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Presse périodique, intellectuels et opinion publique sous la Restauration

La Revue Encyclopédique (1819-1831)

Barbara REVELLI

EHSS

En janvier 1819, paraissait le premier cahier de la Revue Encyclopédique1. Dans ce contexte politique difficile de l’Europe des nations et des nationalismes, Marc-Antoine Jullien de Paris2, directeur de la Revue Encyclopédique, assumait la tâche ardue de réaliser et de diriger un ouvrage périodique où l’encyclopédisme et le cosmopolitisme ne voulaient pas être métaphore d’une liberté intellectuelle apatride, mais plutôt expression d’une liberté de communication mise au profit du progrès des nations. Le nouveau périodique devait trouver sa raison d’être dans la communication entre les savants des différentes nations et continents. Il s’agissait donc d’un projet ambitieux qui demandait la formation d’un groupe de collaborateurs soudés autour des mêmes valeurs. C’est, en 1819, dans la lettre A MM. les collaborateurs et Correspondans de la Revue Encyclopédique, en France et dans les pays étrangers, que la rédaction de la nouvelle revue parisienne dévoile les premiers jalons de son idée de réseau :

Enfin, Messieurs, secondés par vos efforts, par vos conseils, par votre zèle éclairé, nous espérons que la Revue Encyclopédique, devenue avec le tems un point de réunion pour les hommes voués à la culture des sciences et des lettres, pourra présenter, dans le courant de chaque année, un tableau assez fidèle de l’état actuel des connaissances humaines chez les différentes nations. Ce rapprochement et cette comparaison des éléments de la civilisation, plus au moins favorisés dans chaque pays, feront peut-être apercevoir des vérités importantes et pratiques qui donneront naissance à des nouveaux progrès3.

« Restaurer » la liberté de la presse

La Revue Encyclopédique commençait sa longue carrière au moment du débat sur l’abolition de la censure préalable de la presse.

Lorsque le samedi 24 octobre 1818, dans la Bibliographie de la France ou journal général de l’imprimerie et de la librairie4, était annoncée la publication du Prospectus d’un nouveau périodique mensuel intitulé Revue Encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et le arts, en France, depuis quelque semaine, semblait souffler un nouveau vent de liberté. Le 9 octobre 1818, la nation française avait marqué son premier succès diplomatique depuis l’humiliation subie au Congrès de Vienne. La délégation française rentrait d’Aix-la-Chapelle avec la garantie de la Sainte Alliance que les troupes étrangères auraient quitté la France le 30 novembre de la même année.

Il s’agissait d’un événement aux conséquences très positives pour la presse française. L’opinion publique et le débat idéologique, finalement délivrés de la pression du chantage diplomatique, retrouvaient une nouvelle énergie. La presse, à gauche comme à droite, malgré les limites imposées par la censure préalable, se réappropriait l’espace public. Sur fond de ce succès diplomatique du gouvernement français, les libéraux remportent une première grande victoire aux élections pour le renouvellement d’un cinquième des députés, en conquérant une quarantaine de sièges. Il ne s’agissait plus pour le gouvernement d’une minorité négligeable. En janvier 1819 un nouveau ministère voyait le jour. La grande nouveauté résidait dans l’entrée des doctrinaires au conseil. Parmi eux, Hercule de Serre, qui, en tant que ministre de la justice, en janvier 1819, inaugurait les travaux pour l’élaboration d’une réforme sur la liberté de la presse. Ratifiée définitivement en mai 18195, la nouvelle législation reposait sur l’idée que la presse était un facteur essentiel du progrès de la société. Si jusqu’à présent l’opinion publique avait été considérée comme extérieure à la sphère du pouvoir et comme la résultante du rapport de force entre l’Etat et la société civile, le moment était venu pour que ce gouvernement prenne finalement acte du rôle fondamental que la communication jouait dans la société française et européenne. La presse devait devenir l’instrument privilégié de la communication entre un gouvernement et sa nation, ainsi qu’entre les différentes nations.

