L’Unité des Frères : les réseaux de l’Église morave et les défis nouveaux
De 1760 à la Restauration
Présenter un sujet exotique comme celui-ci comporte autant d’avantages que de risques. Mettre en parallèle les réseaux de l’Eglise morave et la situation journalistique, tant dans l’empire qu’en France, nous aide à entrer dans le cercle herméneutique. Je me limite au « réseau parallèle » de l’Unité des Frères. Cette dernière, issue du piétisme et établie sur plusieurs continents, s’est servie quatre-vingts ans durant, de « feuilles à la main » comme moyen de communication. En ce qui concerne le « réseau parallèle », il convient d’en décrire les origines, de définir sa nature et, enfin, d’en évaluer fonctionnement et viabilité. Dans l’état actuel de nos connaissances, il est trop tôt pour tirer un premier bilan, par contre, en guise de conclusion, on peut présenter quelques considérations générales.
A l’orée des Lumières, Pierre Bayle insinue qu’un citoyen de la République des Lettres se doit d’être informé. Par conséquent, l’honnête homme est immanquablement « branché » sur l’opinion publique, que ce soit par le biais des journaux ou des périodiques. En un mot, pareille lecture, loin d’être frivole, lui est indispensable, puisque constitutive de sa liberté.
A ses débuts, l’Unité des Frères, autrement dit Eglise morave ou Evangelische Brüderunität ou encore Moravian Church, tôt chassée de la Saxe, doit s’établir à Herrenhaag, au nord de Francfort. La « place » est une communauté étroite qui fait l’objet d’invectives. Le leader Zinzendorf (l’oncle du Zinzendorf présenté par Sergeï Karp), est accusé d’être un « nouveau Mahomet », et un « anté-Christ ». Un procédé que Judith Butler en évoquant un contexte contemporain qualifie de « hate-speech1 ». Comment se défendre lorsque l’on est sous le feu de la critique médiatique ? Quant aux Moraves, ils s’en tiennent longtemps à la règle de riposter au moindre pamphlet dirigé contre eux. De 1742 à 1745, ils se défendent à l’aide d’une collection imprimée intitulée Büdingische Sammlung : selon la préface, publier des documents authentiques aurait aussi la conséquence salutaire de détromper le public2.
Au début de sa carrière, le comte Nicolas-Louis de Zinzendorf (1700-1760) avait déjà tâté le terrain, en lançant deux périodiques chrétiens, le second bien remarqué Der Teutsche Sokrates3. Disciple de Bayle, il préconise dans sa jeunesse une convergence entre religion chrétienne et Aufklärung. Le recueil intitulé Freiwillige Nachlese est en quelque sorte le précurseur du réseau qu’il va mettre sur orbite en 1747.
A partir de 1747, l’Unité des Frères disposera de deux circuits en vue de véhiculer ses propres réseaux. Chaque circuit remplit une fonction spécifique et quasiment autonome :
a) Réseau officiel : l’information destinée au grand public continuera à être diffusée par la presse écrite.
b) Réseau parallèle : l’information intra-ecclésiastique, donc ciblée.
Mise en circulation sous forme de feuille manuscrite, sa diffusion reste strictement réservée aux établissements moraves. Considérée dans la longue durée, l’évolution du titre est un reflet fidèle du contenu ; dès sa publication à partir de 1819, le « réseau parallèle » se mue en journal, plus exactement en bulletin de la communauté intercontinentale.
ÉVOLUTION DU TITRE
Gemein-Diarium (également : … der Pilgergemeine) 1747-1748
Diarium des Gemeinhauses 1748-1749
Diarium der Hütten 1750-1753
Diarium des Jüngerhauses 1754-1760
Diarium des Gemeinhauses 1761-1764
Gemeinnachrichten 1765-1819
Nachrichten aus der Brüdergemeine 1819-1894
Mitteilungen aus der Brüdergemeine 1895-1949
Brüderbote 1949-
Si, du vivant de Zinzendorf, le titre officiel du réseau subit des variations, il montre à l’évidence que le centre du pouvoir gravite autour de lui. Persona non grata en Saxe, son « gouvernement » est itinérant. Ce phénomène rappelle la constitution de la monarchie française sous les derniers Bourbons4. L’évolution du titre s’explique : le groupe en exil se considère comme « Pilgergemeine », (communauté de pèlerins) dirigée par un leader noble, qui se fait appeler « Jünger » (disciple).
Dans le paysage journalistique de l’ancien régime, un réseau d’information intra-ecclésiastique aussi dense constitue un cas hors du commun. Nonobstant la variation du titre aux trois premiers lustres, la structure ne bronche pratiquement pas pendant un siècle : l’année se compose de 53 Wochen (semaines) ainsi que de 12 Beylagen (suppléments). Conformément au titre, sa nature d’hebdomadaire renvoie en principe au rythme de l’expédition. Une structure aussi simple que souple5 : la tripartition tient compte de la provenance des textes :
GN. I. Wochen / Erster Theil der Wochen / Historica / Pars I / Theil II.A (= vie spirituelle de Herrnhut),
GN. II. Zweyter Theil / Pars II / Reden / Teil II.B (= discours),
GN. III. : Dritter Theil / Pars III / Beylagen / Gemeintags-Lectionen (= nouvelles en provenance d’autres communautés).
En ce qui concerne la forme : il s’agit d’un cahier manuscrit, mesurant 20 sur 15 cm6, plié en deux, rempli à ras bord ; le nombre de pages est variable, en général au moins 4 pages recto-verso.
Un double filtre sert à maîtriser le flot de nouvelles : public sélectionné et nouvelles sélectionnées. En ce qui concerne le travail de toilettage, la rédaction du Diarium suit les mêmes impératifs que la presse écrite. Quant au travail strictement rédactionnel7, il est comparable au travail de la presse écrite ; en effet, les coups de ciseau, une sorte d’autocensure de documents avant leur circulation, s’apparentent à une élimination des arcanes, pratique bien documentée pour les Lettres édifiantes et curieuses8 des Jésuites français et les Missionsberichte9 de Halle. Bref, ce pan d’information, taxé de « savoir des dominants » par Foucault et Bourdieu, reste une chasse gardée de la direction.
