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Le programme d’édition des archives de Pesynthios

Focus sur les papyrus coptes du Musée du Louvre

Florence CALAMENT

Depuis la première annonce du Programme d’Edition sur Pesynthios (PEP), ce projet a connu quelques vicissitudes avant d’être opportunément relancé par de récentes découvertes – entre 2005 et 2008 – et de prendre un nouveau départ1. Placé sous la direction du Professeur Jacques Van der Vliet, qui anime depuis 2007 à l’Université de Leyde un séminaire de papyrologie copte sur ce thème, ce programme s’est mué en une collaboration entre l’Université de Leyde (Opleiding Egyptische taal en cultuur) et le musée du Louvre (Département des Antiquités égyptiennes)2.

L’intérêt du personnage, Pesynthios, évêque de Coptos, et la portée de son rôle à une période charnière de l’histoire de l’Egypte (il est à la fois témoin et acteur au moment de l’occupation perse, juste avant la conquête arabe) font de ce dossier une étape majeure pour la discipline des études coptes ; sa mise en œuvre coïncide avec une multiplicité d’études sur la région thébaine au niveau international.

En raison de la complexité croissante du sujet, le but poursuivi est l’édition partielle et critique des « archives » de Pesynthios : les pièces du dossier sont extrêmement difficiles à localiser et il paraît illusoire de parvenir à établir un corpus complet. Nous avons d’ores et déjà achevé l’étude d’une trentaine de papyrus du Louvre, où se concentre le noyau de la documentation déjà identifiée, partiellement publiée par Eugène Revillout et étudiée par Walter E. Crum, comme nous le verrons plus loin. D’autres documents du musée ont probablement aussi fait partie de ses archives : c’est le cas d’un ostracon au contenu malheureusement perdu, puisque seul le formulaire d’en-tête de la lettre a été conservé3 ; la requête est écrite par les fils de ᴋɩpɩᴄ, пєcʏɴɵɩᴏᴄ et ᴧᴧᴄ (abréviation de lazaros ?), qui saluent le destinataire, « apa Pesynthios ». L’ostracon traduit bien une certaine ambiguïté du sujet : nous ne sommes pas entièrement sûrs de l’identité du personnage.

On notera en effet d’emblée que notre évêque de Coptos a de nombreux homonymes, dont le plus gênant – si l’on peut dire – est cet autre Pesynthios, exactement contemporain et de surcroit évêque comme lui, mais d’Hermonthis / Armant, l’antique rivale religieuse et politique de Thèbes, à une quinzaine de kilomètres plus au sud4. On connaît également un deuxième évêque d’Armant portant ce nom à une époque antérieure (IV/Ve s.), ainsi qu’un certain nombre de personnages moins prestigieux et plus ou moins contemporains5 ; ce nom est en effet particulièrement bien attesté dans la région thébaine6. Il existe donc beaucoup de documents qui mentionnent, sans être assez explicites, un Pesynthios dont on ne peut pas toujours dire avec certitude s’il s’agit bien du nôtre, d’où la difficulté à inscrire ou non tel ou tel document dans notre dossier et à circonscrire le sujet7.

Sans insister ici sur la biographie du personnage, rappelons brièvement quelques éléments. Pesynthios de Coptos (né en 569, mort en 632), évêque à la veille de la conquête arabe et écrivain populaire, est un personnage de grande notoriété en Haute Egypte à la fin du VIe et au début du VIIe siècle. Il deviendra même un saint des églises copte (fêté le 13 Abîb ou 7 juillet) et éthiopienne8. Grâce à deux disciples biographes, Jean et Moïse, sa vie nous est connue à travers plusieurs récits et éloges en dialecte sahidique ou bohairique, ainsi que par des versions arabes9. Cette abondante littérature hagiographique supplée en quelque sorte à la documentation archéologique, quasiment muette. Il faut cependant ajouter aux éléments qui nous sont parvenus un nouveau et précieux témoin : il s’agit d’un codex en langue sahidique, découvert en 2005 par une mission polonaise dans un ermitage de Cheikh Abd el-Gourna, et datant vraisemblablement de la seconde moitié du VIIe siècle, c’est-à-dire très peu de temps après son décès10.

