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La Prise d’Ιlion de Τriphiodore

Olivia RODARI

Aix-en-Provence

Jusqu’aux années 1970, la Prise d’Ilion de Triphiodore a peu intéressé les hellénistes, qui considéraient le poète comme un pâle imitateur de Nonnos. Quant aux latinistes, ils ne s’y référaient que pour démontrer combien Virgile, qu’ils accusaient Triphiodore de plagier, lui était supérieur.

Tout a changé quand on a découvert un papyrus dont la datation permet d’affirmer que Triphiodore est antérieur à Nonnos de plus d’un siècle.

Cette nouvelle donnée a incité les hellénistes à considérer d’un œil nouveau la Prise d’Ilion, qui a bénéficié en 1982 d’une édition Teubner diligentée par Enrico Livrea et d’une édition aux Belles Lettres, avec une riche introduction et des notes abondantes, par Bernard Gerlaud.

Ces deux ouvrages n’ont pourtant pas été suivis d’études du poème conséquentes et seule une édition préfacée et annotée par Uwe Dubielzig est parue en 1996 chez Narr, à Tübingen.

Evidemment Triphiodore en composant son poème n’a pas produit une œuvre de premier plan, mais il mérite que l’on mette en lumière quelques aspects qui témoignent du soin qu’il a apporté à la rédaction de la Prise d’Ilion.

Nous savons par la Souda que Triphiodore était un grammairien, c’est-à-dire un professeur de lettres chargé de faire étudier aux élèves de manière approfondie les poètes (au premier rang desquels figurait Homère) et les écrivains classiques, avant que le rhéteur ne prépare ces élèves à l’art de l’éloquence. Cette profession de grammairien explique certaines caractéristiques du poème.

La trace la plus immédiatement perceptible de l’influence de la rhétorique sur la Prise d’Ilion est la description du cheval de Troie (vers 62105). L’ecphrasis, qui fait partie des progumnasmata, c’est-à-dire des exercices d’école pour initier les élèves à l’art du discours, sort du cadre de l’enseignement à l’époque impériale et prend une forme pleinement littéraire. Les meilleurs exemples de cette tendance sont Lucien, Philostrate, Callistrate et les poètes épigrammatistes (cf. le livre IX de l’Anthologie Palatine qui contient de très nombreuses pièces descriptives, dont une série de plus de trente épigrammes consacrées à la fameuse vache de Myron). Si l’on étudie la description du cheval de Troie dans la Prise d’Ilion, on constate que Triphiodore suit les règles codifiant un tel exercice à son époque : il commence certes par décrire le ventre du cheval, qui dans le contexte est primordial, mais continue en suivant l’ordre traditionnel qui va de la tête aux pieds ; il insiste sur la richesse des matériaux employés (pourpre, or, béryl, améthyste, bronze, écaille, ivoire), autre règle de l’ecphrasis, qui permet d’insister sur l’éclat de l’objet décrit et de jouer sur les contrastes de couleurs ; enfin l’impression de vie et de mouvement qui se dégage du cheval est un vrai lieu commun de la description1. Le fait même que Triphiodore consacre plus d’un vingtième de son poème (qu’il veut pourtant bref) à l’ecphrasis du cheval de Troie témoigne de l’importance ornementale qu’il confère à ce passage.

L’influence de la rhétorique se fait également sentir dans le récit de la prise de Troie. L’ensemble est organisé de façon très méthodique. Aux victimes anonymes (vers 547-612) s’opposent les Troyens illustres (vers 613-663). A l’intérieur de ces deux catégories, un ordre bien précis est adopté : les victimes anonymes sont réparties selon le sexe et l’âge (femmes, hommes, vieillards et enfants) et entre chaque groupe est inséré un intermède (Théophanie, acharnement des vainqueurs et animaux charognards) ; les Troyens illustres se distinguent par leur sort – mort de Déiphobe, Priam et Astyanax, viol de Cassandre, grâce accordée à Enée et aux Anténorides, disparition surnaturelle de Laodice. Il suffit de songer au goût de la rhétorique pour les classifications pour connaître l’origine d’une présentation aussi schématique. Ce schéma de récit d’une prise de ville a d’ailleurs été abondamment utilisé par les historiens. Ces derniers recourent également à un topos que ne dédaigne pas Triphiodore, l’utilisation de scènes pathétiques pour étoffer la matière. Flots de sang, cris, amoncellement de cadavres, comparaison des guerriers avec des animaux assoiffés de sang, autant de lieux communs qui servent d’introduction au récit (vers 542-546). Il en est de même de la métaphore de la tempête guerrière (vers 560, 591-592), des victimes qui tombent les unes sur les autres (vers 594a), des femmes qui préfèrent la mort à la servitude (vers 548-549)…