De toute façon, Zinzendorf, pragmatique, parvient à faire une synthèse de trois éléments préexistants du fait qu’il sait intégrer son expérience d’éditeur sans pourtant bouleverser ni calendrier liturgique, ni us et coutumes de l’Unité des Frères.
La jeune communauté de Herrnhut, née en 1721, s’est vite dotée d’un calendrier liturgique, riche en journées de commémoration. C’est la journée de remerciement et de jeûne (Dankund Fasttag) qui retient notre attention. Célébrée une fois par mois depuis 1728 ou 1729, elle est tôt appelée journée communautaire (Gemeintag)10. Voilà le lieu naturel pour communiquer les Gemeintagslektionen, composées ou bien de lettres de missionnaires ou bien de leurs relations, le tout lu à haute voix et servant à l’édification des Moraves. Cette information venue de l’extérieur est complétée par celle de l’intérieur : les discours de Zinzendorf, copiés sur place et mis en circulation, renforcent cohésion doctrinale et sociale de ce groupe religieux disséminé dans le monde. Mis à part ces deux coutumes bien établies, Zinzendorf s’est évidemment inspiré du recueil intitulé Freiwillige Nachlese11 pour le côté technique de la rédaction.
L’idée de porter le Gemeindiarium sur les fonts baptismaux confère à son auteur un visage de Janus, il se présente à la fois en traditionaliste et en novateur. Les Wochen ont beau continuer les us et coutumes de la jeune communauté, calendrier liturgique et orientation de la communication, il n’en reste pas moins vrai que 1747 marque aussi une césure. Dorénavant, toutes les nouvelles intra-ecclésiastiques se trouvent triées, canalisées, et acheminées par une seule instance ; en résumé, toute la communication, à savoir le lien entre leader (direction) et collectivité, se trouve focalisée, centralisée à l’enseigne des administrations modernes. Par conséquent, l’ensemble de l’Unité des Frères en est uniformément arrosé. Plus, structure et hiérarchie des Nachrichten transforment le vécu, une fois mis en archives, en mémoire du présent. On peut se risquer à affirmer que le « réseau parallèle » des Wochen fonctionne en lieu et place d’un journal de la dénomination. Effectivement, à l’exception du support et de la proclamation, les Nachrichten se substituent dans leur fonctionnement à un périodique religieux12.
Qu’est-ce qu’on sait, à l’heure actuelle, des aspects matériels de la production tels que coût et tirage ? Pour l’instant, il n’est pas possible de chiffrer les coûts. Dans les archives à Herrnhut, on a pu identifier la matrice (Urschrift), exemplaire de base ayant servi à multicopier les textes, les années 1743 et 1760 marquent deux moments cruciaux dans l’histoire de l’Eglise morave13. Quant au « tirage », en réalité le nombre de séries plus ou moins intégralement copiées à la main, on peut affirmer qu’en 1747, il se situe autour de 40 exemplaires14, ce qui correspond exactement au tirage des feuilles à la main de Halle (Hallische Korrespondenz, 1704-171015), précurseur manuscrit des Halleschen Berichte, journal imprimé, un bestseller du monde protestant de langue allemande. Si un « tirage » aussi réduit risque de faire illusion, il cache cependant une entreprise de taille vu les dimensions de l’Eglise morave. La production est considérable : les six volumes de l’année 1757 totalisent 6500 pages16. Et en 1788, la production est comparable17.
Que Jüngerhausdiarium, respectivement Gemeinnachrichten se substituent à un journal est un fait corroboré par la définition du journal au XVIIIe siècle18. Les Wochen répondent à trois éléments sur quatre : actualité, périodicité, universalité (soit un segment constitué par une collectivité19), publicité.
Ce « réseau virtuel » s’insère dans un paysage journalistique d’une richesse et d’une variété sans pareil en Europe. Le lecteur allemand dispose d’une gamme de périodiques spécialisés sans précédent, en premier lieu dans le domaine théologique20. Piétiste, Zinzendorf, apparemment effrayé par la presse périodique quelle qu’elle soit, a rechigné à approuver les objectifs subsidiaires de la presse religieuse de son temps : loin de lui l’intention d’amadouer le public (Lettres édifiantes et curieuses des Jésuites), de collecter des fonds comme les Missionsberichte21 de Halle ou d’entrer dans la polémique, à l’instar des Nouvelles ecclésiastiques, une véritable machine de guerre22. En subodorant partout les agressions du « monde », élément clef de la vision piétiste du monde, le leader morave a eu recours à un système de communication censé être à l’abri de toutes les contingences. Du reste, l’attitude qui se manifeste ici fut critiquée avec virulence par le méthodiste John Wesley qui dénonça la méditation (stillness)23, en tant que but de la sanctification personnelle morave.
Se pencher sur le fonctionnement du « réseau parallèle » est une tache peu aisée en raison de l’état de la recherche et de la documentation. Sont à signaler trois études sur la communication au sens moderne24. Quant à la documentation, elle est asymétrique, des témoignages épars sur le fonctionnement sont contrebalancés par une surabondance de Wochen (bon an mal an quelques 6000 pages, sur 80 ans). Certains aspects du « réseau parallèle » nous échappent complètement. Toutefois, il est possible d’en saisir le mécanisme. Voilà les ressorts. Ils sont de deux ordres, endogène et exogène.
Les raisons endogènes :
1. L’argument théologique, la sanctification
Le Diarium lu à l’occasion du Gemeintag sert à l’édification, qui se fait grâce à la synergie avec la prédication. Insérer le Diarium dans le calendrier liturgique lui confère une aura qui le met à l’abri de toute banalisation, antidote aux effets corrosifs de la curiositas. Ceci est d’autant plus vrai que d’un côté les traités théologiques sont véhiculés, dès le XVIe siècle, par la lecture à haute voix25 et que de l’autre, au XVIIIe siècle, le public touché par ce genre de littérature chrétienne change totalement de goût ; le public, d’abord, vers 1740, grand abonné des traités chrétiens, a, vers la fin du siècle, fini, par les déserter aux profit des belles lettres, en un mot le rapport 4/5 à 1/5 s’inverse durant un demi-siècle26.
