabie et de l’Inde5.
Notre principale source antique sur la culture du lin en Egypte et dans l’Empire romain est Pline l’Ancien (Ier s. ap. J.-C.). Dans son Histoire naturelle, l’auteur latin consacre plusieurs paragraphes à la description des diverses linacées connues à son époque et de leurs principaux usages. Il affirme ainsi à propos de cette plante : « Le lin se sème surtout dans les terres sablonneuses, après un seul labour, et aucune plante n’est plus hâtive. Semé au printemps, il s’arrache en automne et c’est encore un dommage qu’il cause à la terre. »6
Si Pline affirme que le lin est adapté aux sols sableux, il convient de nuancer son témoignage. En effet, les connaissances actuelles sur la biologie du lin indiquent que les sols qui conviennent le mieux à la culture de cette herbacée sont des sols lourds à loam retenant bien l’humidité, mais qu’en raison de son système racinaire peu développé, elle a de la difficulté à croître dans les sols sableux peu pourvus en eau7. Le lin tolère également bien la salinité dans la mesure où l’humidité et la teneur nutritive du sol sont suffisantes. Pour ces raisons, le linum usitatissimum et ses ancêtres constituent, en milieu sauvage, des espèces végétales caractéristiques des habitats perturbés8.
En raison même de ses propriétés biologiques et écologiques, le lin est donc particulièrement bien adapté aux sols trop humides pour la culture céréalière9 ; il se plaît notamment dans les zones palustres, lacustres et lagunaires telles celles qui abondent dans le nord du delta du Nil. Ces environnements chauds et humides sont en outre parfaits pour la transformation des tiges de lin en fibres, laquelle, comme le décrit Pline l’Ancien, nécessite chaleur, trempage et mouillure :
« Chez nous, la maturité du lin se reconnaît à deux signes : quand la graine se gonfle ou quand il jaunit. On l’arrache alors, on le lie en bottes qui tiennent dans la main, et on le fait sécher au soleil, pendu, les racines tournées vers le haut, pendant un jour, puis pendant cinq autres jours en opposant les têtes des bottes afin que la graine tombe au milieu. […] Puis, après la moisson du blé, les tiges elles-mêmes sont plongées dans de l’eau attiédie au soleil et maintenues au fond par un poids, car rien n’est plus léger. On reconnaît qu’elles sont rouies à l’écorce plus lâche ; on les fait à nouveau sécher au soleil la tête en bas, comme précédemment ; puis, une fois sèches, on les broie sur une pierre avec un maillet à étoupe. La partie la plus proche de l’écorce s’appelle étoupe ; son lin est de qualité inférieure, plus propre d’ordinaire à faire des mèches de lampes ; l’étoupe elle-même est cardée avec des sérans de fer jusqu’à ce que toute l’écorce soit ôtée. On distingue un plus grand nombre de qualités dans la partie intérieure, d’après la blancheur et la souplesse. […] Les écorces tombées au broyage s’emploient aussi pour le chauffage des tourtières et des fours. C’est un art de peigner et de séparer la filasse : normalement cinquante livres de bottes donnent quinze livres de lin peigné. Puis, quand il est filé, on l’assouplit de nouveau en le battant mouillé contre une pierre à de nombreuses reprises et, quand il est tissé, on le bat de nouveau avec des fouloirs ; il est d’autant meilleur qu’il est plus maltraité.10 »
Ce passage nous renseigne aussi sur la récupération dont faisaient l’objet les différentes parties de la plante rejetées au cours de sa transformation : les graines étaient recueillies à des fins alimentaires, oléicoles ou agricoles, tandis que l’étoupe était utilisée pour faire des mèches de lampes et que les écorces récoltées à la suite du broyage des fibres faisaient office de combustible.
Les graines de lin trouvées à l’occasion des fouilles de Tell Ibrahim Awad (Delta oriental) tendent à indiquer que le lin fut cultivé dans le delta du Nil dès l’époque prédynastique11. Dans ce contexte, il se peut que les linceuls de lin dont des fragments ont été retrouvés sur certains corps inhumés dans une sépulture de la Troisième Période Intermédiaire de Tell Tebilla, dans le secteur du nome mendésien, proviennent aussi d’une production locale12.
