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Scalarité, comparaison et identité

Le cas de comme et tel (que)

Sarah LEROY

On distingue souvent, pour organiser la catégorie grammaticale de la comparaison, les comparaisons scalaires des comparaisons non scalaires. Or, la comparaison ne met pas en jeu la seule scalarité, mais également, sur le plan notionnel ou formel, l’intensité, la ressemblance, l’identité… Dans cette étude, nous tâchons dans un premier temps de démêler et d’éclairer les relations entre scalarité, comparaison et identité, pour tracer une sorte de carte de ces différents phénomènes et leurs zones de recouvrement et de complémentarité. Nous confrontons non seulement les structures comparatives et des structures scalaires non comparatives, mais aussi différentes structures comparatives, pour délimiter des zones de scalarité et distinguer, à la suite de Hadermann et al. (ici même), deux types de scalarité. Dans une seconde étape, nous nous appuyons sur cette cartographie relative pour affiner l’étude comparative de ces deux marqueurs de comparaison (comparaison d’égalité, voire d’identité) que sont comme et tel (que). L’observation attentive des constructions et des valeurs de tel (que) comparatif fait en effet apparaître des cas de commutation et de non commutation difficilement prévisibles ; on propose alors de s’appuyer sur la notion de scalarité(s) et sur son rôle dans différents types de processus comparatif, pour comprendre et tracer les limites des emplois des deux formes.

1. Des relations complexes

1.1. Scalarité et comparaison

Si la scalarité est souvent abordée et présentée à travers des énoncés comparatifs1, comparaison et scalarité ne se recouvrent pas totalement.

Comme on le sait, on peut faire référence à une échelle de valeurs sans pour autant formuler explicitement une comparaison. C’est par exemple une propriété de certains adjectifs d’être graduables (c’est le cas des adjectifs de température) ; ils entretiennent généralement des rapports d’antonymie relative, graduable, dans laquelle chaque terme s’oppose à l’autre avec des intermédiaires possibles : chaud est l’antonyme de froid, mais entre eux peuvent exister toutes sortes de nuances, notamment marquées par l’autre couple d’antonymes tiède  / frais. Ces adjectifs peuvent s’accompagner d’adverbes de degré (très chaud, assez frais, etc.) ou entrer dans des constructions comparatives (plus chaud qu’hier, mieux chauffé). Il en va de même pour certains verbes, qui peuvent s’organiser suivant une échelle (déambuler, marcher, trotter, courir, galoper, sprinter, etc.) et être modifiés en degré (courir davantage, marcher peu). Les noms, enfin, peuvent être situés sur une échelle de valeurs par l’intermédiaire de leur détermination, intensive (Il a eu énormément de chance) ou comparative (Il a eu plus de cadeaux que moi).

Par ailleurs, tout comme la comparaison n’est qu’« une manifestation particulièrement complexe du phénomène général dénommé “degré” » (Rivara 1995 : 17), la scalarité ne concerne pas l’ensemble des structures dites comparatives ; toute comparaison n’est pas scalaire. En se basant sur la répartition, proposée par Rivara 1990, 1995, en comparaison d’égalité et comparaison d’inégalité2, on peut espérer trouver une répartition du scalaire et du non-scalaire dans la comparaison.

La comparaison d’inégalité, tout d’abord, est généralement scalaire, puisqu’elle indique un écart, parfois « chiffré », au sein d’une hiérarchie, entre deux degrés d’une propriété (1), d’un procès ou d’un état (2). L’écart peut être explicitement rapporté, ou non3, à un étalon (3). Les adverbes comparatifs d’inégalité (infériorité (moins, pire) ou supériorité (plus, mieux)) mettent donc en jeu une échelle (au moins4), expriment une comparaison scalaire, qui s’appuie d’ailleurs sur des propriétés lexicales (adjectifs scalaires, verbes graduables).

(1) La table est plus longue que le banc (de deux centimètres).

(2) Mon jeu est (dix fois) pire que le tien.

(3) Pierre rêve d’une société plus juste (que celle dans laquelle nous vivons).

Pour les comparaisons d’égalité en revanche, la situation est plus complexe. Certaines s’inscrivent clairement dans l’expression de la quantification ; ces comparaisons expriment un degré égal de part et d’autre et s’appuient donc clairement sur une échelle de valeurs (4), (5).

(4) Pierre est aussi svelte  / mange aussi peu que Paul.

(5) Pierre est aussi beau  / a autant de succès avec les filles que Paul.

1.2. Comparaison et identité

Cependant, il existe beaucoup d’autres comparaisons, apparemment égalitaires (plus qu’inégalitaires en tout cas) mais néanmoins différentes des précédentes, qui ne semblent pas faire appel à un quelconque degré de quelque propriété que ce soit (6), (7).

(6) Il a pris le train, de même qu’elle/ et elle (a fait) de même.

(7) La signature est pareille à  / différente de celle de l’original.

Alors que les comparaisons (4), (5) mentionnées ci-dessus indiquent la commensurabilité de deux éléments qui restent différents, ces dernières – (6), (7) – en expriment l’identité, la similitude. Nous parlerons dorénavant, à la suite d’Haspelmath & Buchholz 19985, de constructions équatives pour les premières et similatives pour les secondes. Les comparaisons équatives porteraient, selon Haspelmath & Buchholz (1998 : 278), uniquement sur le degré, tandis que les comparaisons similatives porteraient sur la manière et non le degré6.

On marque généralement la comparaison similative (positive ou négative) à l’aide d’adverbes ou d’adjectifs suivis de que (ainsi, tel, autrement, (de) même, autre7) ou d’une préposition (identique, pareil, différemment), ainsi qu’avec la forme comme8 (8) et (9).

(8) Assise dans un fauteuil à haut dossier, à quelques pas de l’entrée, on l’eût dite exposée au public comme une attraction ; à première vue, elle avait tout l’air d’une impotente que le spectacle de la rue amuse. (Bianciotti, Le Pas si lent de l’amour, 1995)9

(9) Lorsque harassé je rentrais le soir, je la retrouvais comme je l’avais quittée. (Memmi, Agar, 1955)

Hadermann et al. 2006 proposent pour leur part de considérer comme MIS, « marqueurs d’identité similative », les formes ainsi que, de même que, aussi bien que et surtout comme, qui recouvre le plus grand nombre d’emplois10. Cette dernière forme semble être l’une des plus riches de possibilités ; comme le rappelle Muller (1996 : 93), « comme confond en lui les domaines de la “manière” (comme, comment) et de la “quantité” (combien) ». On trouve comme non seulement dans des comparaisons « de manière », similatives, mais aussi des comparaisons scalaires équatives classiques, « commensurantes ». Dans l’exemple (10), il n’est ainsi pas aisé de décider si l’on a affaire à l’une ou l’autre comparaison : le bois de palmier est-il silencieux au même degré que le désert d’alentour (que l’on peut imaginer, pourquoi pas, fort bruyant) ou est-il silencieux de la même manière (on considère alors qu’il y a différentes sortes, « qualités » de silences) ?