2. L’argument historique
La Réforme a créé un nouveau rapport à la Bible. Du coup, l’imprimé est revalorisé, notamment par certains groupements, dits l’aile gauche de la Réforme. Par rapport au poids accordé à l’écrit, le fait que le Jüngerhausdiarium soit lu à haute voix a de quoi nous étonner.
3. Le raisonnement psychologique
A l’instar de la presse écrite du temps, son pendant, le « réseau parallèle » procède d’un choix : mettre à disposition une information objective sur la vie religieuse du groupe, expurgée d’arcanes, une pratique courante au XVIIIe siècle.
4. L’argument politique
D’une part, les établissements appelés « places », sont disséminés dans le monde protestant tant en Europe qu’en Amérique, d’autre part, existe un réseau de « sociétés » très dense en Europe. La direction, soucieuse de diffuser des informations spécifiques, doit toujours mettre en adéquation impératifs d’une institution opérant sur le plan intercontinental et moyens de communication. N’oublions pas que August Hermann Francke, directeur du célèbre orphelinat à Halle, débordé par ses taches administratives, appelle de tous ses vœux un journal, la Hallesche Zeitung27.
Voici les arguments exogènes :
1. Les instances de contrôle
Techniquement parlant, une nouvelle expédiée sous forme de feuille manuscrite équivaut à une lettre privée. Cette astuce permet de contourner les obstacles légaux en Saxe tels que privilège et censure28. Par ailleurs, une feuille manuscrite est plus difficile à contrôler que la presse écrite, et, a fortiori, encore plus difficile à censurer.
2. La frilosité
Au temps de son séjour à Herrenhaag, Zinzendorf, de plus en plus méfiant à l’égard des Lumières, échaudé par les folliculaires et las de la « chicane », prend visiblement ses distances. Voilà un paradoxe : une information liée à la communication est appelée à changer de fonction. Elle est en quelque sorte déviée, anoblie grâce à sa place, devenue partie intégrante de la « méditation ». Soumettant la réception des Nachrichten à cette condition, il évite en même temps un autre piège, celui de se porter victime éternelle, phénomène désigné en italien par le terme de « vittimismo ». Bref, les Moraves rechignent à envisager leur vécu collectif sous l’aspect d’un « martyrologe », une leçon administrée par leurs leaders29.
3. La maniabilité : « feuilles écrites »
Rétrospectivement, aux yeux de l’historien, recourir à des « feuilles à la main » a un parfum passéiste. Le journal manuscrit, né au XVIe siècle et alors appelé « bulletin »30, retrouve deux siècles après, guerre de Sept Ans aidant, une nouvelle jeunesse grâce à des entrepreneurs allemands. Ce revenant est alors confectionné dans les grandes villes de l’Empire germanique en complément à la presse écrite.
Sans anticiper sur les études relatives au public des Wochen et à leur réception on peut retenir ceci. C’est un fait avéré qu’au gré des régions, le statut juridique des Moraves varie grandement. Les membres vivant en Europe centrale sont alphabétisés, c’est la réunion de citoyens libres : à côté d’une poignée de nobles et de quelques paysans, la grande majorité est constituée d’artisans et de manœuvres. Ailleurs, le contraste ne pourrait être plus marqué. Dans les pays Baltes, en Estonie et en Lituanie, la communauté a recruté des paysans attachés à la glèbe et dans les Caraïbes et en Amérique du Sud (Sainte Croix, Saint Thomas et Suriname) des esclaves noirs. Ce manque d’homogénéité sociologique aurait dû embarrasser la direction. Au contraire, on constate que la proclamation des Gemeinnachrichten à haute voix a l’avantage de mettre tous les membres sur pied d’égalité. L’obstacle fut contourné grâce à un autre lien qui réunit tous les Moraves : la catégorie des frères et sœurs admissibles à la Cène (Abendmahlsgeschwister31), dernier degré de l’appartenance à la communauté.
L’établissement de Herrnhut fait partie d’une minuscule seigneurie. Elle bénéficie d’un état de droit. En outre la population a conclu une « convention fraternelle », stipulant les droits et les obligations de chaque membre, et les autres « places » vont suivre sur cette voie. Force est de constater que cet acte fondateur présuppose un engagement réciproque. Voilà une survivance du droit germanique appelé Genossenschaftsrecht (droit des obligations), toujours en vigueur dans quelques cantons helvétiques qui pratiquent la Lansgemeinde.
Si l’on met en parallèle l’image que les Moraves ont d’eux-mêmes et celle répandue dans le public éclairé, on se rend compte du gouffre vertigineux qui sépare les deux perceptions. Au milieu du siècle, les Moraves sont acculés à des événements particulièrement affligeants : la mort de Zinzendorf est une nouvelle qui se fraie un chemin dans l’Encyclopédie32 :
Le comte de Zintkendorf (sic) patriarche ou chef des frères unis, étant décédé au mois de Mai 1760, fut inhumé à Erngut [Herrnhut] en Lusace avec assez de pompe, mais sans aucun appareil lugubre ; au contraire, avec des chants mélodieux & une religieuse allégresse.
Par ailleurs, même problème d’image avec le massacre des Indiens perpétré à Gnadenhütten/Ohio (en 1755) 33, la destruction et le pillage de Sarepta lors de la révolte de Pougatchev (1774) 34, un avant-poste pour évangéliser les « Kalmoucks », établi dix ans plus tôt au bord de la Volga, près de Volgograd. Pour un groupement religieux habitué à se scruter à l’aune de la « grâce » (der Gnadengang) l’intrusion de la guerre dans les « places » est une épreuve existentielle35.