En ce qui concerne le lin cultivé dans le Delta aux époques hellénistique et romaine, il est fort révélateur de constater que, sur les quatre variétés de lin égyptien recensées par Pline l’Ancien, à savoir le tanitique, le pélusiaque, le boutique et le tentyritique, trois étaient associées à des villes situées dans la frange nord (et donc à plus forte densité marécageuse) du Delta : Tanis, Péluse et Bouto13. Il convient aussi d’ajouter aux variétés énumérées par Pline le « lin mendésien » (λίνον Μενδήcιον). Cette dernière est à ma connaissance la seule variété de lin d’origine égyptienne à ce jour attestée dans la documentation papyrologique.
Le lin mendésien
Situé dans le nord-est du delta du Nil, le nome mendésien était riche en ressources hydriques. Traversé par la branche mendésienne du Nil, il jouissait également d’un accès fluvial à la Méditerranée et était richement pourvu en milieux humides variés : lacs, marécages et lagunes d’eau douce, saumâtre ou salée, permanents, saisonniers ou occasionnels. Ces caractéristiques environnementales, ainsi que la situation stratégique de Mendès et Thmouis, les capitales successives du nome, prédisposaient cette région non seulement à la culture, mais aussi à la transformation et à la commercialisation du lin et des produits liniers14. Or les papyrus confirment la vitalité de ce secteur d’activité économique dans la région aux époques hellénistique et romaine15.
Les deux plus anciens documents à notre disposition appartiennent aux archives de Zénon. Il s’agit d’abord du P.Lond. VII 1995 (251 av. J.-C.). Ce long relevé fait mention des quantités de grains mises à la disposition d’Hérakleidès, le fermier en chef de la δωρεά d’Apollonios, dioécète sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, située à Philadelphie (Fayoum)16. Aux lignes 172 à 178, la quantité de blé correspondant à la quantité de lin (λίνον) ayant été livrée à Hérakleidès au cours de l’année est détaillée17. Il est à ce propos fait état de 1097,5 artabes de lin en provenance du nome mendésien18.
Il s’agit ensuite du P.Cair. Zen. II 59292 (250 av. J.-C., postérieur de quelques mois au P.Lond. VII 1995). Le document consiste en un relevé des dépenses en artabes de grains effectuées sur la propriété d’Apollonios. Parmi les données préservées, il est question de 1097 artabes de lin mendésien (verso, fr. q, 659-662), soit seulement une demi-artabe de moins que dans le P.Lond. VII 199519. Il apparaît donc qu’au IIIe s. av. J.-C., le lin cultivé sur les terres de la dorea d’Apollonios provenait notamment de graines mendésiennes. Dans la mesure où Apollonios ne semble pas avoir possédé de domaines dans le nome mendésien, il est probable que ces importations – comme celles de pavot, de sésame, de lotus et, sans doute aussi, de papyrus également attestées dans les archives de Zénon – furent motivées par la qualité de la sorte de linacée cultivée dans la région20. Il est aussi envisageable, quoique nous ne disposions pour cela d’aucune autre source ptolémaïque, que d’autres exploitations du Fayoum se soient approvisionnées en graines de lin sur le marché de Mendès.
Par ailleurs, une partie des fibres de lin récoltées sur les terres d’Apollonios était revendue à Mendès. C’est ce dont témoigne le P.Cair. Zen. II 59470 (entre 256 et 246 av. J.-C.). Dans ce document, Molossos, vraisemblablement un agent commercial au service d’Apollonios et de Zénon, écrit à ce dernier pour l’informer qu’un certain Théogènes était venu à Mendès avec trois bottes de lin fin (λινοκαλάμη) afin de savoir quel prix il pourrait en obtenir21. Molossos précise ensuite que les détaillants avaient assuré à Théogènes qu’il pourrait facilement écouler 10 000 de ces bottes. Pour cette raison, il demande à Zénon de commencer à lui en envoyer le plus possible et d’écrire à Prométhion, un banquier installé à Mendès avec qui Zénon faisait souvent affaire, afin qu’il lui procure l’aide nécessaire22.