Avec la description du cheval de Troie et le récit de la prise de la ville, Triphiodore présente donc deux échantillons de son savoir-faire de professionnel de la rhétorique : il compose des exercices de style qui, sans nul doute, avaient pour but de plaire à un public cultivé susceptible d’apprécier la maîtrise déployée. Et nous n’avons pas relevé l’ornementation stylistique de ces passages : métaphores, antithèses, parisa, jeux sur les sonorités,… !

L’art grammatical, au sein de l’enseignement de la rhétorique, comportait des tâches spécifiques, qui ont sans nul doute influencé Triphiodore dans la rédaction de son poème. Nous retiendrons particulièrement trois des parties de cet art grammatical : la critique des poèmes, la découverte de l’étymologie et l’élucidation des récits.

L’exemple le plus savoureux de la critique des poèmes est l’épisode d’Hélène près du cheval (vers 454-498). Ce passage est imité, avec de nombreuses variations, du récit qu’en fait Ménélas dans l’Odyssée2. Chez Homère, Hélène « appelle les héros des Danaens nom par nom, imitant la voix de l’épouse de chacun des Argiens »3. Ce détail a été jugé totalement ridicule par les commentateurs : « D’où, en effet, Hélène aurait-elle connu toutes les épouses, au point même de pouvoir imiter leurs voix ? Cette imitation des voix est tout à fait ridicule et impossible. Et comment les héros auraient-ils pu croire que leurs femmes étaient là ? »4. Triphiodore adhère à l’opinion des scholiastes et modifie l’action d’Hélène pour la rendre vraisemblable. Dans la Prise d’Ilion, Hélène n’imite pas la voix des épouses des héros, mais prononce leur nom d’une « voix douce »5.

Le goût de Triphiodore pour l’étymologie se trouve dans l’ensemble du poème. Nous retiendrons trois exemples à propos du cheval de bois. Au vers 92 celui-ci est désigné par l’expression λόχον κλυτόπωλον Ἀχαιῶν. L’épithète est directement héritée d’Homère, chez qui elle est réservée à Hadès, ce qui d’ailleurs a suscité la perplexité des commentateurs anciens et suscite encore celle des modernes6. Une telle perplexité n’est pas de mise pour l’emploi de cet adjectif dans la Prise d’Ilion : la troupe embusquée dans le cheval de bois est bien célèbre grâce à un cheval ! Au vers 198, dans une comparaison entre les héros cachés dans le cheval et des animaux réfugiés dans leur tanière, c’est l’expression γλαϕυροῖο… ξυλόχοιο qui est employée pour le cheval. Le choix du substantif n’est pas innocent : il désigne une tanière et fait donc écho au πτύχα κοιλάδος εὐνῆς du premier terme de la comparaison au vers 194. Mais il permet aussi, à travers l’étymologie du mot, de rappeler deux caractéristiques du cheval : il est en bois (ξύλον) et il constitue une embûche (λόχος)7. Enfin au vers 468 Hélène contemple la beauté du cheval riche en hommes braves, ϕυὴν εὐήνορος ἵππου. Cet adjectif est certes employé dans le même sens par Pindare, mais seulement pour des contrées riches en héros8. Appliquer à un cheval une épithète composée du mot ἀνήρ et dire qu’Hélène admire un tel cheval ne manque pas d’humour.