C’était bien dans cet esprit que Jullien et ses collaborateurs inauguraient les travaux de la Revue Encyclopédique. A première vue, le titre et la structure de la Revue Encyclopédique renvoyaient le lecteur au genre traditionnel de la presse littéraire, à un organe de culture qui était essentiellement destiné à informer un public plus au moins érudit de toutes les nouveautés bibliographiques. Ce qui ne voulait pas dire qu’il s’agissait d’un périodique politiquement désengagé. Mais là où les journaux et les feuilles de propagande scandaient l’actualité et entretenaient la polémique, le mensuel pouvait mieux saisir la tension dialectique qui était à la base de la perfectibilité de l’homme et de la société. Pour les rédacteurs de la Revue Encyclopédique, la sphère intellectuelle et celle de la politique étaient indissolublement associées. D’où le choix de suivre « avec précision et avec fidélité, la marche et les progrès successifs des connaissances humaines, dans leurs rapports avec l’ordre social et son perfectionnement, qui constituent la véritable civilisation »6 plutôt que de se laisser entraîner dans le tourbillon des passions. La lutte pour le progrès de l’esprit humain, dès lors qu’elle s’inscrivait dans une perspective de longue durée, pouvait, selon Jullien et ses collaborateurs, ouvrir la voie à une nouvelle « époque ».

Une encyclopédie pour terminer la Révolution

La structure dynamique que Jullien voulait imprimer à la Revue Encyclopédique trouvait son fondement dans la grande question qui depuis vingt ans hantait la société française : comment terminer la Révolution ? Il s’agissait d’une question difficile à résoudre et qui concernait personnellement Marc-Antoine Jullien. Le projet de la Revue Encyclopédique portait en lui le signe indélébile du passé politique de son fondateur. Depuis 1795 Jullien essayait désespérément de s’affranchir des ombres d’un passé politique qui l’avait vu agent du Comité de salut public en Vendée pendant la Terreur7. Incarcéré après le 9 Thermidor et amnistié en automne 1795, Jullien s’apprêtait à suivre un parcours qui lui vaudra souvent le reproche d’opportunisme politique8. Réfugié en Italie sous le coup de l’accusation de collaboration à la conjuration de Babeuf ; Secrétaire Général du Gouvernement provisoire de Naples en 1799 ; rallié au Premier Consul après le coup d’Etat du 18 brumaire ; opposant au Consulat à vie et à l’Empire ; à nouveau partisan de Bonaparte pendant les Cent-Jours. Enfin, un parcours qui, dès 1815, faisait de Jullien la cible idéale des royalistes ultras. Mais Jullien se défendait. Ce qui pour certains tenait de l’opportunisme politique, pour lui tenait, au contraire, de la cohérence intellectuelle adaptée aux circonstances9. Chacun de ses choix avait été toujours dirigé, selon lui, par un seul principe : défendre la liberté du peuple et les droits constitutionnels de la nation10. Exclure la Révolution de la Restauration aurait donc voulut dire replonger la France dans l’obscurité. Tout mouvement progressif de l’histoire n’était que le produit d’une tension dialectique qui ne pouvait pas exclure le mal. L’histoire n’est qu’un enchaînement. Chaque époque porte en elle quelque chose des précédentes et de celles qui suivent. Dans cette vision, les révolutions et les guerres devenaient des obstacles positifs et essentiels à la marche et aux progrès de la raison humaine. C’était dans ces obstacles mêmes qu’il fallait chercher les « élémens de création et de succès »11 de chaque époque et société. Le gouvernement de la Restauration ne devait donc pas devenir le symbole de l’échec de la Révolution. La monarchie restaurée devait, au contraire, se montrer capable de devenir l’héritière légitime de 1789.

Or, comme l’écrivait Marc-Antoine Jullien en 1819 dans une lettre à Thomas Jefferson, pour terminer de manière positive la Révolution il fallait faire appel à cette partie éclairée de la nation française qui comprenait que face à son passé révolutionnaire il fallait apprendre à être la résultante de ses différentes parties unies par le but commun de préserver et de rendre durable la liberté constitutionnelle. Julien écrivait :

Malgré les dissensions civiles, les oppositions sanglantes, les fureurs des factions, les crimes des passions déchaînées, les perfidies et les complots de l’aristocratie expirante, les excès de la licence et de l’anarchie qui veulent usurper le masque et le nom de la liberté, les attentats du despotisme militaire qui vont en imposer à l’opinion par l’éclat des conquêtes et par les illusions d’une fausse gloire ; la France, forte d’une masse d’hommes éclairés, persévérans dans leurs efforts, répare peut à peut ses pertes, ses malheurs et même ses fautes, et réussit à fonder lentement, mais d’une manière durable, sa liberté constitutionnelle12.