Les bottes de lin vendues à Mendès étaient vraisemblablement destinées à l’approvisionnement en matière brute du secteur textile local. Le nombre important de bottes pouvant, aux dires des revendeurs, être écoulé à Mendès, de même que la motivation de Zénon d’écouler dans cette ville du Delta du lin produit dans le nome arsinoïte, tendent à indiquer que la région constituait, au IIIe s. av. J.-C., un important centre de transformation et de redistribution textile. Le nome mendésien possédait donc trois atouts du point de vue de l’industrie du lin : une production linacée de qualité sise en zone rurale, une expertise régionale en matière de transformation du lin et un centre urbain (Mendès puis, à l’époque romaine, Thmouis) avantageusement positionné dans les réseaux de communication fluviaux et maritimes égypto-méditerranéens.
Durant le Principat romain, les papyrus témoignent de l’intérêt du fisc pour l’industrie linière. En effet, trois documents du IIe siècle font mention du prélèvement dans le nome d’une taxe en argent sur la production du lin, l’ὀθονιηρά ou μεριcμòc ἐνδεήματοc ὀθονιηρᾶc23. Une autre taxe liée à la production de lin et nommée τιμὴ λινοκαλάμηc est attestée dans le P.Strasb. IV 299, qui provient fort probablement du nome mendésien24. Le P.Ryl. II 219 fait quant à lui mention d’un peu plus de 23 drachmes d’arriérés dus en relation avec des tisserands (γερδίων) dans un village inconnu du nome25. Ces données en bribes témoignent de la pérennité de la culture et de la transformation du lin dans le nome au cours du Principat.
Il en va de même de l’intérêt des artisans provinciaux pour le lin cultivé dans le nome. C’est ce qu’indique le P.Oxy. LXVI 4534 (335 ap. J.-C.). Ce document est le seul contrat de location d’un métier à tisser connu à ce jour. Il a été conclu à Oxyrhynque entre, d’une part, Aurelius Gounthos fils d’Eutychios et, d’autre part, Flavius Ision, un soldat, et Dioskorammon, un tisserand de vêtements tarses26. Le contrat stipule qu’au lieu du paiement d’une rente, Dioskorammon s’engage à tisser chaque mois deux livres de lin mendésien (λίνον Μενδήcιον) à partir de fils fournis par Gounthos27 :
« Aurelius Gounthos fils d’Eutychios de la brillante et très illustre cité d’Oxyrhynque a loué à Flavius Ision, soldat […] Dioskorammon de la même cité, tisserand de vêtements tarses, pour un an à partir du présent mois de Phaophi de la présente 30e/20e/12e/3e (année), un métier à tisser tarse, complet, doté de tout l’équipement, à la condition qu’au lieu de la rente je tisse pour toi sans frais chaque mois deux livres de lin mendésien (λ̣ίνου Μενδηcίoυ λίτραc δύο), toi Gounthos fournissant le lin. »28
L’expression λίνον Μενδήcιον, qui à l’évidence désigne une variété de fibres de lin communément connue par les contractants, n’est attestée nulle part ailleurs dans les sources. Pouvait-elle aussi s’appliquer à la plante elle-même, à ses graines et à la toile tissée ? Les sources ne nous permettent hélas pas de répondre à cette question. Quoiqu’il en soit, considérant les données relatives à l’importation dans le Fayoum de graines de lin en provenance de Mendès au IIIe s. av. J.-C., on peut déduire de façon vraisemblable que, dans l’Egypte hellénistique et romaine, le « lin mendésien », qu’il fût ou non désigné comme tel, constituait bel et bien une variété prisée de linacée.
A ma connaissance, outre le « lin mendésien », la seule autre variété de lin mentionnée dans les papyrus grecs est le « lin blanc tarse », λίνου λευκοῦ ταρcικοῦ29. A titre de comparaison, les archives de la Geniza du Caire mentionnent 28 variétés de lin. Comme celles énumérées par Pline, plus de la moitié de celles-ci sont associées à une localité ou région30. Considérant cela, il est légitime de supposer qu’à l’époque hellénistique et romaine, la diversité de la production linière égyptienne – et méditerranéenne – était, sinon comparable à celle attestée dans les documents de la Geniza, à tout le moins plus importante que celle dont témoignent Pline et les sources papyrologiques.