Né aux alentours de 569 dans un village du nome hermonthite, au sein d’une famille aisée, il fit très jeune sa profession de foi au fameux monastère thébain de Phoibammon, au nord-ouest de Djêmè ; c’est comme membre de la colonie érémitique de Tsenti, sur la rive du Nil opposée à Coptos, dans le Gebel al-Asâs au nord de Thèbes qu’il fit ses armes11. Il a entretenu avec elle – jusqu’à sa mort – des rapports très denses : c’est là d’ailleurs qu’il sera inhumé et le monastère portera ensuite son nom. Elevé à la dignité épiscopale en 599 par le patriarche d’Alexandrie Damianos (578-607), il meurt en 632. Bien que son nom soit indissociablement lié à la ville de Coptos, elle n’était pas nécessairement le lieu de résidence de l’évêque. Nous savons en effet qu’il a passé une partie non négligeable de sa vie sur la rive gauche thébaine : d’abord dans le Gebel el-Asâs, puis comme moine solitaire dans d’anciennes tombes sur la montagne, ainsi que dans le voisinage de Djêmè et de monastères environnants, jusqu’après le retrait des envahisseurs perses sassanides en 62912.

Ainsi Pesynthios est-il désigné sous l’appellation d’ᴧᴨᴧ (ou ᴧввᴧ) пєcʏɴɵɩoc ɴ̄птoпoc ɴ̄тcɩɴтɩ (ou тcєɴ†) « Pesynthios de la montagne de Tsinti », c’est-à-dire de la communauté du même nom ; ou plus simplement пᴧтcєɴ† « celui de Tsenti », ou encore de manière plus elliptique пєcʏɴɵɩoc пᴧɴᴧxɷᴘɩтнc « Pesynthios l’anachorète »13. On le trouve bien sûr aussi qualifié de пєпɩcĸoпoc (souvent abrégé пєпɩcĸ/) « Pesynthios l’évêque », ou même mentionné, cette fois sans équivoque possible, comme пᴧĸвᴛ̄ « Pesynthios, celui de Coptos »14.

Alors qu’il n’était encore que simple moine, ses biographes font allusion à son activité littéraire ; pourtant, telle qu’elle nous apparaît à travers les sources, elle se limite à un Discours sur la vie d’Onnophrios, seule composition dont le texte soit parvenu jusqu’à nous15. Il fut prononcé lors de la fête du saint, l’un des anachorètes les plus célèbres d’Egypte, dans le lieu même de son topos, qui est à situer sans doute dans le diocèse de l’auteur, peut-être à Deir el-Ballas à quelques kilomètres en aval de Coptos16.

Si sa production littéraire est finalement peu attestée, le genre épistolaire sur papyrus ou ostraca est beaucoup mieux représenté, quoique très fragmenté : l’abondante correspondance de Pesynthios a été dispersée à travers les collections17. Un premier ensemble, trouvé sans doute clandestinement au début du XIXe siècle dans la montagne thébaine (probablement au topos d’Epiphane), a été très vite mis sur le marché de l’art. Un certain nombre de pièces ont vraisemblablement été acquises alors par un fameux collectionneur, Guglielmo Libri (passant ensuite entre les mains de Thomas Phillipps notamment), tandis que d’autres sont entrées à une date indéterminée dans les collections du musée du Louvre18. Un autre ensemble a été exhumé entre 1912 et 1914, cette fois lors des fouilles officielles du Metropolitan Museum au topos d’Epiphane. Là, sur la colline de Cheikh Abd el-Gourna (dans et autour de la tombe du Moyen Empire dite de Daga, TT 103), s’était rassemblée auprès de saint Epiphane une communauté d’ascètes19.

Dans les années 1920, Crum a résumé ainsi la situation : « C’est que ce dossier de l’évêque Pesenthius se trouve éparpillé un peu partout : parmi les papyrus et ostraca de New York qui m’occupent, comme dans la collection Phillipps à Cheltenham (anciennement collection Libri) et, pour plus embrouiller les choses, l’évêque se trouve être dédoublé d’un autre évêque du même nom, de la même époque et siégeant à côté […] »20. Au même moment, Henri Sottas écrivait de son côté : « … la Phillipps Library de Cheltenham, qui possède concurremment avec le Louvre et le musée de New York la majorité des pièces retrouvées de la correspondance de Pesynthios »21. La situation s’est depuis lors considérablement compliquée, et certaines pièces ont refait leur apparition lors de ventes publiques, ou ont été identifiées, souvent accidentellement, dans des collections privées ; sans prétendre à l’exhaustivité, citons ici Le Caire, New York et Berkeley, Canberra, Cheltenham et Londres, Strasbourg et Paris, et enfin Anvers, grâce à une découverte récente22.