On devrait s’attendre à ce que l’image transmise au public soit réfractée en miroir. La réévaluation de l’Eglise morave amorcée par l’Aufklärung allemande, de Lessing via Herder à Goethe, passe de la compréhension à l’empathie. Leur nom l’atteste, « les méditatifs dans le pays » (die Stillen im Lande). Dans ce cas perception de soi et perception d’autrui sont en corrélation. Seulement, en dehors des cercles intellectuels allemands, c’est une autre image qui domine. De nombreux voyageurs visitent les « places », même des têtes couronnées tels que Christian IV à Zeist, Georges III et la reine Charlotte à Fulneck dans le Yorkshire, Joseph II et Alexandre Ier à Herrnhut. L’« industrie » (Fleiss) des Moraves est notoire à tel point que la direction a reçu une cinquantaine d’offres à implanter des « places ». L’offre la plus exotique vient du Caucase, le « csar de Grosny », Heraklius, suite à une visite à Sarepta, sollicite la venue de 200 moraves… 36
Bien entendu, pareilles visites sont également consignées dans les Wochen et mises en circulation alors que négociations et appréhensions de la direction n’ont pas droit au chapitre. Cette information asymétrique contribue à déformer l’impact de la nouvelle. En un mot, perception de soi et perception d’autrui, à savoir « méditation » et « industrie » constituent des représentations collectives qui ont du mal à se rejoindre.
Dans la dernière décennie de la vie de Zinzendorf, on constate un infléchissement dans le domaine de la communication. Sa réticence à l’égard des réseaux existants de la presse, son scribe et secrétaire David Cranz37 a su la surmonter pour fournir une image authentique de la communauté. Le Zeremonienbüchlein de 1757 marque un tournant. Une brève description de la constitution de l’Eglise morave offrant une nouvelle image des Moraves, ouvre une nouvelle ère. Nous voilà au début d’une série de travaux historiographiques, ouvrages à succès, traduits souvent en quatre langues (hollandais, anglais, danois et suédois). Le successeur de Zinzendorf a accompli la lourde tâche de rédiger une biographie en érigeant un monument de 2258 pages en 6 volumes, intitulé Leben des Grafen von Zinzendorf (Barby 1773-1775)38. Cependant, à l’approche de la Révolution, la direction est crispée. C’est l’historien de l’île Saint-Thomas, Oldendorp, qui en fait les frais : manuscrit comprimé à un sixième, auteur flanqué d’un collaborateur de quoi froisser l’orgueil de l’auteur39.
L’Unité des Frères, amorçant une ouverture vers les non-Moraves, essentiellement pasteurs et « éveillés », change nécessairement de caractère. Nouer des contacts avec les sympathisants finit aussi par susciter des convoitises. Dans le cas des Gemeinnachrichten, cela pose problème. Faut-il ou non les divulguer ? Si oui, même procéder à leur impression ? En 1758, la conférence sur la « diaspora » se décide à procéder à un échange des Gemeinnachrichten40. Mais le synode de 1764 sera hostile à mettre sous presse les Nachrichten ne serait-ce à distribuer aux seuls membres de l’Unité des Frères41.
Face à la demande extérieure en forte croissance, la direction a dû légiférer et le fait en coupant la poire en deux : l’ouverture, oui, un changement de caractère, non. Moyennant un acte administratif (Revers), elle reconnaît implicitement l’existence de deux catégories de bénéficiaires : public traditionnellement réuni lors du Gemeintag et abonnés lecteurs du journal. Désormais, ces derniers doivent donner des gages : la promesse de ne pas les communiquer, ni d’en faire un extrait et d’éviter tout usage abusif. Pragmatiques, les dirigeants s’efforcent de concilier nouvelle donne et but originel, spécifié dans le rescrit : « édification personnelle » (die Privat-Erbauung42).
L’obligation faite aux lecteurs non-moraves de rendre les feuilles après lecture, déjoue le marché, il faut savoir qu’en France les abonnements à des feuilles manuscrites sont sujets à la spéculation, un spécialiste taxe leur prix prohibitif « d’impôt sur le snobisme »43. En outre, il résulte de la diffusion à deux catégories distinctes que du coup la différence entre imprimé et manuscrit s’estompe. C’est par le biais du rescrit que les Gemeinnachrichten accèdent au statut de journal manuscrit, comparable à la feuille à la main, même si elles ne s’adressent qu’à un public sélectionné.
Quant au système de la diffusion différenciée, en vigueur depuis 1751 au plus tard, il s’agit de toute façon d’un principe inhérent à une administration chargée d’un courrier abondant.
En 1760, durant la guerre de Sept Ans, une série identique est expédiée à Neuwied, Bâle et Bethléhem/Pennsylvanie, il se trouve que les nouvelles touchant la France, la Suisse et les régions occidentales y ont été systématiquement élaguées pour échapper à des lecteurs incongrus. Le procédé est ingénieux, car comment déceler des coupures dans un « journal » dénué de pagination et d’index ? Rappelons qu’au passage, la feuille, lors d’un crochet de Bâle à Strasbourg, était appelée à traverser une douane fouineuse…
Diffuser un journal c’est une façon de maîtriser espace et temps. Une étude récente permet de retracer le flux de la communication de la source américaine aux destinataires européens. Quant aux lettres personnelles ou aux Diarii, leur trajet sur le continent américain prend parfois plus de temps que le passage à travers la mer. En moyenne, une lettre met deux mois pour arriver de Bethléhem/Pa à Schönbrunn, et le double de Barby à Bethléhem, Pa44. De même, un envoi circulant à l’intérieur de la Suisse met jusqu’à six mois pour atteindre les derniers recoins dans les Grisons45, toujours en suivant les lignes postales. Aux dires d’un chroniqueur contemporain, les nouvelles véhiculées par la presse écrite en Allemagne voyagent rapidement.
De cette façon, nous sommes en mesure dans six semaines au plus à faire un syllogisme à chaque extrémité de l’Allemagne, dont l’une des prémisses doit être cherché à Lisbonne, l’autre à Varsovie46.