Le secteur du nome mendésien continua de produire un lin de qualité à l’époque médiévale ; le prouve la grande prospérité dont jouit à cette époque Tinnis. Située dans la portion orientale du lac Menzaleh, Tinnis (de concert avec Damiette) s’imposa, du VIe au XIIe siècle, comme l’un des plus importants centres de redistribution textile, non seulement en Egypte, mais aussi en Méditerranée. L’essor de cette île-ville, dont la population atteignit entre 30 000 et 50 000 habitants, reposait essentiellement sur les différentes activités associées à la production, à la transformation et à la commercialisation du lin31. Au début du XVe siècle, l’historien et compilateur égyptien de langue arabe Maqrizi décrivit ainsi la ville, qu’il nommait Tennis :
« Tennis était une grande ville dans laquelle se trouvaient un grand nombre de monuments des Anciens ; les habitants étaient riches et opulents. Le grand nombre étaient tisserands ; et à Tennis, on tissait des robes de lin comme on n’en faisait nulle part ailleurs ; on y exécutait pour le khalife une robe nommée el badnah dans laquelle il n’entrait de fil que deux oques, pour la trame et la chaîne, le reste de l’étoffe était d’or32 ; le tout était d’un travail parfait et n’avait nul besoin d’être taillé ni cousu […]. Il n’y avait nulle part au monde de métier où fut exécutée une robe de lin simple et sans or, ailleurs qu’à Tennis et Damiette. Quand on laissait libre cours au Nil, les gens qui habitaient à l’orient de Farmah, dans les régions de Gergir et de Faqous, pouvaient s’y alimenter par le canal de Tennis. »33
Si les textiles de Tinnis atteignirent une telle renommée, c’est grâce à la mise en valeur, par les instances et les collectivités locales, du milieu complexe et diversifié caractéristique de la région. Sise à cheval entre le Delta et la Méditerranée, dans une zone humide abondant en îlots et en marécages, la région de Tinnis jouissait aussi d’un sol alluvial sablonneux favorable à la culture du lin et d’autres fibres. Les étés chauds et humides caractéristiques de ce secteur du Delta étaient eux aussi particulièrement adaptés à la culture du lin34. Cette description du milieu caractéristique de la Tinnis médiévale semble pouvoir à maints égards s’appliquer aux centres textiles du Delta antique : Péluse, Tanis, Bouto et, aussi, Mendès-Thmouis. L’« intégration environnementale » réussie dont témoigne le secteur linier mendésien reposa donc sur la mise en valeur plurielle de milieux marginaux du point de vue de l’agriculture céréalière et maraîchère, ainsi que sur l’exploitation des réseaux de redistribution fluviaux et maritimes dont faisait partie Mendès.
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1 Epoque prédynastique : cf. De Roller (1992) 112-113 (Tell Ibrahim Awad) ; Thanheiser (1992) (Minshat Abou Omar). Le linum usitatissimum, qui existe encore de nos jours, semble avoir été communément cultivé dès l’Ancien Empire ; la variété linum humile est également attestée, quoique dans une proportion moindre ; cf. Kemp / Vogelsang-Eastwood (2001) 25. Sur la culture du lin, et de manière générale au sujet de l’industrie textile dans l’Egypte pharaonique, hellénistique, romaine et copte, cf. Bender Jørgensen / Mannering (2001) ; Bruwier (1997) ; Guglielmi (1977) ; Kemp / Vogelsang-Eastwood (2001) et bibl. ; Lucas / Harris (1989), 142-146 ; Olck (1909) ; Rassart-Debergh (1997) ; Rostovtzeff (1964) 305-307 ; Rutschowscaya (1990) ; Santrot et al. (2001) ; Wipszycka (1965). Au sujet du rôle du lin dans l’Egypte romaine, byzantine et médiévale, cf. Török (2005) et, concernant ce que révèlent les documents de la Geniza du Caire (XIe s. ap. J.-C.), cf. Gil (2004) et Udovitch (1999). A propos de la variété de termes égyptiens, grecs et coptes désignant le lin, cf. Georgacas (1959) ; Meeks (1972) ; Vycichl (1983).