Jusqu’à présent, la question de la correspondance de Pesynthios a toujours été traitée de manière partielle : Crum avait annoncé dès 1915 son intention de publier la collection considérable d’ostraca et de papyrus appartenant au Metropolitan Museum de New York et « ayant justement trait, en grande partie – comme d’ailleurs presque tous les ostraca coptes jusqu’ici connus – à Pisenthius et à ses contemporains et amis »23. Si cette assertion était un peu forcée, cette autre remarque était en revanche tout à fait fondée : « L’une des collections les plus importantes, celle du Louvre, a été publiée d’une façon peu satisfaisante, par Revillout [dans la Revue égyptologique]. »24 Ce constat semble pour partie imputable à la hâte de l’auteur, pressé par un inconnu d’en finir avec cette publication depuis longtemps annoncée par lui-même25 ; « ce coptisant de Londres » auquel il fait allusion n’était évidemment autre que Walter Crum lui-même.

Ce sont pour l’essentiel ces documents du musée du Louvre, aujourd’hui conservés au Département des Antiquités égyptiennes, que nous allons évoquer ici26. Ils sont référencés dans la Checklist sous la dénomination « P.Pisentius », et également sur le site Internet Trismegistos27. Sont, de manière abusive, pris en compte l’ensemble des pièces (pas seulement des papyrus) publiés par Revillout dans la Revue égyptologique entre 1900 et 1914 (soit 91 au total en comptant les numéros bis et ter) : en réalité un certain nombre n’appartiennent pas au dossier Pesynthios, comme l’avait déjà souligné Crum. Il s’agit de feuillets ou fragments de papyrus portant une double numérotation qui se rapporte à l’époque de Revillout (1843-1913)  : « R » d’après l’initiale du nom de ce dernier, et « RE » qui renvoie à la publication du même, dans la Revue égyptologique déjà citée28.

Dans leur grande majorité, ces documents ne possèdent actuellement plus de numéro d’inventaire ; ces numéros « N » ou « E » étaient souvent apposés au moyen de simples étiquettes collées sur les objets, et beaucoup se sont perdus29. Un méticuleux travail en cours devrait permettre d’en identifier quelques-uns30. Les livres d’inventaire fournissent des renseignements concernant notamment les dates d’acquisition, et permettent de constater que le musée s’est porté acquéreur de pièces du dossier de Pesynthios à plusieurs reprises : une première fois au moins, avant 187031 ; puis simultanément au cours de l’année 1888 d’une part auprès d’un certain « M. Philippe », d’autre part auprès de Jean Henri Hoffmann32. Revillout, qui a présenté la première acquisition devant l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l’évoque en ces termes : « Les textes coptes dont il s’agit et qui étaient en miettes pour la plupart ont été laborieusement rétablis par moi avant 1870. »33 Il relate ensuite leur mise en lieu sûr durant le siège de Paris. Fait remarquable à noter, ce sont parmi les premiers papyrus coptes entrés au Louvre.

Né le 4 mai 1843 dans le chef-lieu du Doubs, Eugène Revillout fut d’abord attaché libre au Musée du Louvre (alors Musée Impérial, 1873), puis conservateur-adjoint au Département des Antiquités égyptiennes (1876-1907). Ayant participé à établir le règlement de l’Ecole du Louvre (1882), il y donne l’un des tout premiers cours sur le démotique et le droit égyptien (dans lequel il inclut aussi le copte). Deux ans plus tard, le programme de l’année (1884-1885) porte sur les textes juridiques coptes avec des exercices de lecture, notamment « sur la correspondance judiciaire de l’évêque Pesunthius ». Cofondateur puis directeur (1900) de la Revue égyptologique, il fait valoir ses droits à la retraite et cesse son activité au Louvre le 1er octobre 1907 (Charles Boreux sera son successeur)34. Au même moment, on peut lire à propos de son enseignement à l’Ecole du Louvre : « On profitera du départ de M. Revillout pour supprimer la chaire et la conférence dans lesquelles il enseigne actuellement des matières intéressantes, sans doute, mais inutiles dans un musée d’art. »35 Revillout est ensuite professeur d’égyptologie et de copte à l’Institut catholique de Paris (1908-1913).

Le premier texte de notre corpus à être publié, P.Pisentius 11, est une déclaration de Kurikos, prêtre et proestos appartenant à un monastère « en face de Chenhôr », dans une affaire de mœurs (fig. 1). L’editio princeps par Revillout date de 187936. Le papyrus (inv. N 2406.3 = R96v°) est cité dans le post-scriptum d’un courrier de Crum adressé à Boreux : « J’avais oublié de rappeler à votre souvenir votre bonne promesse à l’égard du papyrus publié par Revillout […]. C’est là un des textes les plus intéressants, mais je crois qu’il manque dans vos armoires. […]. » Dans sa réponse, Boreux indique que le papyrus en question « n’a jamais été retrouvé après la mort de Revillout »37  ; fort heureusement, il est aujourd’hui bel et bien présent dans les collections du Louvre !