(10) Cependant nous approchons d’Akabah, qui semble n’être qu’un bois de palmiers, silencieux comme le désert d’alentour. (Loti, Le Désert, 1895)

Ainsi, la répartition scalaire  / non scalaire peut « traverser » des comparaisons fondées sur une seule et même forme. La forme comme (que nous privilégions dans cette étude), dans sa fréquente ambiguïté, fait bien apparaître la difficulté de tracer une ligne de démarcation entre degré et manière, entre comparaison scalaire et non scalaire. Elle permet aussi de constater que la comparaison, dans toutes ses formes et toute sa complexité, ne recoupe pas non plus exactement les zones que peut dessiner la notion de scalarité. Celle-ci, permettant la gradation, s’y limite à la quantification du degré et à l’intensification, mais semble en revanche rester étrangère à tout ce qui relève de la comparaison purement « de manière » (ou similative).

1.3. Scalarités et identifications

On le voit, la scalarité intervient en tant que notion descriptive dans différentes constructions comparatives, mais elle ne structure pas pour autant entièrement la comparaison et, en particulier, n’organise pas la distribution des formes comparatives. Il convient, pour aller plus loin, de distinguer, comme le font Hadermann et al. (ici même), entre la scalarité envisagée comme un positionnement sur une échelle de valeurs (expression du degré, (11), que ces auteurs nomment « ScalA » et la scalarité qui relève uniquement de l’orientation vers le haut degré (expression de l’intensité, (12), qu’ils appellent « ScalB ».

(11) Il mange comme son père. (= peu ou = beaucoup)

(12) Comme il est beau ! (= très)

La scalarité d’orientation (ScalB) intervient en principe assez peu dans la comparaison, mais relève plutôt de l’exclamation. Cependant, certaines comparaisons qu’on dit souvent figées en relèvent clairement. Dans l’exemple (13), la forme comparative sert simplement à l’expression du plus haut degré (au-delà du sommet de l’échelle de la blancheur). De façon plus « littéraire » (la comparaison étant ici d’ordre métalinguistique, au niveau lexical), l’exemple (14) relève aussi plutôt de l’intensité (ScalB) que du positionnement (ScalA).

(13) La lessive X lave plus blanc que blanc.

(14) Il disait de Roithamer qu’il avait donné plus qu’une impression d’épuisement après l’enterrement de sa sœur, mais une impression mortelle. (Bernhard, Corrections, 1975/1978)

On voit donc que ces passages de ScalA, plus attendue, à ScalB, moins évidente, se rencontrent avec diverses formes ; comme semble cependant le principal marqueur de comparaison à permettre les différents types. Il apparaît en particulier dans des comparaisons qui, en apparence équatives (15) ou similatives (17), expriment en fait la seule orientation vers le haut degré, l’intensité.

Les premières de ces comparaisons, (représentées par l’exemple (15), ressemblent fort à des comparaisons équatives scalaires, de scalarité ScalA, c’est-à-dire portant sur l’évaluation d’un degré relatif à une norme fixée par le comparé : de forme Adj/V comme SN – (15), (16) –, elles sont formellement identiques à des comparaisons scalaires de type ScalA, qui équivalent à aussi que, autant que et ne comportent pas d’orientation sur l’échelle (vous êtes aussi pâle que X = peu ou beaucoup ; il court autant que X = peu ou beaucoup).

(15) Elle frissonna. « Vous êtes pâle comme la mort », avait remarqué Mignon lorsqu’elle était rentrée de sa « promenade ». (Chandernagor, L’Enfant des Lumières, 1995)

(16) Il s’est mis à courir comme un dératé.

En réalité, elles présentent une scalarité de type ScalB : elles sont orientées vers le haut degré, expriment l’intensité, malgré la présence d’un apparent comparé supposé représenter le plus haut degré de la qualité et en devenir le prototype, le parangon. Ce sens intensif est bien connu11, mais il est généralement rapporté au figement, voire aux propriétés du référent du SN, supposé prototypique, alors qu’une étude attentive des structures elles-mêmes oriente vers une analyse de ces formes comme des constructions (au sens de la « grammaire de construction » 12) : c’est la structure syntaxique elle-même, alliée à la présence de certaines classes lexicales à gauche et à droite de comme, qui véhicule le sens intensif. De ce fait, ce type de comparaison peut-être distingué des comparaisons équatives en comme, ce que nous ferons ci-dessous.

Les secondes, illustrées par l’exemple (17), présentent la forme d’une comparaison similative, SN1 comme SN2, et peuvent en effet être interprétées comme telles si l’on considère que le référent de SN2 est distinct de celui de SN1 (si, dans l’exemple (18), il est bien question de deux voitures différentes) ; on est alors bien dans le cadre d’une comparaison similative. On note cependant que cette comparaison sera alors nécessairement orientée vers le haut degré : que ce soit par le nom du SN1 lui-même, comme trésor dans l’exemple (17), ou par l’adjectif sous-entendu lorsque le nom de SN1 ne comporte en lui-même aucune polarité positive ou négative, comme voiture dans l’exemple (18) 13, et qu’on suppose alors une qualité, non exprimée, se rapportant à ce référent (une voiture puissante/pourrie comme la tienne), la structure indique qu’une propriété est intensément représentée. On peut donc déjà évoquer un phénomène de scalarité de type ScalB.

(17) Plaignez-vous lorsque vous avez un trésor comme Gilberte ! (Sand, Le Péché de Monsieur Antoine, 1845)

(18) Une voiture comme la tienne serait parfaite/catastrophique pour ce voyage.

Mais, comme le signalent toutes les études abordant la question14, la possibilité d’une double interprétation demeure en permanence, ce qui distingue cette construction de la précédente et la situe à un niveau de complexité supérieur. En effet, une autre interprétation est possible, qui prévaut généralement, en l’absence dans le cotexte d’indices contraires : on considère alors que les deux SN sont coréférents, que Gilberte est un trésor et que c’est bien ta voiture que j’envisage d’utiliser (ou non) pour ce voyage, et non une autre, fût-elle similaire. On arrive au summum de la similitude, puisqu’il s’agit d’une comparaison du même au même. Par ailleurs, la même scalarité ScalB demeure, pour les raisons indiquées ci-dessus, et s’amplifie, puisqu’on souligne alors la possession au plus haut degré, par le référent de SN2, de la propriété indiquée ou suggérée par SN1.

Ainsi, plusieurs comparaisons, qui seraient a priori considérées comme équatives, donc scalaires, ou similatives, donc non scalaires, relèvent en réalité de la scalarité de type ScalB, ce qui invite à reconsidérer l’opposition scalaire / non scalaire de la comparaison et l’appariement équatif / scalaire vs similatif /non scalaire.

1.4. Les différentes zones de la scalarité et de la comparaison

On le voit, scalarité et comparaison (d’égalité ou d’inégalité) sont deux notions qui ne se recouvrent pas, et les formes de la seconde ne se laissent pas répartir selon la présence/absence de la première, ni même de l’une ou l’autre « version » (ScalA et ScalB) de celle-ci. La comparaison, scalaire ou non scalaire, recoupe donc partiellement les domaines de l’expression de l’évaluation d’une part et de l’identification, de la similitude, d’autre part, domaines qui tous deux excèdent également les limites de la comparaison.