La nation française pouvait donc trouver un modèle dans l’esprit philosophique et dans l’unité baconienne qui étaient à l’origine du projet de la Revue Encyclopédique. Tout projet, intellectuel ou politique, ne pouvait donc trouver sa réalisation que dans un nouvel esprit de coopération. C’est précisément à cette idée de coopération que Jullien faisait appel pour réaliser la Revue Encyclopédique. En quelques années, Jullien parvenait à rassembler autour du périodique parisien parmi les plus illustres représentants du vaste et hétérogène mouvement libéral européen et américain. Simonde de Sismondi, Benjamin Constant, Jean Baptiste Say, Jeremy Bentham, Thomas Jefferson, l’abbé Grégoire, Charles Dunoyer, Francesco Saverio Salfi, Alexandre de la Borde, trouvaient dans la Revue Encyclopédique un espace d’échange et de débat. Il s’agissait d’hommes aux parcours politiques parfois différents, mais qui étaient unis par les mêmes valeurs de liberté et de progrès.

L’esprit de communication et de coopération dont la Revue encyclopédique se faisait le porte-parole, trouvait dans la correspondance son premier support. En tant que directeur de la revue, Jullien employait la plus grande part de son temps à la gestion des relations avec ses collaborateurs13. Les 230 lettres regroupées jusqu’ici nous permettent de faire une radiographie des démarches intellectuelles et commerciales qui étaient à la base de chaque correspondance. Si la lettre ouverte adressée A MM. Les Collaborateurs et Correspondans14 de janvier 1819 illustrait les vertus d’un réseau qui devait se constituer autour du but commun de l’encyclopédisme, du cosmopolitisme et du progrès des civilisations, la correspondance privée de Jullien nous dévoile par contre tous les calculs stratégiques qui étaient à la base de la réalisation et de la diffusion de la Revue Encyclopédique. Chaque correspondant occupait dans le réseau de la revue une place qui était proportionnelle au prestige ou à l’utilité du réseau littéraire auquel le collaborateur même était rattaché. Les choix éditoriaux, les informations sur les nouveautés littéraires, les envois des articles, les révisions des épreuves, les salaires des rédacteurs, le recrutement de nouveaux collaborateurs et correspondants, les stratégies de publication et de diffusion, le débat politique trouvent place dans ces correspondances.

L’échange le plus complet qu’on possède est celui entre Marc-Antoine Jullien et l’économiste genevois Simonde de Sismondi15. Le commerce littéraire entretenu par Jullien avec Sismondi recouvre toute la période de publication de la Revue Encyclopédique sous la direction de Jullien. On peut y constater que, entre 1820 et 1831, Simonde de Sismondi passait rapidement du statut de collaborateur à celui de conseiller fidèle. Jullien nourrissait une estime évidente pour Sismondi. Il l’invitait donc à ne pas se limiter au rôle de simple collaborateur, mais aussi à s’engager dans des suggestions et des critiques. Dans une lettre datée Paris 25 mai 1824, Jullien écrivait :

Je commence par vous remercier de la franchise avec laquelle vous me faite connaître votre opinion sur quelques articles de notre dernier cahier : j’y vois une preuve nouvelle de l’intérêt que vous portez à la Revue Encyclopédique, et je dirai aussi de votre estime et de votre amitié pour moi. nous avons besoin d’amis sévères ; nous sommes assiégés de demandes d’articles de complaisance. nous ne saurions être trop armés contre la médiocrité qui est toujours là pour envahir tout ouvrage périodique16.

Le mois suivant, dans une lettre datée du 3 juin 1824, Jullien renouvelait son sentiment en confiant à Sismondi les difficultés inhérentes à la tâche de directeur :

Je vous prie de continuer à m’écrire franchement le jugement que vous avez porté des différens articles, afin que notre comité de rédaction devienne plus attentif et plus sévère, et ne vous compromette point par excès d’indulgence ou de négligence. Il faudrait un cerbère à la porte d’un ouvrage périodique, pour écarter les écrivains et les articles médiocres qui se présentent toujours en foule et avec opiniâtreté pour l’envahir. Aidé de vos bonnes indications, j’aurais plus de force pour agir dans le comité et pour exciter son activité et sa surveillance17.