Une série de courriers totalement inédits, échangés entre l’éminent coptologue Walter Crum (1865-1944) et Charles Boreux (1874-1944), peut – modestement sans doute – concourir à notre étude38. Une partie de la correspondance entre les deux hommes est conservée au Griffith Institute d’Oxford39 ; l’autre partie, c’est-à-dire essentiellement les lettres de Crum lui-même, se trouve aujourd’hui encore au Louvre. Elles s’échelonnent entre le 26 juin 1913 et le 9 juillet 1925 et concernent principalement des demandes de photographies, destinées à parfaire ses copies40. Nous apprenons ainsi que Crum a fait plusieurs séjours parisiens, durant lesquels il a procédé à l’examen des papyrus originaux. Après un premier contact dans le courant du mois de juin 1913, où il prend connaissance de la collection, il annonce au conservateur une prochaine visite au Louvre : « Cher Monsieur, l’aimable accueil que vous m’avez fait et le nombre inattendu de textes que vous m’avez montrés, l’autre jour, m’a donné à penser. Ne serait-ce donc en tout sens plus économique de prendre cette occasion pour retourner à Paris, étudier le dossier de Pesynthius, que de la laisser à une date plus éloignée ? […]. »41 Il reviendra en effet au Louvre pendant la première quinzaine du mois d’août42. On notera ici que la date coïncide de peu avec le décès de Revillout (en janvier de la même année), lequel a – semble-t-il – soigneusement évité le contact. Cependant, Crum n’a pas eu l’intention (ni surtout le temps) de publier à nouveau les pièces du Louvre, car il s’est longuement consacré – on l’a vu plus haut – à la collection du Metropolitan Museum43. Une dizaine d’années plus tard, il écrit d’ailleurs à Boreux : « C’est toujours de mon évêque favori Pesenthius que je m’occupe – car cet ‘opus’, où il en sera question, n’est pas encore prêt. »44

Pour mener à bien le travail de lecture et de traduction, préliminaire à la critique et au commentaire de texte, nous disposons d’un outil précieux : il s’agit des notes prises par Crum, qui se trouvent également conservées au Griffith Institute d’Oxford (notamment le Notebook n° 84, qui contient ses transcriptions)45. Inédites, elles concernent aussi quelques pièces supplémentaires n’appartenant pas aux archives de l’évêque Pesynthios46 ; contrario, certaines pièces du dossier sont absentes du Notebook, sans doute parce qu’il n’a pu les consulter (cf. supra)47. Cependant, l’apport de la publication de Revillout demeurant quantité négligeable, et malgré le complément des notes de Crum, certains documents posent encore de réels problèmes de déchiffrement, et surtout de reconstitution physique. En effet, et d’une manière générale, leur degré d’intégrité est souvent assez relatif. On signalera ici l’existence d’une série de clichés en noir et blanc (récemment retrouvés au Louvre), qui montrent parfois un état antérieur à l’actuel et peuvent donc avoir aussi leur utilité. Le travail sur cette collection, qui a débuté par une première phase de récolement, s’est poursuivi par des opérations de reconditionnement puis de numérisation : les documents sont retirés de leurs anciens sous-verres et systématiquement remontés, après que le positionnement des différents fragments a été vérifié le cas échéant. Là où Revillout évoquait des traductions et notices, glissées dans les cadres, les unes comme les autres sont totalement absentes, si bien que les sous-verres actuels ne semblent pas être ceux d’origine48.

Dans cette correspondance, les papyrus sont pour leur majorité opisthographes, le cas le plus caractéristique étant la lettre dont l’adresse figure au verso (notamment P.Pisentius 6, adressée à Pysenthios par le prêtre Moïse, son biographe et successeur). Cependant, dans la plupart des cas, il s’agit de remplois de documents administratifs. Le P.Pisentius 1 (fig.2 et 3) en est un bel exemple : il a été rédigé par deux magistrats à l’époque de l’invasion perse, au verso d’un compte en grec, antérieur. Ceci pose la question de la cohérence de ces archives : différents sous-dossiers apparaissent en effet à l’intérieur de ce corpus. Dans le P.Pisentius 8 (fig.4), un personnage s’adresse à l’évêque Pisraël de Qous (diocèse proche, au sud de Copto) ; ce même Pisraël, au verso (P.Pisentius 7  ; fig.5), adresse une missive à Pysenthios. Le premier texte appartient en fait aux archives de Pysenthios de Qous, et non au dossier de Pysenthios. Certains documents sont manifestement de la même main49 ; à cet égard, un certain nombre de rapprochements avaient déjà été opérés par Revillout, et surtout par Crum50.