Si l’on tente de parcourir l’ensemble du spectre, on trouve, à une extrémité, les différentes formes de l’évaluation et, d’un autre côté, toutes les formes linguistiques exprimant l’identité ou la similitude.

Relèvent de l’évaluation, hors comparaison explicite, à un niveau plus indéterminé de scalarité15, différents moyens d’expression de la gradation, dont le superlatif (19), l’emploi absolu d’un adjectif scalaire (20) ou encore l’emploi d’adverbes de degré (21), toutes ces évaluations étant relatives à une norme, implicite ou explicitée par l’indication d’un ensemble de référence. Tout jugement évaluatif est donc scalaire et peut être considéré comme implicitement comparatif. Il s’agit toujours d’une scalarité de type ScalB : ces différentes formes n’indiquent pas un positionnement sur une échelle de valeurs, mais une orientation (plus ou moins affirmée) vers le haut degré de cette échelle. On retrouve une des deux « comparaisons » 16 distinguées par Benveniste 194817, celle qui, différenciante, distingue un objet de son tout de référence (c’est le cas des exemples ci-dessous), tandis que l’autre, assimilante, définit la nuance qualitative de l’objet comparé relativement à un étalon (les comparaisons scalaires « classiques »), toutes deux s’organisant autour de propriétés graduables.

(19) C’est le plus intelligent (des canaris).

(20) Il est intelligent (pour un canari).

(21) Il est très intelligent et il réfléchit beaucoup (pour un canari).

On est en revanche définitivement hors de toute scalarité, mais bien dans l’expression de l’identité, avec des adverbes d’identité comme pareillement (22), des comme coordonnants (ou additifs) (23) ou des comparaisons similatives non scalaires (24).

(22) Je vous embrasse de cœur et les enfants pareillement. (Sand, Correspondance : 1851, 1851)

(23) « On entendra des partisans du oui  / comme (et aussi  / de même que, ainsi que) des partisans du non ». (à la télévision, un soir de référendum) – exemple emprunté à Portine (1995 : 398)

(24) D’abord je ne demanderais pas mieux ; mais comprends donc qu’ici c’est bordé de talus comme (de même qu’, ainsi qu’) ailleurs ; nos routes sont forcées, nos travaux de même. (Gide, Paludes, 1895)

Certaines comparaisons similatives comportent cependant une dimension scalaire, plus indéterminée assurément, mais néanmoins présente ; il s’agit des comparaisons stylistiquement marquées, relevant de la figure de style (25) ; dans ces dernières, le motif de la comparaison, c’est-à-dire la qualité commune au comparant et au comparé, donc ce qui permet précisément de les associer, est forcément présent à un degré élevé chez le comparé, sans quoi il ne « soutiendrait » pas la comparaison : si on prétend que l’arbre est nu comme un squelette, on ne se représente pas un arbre encore feuillu, mais bien un arbre très, complètement, nu. Il s’agit là encore de scalarité de type ScalB.

(25) L’arbre est (nu) comme un squelette.

De ces comparaisons tropaïques aux métaphores, il n’y a qu’un pas, lesquelles métaphores sont aussi d’efficaces moyens d’expression de la ressemblance et de la similitude, qu’elles soient attributives, appositives ou appositives indirectes inverses (26) ou encore qu’elles passent par des enclosures (27).

(26) L’arbre est un squelette  / l’arbre, ce squelette/ l’ossuaire de la forêt.

(27) Cet arbre était une espèce de squelette  / un vrai squelette.

Dans la métaphore encore, la scalarité (ScalB) n’est pas absente, car les propriétés sur lesquelles se fondent la mise en analogie sont des propriétés prototypiques. Ainsi, dans le cas du nom propre métaphorique, ou antonomase, Jonasson (1994 : 220) signale que c’est à partir d’« une ou plusieurs propriété(s) caractéristique(s) ou [d’]un destin particulier » que s’établit « un modèle mental du référent original qui en est considéré comme l’incarnation ou le parangon. Ce modèle est le membre central idéal d’une catégorie prototypique dont tous les membres ont une ressemblance plus ou moins parfaite avec le membre modèle ». C’est ce qui permet d’interpréter des métaphores comme celle de l’exemple (28).

(28) L’héroïne de Vladimir Menchov est un joli Rastignac en jupon. – exemple emprunté à Jonasson (1994 : 214)

On voit donc qu’un certain niveau de scalarité, limité à l’orientation vers le haut degré, peut être présent dans certaines comparaisons similatives, et qu’on le retrouve dans des expressions non comparatives sémantiquement proches car exprimant elles aussi identité et similitude. L’autre grande catégorie de comparaisons similatives et pourtant orientées vers le haut degré est celle des comparaisons en SN1 comme SN2, présentée ci-dessus. Enfin, les comparaisons équatives en aussi que, autant que, mais aussi (bien que ce soit assez rare) en comme, peuvent être clairement scalaires (ScalA) lorsqu’elles portent sur le degré réel d’une propriété ou d’un procès (29)-(30), ou plus faiblement (ScalB) lorsqu’il s’agit des comparaisons à parangon, elles aussi présentées ci-dessus.

(29) Des vacances, j’en ai pris comme toi. (= la même quantité, autant)

(30) Il mange comme tu bois. (= la même quantité, autant) – exemple emprunté à Hadermann et al., ici même

Rejoignant le pôle de l’évaluation, et relevant clairement de la scalarité de type ScalA, les comparaisons d’inégalité en plus, moins que viennent clore ce panorama, que le schéma de la page suivante permettra de mieux saisir.

Il ressort de cette tentative de classement que la comparaison scalaire proprement dite (comparaison d’inégalité, une partie de la comparaison d’égalité) constitue un sous-groupe, certes important, des expressions scalaires, mais qu’elle est à mettre en rapport avec d’autres expressions, relevant parfois de la seule intensité. On voit donc l’utilité de la distinction entre scalarité de positionnement (ScalA) et scalarité d’orientation (ScalB) : dès lors que l’on prend en compte cette dernière, de nombreuses comparaisons qui semblaient clairement similatives, de manière et non scalaires, se révèlent conjuguer scalarité, intensité et expression de l’identité.

Or il est des formes comparatives assez peu étudiées comme telles, que la notion de scalarité, dans sa complexité et ses différents niveaux d’une part, et dans ses relations avec la comparaison et l’identité d’autre part, pourrait permettre de mieux situer parmi les outils comparatifs et tout particulièrement les MIS. C’est le cas de tel (que), commutable avec comme dans certaines configurations (31), absolument inacceptable dans d’autres (32), (33). A travers une analyse contrastive de leurs valeurs comparatives, nous tâcherons de faire fonctionner la scalarité comme outil de description et critère de classement entre comme et tel.