Le « réseau parallèle » a beau fonctionner plus lentement que la presse écrite du temps, l’inconvénient n’est que relatif car contrebalancé par deux atouts majeurs : une diffusion ciblée et un minimum de déperdition.
Pourrait-on imaginer un réseau de communication complètement indépendant des réseaux alors existants, par exemple des artisans autosuffisants ou une économie autarcique tout comme un compositeur de l’envergure de Jean-Sébastien Bach, dont la musique incarne le piétisme, mais complètement coupé des théories musicales de son temps ?47 A l’évidence, les interférences sont nombreuses. En ce qui concerne les Moraves, ils sont partie prenante dans plusieurs réseaux : le réseau économique et financier reliant la plus grande manufacture saxonne, Dürninger, le premier contribuable en Saxe, à Saint-Petersbourg48. Quant au réseau de la presse écrite, il est habilement exploité par l’ébéniste David Roentgen49 ; même au bord de la Volga, à Sarepta, il est indispensable50 et on peut aussi invoquer le réseau scientifique51 et même celui des francs-maçons52. Nul doute, ni direction, ni artisans dans les « places » ne pourraient se passer de la presse écrite.
Au moins théoriquement, l’inverse serait imaginable, l’Unité des Frères agissant en tant que groupe de pression auprès de la presse écrite. Un fait inhabituel est attesté. Le diariste de Zeist a consigné deux textes sur la visite du roi de Danemark et la version abrégée53 porte le titre officiel de l’Eglise morave. Un usage de ce texte en dehors de la communauté n’est donc nullement à exclure. Voici comment le même événement est « couvert » par le Journal de Leyde : « [le roi de Danemark] a vu l’après-midi [28 juin 1768 à Utrecht] tout ce qu’il y a de plus remarquable54 ». Pour la presse, il s’agit alors d’un non-événement… Il est à relever que James Hutton, en bonnes relations avec Lord Shelbourne, ministre des affaires étrangères, commit une petite ‘trahison’ grâce à la communication d’un pan des Gemeinnachrichten relatives à la visite de Joseph II à Herrnhut55.
Lorsque l’abbé de Kladrau, qui préside à la plus importante abbaye bénédictine en Bohème, exemple précoce d’église néo-gothique sur le continent, s’engage à une polémique contre Herrnhut, il rabat des clichés anciens tout en les accusant d’être de « faux martyrs ». En même temps il prend acte du fait que les amis de cette « place », plusieurs milliers, ont droit aux Gemeinnachrichten56. Spangenberg lui rétorque avec candeur que, pour se faire un jugement sur l’Unité des Frères, il suffit de lire des publications authentiques : « Nous [les Moraves] parlons et écrivons en public »57. Ce geste est d’autant plus frappant que le piétiste fait ainsi écho à Bayle.
Cette communauté d’esprit n’empêche pas un désaccord de fond sur le plan de la sociabilité. Bien entendu, enfants de leur temps, les Moraves, qu’ils vivent en communauté ou de façon disséminée, participent aux aspirations de leur époque tout en poursuivant des objectifs à part. Comparer sociabilité morave et sociabilité éclairée nous aide à comprendre la différence. Si la sociabilité éclairée a fait l’objet d’études précises, on ne peut pas dire la même chose du socle de la société. En bas de la pyramide des associations éclairées, on trouve la société de lecture, le seul endroit à admettre artisans et femmes (resp. 7 et 3 %)58. Voilà le vivier dans lequel les Moraves recrutent leurs forces les plus vives. De toute façon, la sociabilité morave est nourrie d’une utopie, celle de l’égalité chrétienne. Au contraire des associations éclairées, chez les Moraves la critique se trouve tamisée et canalisée. Elle se trouve non généralisée mais confinée à des lieux propices au débat : la direction, l’atelier, les écoles, mais aussi, de façon institutionnelle, les instances participatives au sein de l’Eglise telles que « chœurs », commissions et synode. De cette façon « le venin de la polémique » ne trouve point son exutoire tant que l’identité collective est en cause. Le for intérieur est protégé de l’intrusion du « monde ». Ce qui rend pareille attitude paternaliste plausible est une coïncidence de circonstances particulières accompagnant la naissance de ce groupe religieux et d’un solide ancrage dans le tissu social de l’Empire germanique. Le corollaire est à chercher sur le plan de l’idéal collectif, car, à l’instar des piétistes, les Moraves préconisent la vie méditative, un idéal rejeté par les Lumières. Enfin, au moment où piétisme et Lumières se heurtent, période généralement appelée Spätaufklärung, deux théologiens s’efforcent de capter le courant en lançant une revue piétiste, Lavater et notamment Jung-Stilling. Ces tentatives, en dépit de leur caractère d’abord éphémère, sont néanmoins symptomatiques dans la mesure où ce projet né dans la Spätaufklärung vise à allier presse libre et édification59.
Concluons provisoirement. La Révolution française a sonné le glas tant des « places » dans leur forme historique que des Gemeinnachrichten. Voilà deux phénomènes trop indissociablement liées à une piété communautaire fort spécifique pour que l’on puisse espérer les voir survivre tels quels. En revanche, les efforts en vue d’ouvrir l’Unité des Frères et de la désenclaver ont porté des fruits et ils ont fini par garantir la pérennité de l’Unité des Frères. Cette dernière est devenu, au tournant du siècle, un ferment qui a puissamment contribué à renouveler l’Eglise protestante dans son ensemble, enfin à préparer le Réveil sur le plan européen. Dans ce processus, le « réseau parallèle » a certes joué un rôle non négligeable, étant un complément naturel à l’information imprimée sur l’Eglise morave. C’est un fait que les deux, Gemeinnachrichten et travaux historiographiques, tendent au même but. C’est contre le gré des dirigeants que la communication du « journal » morave aux non-Moraves a ouvert la porte à la sécularisation, mais ce fut le prix à payer pour frayer le chemin à l’acceptation sociale de la communauté.