2 Plin. Nat. 19, 14.
3 Voir à ce sujet Watson (1983) ch. 6.
4 Kemp / Vogelsang-Eastwood (2001) 27.
5 Cf. Plin. Nat. 19, 14 : Aegyptio lino minimum firmitatis, plurimum lucri ; 19, 7. Toutes les traductions de Pline sont empruntées à André (1964).
6 Cf. Plin. Nat. 19, 7 : seritur sabulosis maxime unoque sulco, nec magis festinat aliud. Vere satum aestate uellitur, et hanc quoque terrae iniuriam facit.
7 Le loam est défini comme une « classe texturale dont le matériau du sol contient de 7 à 27 % d’argile, de 28 à 50 % de limon et moins de 52 % de sable » ; cf. OQLF (2010).
8 Cf. BBV (1994).
9 A cet effet, cf. Manning (2003) 30.
10 Plin. Nat. 16-18. Dans l’Antiquité, le lin était arraché et non moissonné. Pour une confrontation de ce témoignage avec les sources iconographiques de l’époque pharaonique qui sont, à maints égards, sibyllines sur le sujet, cf. Kemp / Vogelsang-Eastwood (2001) 28-30. Les études expérimentales effectuées sur la base de la documentation archéologique trouvée notamment à Tell el-Amarna tendent par ailleurs à démontrer que les techniques en cours à l’époque pharaonique différaient de celles employées en Égypte aux époques hellénistique et romaine ; ibid. 30-34.
11 De Roller (1992).
12 Mumford (1999-2004) 2.
13 Plin. Nat. 19, 14. Le lin tentyritique était de toute évidence cultivé dans la région de Tentyris (Dendérah), située en Thébaïde sur la rive occidentale du Nil.
14 A propos du transfert de capitale de Mendès vers Thmouis (qui ne signifie pas pour autant l’abandon de Mendès, dont l’occupation est attestée jusqu’à la conquête arabe), cf. Blouin (2008). Pour un historique du site de Mendès à la lumière des données archéologiques et textuelles, cf. Redford (2010) et bibl.
15 Notons que, outre une variété de lin, nous connaissons également l’existence d’un « parfum mendésien » (unguentum Mendesium : Blouin [2005] 256-261 et bibl.) ainsi que d’un « vin blanc mendésien » (oἶνoc λευκòc Μενδήcιοc / Μένδαιοc : Hippocr. 7, 200 ; 206 ; 208 ; 212 ; 228 Littré).
16 A propos d’Apollonios le dioécète, cf. P.Cair. Zen., introduction p. 5-15.
17 Le terme grec λίνον était utilisé aussi bien pour désigner la plante que ses graines, ses fibres (depuis le rouissage jusqu’au tissage), le filé ou le vêtement ; cf. Wipszycka (1965) 2. Dans le cas du présent papyrus cependant, la précision de quantités en artabes indique qu’il s’agissait de graines. La conversion de l’ensemble de la production céréalière en artabes de blé semble avoir été répandue dans l’Egypte ptolémaïque. Dans le cas du lin, une artabe de lin équivalait à une artabe de blé (ἰcόπυροc) ; cf. P.Lond. VII 1994-1995, introduction p. 98.
18 P.Lond. VII 1995, 172-178 ; 263 ; cf. commentaire.
19 L’écart minime existant entre les deux totaux semble indiquer que les deux documents se réfèrent aux mêmes graines : dans le premier, référence est faite à leur livraison ; dans l’autre, à leur utilisation au cours de l’année.