(31) […] elle trouvait Vallantin trônant comme un roi sur le sofa, Alexis à ses côtés, et Mignon à leurs pieds, assis sur ses talons, les épaules enveloppées d’une couverture, tel [comme] un Iroquois en réduction qui chercherait sous le parquet son calumet de la paix […]. (Chandernagor, L’Enfant des Lumières, 1995)

(32) Le corps suivait comme [*tel qu’] il pouvait. (Bianciotti, Le Pas si lent de l’amour, 1995)

(33) […] de petits iris qui s’élèvent à peine à deux pouces du sol ; des tulipes jaunes panachées de rouge, grandes à peu près comme [*tel (les) (que)] l’ongle, des giroflées lilliputiennes et de microscopiques œillets. (Loti, Le Désert, 1895)

2. Tel (que) comparatif

Tel est tantôt adjectif, tantôt déterminant, pronom, et parfois substitut de nom propre, mais seul tel adjectif peut figurer dans des emplois comparatifs, même si évidemment tous les tel adjectifs ne sont pas comparatifs18. Pour effectuer un relevé, le plus simple est de suivre la proposition de Muller (1990 : 106), qui suggère d’« utiliser comme critère de la construction comparative de tel (que) son remplacement par comme ». Ce critère se révèlera assez grossier, puisque, si ce premier tri permet de relever quatre principaux emplois, assez divers comme le montrent les exemples (34) à (41) présentés ci-dessous, on verra que tous ne sont pas pour autant comparatifs.

(34) Je viens d’être petite fille, enfant, telle que j’étais à quatorze ou seize ans, et alors digne de vous. (Balzac, Béatrix, 1845)

(35) Je viens d’être petite fille, enfant, comme j’étais à quatorze ou seize ans.

(36) Certes, il est étrange de voir ainsi un homme tel que Démocrite, doué d’une incrédulité inflexible vis-à-vis des miracles, d’après Lucien, un philosophe naturaliste et libre penseur par excellence, métamorphosé en magicien et en alchimiste ! (Berthelot, Les Origines de l’alchimie, 1885)

(37) Il est étrange de voir ainsi un homme comme Démocrite métamorphosé en magicien.

(38) Si un poison, tel que le curare ou la strychnine, modifie la chronaxie d’un nerf, l’influx cesse de passer de ce nerf au muscle. (Carrel, L’Homme, cet inconnu, 1935)

(39) Si un poison, comme le curare ou la strychnine, modifie la chronaxie d’un nerf, l’influx cesse de passer de ce nerf au muscle.

(40) Mais la phrase était déjà partie et, telle un javelot, traversait la chambre à coucher, le palier et venait frapper Charles qui se déshabillait lentement dans sa propre chambre. (Sagan, La Chamade, 1965)

(41) La phrase était déjà partie et, comme un javelot, traversait la chambre à coucher.

2.1. Les comparaisons sous-catégorisantes

2.1.1. Inclusion référentielle19

Dans ce premier emploi (36), tel que (la présence de que est obligatoire) introduit une subordonnée comparative elliptique, qui se réduit à un pronom (42) parfois complémenté (43), un nom propre (36) ou plus rarement un groupe nominal fondé sur un nom commun (44). Tel est attribut du sujet dans la subordonnée et épithète liée dans la principale.

(42) Je n’en dis pas davantage à un homme tel que vous, et je vous envoie mon cordial serrement de main, et l’assurance de ma haute considération. (Hugo, Actes et paroles IV, 1885)

(43) Le cœur ne pouvait pas ne pas s’émouvoir d’une tendresse telle que celle que vouait Emilie à Von Mesnil. (Van Der Meersch, Invasion 14, 1935)

(44) C’est dans une publication telle que le guide d’Anvers que j’ai trouvé des belgicismes caractérisés […]. (Larbaud, Journal, 1935)

Cette comparative elliptique a deux caractéristiques syntaxiques : elle suit toujours un groupe nominal, dont elle constitue un modifieur ; elle est fondamentalement anaphorique, l’élément à droite de tel que coréférant directement avec celui de gauche. D’un point de vue informatif, cette subordonnée n’ajoute rien à la phrase et se laisse facilement réduire (45) à (47).

(45) Je ne vous en dis pas davantage. (exemple (42) modifié)

(46) Le cœur ne pouvait pas ne pas s’émouvoir de la tendresse que vouait Emilie à Von Mesnil. (exemple (43) modifié)

(47) C’est dans le guide d’Anvers que j’ai trouvé des belgicismes caractérisés. (exemple (44) modifié)

La subordonnée semble donc redondante, formant une sorte de « boucle » référentielle20 occasionnant seulement une sous-catégorisation du nom modifié, sous-catégorisation qui disparaît avec la suppression de la subordonnée. Son sens reste néanmoins celui d’une comparative d’égalité portant cette fois sur la quantité, comme le montre la commutation avec aussi X que ; cf. la modification de (42) :

(48) Je n’en dis pas davantage à un homme aussi compréhensif  / intelligent  / clairvoyant que vous.

Le fonctionnement de cette subordonnée comparative elliptique se retrouve dans un autre emploi adjectival, moins clairement comparatif, de tel, où il constitue, selon Riegel et al. (1994 : 616), une « anaphore adjectivale ». Tel épithète antéposée (49) peut ainsi former un GN que l’on peut lui-même « déplier » et ramener à la construction en boucle évoquée à l’instant, dans laquelle tel est également adjectif anaphorique (50) 21.

(49) Un tel résultat fait votre éloge, dit Gabriel. (Balzac, Le Curé de village, 1845)

(50) Un résultat tel que celui-ci  / le vôtre fait votre éloge, dit Gabriel.

2.1.2. Exemplification

Dans ce deuxième emploi (38), tel (que) et ce qui suit constituent une insertion, un ajout, syntaxiquement détaché de ce qui précède. Il est assez proche, par sa forme, du précédent : là encore, tel suit un groupe nominal dont il est épithète (détachée). Il est suivi d’au moins un groupe nominal mais le plus souvent de plusieurs. La comparaison se fait, dans ce cas, avec des exemples, des échantillons ; tel (que) introduit une « énumération exemplaire » (Riegel 1997 : 88), comme en (51) ou un simple exemple, comme en (52).

(51) En même temps que les maladies, telles que les diarrhées infantiles, la tuberculose, la diphtérie, la fièvre typhoïde, etc., sont éliminées et que la mortalité diminue, le nombre des maladies mentales augmente. (Carrel, L’Homme, cet inconnu, 1935)

(52) Il arrive plus souvent qu’elle se constitue brusquement, en quelques jours, à l’occasion d’une fatigue ou d’une infection telle qu’une grippe. (Encyclopédie médicale Quillet : nouvelle encyclopédie pratique de médecine et d’hygiène, 1965)

Dans cette construction, tel peut se présenter seul (53), bien que tel que semble l’emporter sur le plan de la fréquence.

(53) Que l’essai psychologique, l’analyse morale, le roman croissent au confluent de la peinture et de la musique, quand l’homme intérieur cherche à se saisir lui-même dans ses nuances les plus conscientes, en s’écartant de plus en plus de son milieu anarchisant – tels en Grèce les stoïciens, les épicuriens, les cyniques et les romanciers, tels La Bruyère, Swift, De Foe, Saint-Simon, Montesquieu, Voltaire, Vauvenargues, Diderot, Kant ou Goethe en Occident ! (Collectif, Arts et littérature dans la société contemporaine, 1935)

Comme dans la construction précédente, tel (que) introduit une sous-catégorisation du nom modifié : les diarrhées infantiles, la tuberculose, la diphtérie, la fièvre typhoïde de l’exemple (51) sont des sous-catégories établies de la maladie. En revanche, son sens, même si la commutation avec comme fonctionne, n’est pas comparatif, mais exemplifiant (de la même manière qu’il existe un comme d’exemplification) ; il n’est en effet pas remplaçable par un élément comparatif, mais plutôt par la locution par exemple, comme le montrent les exemples (54) et (55). On est donc conduit à exclure cet emploi des emplois comparatifs, malgré la commutation avec comme.