A l’heure actuelle, les Gemeinnachrichten pris comme « réseau parallèle », constituent un front pionnier de la recherche. Sans vouloir anticiper sur les résultats de ces recherches, on peut d’ores et déjà constater leur efficacité : il a parfaitement joué son rôle. Le « réseau parallèle », qui nous donne tellement l’impression d’une fuite dans un espace en dehors des contingences, ne s’insère-t-il pas plutôt dans une tradition qui, précisément, remonte au temps de Luther ? En effet, à l’apogée de la Réforme existe une opinion publique qui n’est pas à confondre avec la nôtre, appelée par les historiens « reformatorische Offentlichkeit »60. Elle a deux traits caractéristiques : journal en forme de lettre et, fondamentalement, oralité de la communication, que ce soit sous forme de proclamation officielle ou de prédication. Les historiens, fixés sur la galaxie Gutenberg et prisonniers du credo que fait historique rime toujours avec une source (manuscrite ou imprimée), ont longtemps eu tendance à occulter cette forme de communication. A coup sûr, Zinzendorf innove tout en s’appuyant sur des survivances. Et pour se convaincre du poids de la communication orale à l’époque prérévolutionnaire, il suffit de lire le classique de Georges Lefèbvre La grande peur de 178961.
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1 Judith Butler, Excitable Speech. A Politics of the Performative, New York ; London, 1997.
2 « Büdische Sammlung », in N. L. Ludwig von Zinzendorf, Ergänzungsbände zu den Hauptschriften, vol. VIII, t. 1, (Reprint Hildesheim, 1965), éditorial en tête du vol. I de 1742.
3 Gottfried Mehnert, Evangelische Presse, Bielefeld, 1983, pp. 82-84 ; Thilo Daniel, « Zum Dressdnischen Sakrotas. Bemerkungen zu Zinzendorfs Dresdener Wochenschrift », in Unitas Fratrum, 1977, n° 41, pp. 53-74.
4 Michel Antoine, Le Conseil du roi sous le règne de Louis XV, Genève, 1970, pp. 121.
5 Les archives moraves à Herrnhut (Unitätsarchiv, abrégé U. A. H), dépositaires de la plus riche collection de Gemeinnachrichten, quelques 600 volumes, sont en train de reclasser ce fond. M. Karl Langerfeld a eu l’obligeance de m’en communiquer le résultat intermédiaire.
6 Margot Lindemann, Deutsche Presse bis 1815. Geschichte der deutschen Presse, Berlin, 1969, pp. 68. Voir aussi Gottfried Mehnert, Evangelische Presse. Geschichte und Erscheinungsform von der Reformation bis zur Gegenwart, Bielefeld, 1983, pp. 80.
7 Un bel exemple en est fourni grâce au manuscrit de Christlieb Suter, récemment publié par Otto Teigeler, Geschichte der Gemeine Sarepta 1765-1775, Herrnhut, 2003, annexe 4, pp. 351-353, (Beihefte der Unitas Fratrum, n° 8).
8 Pierre Berthiaume, L’aventure américaine au XVIIIe siècle. Du voyage à l’écriture, Ottawa, Paris, 1999, pp. 274-289.
9 Pour les sujets écartés dans les Missionsberichte, voir Daniel Jeyaraj, « Hallesche Berichte : Quelle zur Südindienkunde », in Missionsberichte aus Indien im 18. Jahrhundert, Halle, 1999, pp. 94-110, ici 95n.
10 August Spangenberg, Leben des Herrn … Zinzendorf, Barby, 1773-1775, 6 vol., t. 4, pp. 868, 475 ; Paul Peucker, Herrnhuter Wörterbuch. Kleines Lexikon von brüderischen Begriffen, Herrnhut, 2000, pp. 28.
11 Freiwillige Nachlese, Frankfurt ; Leipzig, [1739]. Voir Dietrich Meyer (éd.), Bibliographisches Handbuch zur Zinzendorf-Forschung, Düsseldorf, 1987, n° A 123.
12 Le neveu de Zinzendorf, Karl comte de Zinzendorf, âgé de 18 ans, découvre cette source d’information lors de ses études à Jena. Fait significatif, dans son journal tenu en français, il consigne chaque lecture du « Journal ». H. Wagner, M. Breunlich, M. Mader (éds.), Aus den Jugendtagebüchern, Wien ; Köln, 1997, pp. 114-161 ; « Le lecteur Herrmann nous lut [à Herrnhut] le journal des Barbuises [Berbice], … Ste Croix, … de S. Thomas… … Nachrichten, lus des Jüngerhaus Diarii, … den Anfang der 29sten Woche… Lu N 25. Beylage zur 48sten Woche … Continué les journaux de la Commune » (1.II.1757-24.X.1760).
13 Cote : U. A. H. G N F.
14 Gisela Mettele, Wanderer zwischen den Welten. Die Herrnhuter Brüdergemeine als Internationale Gemeinschaft 1760-1857, thèse ms., TU Chemnitz, 2003, pp. 130. Par contre, le bulletin imprimé à partir de 1819 sera au début tiré à 3000 exemplaires puis à 800.
15 Mehnert, Evangelische Presse, pp. 48, cité par Mettele, Wanderer, pp. 132.
16 O. Uttendörfer, « Aus Zinzendorfs Alltagsleben », in Mitteilungen aus der Brüdergemeine, (mai-juin) 1939, cahier 3, pp. 55-108, ici pp. 60.
17 U.A.H.R. 3.B.24.A.1. Selon un relevé de 1788 ont été produits « 484 1/2 cahiers » (Lagen), donc 5992 pages, et les frais remboursés par au moins 31 destinataires, à l’exclusion de la province britannique, voir « Rechnung über die Gemeinnachrichten vom Jahre 1788 ».
18 Lindemann, Deutsche Presse, pp. 131.
19 Wolfgang Behringer, Im Zeichen des Merkur. Reichspost und Kommunikationsrevolution in der frühen Neuzeit, (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instiutes für Geschichte 189), Göttingen, 2003, pp. 361.