L’un des apports de cette correspondance de Pesynthios est aussi de nous fournir un abondant répertoire onomastique et une prosopographie qui peuvent être utiles pour de nouvelles identifications. Partiellement conservée (il s’agit essentiellement des lettres qui lui ont été adressées), elle commence cependant à donner une idée de son statut dans la région thébaine51  : à l’inverse des textes littéraires, ces témoignages directs sont en effet exempts de visées hagiographiques.

Quant au contenu, varié, il s’agit de requêtes individuelles ou collectives portées devant Pesynthios et concernant le règlement de conflits (entre un monastère et des villageois, entre époux, entre parents et enfants), des affaires matrimoniales ou de mœurs, des affaires de discipline monastiques ou judiciaires, de la comptabilité, etc. Elles attestent l’ingérence religieuse dans tous les aspects de la vie quotidienne et privée, même la plus intime. Pesynthios a joué un rôle de conseiller spirituel et d’arbitre, intervenant face aux autorités ou comme caution financière. Les doléances diverses sont adressée à la personne morale comme recours suprême. Sans doute la stature même du personnage n’est-elle pas étrangère à cet état de fait ; mais surtout, on doit relever ici l’importance de son rôle d’administrateur. Il reçoit des rapports émanant des autorités civiles locales, qui attestent aussi qu’il est reconnu par ces mêmes autorités.

Ainsi, il est en relation avec des édiles locaux, fonctionnaires civils, comme par exemple le dioecète Stephanos (P.Pisentius 8) ou les lachané de Chenhôr et de Qous (P.Pisentius 5 et 1). Certainement encore a-t-il activement participé à la vie monastique de la région, étendant son influence jusqu’à la ville de Djêmè ; aux alentours du VIIe siècle, les environs de Nagada et Djêmè comptent plus d’une trentaine de monastères52. Il est bien évidemment en relation avec de nombreux religieux, les prêtres Gennadios (P.Pisentius 1) et Kuriakos (P.Pisentius 3) par exemple, mais aussi le moine Psan, successeur d’Epiphane (P.Pisentius 11) ou des confrères évêques comme Pisraël de Qous (P.Pisentius 7), Constantin d’Assiout (P.Pisentius 10) ou Antoine d’Ape (P.Pisentius 11). Mais ce ne sont là que quelques-uns des personnages rencontrés, il est encore difficile de préciser à ce stade l’étendue et la qualité de son réseau social, que les indications topographiques nous aideront aussi à mieux concevoir.

Fidèle à sa région d’origine, Pysenthios y revient au moment de l’invasion perse (617-629), sous le règne d’Héraclius (610-641) ; sa présente correspondance est à placer durant cette décennie, pendant la dernière partie de son long épiscopat (qui dure trente-trois ans). Il est intéressant de dresser une carte géographique des endroits fréquentés par Pysenthios ou simplement mentionnés dans cette correspondance, la plupart concentrés sur la rive gauche thébaine. Djêmè, à la vérité plutôt un gros bourg qu’un véritable centre urbain, semble être ici l’épicentre, en étroite connexion avec le monastère de Phoibammon et surtout avec le topos d’Épiphane, mais aussi d’autres établissements monastiques pas toujours bien localisés53. Les différents toponymes cités dans cette correspondance sont les pièces d’un puzzle qu’il n’est pas toujours aisé de recomposer, même si certains sites sont effectivement bien connus. On trouve pour la rive droite les villes de Coptos / ĸєqт (ĸвᴛ̄), le fief même de Pysenthios, dont on notera qu’il n’est que très exceptionnellement cité54 ; Qous / ĸɷc ; ainsi que le bourg de Chenhôr / ϣɴzɷp (ψєɴzɷp) situé à 20 km au sud de Coptos55. Dans cette dernière localité, le lachané et une partie de la population sont entrés en résistance contre l’envahisseur, occasionnant même des frictions avec un monastère voisin. Les sites de la rive gauche sont beaucoup plus nombreux ; parmi ces autres toponymes on trouve вᴧᴧᴧᴧc (village viticole du nome coptite, face à Coptos), ĸpᴧтoc (à proximité du précédent), et ϕᴧᴧo56. Beaucoup de ces villages sont plus ou moins localisés, ou bien ne sont pas encore identifiés, comme пᴧтxє ou пϣєᴧz (sans doute un lieu-dit)57. A travers ces toponymes se dessine une carte assez détaillée de la rive gauche thébaine, et c’est un paysage essentiellement rural qui est mis en relief58.