(54) *Si un poison, ainsi que le curare ou la strychnine, modifie la chronaxie d’un nerf, l’influx cesse de passer de ce nerf au muscle. (exemple (38) modifié)

(55) Si un poison, par exemple le curare ou la strychnine, modifie la chronaxie d’un nerf, l’influx cesse de passer de ce nerf au muscle. (exemple (38) modifié)

2.2. Les comparaisons « classiques » (avec comparant)

2.2.1. Comparaison non elliptique

Dans le troisième emploi illustré par (34) ci-dessus, tel qui, par la fonction qu’il occupe dans la principale, est syntaxiquement lié à un groupe nominal, introduit une subordonnée comparative non elliptique et, à ce titre, le que est absolument nécessaire ; tel est, dans la subordonnée, attribut du sujet (34) ou de l’objet (56) et, dans la principale, épithète liée ou détachée.

(56) Il peut s’agir d’une crise typique de colique hépatique telle que nous l’avons décrite par ailleurs ou de simples pesanteurs douloureuses de la région hépato-vésiculaire. (Encyclopédie médicale Quillet : nouvelle encyclopédie pratique de médecine et d’hygiène, 1965)

La présence d’une subordonnée complète rapproche cette structure de celle des consécutives ; toutes deux diffèrent cependant, sur le plan syntaxique comme sur le plan sémantique. On note tout d’abord que dans la consécutive, tel est mobile et peut se placer aussi bien avant (57) qu’après (58) le nom qu’il détermine, tandis qu’il est obligatoirement postposé au nom dans la comparative (59).

(57) L’audace de Hodkann, cependant, était telle qu’on pouvait l’imaginer suivant dans le chalet le père de Nicolas et lui faisant les poches, dérobant son trousseau de clés pendant qu’il parlait avec la maîtresse. (Carrère, La Classe de neige, 1995)

(58) Telle, cependant, était l’audace de Hodkann qu’on pouvait l’imaginer suivant dans le chalet le père de Nicolas et lui faisant les poches, dérobant son trousseau de clés pendant qu’il parlait avec la maîtresse.

(59) *Il peut s’agir d’une telle crise typique de colique hépatique que nous l’avons décrite par ailleurs.

Par ailleurs, il peut y avoir, et il y a généralement, une reprise pronominale, dans la subordonnée comparative, du groupe nominal déterminé par tel dans la principale (60) ; ce n’est pas le cas lorsque la subordonnée est consécutive.

(60) Balfour a établi qu’il fallait chercher l’origine de cette bizarre manière d’ébranler une peau de tambour dans la forme primitive des soufflets de forge, telle que les Egyptiens la représentent sur leurs peintures et telle que les nègres l’ont conservée. (Collectif, Arts et littérature dans la société contemporaine, 1935)

Outre ces différences syntaxiques, ces subordonnées se distinguent des consécutives par leur sens, qui est bien celui d’une comparative d’égalité portant sur la qualité, la manière, comme le montre la commutation non seulement avec comme mais aussi avec ainsi que (61).

(61) Balfour a établi qu’il fallait chercher l’origine de cette bizarre manière d’ébranler une peau de tambour dans la forme primitive des soufflets de forge, ainsi que les Egyptiens la représentent sur leurs peintures et ainsi que les nègres l’ont conservée.

2.2.2. Comparaison elliptique

Enfin, le dernier emploi de tel (que), illustré par l’exemple (40) ci-dessus, est le plus clairement comparatif. Tel (nettement plus fréquent que tel que) y est, là encore, apposé et suivi d’un groupe nominal plus ou moins développé – (40) vs (62) –, généralement indéfini qui, sans être générique, renvoie à un membre quelconque de la classe qu’il désigne.

(62) Il vivait là, maintenant, dans ce monde retranché du monde, telle une plante effrayée qui ne peut plus quitter la serre. (Duhamel, Chronique des Pasquier, 1935)

L’ensemble constitue une insertion, un ajout, syntaxiquement détaché de ce qui précède, doté d’une fonction caractérisante. Sur le plan du sens, l’ensemble tel (que) + GN, détaché, constitue une prédication seconde de type parenthétique et s’applique à un référent (63) ou à un procès (64).

(63) On vit Dorothée ouvrir des yeux vides, tels des cavernes, et se soulever légèrement tout entière. (Jouve, La Scène capitale, 1935)

(64) […] Je le vois ici, la lumière du soleil, le filet d’or où les choses frétillent tels des poissons qu’un grand ange tire dans les filets des pêcheurs. (Déon, Le Rendez-vous de Patmos, 1965)

Dans cet emploi incontestablement comparatif, au sens tropaïque du terme puisqu’il fait naître une similitude, tel (que) peut être remplacé par comme, de même que et pareil à, exprimant aussi l’identité, la similitude.

(65) La phrase était déjà partie et, pareille à  / de même qu’un javelot, traversait la chambre à coucher. (exemple (40) modifié)

De ces grands types d’emplois, on peut éliminer celui de l’exemplification, qui n’est pas réellement comparatif. Les trois autres sont tous des comparaisons similatives, qui ne semblent pas, à première vue, faire intervenir la scalarité dans leur interprétation. On pourra cependant distinguer les cas où la valeur anaphorique de tel est fort présente (inclusion référentielle et comparative non elliptique, qui toutes deux « bouclent » sur le référent mentionné dans la principale), comparaisons similatives du même au même, de la comparative elliptique qui exprime la similitude, l’analogie avec quelque chose d’extérieur, de différent, un autre.

3. La scalarité peut-elle nous aider à déterminer les distributions de comme et tel (que) ?

A partir des quatre constructions présentées, on s’aperçoit que des blocages perdurent dans la commutation de comme et de tel (que) ; on peut alors se demander si la nature même de la comparaison établie, et en particulier son caractère scalaire, intensif ou similatif, ne permet pas de tracer les limites de l’emploi des deux formes.

3.1. Intolérance de tel (que) à la scalarité de type ScalA

Si le caractère similatif de la comparaison semble obligatoire, on peut s’attendre à ce que tel (que) ne construise pas de comparaison scalaire de type ScalA.

C’est en effet le cas : il ne semble pas possible de substituer tel (que) à comme ou à aussi que dans des comparaisons équatives scalaires du type de celles présentées ci-dessus (11), (29), (30), c’est-à-dire dans des comparaisons portant sur le degré d’une qualité indiquée par un adjectif (66), (68), par un nom ou par un verbe (70), (71).

(66) Paul est aussi blond que son frère.

(67) *Paul est blond tel (que) son frère.

(68) Ils seront bronzés comme de grands voyageurs, et coiffés de grands chapeaux de paille tressée. (Perec, Les Choses, 1965)

(69) ??Ils seront bronzés tels (que) de grands voyageurs, et coiffés de grands chapeaux de paille tressée.