Or, il est évident que l’importance intellectuelle que Jullien attachait au travail de collaboration de Sismondi portait en elle une stratégie de légitimation politique de la revue auprès des milieux libéraux comme le cercle de Coppet. Les attentes du directeur parisien seront satisfaites. Et même s’il avait fallu attendre sept ans, Jullien, dans une lettre datée du 26 novembre 1826, attribuait à Sismondi le mérite de la décision de Benjamin Constant de « rendre compte, dans la Revue, de l’ouvrage de Dunoyer sur l’économie et la morale »18.

Une encyclopédie pour confédérer l’Europe

L’enjeu de la Revue Encyclopédique n’était pas seulement national mais aussi européen. En octobre 1818 Jullien concluait le Prospectus en soulignant que la Revue Encyclopédique voyait le jour « sous les auspices de la paix européenne »19. Il s’agissait d’une allusion explicite au succès remporté par la diplomatie française au congrès d’Aix-la-Chapelle. Cela avait créé de nouvelles conditions de collaboration entre les nations. Désormais, après la Révolution, l’Empire et vingt ans de guerre, la balance européenne penchait plus du côté des sentiments nationalistes que vers le cosmopolitisme. Principe commun à tous les peuples, le progrès de la civilisation était le seul vrai intérêt sur lequel pouvait reposer l’équilibre d’une confédération de plusieurs nations distinguées par leurs différents degrés de perfectionnement politique et culturel. Selon Jullien, dans ce nouveau contexte européen, la Revue Encyclopédique aurait pu devenir un instrument utile à l’établissement de « relations plus intimes entre les nations, de faire qu’elles puissent s’entre aider, se compléter les unes par les autres »20. C’est seulement en vertu de ce principe dialectique, que la Revue Encyclopédique aurait pu être le produit et le moteur de rapports d’échange entre les nations. Pour le fondateur de la Revue Encyclopédique, tout se jouait donc sur le principe d’intégration entre le spécifique et le général, l’individuel et le collectif, la nation et la confédération. L’ambition d’offrir un point de vue plus général et non spécialisé sur les sciences, de façon à les rendre plus accessibles et à considérer leurs progrès dans une perspective interactive, devenait la métaphore du rapport confédératif qui devait s’établir entre les nations européennes. Ce rapport trouvait son fondement dans l’esprit de communication et de sociabilité. Comme les sciences, les hommes et les nations n’avaient aucune chance de progresser sinon dans un esprit de collaboration. Il ne s’agissait donc pas de violer les frontières, mais plutôt d’abaisser peu à peu les barrières qui subsistaient entre les nations pour laisser place à l’échange :

Un besoin de lectures et d’études solides se fait généralement sentir. Nos écoles publiques, plus multipliées, plus remplies d’auditeurs qu’elles ne l’ont jamais été, attestent les heureuses dispositions de nos jeunes contemporains. Le zèle des professeurs éclairés, autour desquels ils s’empressent, répond à leur noble ardeur pour les sciences. Mais trop d’obstacles s’opposent encore à des communications, promptes et faciles entre les hommes qui sont capables de répandre l’instruction par leurs écrits ou par leurs discours, et ceux qui sont avides de s’instruire : trop de barrières surtout séparent les travaux littéraires, scientifiques et industriels des différentes nations. La Revue Encyclopédique a pour objet d’aplanir ces obstacles, de faire disparaître peu à peu ces barrières. Voici par quels moyens nous proposons d’atteindre ce but21

La conception dynamique de la Revue Encyclopédique ne renvoyait pas à un cosmopolitisme philanthropique pour lequel tous les individus étaient rassemblés dans l’unité générale de l’humanité, mais plutôt à un rapport dialectique entre les nations.

Dans l’idée de progrès, projet culturel et pacification politique s’entremêlaient donc nécessairement :

La sociabilité perfectionnée, les échanges, les secours mutuels, une combinaison bien entendue entre les divers gouvernemens et les états même plus éloignés, sont un moyen efficace d’affermir la paix générale, de prévenir les révolutions et les troubles, d’assurer la tranquillité et le bonheur des peuples, de consolider les trônes qui n’ont point de base plus sûre et de plus forte garantie que la félicité publique22.