Une constatation s’impose : l’autorité de Pesynthios, personnage sans nul doute charismatique, semble s’étendre hors de sa propre juridiction ; mais à quel titre véritable s’adresse-t-il à ses ouailles, et dans quelle mesure peut-on parler d’exil en ce qui le concerne ? L’appartenance de Pesynthios à l’obédience anti-chalcédonienne semble ici significative : elle permet d’ailleurs de fournir un certain nombre de clefs à des questions fondamentales d’ordre historique ; elle fait en outre de ce dossier, non pas un épiphénomène, mais un témoin crucial pour la compréhension du paysage social et religieux de la rive thébaine occidentale au début du VIIe siècle59.

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Fig. 1 P.Pisentius 11 (inv. N 2406.3 = R96v°) Déclaration du prêtre Kurikos © musée du Louvre

Fig. 2 P.Pisentius 1 (R63r°) Compte rédigé en grec © musée du Louvre

Fig. 3 P.Pisentius 1 (R63v°) Requête de deux magistrats de Qous © musée du Louvre

Fig. 4 P.Pisentius 8 (R38v°) Lettre adressée à l’évêque Pisraël de Qous © musée du Louvre

Fig. 5 P.Pisentius 7 (R38r°) Lettre du même Pisraël à Pesynthios de Coptos © musée du Louvre

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1 Première annonce : Van der Vliet (2002) 65-66 ; communication faite lors d’un colloque au Musée des Beaux-Arts de Lyon (17/18 mars 2000). Nouveau départ : Van der Vliet (à paraître) a.

2 Je tiens ici à remercier chaleureusement ce dernier de la confiance qu’il m’a faite, en m’offrant de me joindre à son projet, et je voudrais saluer en particulier dans son équipe Renate Dekker et son indéfectible enthousiasme, très stimulant.

3 Inv. E 7526 : la rubrique de l’inventaire indique : « Acquis de M. Chester au prix de 400 francs (séance du 11 mars 1882). Provenant de Thèbes : tessère copte (contenant une lettre) ».

4 Ce Pesynthios, évêque d’Hermonthis, est notamment mentionné sur un diptyque en ivoire (661-677 ap. J.-C. ; British Museum, Department of Medieval & Later Antiquities ; MLA 1920, 12-14,1). Cet objet précieux, acheté à Louqsor en 1903, contient la liste en grec des différents évêques d’Hermonthis qui se sont succédé jusqu’à lui. Cf. Crum (1908) 255-265 et Crum (1909) 288.

5 Gabra (1983) 53-60.

6 On se reportera à la communication d’Alain Delattre, qui en a répertorié 245 pour la seule région thébaine.

7 C’est aussi vrai dans le cas d’objets inscrits, par exemple une lampe du musée copte du Caire (inv. 7651), portant la mention « abba Pesynthios » et à propos de laquelle Gawdat Gabra penchait en faveur de l’évêque de Coptos : cf. Gabra (1989) 178-180 et pl. XI.

8 Sur la vie et le culte de Pesynthios, cf. p. ex. Winlock / Crum (1926) 209-231 ; Gabra (1984) ; Detlef / Gabra / Müller (1991) 1979-1980 ; Papaconstantinou (2001) 174 ; Wilfong (2002) 23-31.

9 Pour le détail, on se reportera à Detlef / Gabra / Müller (1991) 1978-1979 ; Fournet (2000) 210-215 et n. 50 ; Wilfong (2002) 37, n. 38.

10 Cf. Antoniak (2008) 145-148 ; références chez Van der Vliet (à paraître) a ; voir aussi Dekker (2010) 21-31 et Dekker (à paraître) a ; l’édition, en cours, en a été confiée à cet auteur.

11 Cf. Doresse (1989) 153-163. L’auteur a identifié ce monastère avec le Deir el-Gizâz (ou monastère d’Apa Samuel), à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau au sud-ouest de Qûs, sur l’autre rive. Voir aussi Di Bitonto Kasser (1989) 165-177 ; Coquin / Martin (1991) 757 : pour ces auteurs, il s’agit du monastère aujourd’hui dénommé Dayr al-Majma, où il a vécu et auprès duquel il a été inhumé.

12 Contemporain d’Abraham (au monastère de Phoibammôn) et d’Epiphane (au topos du même nom), il fait au moins un séjour au premier monastère avant 598, et un autre au second après cette date ; cf. infra.

13 Cette dénomination apparaît notamment sur deux ostraca du Caire, O.Crum 378 et 345. De même, une lettre en dialecte sahidique de 24 lignes (ostracon opisthographe inédit de la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg [BNUS] ; inv. O.Strasb. Copt.242), est adressée à « l’anachorète Pesynthios ». Le texte effacé au recto pourrait être la réponse. Il s’agit d’une acquisition de Ludwig Borchardt faite à Louqsor en 1910.