(70) *Des vacances, j’en ai pris tel (que) toi. (exemple (29) modifié)

(71) *Il mange tel (que) tu bois. (exemple (30) modifié)

La raison de ce blocage, ou de cette gêne, semble bien être liée à l’incapacité de tel (que) d’exprimer un positionnement scalaire et, plus largement, de servir à l’expression de la quantité ; cf. les exemples (72) et (74) et leur variantes (73) et (75) :

(72) J’étais trois fois grand comme lui. (Perry, Vie d’un païen, 1965)

(73) *J’étais trois fois grand tel (que) lui.

(74) De petits poissons gros comme l’ongle du pouce ont férocement attaqué les prisonniers. (Déon, Le Rendez-vous de Patmos, 1965)

(75) *De petits poissons gros tel(s) (que) l’ongle du pouce ont férocement attaqué les prisonniers.

En effet, même lorsque l’on trouve tel (que) à la suite d’un adjectif, la comparaison n’est nullement équative, mais reste similative ; il ne s’agit pas de quantifier ou de positionner la qualité exprimée par l’adjectif. La comparaison introduite par tel est le plus souvent détachée, entre virgules ; elle porte sur l’ensemble du SN et non sur le seul adjectif (76), (77), y compris lorsque le détachement n’est marqué par aucune ponctuation (78).

(76) [Il portait un] gilet clair, peut-être gris perle, sous lequel s’arrondissait, en dépit de la maigreur de sa personne, un ventre curieusement ovale, tel un melon d’eau. (Bianciotti, Le Pas si lent de l’amour, 1995)

(77) On dit : Comme il reste maigre, le vice-consul, tel un jeune homme, mais c’est le visage qui… (Duras, Le Vice-consul, 1965)

(78) Un ciel en fusion plombe la terre moite ; des tours noires s’étirent droites telles des bras, dans la terreur des crépuscules ; les nuits tombent comme épaissies, les nuits lourdes, les nuits moisies, où, dans l’air gras et la chaleur rancie, tombereaux pleins, la mort circule, ample et géante comme l’ombre, du haut en bas des maisons sombres, on l’écoute glisser muette et haletante. (Verhaeren, Les Villes tentaculaires, 1895)

On voit donc que les comparaisons en tel (que) ne peuvent constituer des comparaisons scalaires de type ScalA, ce qui les distingue clairement des comparaisons en comme ou en aussi que. La commutation, incomplète, entre tel (que) et comme voit ici s’établir une de ses frontières. Pourtant, on remarque qu’il est possible de trouver tel (que) à la place de comme dans des énoncés formellement proches, mais qui constituent en fait des comparaisons scalaires de type ScalB, de celles qui indiquent le plus haut degré, l’intensité. Il s’agit bien sûr des comparaisons à parangon décrites plus haut, apparemment équatives et scalaires ScalA, mais en réalité intensives, d’une scalarité indéterminée, limitée à ScalB. C’est ainsi qu’on peut trouver (bien que ce ne soit pas très fréquent) tel dans des comparaisons figées comme fier tel Artaban ou plein tel un œuf – on note que la forme tel que est alors exclue. On peut aussi en trouver quelques occurrences en discours, dans des formes qui, pour n’être pas figées et cataloguées, fonctionnent néanmoins comme des comparaisons intensives, ScalB et non entièrement scalaires, ScalA (79).

(79) Cette année 1919, quand j’y songe, et bien que ces souvenirs ne soient pas très anciens, fut une année souple et aérienne telle une danseuse. (Mac Orlan, Sous la lumière froide, 1961)

De même, on commutera facilement tel à comme dans une comparaison intensive figée articulée à un verbe et exprimant l’intensité, orientant vers le haut degré (80), (81).

(80) Dans ce moment Gérold ouvrit tout à coup les yeux ; Délie fit un cri perçant, et disparut comme un éclair. (Mme de Genlis, Les Chevaliers du cygne ou la Cour de Charlemagne, 1795)

(81) Dans ce moment Gérold ouvrit tout à coup les yeux ; Délie fit un cri perçant, et disparut tel un éclair.

On voit donc se dessiner une des zones de non-recouvrement des emplois de comme et tel (que) comparatifs équatifs, délimitée par la scalarité, que tel (que) ne tolère pas (ScalA) ou mal (ScalB, les emplois de comparaison à parangon avec comme restant largement majoritaires). Cet outil comparatif semble donc essentiellement dévolu à la comparaison similative ; pour autant, on y retrouve différents cas de figure et la scalarité n’est pas toujours exclue.

3.2. Des comparaisons exprimant la similitude

Dans les trois constructions retenues, la comparaison est vraiment une opération de mise en regard de deux éléments dont on dit la ressemblance ou la similitude. Est-elle pour autant totalement en-dehors de toute scalarité ? Si on peut le supposer pour l’une des constructions, la situation est un peu différente pour les deux autres.

3.2.1. Comparaisons similatives non scalaires : spécificités de tel (que)

Ainsi, le premier emploi met en relation deux propositions, connectées par l’identité de tel, qui joue le rôle d’un adjectif « vide », et par le pronom anaphorique (82), (83). Il s’agit donc d’une véritable corrélation entre les deux propositions.

(82) Le voilà tel que je voulais vous le faire connaître, afin que vous compreniez… (Sue, Le Juif errant, 1845)

(83) Je voulais vous le faire connaître tel. Le voilà tel.

Sémantiquement, la corrélative constitue toujours le repère par rapport auquel est établie la prédication de la principale ; ce repère est ordinairement réflexif, puisque la corrélative, dont le verbe est un verbe d’état, « boucle » avec la principale, reprend et confirme, dans une sorte de tautologie, ce qui est posé dans la principale. On ne décèle pas le moindre indice de scalarité dans ces constructions, qui semblent donc pouvoir être alignées sur les comparaisons similatives non tropaïques en comme, pures comparaisons de manière. Dans ces constructions, tel que introduit une subordonnée comparative et semble commuter librement avec comme (84), (85).

(84) Elle prit son thé comme on feint de le prendre sur scène, s’essuya les commissures de la bouche, se laissa aller contre le dossier, plaqua une main sur sa poitrine […]. (Bianciotti, Le Pas si lent de l’amour, 1995)

(85) Elle prit son thé tel qu’on feint de le prendre sur scène.

Pourtant, ce n’est pas toujours le cas, et des blocages subsistent. On remarque en particulier que la comparative en tel doit reprendre anaphoriquement un groupe nominal, et non un élément propositionnel, faute de quoi tel que doit laisser la place à comme (87), (89). Il en découle que tel ne peut alors retrouver une fonction adjectivale (épithète ou attribut) liée au nom, ce qui l’empêche de commuter avec comme.

(86) Je ne songe d’ailleurs plus à m’enfuir comme je l’ai prémédité tant et tant de fois. (Salvayre, La Puissance des mouches, 1995)

(87) *Je ne songe d’ailleurs plus à m’enfuir tel que je l’ai prémédité tant et tant de fois.