Conclusions

On a essayé ici d’esquisser les raisons qui, dans le contexte politique de la Restauration, ont amené la rédaction de la Revue Encyclopédique à s’orienter vers le choix d’un mensuel plutôt que de se lancer dans l’arène des journaux politiques. La Revue Encyclopédique avait toutes les caractéristiques du genre traditionnel de la presse littéraire, de l’organe de culture qui était essentiellement destiné à informer un public plus au moins érudit de toutes les nouveautés bibliographiques. Les différents articles et essais étaient organisés en quatre rubrique : « Mémoires/Notices et mélanges/Analyses d’ouvrages/Nouvelles littéraires/Bulletin Bibliographique ». Dans la section des analyses d’ouvrages, les matières étaient rangées selon l’ordre des classes de l’Institut de France à l’époque du Directoire : « Sciences physiques et mathématiques/Sciences morales et politiques/Littérature et beaux-arts. »

Sous le Directoire, les différentes sections de l’Institut avaient pris le nom de Classes à la place d’Académies. Sous la Restauration, elles récupérèrent leur dénomination première. Par contre, la Classe des Sciences morales et politiques, constituée eux, sous le Directoire, avait été abolie en 1803 par Bonaparte. Il faudra attendre l’initiative du ministre de l’Instruction, François Guizot, pour que, en 1832, l’Académie des sciences morales et politiques puisse retrouver sa place parmi les autres sections de l’Institut. Ce long intervalle, entre 1802 et 1832, pendant lequel les sciences morales et politiques ont été bannies de l’Institut, et le fait qu’à partir de 1819, une section leur soit régulièrement consacrée dans la Revue Encyclopédique, nous ont amené à faire une recherche plus approfondie. Le but était de comprendre quelle place dans la Revue Encyclopédique, entre 1819 et 1831, fut consacrée aux sciences morales et politiques. Les résultats ont été significatifs. Entre 1819 et 1830, les comptes rendus, de la section sciences morales et politiques représentent 48 % des articles de la rubrique des Analyses d’ouvrages.

Tous ceux qui comme Jean-Baptiste Say et Simonde de Sismondi, entre 1819 et 1831, collaborèrent à cette section de la Revue Encyclopédique, à partir de 1832, on les retrouve à l’Académie des sciences morales et politiques de l’Institut. Entre 1819 et 1831, la Revue Encyclopédique fut une sorte de petite société-refuge des sciences morales et politiques.

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1 Revue Encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts. Par une réunion des membres de l’Institut et d’autres hommes de lettres, Paris, 1819.

2 Sur Marc-Antoine Jullien de Paris, voir A.V. Arnault, A. Jay et al., Biographie nouvelle des contemporains ou Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution française, ont acquis de la célébrité, par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les Pays étrangers, Paris, 1823, Vol. X ; Marc-Antoine Jullien, Notice biographique sur Marc-Antoine Jullien de Paris, Paris : Sédillot, 1831 ; Robert Palmer, From Jacobin to Liberal : Marc-Antoine Jullien, 1775-1848, Princeton, 1993 ; Carlo Pancera, Una vita tra politica e pedagogia. Marc-Antoine Jullien de Paris (1775-1848), Fasano (BR), 1994 ; Eugenio Di Rienzo, Marc-Antoine Jullien de Paris (1789-1848). Una biografia politica, Napoli, 1999.

3 Revue Encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts. Par une réunion des membres de l’Institut et d’autres hommes de lettres, Paris, 1819, pp. 23-24.

4 Bibliographie de la France ou journal général de l’imprimerie et de la librairie, [?], 1818, septième année, 21e de la collection, n° 43, samedi 24 octobre, pp. 615.

5 Roger Chartier, Henri-Jean Martin, « Le livre triomphant », in Histoire de l’édition française, 1990, vol. II, pp. 709-717.

6 Revue Encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts. Par une réunion des membres de l’Institut et d’autres hommes de lettres, Paris, 1819, pp. 5.

7 Bronislaw Baczko, Comment sortir de la Terreur. Thermidor et la Révolution, Paris, 1989. Voir aussi François Furet, Mona Ozouf (éds.), The French Revolution and the creation of modern political culture intitulé The transformation of political culture. 1789-1848, Oxford ; New-York, 1989, vol. III.

8 Sur la vie politique tourmentée de Marc-Antoine Jullien de Paris, voir la biographie que Eugenio Di Rienzo a rédigée grâce au support des pièces manuscrites conservées à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine de Moscou : Eugenio Di Rienzo, Marc-Antoine Jullien de Paris (1789-1848). Una biografia politica. Cette biographie observe le parcours politique de Jullien sous un point de vue plus articulé et complexe que de l’image de caméléon politique que Robert Palmer, en 1993, nous a offert dans l’étude From Jacobin to Liberal : Marc-Antoine Jullien, 1775-1748.