20 Pavot : P.Lond. VII 1995, 182 ; sésame : P.Lond. VII 1995, 183 ; P.Rev. Laws 62, 17 ; ricin : P.Lond. VII 1995, 181 ; P.Rev. Laws 62, 22 ; lotus : P.Cair. Zen. II 59292, 661-662 ; P.Lond. VII 1995, 180. Pour une allusion probable à l’achat de rouleaux de papyrus produits dans le secteur de Mendès, cf. P.Cair. Zen. II 59470, 7-9. Cf. aussi PSI IV, 333, 14, qui fait mention de rouleaux fabriqués à Tanis.
21 A propos de Zénon et de ses archives, cf. P.Cair. Zen., introduction. A propos de la λινοκαλάμη, qui est utilisé pour désigner la plante lors de sa croissance mais aussi directement après la récolte, cf. Wipszycka (1965) 2 et 17.
22 P.Cair. Zen. II 59470, recto, 1-7. A propos de ce document et du banquier mendésien Prométhion, cf. Lewis (1986) 54-55.
23 P.Oxy. XXIV 2414, 11 et 16 (nome mendésien ?) ; P.Ryl. II 214, 42-43 et 63 ; P.Yale inv. 446 (= Verreth [1998]). A propos de cette taxe attestée du IIIe s. av. J.-C. au IIe s. ap. J.-C., cf. notamment Wilcken (1899) 266-269 ; Wallace (1938) 440 et 483 ; Préaux (1939) 94-95 ; Verreth (1998) 456-457.
24 P.Strasb. IV 299, 8.
25 P.Ryl. II 219, 1.
26 A propos de ce type de vêtements, cf. Kruse (1991) 138.
27 La livre (λίτρα) équivalait approximativement à 340 grammes. Dioskorammon devait donc tisser environ 680 grammes de lin mendésien par mois.
28 P.Oxy. LXVI 4534, 3-11, ma traduction.
29 P.Lip. I 89, 4-5 ; comparer avec P.Oxy. LXVI 4534, 8.
30 Gil (2004) 84.
31 A propos du site archéologique de Tinnis, cf. Gascoigne (2003, 2005, 2007) ; Pantalacci (2005) 432-435. Au cours d’une mission effectuée sur le site en 2005, une équipe de l’IFAO a mis au jour de nombreux objets liés à l’industrie textile : pesons, fusaïoles, objets en os, ainsi que des murex troués, sans doute pour qu’en soit extraite la précieuse pourpre ; cf. Pantalacci (2005) 433-434. Des objets similaires auraient été trouvés lors d’une fouille du CSA ; cf. Gascoigne (2007) 169. Notons en outre que des murex ont également été trouvés en surface à Tell Timai, l’antique Thmouis, lors des missions de 2008 et 2009 (je remercie R. Littman et J. Silverstein pour ce renseignement, inédit au moment de la rédaction de cet article). L’importance commerciale et industrielle de cette ville, qui était le seul port maritime du Delta oriental (le Delta occidental en comptant alors deux, soit Alexandrie et Damiette), transparaît dans les archives de la Geniza du Caire ; cf. Goitein (1967) 104-105, Udovitch (1999) et – dans une moindre mesure – Gil (2004). Soulignons par ailleurs que Tinnis, comme le Delta du nord en général, occupent une place secondaire dans ces documents, qui font surtout mention du village de Busir Quridis et de la Moyenne Egypte ; cf. Gil (2004) et Udovitch (1999). En plus de témoigner de la grande valeur commerciale du lin produit dans la région, ce phénomène pourrait aussi être symptomatique de liens particuliers existant, au XIe siècle, entre les marchands juifs basés en Egypte et les producteurs liniers de la région de Busir Quridis.
32 L’oque est une unité de poids turque équivalant à environ 1275 grammes.
33 Maqrizi, Descr. top. et hist., Bouriant (1900) trad., 507. Gascoigne (2005 et 2007) mentionne l’identification sur le site de Tinnis d’un chenal portuaire ainsi que de dix-sept citernes avec réservoirs et chenaux associés. Ces infrastructures, approximativement datées du IXe au XIe siècle, servaient à l’approvisionnement de la ville en eau potable pendant les périodes de crue (les eaux du lac étant autrement saumâtres et donc impropres à la consommation).
34 Horden et Purcell (2000) 363.