(88) Dis à Pauline que je compte sur elle pour te tirer les oreilles si tu oublies de m’écrire comme tu l’as fait l’année passée. (Sand, Correspondance : juillet-décembre 1845, 1845)

(89) *Dis à Pauline que je compte sur elle pour te tirer les oreilles si tu oublies de m’écrire tel que tu l’as fait l’année passée.

Ainsi, une répartition existe bel et bien entre les formes comme et tel que, au sein même de l’expression de la comparaison similative non scalaire : alors que comme introduit une réelle comparaison de manière, rapprochant une entité d’une autre dont il déclare la similitude, tel que ne perd pas totalement le sens premier de l’adjectif et reste dans l’expression de l’identité, du même au même.

3.2.2. Scalarité de type ScalB et répartition des formes

Les deux emplois restants, celui dit d’inclusion référentielle (90) et celui qui présente une comparaison elliptique (91), présentent, on l’a vu, des caractéristiques comparables à celles des constructions correspondantes en comme, et en particulier celle d’exprimer, sous l’aspect d’une comparaison purement similative, une scalarité relativement indéterminée, de type ScalB, indiquant simplement l’orientation vers le haut degré.

(90) J’aurais dédaigné cette menace, si je n’avais consulté que mon droit, mais je place trop haut les convenances et les égards que se doivent des hommes tels que nous et j’apprécie trop bien l’honneur d’avoir fait partie de votre société pour consulter autre chose que son propre intérêt. (Balzac, Correspondance, 1845)

(91) Une pensée impossible, insensée venait de me traverser l’esprit, telle une balle traçante. (Makine, Le Testament français, 1995)

3.2.2.1. Les comparaisons de haut degré de forme SN1 tel que SN2

Lorsque tel (que) se trouve dans des constructions du type SN1 tel que SN2 (à ne pas confondre avec les formes ayant une fonction d’illustration par l’exemple, même si dans certains cas demeure une ambiguïté entre les deux (92), il ne s’agit d’une comparaison similative qu’en apparence, l’interprétation conduisant généralement à quelque chose d’intermédiaire entre scalarité et identité, soit l’intensité, ou la scalarité de type ScalB.

(92) Mais le nègre, ne taillant que le bois et l’ivoire, peut-il œuvrer pareillement une matière dure telle que la pierre ? (Arts et littératures dans la société contemporaine, 1935)

On retrouve dans ces exemples les caractéristiques du « comme opérateur d’inclusion référentielle » (Delabre 1984), où comme relie un groupe nominal et un autre, généralement nom propre ou pronom, dont il partage la référence (93).

(93) Pour une femme comme Béatrix, cette découverte fut un coup de foudre. (Balzac, Béatrix, 1845)

On voit que cet emploi de tel (que) correspond à cette définition, et répond aux autres tests caractérisant cette construction : la réalisation d’une prédication attributive à droite (95), ou la paraphrase par des « corrélations relatives classiques » (Moline 1998 : 75) (96).

(94) Une drogue telle que l’amphétamine apparaît donc par de telles qualités comme un des éléments idéaux dans le traitement de l’obésité. (Swartz, Nouveaux remèdes et maladies d’actualité, 1965)

(95) Une drogue telle que l’est l’amphétamine apparaît donc par de telles qualités comme un des éléments idéaux dans le traitement de l’obésité.

(96) La drogue qu’est l’amphétamine apparaît donc par de telles qualités comme un des éléments idéaux dans le traitement de l’obésité.

Ce qu’apporte tel que à cette construction, c’est l’adjectif : bien que vide de sens descriptif, simple « variable de caractérisation » (Riegel 1997), il vient tenir la place de la qualité prototypique qui est implicite dans cette construction. Delabre (1984 : 25) souligne en effet que un musicien comme Charlie Parker sous-entend une qualité définitoire de un musicien excellemment représentée par Charlie Parker, et propose un musicien américain, noir, etc., comme Charlie Parker. Tel que, sans donner beaucoup plus de précisions sur la qualité, indique nettement et clairement la place et l’importance de cette qualité.

Là encore, on voit que tel (que) étend son domaine au-delà de la comparaison similative simple, pour aller jusqu’à la comparaison intensive, de haut degré, sans toutefois outrepasser celle-ci et aller jusqu’à la comparaison scalaire. Cette construction est donc tout à fait identique à celle en comme et la concurrence entre les deux est directe. Et de fait, des observations en diachronie22 montrent que la tournure de l’inclusion référentielle en tel (que), qui connaît un pic au XVIIIe siècle, perd ensuite nettement du terrain ; le recul de cette comparaison du type un homme tel que lui semble être dû à une concurrence avec une autre construction. Cette construction concurrente pourrait être l’« anaphore adjectivale épithète » (Riegel et al. 1994 : 616) (cf. (97), où un tel camarade = un camarade tel que lui  / le nôtre).

(97) Quand bien même on a eu des motifs de plainte contre un tel camarade, tous les droits de l’amitié ne sont pas prescrits. (Balzac, L’envers de l’histoire contemporaine, 1850)

Cela paraît cependant peu probable, parce que l’anaphore adjectivale est déjà ancienne, et que l’une et l’autre se côtoient sans heurts. Une autre possibilité est celle d’une concurrence avec la forme équivalente en comme, qui semble être la piste la plus sérieuse, si l’on en croit un rapide sondage effectué sur Frantext (sur la forme un N comme moi) qui indique une forte augmentation des fréquences, justement, à partir du XIXe siècle23.

3.2.2.2. Les comparaisons elliptiques, des comparaisons tropaïques ?

Cet emploi, au contraire du précédent, est assez récent, et il est aussi totalement commutable avec comme, au point que parfois l’un et l’autre cohabitent (98).

(98) Uranus est le fou du tarot et ce nom lui convient à merveille. Parce qu’il est force brute, primitive, non captée, non dominée, tel un fleuve sauvage ou comme une coulée de lave en mouvement, il agit sans règle ni raison. (Le Scouezec, Les Arts divinatoires majeurs : l’Astrologie, 1964)

Une étude diachronique fait apparaître un envol des occurrences à partir du XVIIIe siècle, moment où a lieu la véritable « éclosion » de cet emploi. Ces constructions récentes se caractérisent par leur détachement, leur fonction parenthétique et le fait qu’elles soient supprimables ; elles ne sont pas intégrées syntaxiquement à la phrase, mais se déplacent facilement (99), (100).

(99) Il passe dans nos couloirs lépreux tel un ministre dans sa rue Saint-Dominique. (Boudard, La Cerise, 1963)

(100) Il passe, tel un ministre dans sa rue Saint-Dominique, dans nos couloirs lépreux.

La valeur sémantique reste assez vague, exprimant une ressemblance d’ordre général ; enfin, ces comparaisons sont marquées stylistiquement. Elles s’apparentent donc, comme leurs correspondantes en comme, à des métaphores explicitées et peuvent s’en rapprocher facilement, (101) et ses variantes (102), (104). En ce sens, elles relèvent de l’intensité liée au trope : le jeune chat repu est supposé représenter le mieux la jubilation, au plus haut degré. Sans pouvoir parler de scalarité proprement dite, on peut ici encore évoquer une scalarité de type ScalB, qui oriente l’interprétation vers le haut degré : le narrateur est dans un état d’intense jubilation.