L’étude de la Prise d’Ilion montre à quel point Triphiodore se plaît à évoquer les généalogies les plus compliquées et à prendre position sur des légendes controversées (et de préférence rares), activités du grammairien que recouvre « l’élucidation des récits ». Un des exemples les plus simples que l’on puisse citer est celui du vers 164 où Déiphobe est désigné comme le second ravisseur d’Hélène, δεύτερον ἁρπακτῆρα. Le fait que Triphiodore emprunte ce substantif au vers 147 de l’Alexandra de Lycophron, où il est aussi associé à deux ravisseurs d’Hélène, Thésée et Pâris, et non Pâris et Déiphobe, indique que notre auteur prend soin de se démarquer de la version selon laquelle Hélène a été enlevée une première fois par Thésée. S’il prend ce soin, c’est qu’il existait une polémique à ce sujet. En effet la version du rapt d’Hélène par Thésée a été combattue par Aristarque, parce qu’elle était inconnue d’Homère. Comme il le fait souvent quand il prend parti dans une controverse savante, Triphiodore indique qu’il préfère la version homérique à la version plus récente9.

Ces aspects de la Prise d’Ilion sont en partie déterminés par la profession de grammairien de Triphiodore. Ils ne doivent pourtant pas occulter que, s’il obéit à certaines modes littéraires de son temps et à son désir de faire preuve d’érudition, il veut aussi faire œuvre de poète.

Dans la Prise d’Ilion, les références littéraires abondent, puisque le principe essentiel de l’écriture de Triphiodore consiste à imiter ses devanciers en faisant subir des variations à ses modèles. Ces imitations se limitent souvent à la recherche d’une expression originale et inattendue. Mais il est des cas où la référence littéraire enrichit le propos de l’auteur d’une résonance particulière. Voici trois exemples.

Aux vers 40-41, dans la présentation de la situation du conflit, au bout de dix ans de guerre, avant la construction du cheval, Triphiodore utilise à propos de Troie « qui se dressait encore intacte… debout sur ses fondements inébranlés » les mêmes mots qu’Apollonios de Rhodes à propos de Talôs, l’homme d’airain, gardien de la Crète, juste avant qu’il ne succombe aux maléfices de Médée10. Le début du récit de la prise de la ville est ainsi doté d’une grande intensité dramatique. Troie ne va pas tarder à tomber, comme Talôs. Aux vers 43-50, la trahison d’Hélénos est présentée comme l’élément clé qui va permettre aux Achéens d’agir et de prendre Troie. Triphiodore attribue l’adjectif βαρύζηλος au devin qui vient aider les ennemis, grâce à ses prédictions, par jalousie envers Déiphobe, qui lui a ravi Hélène. Avant la Prise d’Ilion, cette épithète n’apparaît que dans l’Alexandra de Lycophron, où elle est appliquée à Oenone qui, furieuse de l’infidélité de Pâris, fera de leur fils un traître à sa patrie11. Un rapprochement ingénieux est ainsi établi entre deux victimes indirectes de l’amour de Pâris pour Hélène, victimes qui se vengeront en œuvrant pour la ruine de Troie. Mais la référence la plus riche concerne un poète que Triphiodore utilise par ailleurs assez peu : Hésiode. Ulysse conclut son exhortation aux guerriers qui vont s’introduire dans le cheval par le souhait que les Troyens fassent entrer le cheval dans leur cité « choyant avec amour leur propre malheur » ; or c’est par ces mêmes mots que Zeus, dans les Travaux et les Jours, conclut l’annonce à Prométhée de l’envoi de Pandore aux hommes12 !