20 Gottried Mehnert, Evangelische Presse, pp. 86-112.
21 Joachim Böhme, « Heinrich Julius Elers und die wirtschaftlichen Projekte des Hallischen Pietismus », in Jahrbuch der Geschichte Mittelund Ostdeutschlands, 1959, n° 8, pp. 131-186, ici pp. 163 sv. Martin Brecht, « A.H. Francke und der Hallische Pietismus », in Geschichte des Pietismus, t. 1 ; Der Pietismus vom 17. bis zum frühen 18. Jahrhundert, Göttingen, 1993, pp. 440-539, ici pp. 529.
22 Nadine Hamadene, Dictionnaire des Journaux, Paris, 1991, t. 2, pp. 731-741, notice 814 ; Catherine Maire, De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Le jansénisme au XVIIIe siècle, Paris, 1998, pp. 114-162.
23 Gary Kinkel, « The Big Chill. The Theological Disagreement which Separated John Wesley and Count Zinzendorf », in Unitas Fratrum, [ ? ], 1990, n° 27 ; n° 28, pp. 89-112.
24 Carola Wessel, « The Net of Communication among the Moravians as Exemplified by the Interaction between Pennsylvania, the Upper Ohio, and Germany (1772-1774) », in The Distinctiveness of Moravian Culture. Essays and Documents in Moravian History in Honor of Vernon H. Nelson on his Seventeenth Birthday, (éd. C.D. Atwood, pp. Vogt, Nazareth/Pa), Moravian Hist. Soc. Publ., 2003, pp. 153-172. Gisela Mettele, Wanderer zwischen den Welten ; Geoffrey Stead et Margaret Stead, The Exotic Plant. A History of the Moravian Church in Britain, 1742-2000, Peterborough, 2003, pp. 351-376.
25 Reinhard Wittram, Geschichte des deutschen Buchhandels, München, 1999, pp. 76 et sv.
26 Gerhard Krause, « Erbauung II (Theologiegeschichtlich und praktisch-theologisch) », in Theologische Real-Enzyklopädie, 1982, n° 10, pp. 27.
27 Martin Brecht, « A.H. Francke und der Hallische Pietismus », in Geschichte des Pietismus, Götti ngen, 1993, t. 1, pp. 440-539, ici 485.
28 Agatha Kobuch, Zensur und Aufklärung in Kursachsen, Weimar, 1988, pp. 26-32.
29 Zinzendorf, Erster Versuch zu einem Chronico der Kirchen-Tage […] i.e. der Vierten grossen Epocha der Kirche Gottes… zum Gebrauch der Brüder-Schulen, Barby, 1757, p. ii, préface, et pp. 160 ; August Spangenberg, Anmerkungen zu […] Sexstetters Schrift […], Prag ; Wien, 1784, pp. 18 et sv.
30 Ludwig Salomon, Geschichte des Deutschen Zeitungswesens, Oldenburg ; Leipzig, 1908, t. I, pp. 170-175.
31 Peucker, Wörterbuch, pp. 11. Une fois qu’un membre est officiellement reçu à la communauté, son admission à la Cène en est la deuxième étape.
32 Art. « moraves » ou « freres unis », signé Faiguet, trésorier de France, in Encyclopédie, t. 10, 1765, pp. 704-706, (reprint Stuttgart, Bad Cannstatt, 1966). L’auteur de l’article dit avoir visité la « place » de Zeist.
33 David Cranz, Alte und Neue Brüder-Historie, Barby, 1772, pp. 674. – Il s’agit d’un prélude au massacre perpétré en 1788 à Gnadenhütten où 90 Indiens trouvèrent la mort.
34 J.T. Hamilton, K.G. Hamilton, History of the Moravian Church, Bethlehem, 1983, pp. 189.
35 Dieter Gembicki, « Vom kairos zum chronos : Zeitauffassung im pennsylvanischen Bethlehem », in Unitas Fratrum, 1993, n° 33, pp. 93-95.
36 Alexander Glitsch, Geschichte der Brüdergemeine Sarepta im östlichen Russland während ihres hundertjährigen Bestehens. Nach archivalischen Quellen bearbeitet, Nisky, 1865, pp. 223, ann. Voir aussi U.A.H.R.15.R.I.1.5. Comm. de M. Karl-Eugen Langerfeld.
37 Holger Finze-Michaelsen, « ‘Die Sache des Heilands’. David Cranz (1723-1777). Sein Leben und seine Schriften », in Unitas Fratrum, 1997, n° 41, pp. 75-108.
38 Pour une évaluation critique de cette biographie, voir Dieter Meyer, « Das Bild Zinzendorfs nach seinem Tod », in Graf ohne Grenzen. Leben und Werk von N. L. Graf von Zinzendorf, Herrnhut, 2000, pp. 145-151.
39 C.G.A. Oldendorp, Historie der caribischen Inseln Sanct Thomas, Sanct Crux und Sanct Jan, Kommentierte Ausgabe, éd. G. Meier, St. Palmié, H. Ulbricht, Dresden, 2000, I, 22 (Ab-handlungen und Berichte des Staatlichen Museums für Völkerkunde Dresden, t. 51, monographies 9,1). Voir aussi Peter Stein, « C.G.A. Oldendorps Historie als Enzyklopädie einer Sklavengesellschaft der Karibik im 18. Jahrhundert », Das Europa der Aufklärung und die aussereuropäische Welt, (éd. H.J. Lüsebrink), Saarbrücken, 2001, à paraître.
40 Hamilton Hamilton, History, pp. 113.
41 U.A.H. Synode général de 1764, 34e séance, transcription dact. par Elke Pietz, t. 2, pp. 110.
42 U.A.H.R3BN°25.6 : Reverse für die Gemeinnachrichten, 1774
43 François Moureau, « La plume et le plomb », in De bonne main. La communication manuscrite au XVIIIe siècle, (éd. F. Moureau), Paris ; Oxford, 1993, pp. 5-16 ; François Moureau (éd.), Répertoire des nouvelles à la main, Dictionnaire de la presse manuscrite clandestine (16e-18e siècle), Oxford, 1999.