14 Ostracon calcaire opisthographe du Petrie Museum à Londres (inv. UC 62848 = O.Crum VC 76).

15 Sur cet aspect et cette œuvre en particulier, cf. Detlef / Gabra / Müller (1991) 1979 ; Layton (1987) 152-153, n° 133 et 204-205, n° 167.1 ; Wilfong (2002) 24, n. 3. Crum a produit une édition du texte entier, avec traduction ; cf. Crum (1915-1917) 38-67.

16 Cf. Crum (1915-1917) 40-41.

17 Cf. Dekker (à paraître) b. L’auteur a effectué un remarquable travail, dans le but de clarifier la distribution des « archives de Pesynthios » depuis le XIXe siècle et de discuter de leur provenance ; elle a identifié quatre grands groupes.

18 Cf. infra. Crum avait – parmi les premiers – mis l’accent sur la parenté entre les deux collections, provenant de la même trouvaille ; cf. Crum (1915-1917) 41, n. 1 ; Crum (1921) vii-viii. Certaines pièces sont en effet partagées entre le musée du Louvre et l’ex-collection Phillipps. Sir Thomas Phillipps (1792-1872), fameux collectionneur de manuscrits rares et anciens, est le fondateur de la Cheltenham Library ; il a acquis les papyrus de la collection Libri, lors d’une vente à Londres en 1862.

19 Cf. Thirard (2006), 367-374. Pour un historique de l’archéologie des sites chrétiens de Thèbes-Ouest, cf. O’Connell (2010) 253-270.

20 Courrier adressé à Ch. Boreux (20 octobre 1923 ; Louvre-archives DAE) ; cf. infra.

21 Sottas (1922) 500-501.

22 Le Caire : musée copte. Etats-Unis : Metropolitan Museum et Colombia University, ainsi que la Bankroft Library de l’Université de Californie ; cf. O’Connell (2006) 117-120. Canberra : Classics Museum de l’Australian National University. Un papyrus bilingue, grec / copte (inv. ANU 75.01) ; Kelly (2007) : édition du texte grec, au verso. Cf. Van der Vliet (à paraître) a. Londres : notamment Petrie Museum. France : Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg (BNUS) et musée du Louvre (DAE). Anvers : collection privée Katoen Natie. Deux papyrus coptes (inv. 685/01 et 685/02 = Short Texts 174) ; cf. Van der Vliet (à paraître) a.

23 Crum finira par publier la collection, en collaboration avec Herbert Winlock et Hugh Evelyn White, dans The Monastery of Epiphanius at Thebes ; cf. Winlock / Crum (1926) 223-231 pour les documents du monastère d’Epiphane rattachés au dossier de Pesynthios. La citation provient de Crum (1915-1917) 38.

24 Cette publication se divise en trois parties : Revillout (1900) 133-177 (nos 1-47) ; id. (1902) 34-47 (nos 48-66) ; id. (1914) 22-32 (nos 66bis-83). On notera que ce troisième volet ne concerne pas stricto sensu le dossier de Pesynthios.

25 Revillout (1900) 134.

26 Un premier essai de catalogage de l’ensemble des textes coptes du Louvre a été entrepris par A. Boud’hors ; il y est brièvement question du dossier de Pesynthios : cf. Boud’hors (1999) 262, n. 47 et 263-264.

27 Cf. également Schiller (1976) 111. <http://www.trismegistos.org/index.html>

28 Revillout avait commencé ce catalogage des collections du Musée du Louvre sans jamais l’achever. Cette numérotation « R » des parchemins, papyrus et ostraca de la collection du Louvre se substitue – faute de mieux – à un véritable numéro d’inventaire lorsque celui-ci est perdu.

29 La numérotation « N » fait référence à l’Inventaire dit Napoléon (un volume), utilisé de 1852 à février 1857. La numérotation « E » du Livre des Entrées ou Inventaire Général (en plusieurs volumes) est entrée en vigueur en 1849.

30 Cf. Devéria (1872) 229 : « Ainsi que quelques-uns des fragments inventoriés sous le n° 2405, tous ceux qui sont réunis sous le n° 2406 proviennent de la correspondance de Pesynthios, évêque de Coptos, au VIIe siècle. » Les descriptifs qui suivent demeurent approximatifs. L’Inventaire Napoléon, quant à lui, est encore moins explicite : « N 2405 – fragments coptes (19) collés sur carton – papyrus ; N 2406 – un lot de fragments coptes, à classer (1376) ».