(101) Mes poches pleines de sous me conféraient une dignité provisoire, et je jubilais, tel un jeune chat repu, dans un rayon de soleil. (Mac Orlan, Sous la lumière froide, 1961)

(102) Je jubilais, jeune chat repu, dans un rayon de soleil.

(103) J’étais un jeune chat repu qui jubilait dans un rayon de soleil.

(104) Ce jeune chat repu de Pierre jubilait dans un rayon de soleil.

Si la forme comparative tel24 est synonyme de comme dans cet emploi, elle n’en est pas pour autant une simple alternative, mais en constitue une version plus « forte », plus intensive, plus orientée vers le haut degré. En effet, comme peut marquer l’orientation vers le haut degré, mais pas seulement : il peut aussi exprimer une scalarité de type ScalA, voire pas de scalarité du tout. Tel, ayant d’autres emplois adjectivaux intensifs25, l’appelle plus systématiquement et constitue donc une forme plus fortement évaluative26. La comparaison avec tel permet, en particulier, une pause prosodique permettant de donner plus d’expressivité au segment comparatif tout en conservant son caractère intensif (105), alors que comme dans un même contexte est simplement comparatif (106), et nécessite la suppression de la pause pour devenir intensif (107).

(105) Cela commençait sur un rythme grave, tel qu’un chant d’église, puis, s’animant crescendo, multipliait les éclats sonores, s’apaisait tout à coup. (Flaubert, L’Education sentimentale, 1869)

(106) Cela commençait sur un rythme grave, comme un chant d’église, puis, s’animant crescendo, multipliait les éclats sonores, s’apaisait tout à coup.

(107) Cela commençait sur un rythme grave comme un chant d’église, puis, s’animant crescendo, multipliait les éclats sonores, s’apaisait tout à coup.

Cet emploi de tel, relativement récent, contribuerait donc au renouveau de ces morphèmes exprimant l’intensité et le haut degré, dont on sait qu’ils sont sujets à l’usure et à un important renouvellement.

Conclusion

A l’issue de ce parcours fondé sur l’éclaircissement des relations entre scalarité, voire scalarités, comparaison et identité, on peut tout d’abord conclure à l’utilité de la notion de scalarité pour aider le linguiste à « segmenter » différentes comparaisons d’égalité. De plus, cette notion nous a permis, sur ces bases descriptives, de distinguer les fonctionnements de deux formes comparatives qui semblaient à première vue équivalentes (le tableau ci-dessous récapitule la situation). On a vu que tel (que) ne peut se substituer à comme lorsqu’une scalarité de type ScalA est en jeu et que, s’il le peut lorsqu’il s’agit d’une scalarité de type ScalB, cela entraîne des concurrences entre les formes qui ont des effets sur leur répartition et leur évolution.

La notion de scalarité peut donc être opératoire pour l’organisation interne de la catégorie de la comparaison. De plus, la distribution de comme et tel (que) et ses relations avec la scalarité pourraient inciter à revenir sur la zone « médiane », celle de la scalarité de type ScalB, pour en affiner la description, en précisant davantage les rapports entre gradation et scalarité.

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1 Voir la présentation générale.

2 Cette répartition, qui s’écarte de la traditionnelle tripartition supériorité, égalité, infériorité, s’appuie sur l’existence de deux quantifications principales antonymiques (beaucoup et peu en français) et de deux relations comparatives qui peuvent y être liées, la relation de supériorité (plus) et la relation d’égalité (autant). L’appariement de ces deux couples donne quatre relations comparatives possibles : beaucoup + supériorité = plus, beaucoup + égalité = autant, peu + supériorité = moins, peu + égalité = aussi peu, dans lesquelles on voit apparaître les trois comparaisons « traditionnelles » (supériorité, égalité, infériorité) mais aussi la comparaison aussi peu, d’égalité dans le faible degré, généralement négligée dans les approches ternaires. Des observations d’ordre morphologique et syntaxique complètent la démonstration (Rivara 1995 : 17-25).

3 Cf. Whittaker 1995.

4 Certaines comparaisons peuvent mettre en jeu plus d’une échelle, à condition cependant que subsiste une homogénéité des membres de la comparaison : Jean est plus travailleur qu’intelligent, voire Jean est plus intelligent que Paul n’est doué (deux propriétés graduables) mais guère *Elle est plus jolie qu’elle ne court vite (une propriété et un procès).

5 Cf. Hadermann et al., ici même.

6 Voir cependant une discussion de ce point de vue, par Hadermann et al., ici même, et quelques observations allant dans le même sens, ci-dessous.

7 Nous citons pour mémoire, mais laisserons de côté par la suite, le cas des déterminants de sens comparatif (Elle a le même âge que lui, Il a juré de ne jamais aimer une autre que moi).

8 Chacune de ces formes pouvant bien sûr avoir des fonctions autres que l’expression de la comparaison.

9 Les exemples référencés sont tirés de la base Frantext (http://www.frantext.fr/) ; à l’exception de (14), les autres sont construits.

10 Pareil à n’est pas retenu, car les MIS considérés sont ceux qui forment une structure comparative de type subordonnée.

11 Cf. entre autres Dauzat 1945, Gross 1996, Leroy 2003, 2004, Schapira 2000.

12 Cf. Goldberg 1995, ainsi que Legallois & François 2006 pour une large présentation.

13 Mais aussi comme homme, musicien, fille, etc.

14 Cf. Delabre 1984, Moline 1998, Pierrard & Léard 2004, Leroy 2007.

15 Cf. Hadermann et al., ici même.

16 Il s’agit de l’idée comparative, et non de formes explicitement comparantes.

17 Cf. De Lamberterie 1995.

18 Tel adjectif peut être déterminant, pronom, ou introduire une subordonnée consécutive. Cf. Henry (1991), Muller (1990).

19 On reprend ici, faute de mieux mais sans satisfaction, le terme de Delabre 1984.

20 Que l’on peut rapprocher de celle des « relatives pour ne (presque) rien dire » du type le combat qui est le mien, étudiées par Noailly & Richard 2006.

21 L’autre forme de l’anaphore adjectivale, attribut et en tête de proposition (Il en résulte encore qu’il ne peut y avoir dans l’intérieur d’un atome indivisible aucune réserve d’énergie immanente. Telles sont les conséquences rigoureuses de la théorie atomique. (Berthelot, Les Origines de l’alchimie, 1885)), dont « l’incomplétude référentielle » (Riegel 1997 : 84) ne peut être comblée que par une information tirée du contexte textuel ou situationnel (cotexte ou contexte), est encore plus éloignée d’une structure comparative.

22 Cf. Leroy 2008.

23 Cette hypothèse devra bien entendu être confirmée par des observations plus précises.

24 Bien plus que tel que, qui tend à s’effacer devant tel seul depuis le XIXe siècle, dans une progression qui paraît irréversible (cf. Leroy 2008).

25 En particulier en position antéposée : Une telle catastrophe était malheureusement à prévoir.

26 On se souvient que lorsque comme forme une comparaison clairement intensive, comme les comparaisons à parangon (malin comme un singe), il n’est guère concurrencé par tel.