44 Carola Wessel, « The Net of Communication… », pp. 164 et sv.
45 Fiche de circulation, Jüngerhausdiarium. Archives moraves Bâle.
46 « Uber das Postwesen in Teutschland, dessen Geschichte, Rechte und Mängel », in Ernst Ludwig Posselt (éd.), Wissenschaftliches Magazin für die Aufklärung, (1785), t. 1, pp. 298, cité par Behringer, Im Zeichen des Merkur, pp. 672.
47 Theodor W. Adorno, « Bach défendu contre ses amateurs », in Prismes. Critique de la culture et société, Paris, 1986, pp. 115-126.
48 Philipp Guntram, « Wirtschaftsethik und Wirtschaftspraxis in der Geschichte der Herrnhuter Brüdergemeine », in Unitas Fratrum – Herrnhuter Studien, éd. M.P. van Buijtenen etc., Utrecht, 1975, pp. 401-463, ici 420.
49 C’est par le biais d’annonces que l’ébéniste de Neuwied prépare son marché, voir Rainer Lächele (éd.), « Vom Schreinergesellen zum Geheimen Rat. David Roentgen – Herrnhuter und Ebenist », in Das Echo Halles. Kulturelle Wirkungen des Pietismus, Tübingen, 2001, pp. 93-114, ici pp. 108.
50 Suter, « Les frères accusent réception de journaux venus de Hamburg et d’Erlangen » in Sarepta, annexe 6, pp. 355.
51 Bericht aus Sarepta, 9 fév. 1779, signalé dans : Urs Boschung et al., (éds.), Repertorium zu Albrecht von Hallers Korrespondenz 1724-1777, Basel, 2002, 2 vol., t. 1, p. 625, A 185 (Studia Halleriana VII). Dans le piétisme radical, des contacts scientifiques épistolaires sont fréquents, par exemple à Ephrata/Pa : E.G. Alderfer, An Early American Counterculture, Pittsburgh, 1985, pp. 162, et à Heinchen près de Siegen, Michael Knieriem, Johannes Burkart, Die Gesellschaft der Kindheit Jesu-Genossen auf Schloss Hayn, Hannover, 2002.
52 Gottlieb Adolph Schleyermacher, père du célèbre théologien éduqué à Niesky, participe à la réforme d’une loge. Kurt Nowak, Schleiermacher und die Frühromantik, Göttingen, 1986, pp. 58.
53 Relation de la visite du roi de Danemark, 12 juin 1768, 2e version. Gemeindiarium, Rijksarchief, Utrecht PA II R 5, 16, cote actuelle 1209.
54 Journal de Leyde, réédition de Genève, 1er juillet 1768. Zinzendorf affirmait ne pas lire ce journal, pourtant le plus lu dans l’Empire germanique (Salomon, Geschichte, pp. 116 sv.).
55 David Benham, Memoirs of James Hutton, London, 1856, pp. 417.
56 Aegidii Sexstetter, Beyträge zur böhmisch-mährischen Brüderhistorie, Prag, 1781, pp. 223.
57 Augustus Gottlieb Spangenberg, Anmerkungen zu … Aegidii Sexstetters Schrift gegen die … Brüder von Herrnhut, Prag ; Wien, 1784, pp. 56.
58 Holger Zaunstöck, Sozietätslandschaft und Mitgliederstrukturen. Die mitteldeutschen Aufklärungsgesellschaften im 18. Jahrhundert, Tübingen, 1999, pp. 176, ici pp. 734. L’auteur a le mérite d’avoir jaugé la vie des sociétés éclairées en « Mitteldeutschland », reste le socle à explorer : tant les groupes réfractaires aux Lumières que les illettrés.
59 Horst Weigelt, « Der Pietismus im Ubergang vom 18. zum 19. Jahrhundert », in Geschichte des Pietismus, Der Pietismus im 18. Jahrhundert, éd. M. Brecht, Paul Deppermann, Göttingen, 1995, t. 2, pp. 701-754, ici pp. 734. (Mehnert, pp. 120).
60 Rainer Wohlfeil, « Reformatorische Offentlichkeit », in L. Grenzmann, K. Stack-Mann (éds.), Literatur und Laienbildung im Spätmittelalter und in der Reformationszeit, Stuttgart, 1984, pp. 41-52 ; Heike Talkenberger, « Kommunikation und Offentlichkeit in der Reformationszeit. Ein Forschungsreferat 1980-1991 », in Internationales Archiv für Sozialgeschichte der Literatur, 6. Sonderheft, Forschungsreferate, 3. Folge, 1994, pp. 1-26. Il est à rappeler que depuis le XVIe siècle, l’édification religieuse dans les deux camps, se fait par le biais de la lecture à haute voix, Reinhard Wittmann, Geschichte des deutschen Buchhandels, München, 1999, pp. 76-78.
61 Georges Lefebvre, La grande peur de 1789, Paris, 1988, pp. 89-96, (1re éd. 1932). Voir aussi Gilles Feyel, La presse en France des origines à 1944. Histoire politique et matérielle, Paris, 1999, pp. 33. Au XVIIIe siècle, la lecture de journaux se fait couramment à haute voix en Allemagne, voir sur ce point, Irene Jentsch, Zur Geschichte des Zeitungslesens in Deutschland am Ende des 18. Jahr-hunderts. Mit besonderer Berücksichtigung der gesellschaftlichen Formen des Zeitungslesens, Diss. Leipzig, 1937, pp. 63, 116-118. Même à Londres, un eldorado du marché journalistique à l’époque prérévolutionnaire, la coutume de lire les nouvelles du quotidien à haute voix est fort répandue. Hannah Barker, Newspaper, Politics, and Public Opinion in Late Eighteenth-Century England, Oxford, 1988, pp. 27-29.