31 Cf. Revillout (1870) 270 et 322-324 ; Devéria (1872) 227-233 ; Revillout (1879) 36-39.

32 Collection vendue à l’hôtel Drouot. Deux papyrus acquis lors de la séance du 7 octobre : P.Pisentius 9 (inv. E 10232b) et P.Pisentius 44 (inv. E 10245).

33 Revillout (1900) 133.

34 Le premier volume de la Revue égyptologique paraît en 1880, aux éditions Ernest Leroux ; la revue se prolonge, à partir de 1925, sous le titre de Revue de l’Egypte ancienne.

35 Courrier du directeur des Musées nationaux et de l’Ecole du Louvre au Sous-Secrétaire d’Etat des Beaux-Arts (21 novembre 1907 ; Paris, archives nationales).

36 Revillout (1879) 36-39.

37 Lettre du 22 juin 1924 et réponse du 24 juin (Louvre-archives DAE). E. Revillout est décédé à Paris le 16 janvier 1913.

38 Charles Boreux a été successivement attaché au Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre (1908), puis conservateur-adjoint (1919) et conservateur en chef (1926), poste qu’il occupera jusqu’en 1941.

39 Add. MSS 45 681-90.

40 Lettres conservées au Département des Antiquités égyptiennes ; elles comprennent celles reçues par Boreux avec des annotations de sa main, et quelques copies de courriers envoyés en réponse, soit vingt-sept pièces au total.

41 Lettre du 26 juin 1913, sur une carte écrite du Grand Hôtel Stanislas à Plombières-les-Bains (Vosges).

42 Les courriers susmentionnés font état d’au moins six visites au Louvre motivées par cette question : d’abord au courant du mois de juin, puis dans la première quinzaine du mois d’août 1913, ensuite en septembre 1914, en 1919, vers le 15 mai 1924, et enfin le 7 mars 1925.

43 Cf. infra. Walter Crum a également publié quelques textes de ce même corpus dans les Coptic Ostraca (1902), les Short Texts (1921) et les Varia Coptica (1939) ; des références se trouvent aussi à certaines entrées de son Coptic Dictionary (1939). Il a essentiellement étudié les documents provenant de la vaste collection Phillipps, toutefois sans couvrir l’ensemble.

44 Lettre du 7 octobre 1923 (Louvre-archives DAE). Crum évoque ici la préparation de The Monastery of Epiphanius at Thebes ; il y fera de nombreuses allusions ou références aux documents de la collection du Louvre, qu’il connaissait donc bien.

45 Griffith Institute Archive / Crum MSS, Notebooks n° 5.2, n° 40 et n° 84 ; cf. Wilfong (2002) 39-40, n. 43 ; Dekker (à paraître) b.

46 Il s’agit toujours de documents du Musée du Louvre : R49, R66a, R73, R76, R94, R102, R104, SN114, SN156 et SN157.

47 P.Pisentius 9, 11, 27, 59, 61-63.

48 Revillout (1900) 134.

49 Parfois jusqu’à cinq documents semblent avoir été écrits de la même main : ainsi p. ex. P.Pisentius 3, 4, 5, 57 et P.Mon. Epiph.460.

50 Crum (1939) 223, n. 10.

51 Quelques rares documents sont rédigés par des femmes, notamment P.Pisentius 28, 30 et 39 ; cf. aussi Sottas (1922) 494-502 ; Drescher (1944) 91-96 ; Bagnall / Cribiore (2009) 239-243.

52 Cf. Doresse (1949) 499-512 ; sur la présence chrétienne dans la montagne thébaine, cf. aussi Lecuyot / Thirard (2008) 137-144.

53 Sur le topos d’Epiphane, cf. Winlock / Crum (1926) 209-231, chap. ix « Epiphanius and Pisentius » ; Thirard (2006) 370-371. Pour la région de Djêmè, cf. Wilfong (1989), 89-145.

54 ST n° 174.

55 Cf. Timm (1984 / 1992) 2292 ; KSB II 867 (R96v° / RE 11) et Boud’hors (2006) 136-137.

56 Ballas : Timm (1984 / 1992) 306-307 ; Kratos : ibid. 1477 ; Phllo : ibid. 1925-1926.

57 Ibid. 1854 et 2560-2561.

58 Cf. Van der Vliet (à paraître) a. L’auteur évoque une hypothèse d’Ewa Wipszycka sur la possibilité de l’existence de deux chancelleries épiscopales distinctes (selon un modèle syrien), l’une chalcédonienne et urbaine, l’autre monophysite et rurale, à laquelle aurait peut-être appartenu notre Pesynthios ; cf. Wipszycka (2007) 345 et (2009) 33.

59 Ce dernier aspect est développé chez Van der Vliet (à paraître) b.