9 Marc-Antoine Jullien, Des élections qui vont avoir lieu pour former une nouvelle Chambre des députés, considérées sous le rapport des vrais intérêts de tous les Français et du Gouvernement, à l’époque du 1er août 1815, Paris : Babeuf libraire, 1815, pp. 2 et 22.

10 Marc-Antoine Jullien, Réponse aux ultra-royalistes, ou réfutation de la note secrète exposant les prétextes et le but de la dernière conspiration ; par un royaliste constitutionnel, Paris : Plassan, 5 août 1818.

11 Marc-Antoine Jullien, Esquisse d’un essai sur la philosophie des sciences, contenant un nouveau projet d’une division des connoissances humaines, Paris, 1819, pp. 25.

12 Marc-Antoine Jullien de Paris à Thomas Jefferson, Paris, 21 février 1819, Library of Congress, fonds Thomas Jefferson, 5, pp. 2.

13 Marc-Antoine Jullien à Francesco Saverio Salfi, Paris, le 26 août 1821, in Galizia Nicola, F.S. Salfi e la cultura europea. Inediti (1815-1832), Cosenza, Edizioni Periferia, 1990, pp. 63. Jullien écrivait : « Mon cher Salfi, Je n’ai pas eu le tems de vous aller voir, et je suis trop occupé pour écrire souvent des billets à mes nombreux collaborateurs, tandis que je ne puis à peine suffire à une Correspondance très active et très étendue au dehors ».

14 Marc-Antoine Jullien, in Revue Encyclopédique, 1819, vol. I, pp. 20-21. Jullien écrivait : « Ceux d’entre vous, Messieurs, qui rendront compte des ouvrages écrits sur les sciences, sont instamment priés de considérer que la nature de la Revue Encyclopédique exige des articles philosophiques, c’est-à-dire, rapportés à un but général d’utilité, et non purement scientifiques ou techniques, n’ayant qu’une utilité spéciale. Ainsi les auteurs de ces articles ne doivent pas s’enfoncer trop avant dans les sciences proprement dites, mais présenter la sommité, en caractériser les progrès, les résultats, les applications. Il s’agit de rendre les sciences et les arts plus facilement accessibles, de leur imprimer une meilleure direction, une marche plus rapide et plus sûre, et d’en faire mieux apprécier les bienfaits. Les sciences, d’après les vues qu’on à développées, doivent toujours être considérées d’une manière philosophique, dans leurs rapports avec la civilisation, avec le perfectionnement moral de l’homme, le bonheur des individus, la prospérité des nations, la stabilité des gouvernemens ».

15 La correspondance entre Marc-Antoine Jullien et Simonde de Sismondi est conservée à la Biblioteca Comunale di Pescia et au département des manuscrits de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève.

16 Marc-Antoine Jullien à Simonde de Sismondi Paris, le 25 mai 1824, Fond Simonde de Sismondi, Biblioteca Comunale di Pescia, cassetta 12, lettre n° 141.

17 Marc-Antoine Jullien à Simonde de Sismondi, Paris, le 3 juin 1824, Fond Simonde de Sismondi, Biblioteca Comunale di Pescia, cassetta 12, lettre n° 142.

18 Marc-Antoine Jullien à Simonde de Sismondi, Paris le 26 novembre 1825, Fond Simonde de Sismondi, Biblioteca Comunale di Pescia, cassetta 13, lettre n° 9.

19 Marc-Antoine Jullien, « Introduction », in Revue Encyclopédique, ou analyse raisonnée des parutions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts, Paris, 1819, vol. I, pp. 17.

20 Marc-Antoine Jullien, « Coup d’œil général sur la Revue Encyclopédique et sur les huit premiers volumes de ce Recueil, contenant des matériaux pour l’histoire scientifique et littéraire de tous les pays, pendant les années 1819 et 1820 », in Revue Encyclopédique, 1821, vol. IX, pp. 13.

21 Marc-Antoine Jullien, « Introduction » in Revue Encyclopédique, Paris, 1819, vol. I, pp. 8-9.

22 Marc-Antoine Jullien, « Coup d’œil général sur la Revue Encyclopédique et sur les huit premiers volumes de ce Recueil … », in Revue Encyclopédique, Paris, 1821, vol. IX, pp. 9-10.