Le cheval de Troie n’est pas seulement assimilé à Pandore, il est comparé à un bateau, à une tanière qui abrite des animaux quand la fonte de la neige se transforme en un bruyant torrent, à une ruche13. Enfin, gros des hommes qu’il contient dans son ventre, il accouche des guerriers et c’est Athéna qui procède à son accouchement14. Ces images ne sont pas originales, mais elles revêtent une signification particulière dans la Prise d’Ilion. En effet dans le prologue et l’épilogue apparaît une métaphore hippique. Dans le prologue τέρμα, premier mot du poème, désigne la fin de la guerre que Triphiodore demande à Calliope de l’aider à chanter brièvement, après qu’elle a lâché la bride à son cheval. Dans l’épilogue τέρμα est la borne autour de laquelle le poète veut mener son chant, comme un cheval15. Dans ces derniers vers, le poème est non seulement comparé à un cheval, mais il est qualifié par l’adjectif ἀμϕιέλισσα, dont le sens premier est « recourbé aux deux bouts ». Cette épithète indique bien que le prologue et l’épilogue se font écho et que la répétition de τέρμα n’est pas fortuite16. D’autre part quand Ulysse prononce son exhortation aux héros qui vont monter dans le cheval, grâce à l’intervention d’Athéna, « il se met à enfanter des paroles intarissables, il fait retentir un tonnerre formidable et, comme une source aérienne, il épanche à grands flots une pluie de miel »17. Ces métaphores liées à l’éloquence sont usuelles, leur accumulation et leur parenté avec les métaphores associées au cheval sont en revanche originales : enfantement / accouchement, bruit du tonnerre et source aérienne / tanière sous le grondement des flots, miel / essaim. On a donc une mise en relation subtile entre le cheval de Troie, dont le stratagème réussit grâce à Ulysse aidé d’Athéna, et le poème écrit par Triphiodore inspiré par Calliope.

Il est encore un passage digne d’être mentionné pour son intérêt : l’intervention de Cassandre (vers 358-443). Il s’agit de l’épisode le plus long de tout le poème. Sans nul doute Triphiodore a voulu en faire l’épisode central de la Prise d’Ilion. En effet il regroupe les principaux thèmes qui jalonnent l’œuvre. Cassandre prévient ses concitoyens incrédules que le feu est tapi sous le bois du cheval et que la cité ne sera bientôt plus que cendre. Or l’incendie des baraques par les Achéens avant le départ pour Ténédos, le signal du retour donné par Sinon qui brandit un flambeau, signal doublé par la torche qu’agite Hélène, préfigurent l’incendie de Troie, incendie qui signe la chute de la cité18. Cassandre annonce également que le cheval va accoucher et que c’est Athéna elle-même qui l’assistera dans son enfantement. L’image de l’accouchement est préparée dans le poème dès le discours d’Ulysse et elle prend une résonance particulière dans la bouche de la prophétesse qui vient de rappeler le songe d’Hécube : enceinte de Pâris, Hécube a rêvé qu’elle mettait au monde une torche enflammée. Avec l’accouchement du cheval dans lequel est tapi le feu, le rêve d’Hécube se réalise. Quant à Athéna, c’est bien elle qui est à l’origine de la chute de Troie, puisque le cheval est son œuvre.

L’épisode de Cassandre est également digne d’intérêt dans la façon dont Triphiodore a su utiliser au mieux ses modèles (Eschyle, Euripide et Lycophron) pour donner une réelle épaisseur au personnage et pour produire un bel exemple de style prophétique.

Après ces quelques pages, je ne peux que vous inciter à (re) lire attentivement la Prise d’Ilion et à découvrir ainsi tout ce que je n’ai pas eu l’espace de développer.

Bibliographie

Chantraine, P. et alii (1975) – Dictionnaire étymologique de la langue grecque, vol. 3, Paris.

Gerlaud, B. (1982) – La prise d’Ilion / Triphiodore, Paris.

Orsini, P. (1974) – « Tryphiodore et la μίμησις », Pallas 21, 3-12.

Severyns, A. (1928) – Le Cycle épique dans l’école d’Aristarque, Liège-Paris.

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1 Cf. Tryph.73-74. 78-79. 84-86a. 103-105.

2 Od.4.274-289. Pour une analyse complète de cette imitation, cf. Orsini 1974.

3 Od.4.278-279 : ἐκ δ’ ὀνομακλήδην Δαναῶν ὀνόμαζες ἀρίστους, I πάντων Ἀργείων ϕωνὴν ἴσκουσ’ ἀλοχοισιν.

4 Scol. BHMQT à Od.4.279 : πόθεν γὰρ ὅλας ᾔδει, ἴνα καὶ τὰς ϕωνὰς αὐτῶν μιμήσηται ; πάνυ δὲ γελοῖος ἡ τῶν ϕωνῶν μίμησις καὶ ἀδύνατος. Πῶς δ’ ἂν ἐπίστευον ὅτι πάρεισιν αὐτῶν αἱ γυναῖκες ;

5 Tryph.470-471a : πάσας ἠυκόμους ἀλόχους ὀνόμαζεν Ἀχαιῶν I ϕωνῇ λεπταλέῃ. Les traductions de Triphiodore sont celles de Gerlaud 1982.

6 Il.5.654 = 11.445 ⊛16.625.

7 Cf. l’étymologie *ξυλο-λοχος proposée par Chantraine 1975, s. v. ξύλοχος. Le rapprochement entre ξύλοχος et ξύλον avait déjà été fait par les Anciens (cf. Eust. à Il.5.162).

8 Cf. notamment Pi.O.1.24, 6.80.

9 Cf. Lyc.147, δοιὼ μὲν ἁρπακτῆρας. Pour une analyse complète des témoignages à propos de la polémique sur le rapt d’Hélène, cf. Severyns 1928, 271-274.

10 Tryph.40-41 : εἱστήκει δ’ ἔτι πᾶσα θεοδμήτων ὑπὸ πύργων I Ἴλιος ἀκλινέεσσιν ἐπεμβεβυῖα θεμέθλοις – A.R.4.1680b-1681 : οὐδ’ ἔτι δηρὸν I εἱστήκει προβλῆτος ἐπεμβεβαὼς σκοπέλοιο.

11 Tryph.49 – Lyc.57.

12 Tryph.138 : ἑὸη κακὸη ἀμϕαγαπῶητες = Hes.Op.58, dans les deux cas en fin de vers.

13 Pour un bateau, cf. Tryph.63. 185. 307. 318-322. 330-333. 344. 432 ; pour la tanière, cf. Tryph.189-199 ; pour la ruche, cf. Tryph.533-541.

14 Pour l’image du cheval gros de ses guerriers, cf. Tryph.135. 200. 308. 357 ; pour l’image de l’accouchement, cf. Tryph.384. 386-390.

15 Pour le prologue, cf. Tryph.1-5 : τέρμα πολυκμήτοιο μεταχρόνιον πολέμοιο I καὶ λόχον, Ἀργείης ἱππήλατον ἕργοη Ἀθήνης, I αὐτίκα μοι σπεύδοντι πολὺν διὰ μῦθοη ἀηεῖσα I ἔηηεπε, Καλλιόπεια, καὶ ἀρχαίην ἔριν ἀηδρῶν I κεκριμέηου πολέμοιο ταχείῃ λῦσον ἀοιδῇ. Pour l’épilogue, cf. Tryph.664-667 : πᾶσαν δ’ οὐκ ἂν ἔγωγε μόθού χύσιη ἀείσαιμι I κριηάμεηος τὰ ἕκαστα καὶ ἄλγεα νυκτὸς ἐκείνης I Μουσάωη ὅδε μόχθος, ἐγὼ δ’ ἅ περ ἵππον ἐλάσσω I τέρματος ἀμϕιέλισσαν ἐπιψαύουσαν ἀοιδήν.

16 L’épithète ἀμϕιέλισσα est réservée aux navires chez Homère. L’appliquer dans l’épilogue au poème comparé à un cheval participe de l’assimilation cheval-bateau. Cette assimilation suggère que le cheval de Troie permet de mettre fin à une guerre dont l’origine est le départ de Pâris pour Sparte avec des bateaux construits du même bois de l’Ida, départ que rappelle Triphiodore aux vers 59-61, qui se terminent par l’expression πήματος ἀρχήν.

17 Tryph.117-119.

18 Incendie des barques : Tryph.140 et 230-234. Torche de Sinon : Tryph.145 et 510-511. Torche d’Hélène : Tryph.496. 512-521. 522. Incendie de Troie : Tryph.394. 395-396. 443. 680-685.