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Nikos Kazantzakis et la langue grecque moderne

Michel LASSITHIOTAKIS

Genève

Les traits particuliers et l’originalité de la langue utilisée par Kazantzakis dans son Odyssée1 et dans sa traduction de la Divine comédie expliquent pour une part non négligeable la virulence des réactions que ces deux œuvres suscitèrent en Grèce lors de leur parution : il suffit, pour s’en convaincre, de relire les recensions de l’Odyssée par Markos Avgéris2 et de la traduction de Dante par Leftéris Alexiou3. Plus largement, les choix linguistiques du poète n’ont pas peu contribué à provoquer cette incompréhension mutuelle qui caractérisa, durant l’entre-deux-guerres voire au-delà, les rapports de Kazantzakis avec une partie de la critique grecque, représentée aussi bien par des universitaires que par des écrivains, et qui lui reprocha avant tout d’écrire une démotique artificielle, de mêler les idiomes locaux sans nul souci d’homogénéité, de superposer plusieurs couches successives de langue populaire en puisant dans le grec vulgaire du Moyen Age et de la Renaissance autant que dans les parlers contemporains, de multiplier les néologismes, de recourir enfin à une forme métrique – le vers de dix-sept syllabes – étrangère, selon ses détracteurs, à la tradition populaire. Sous ces divers aspects, l’Odyssée fut, dans le meilleur des cas, considérée comme une expérience manquée, dans le pire comme un monstre linguistique4.

A isoler toutefois, dans la production de Kazantzakis, ces deux œuvres et ce moment particulier – les années 1925-1940 –, on se condamnerait à méconnaître plusieurs aspects de sa réflexion sur la langue, à ignorer en particulier que l’épopée de Kazantzakis constitue, en ce domaine, l’aboutissement d’une longue évolution, mais aussi qu’en aval cette fois, les romans des années 1940 et 1950 marquent une nette inflexion dans l’attitude de l’auteur face au problème de la langue5.

C’est aux années de sa formation littéraire – c’est-à-dire à la décennie qui précède la première guerre mondiale – qu’il convient de remonter pour identifier les causes profondes de ses choix ultérieurs. Cette décennie est marquée chez lui par des hésitations : Kazantzakis ne trouve pas d’emblée sa voie, utilisant dans ses écrits, successivement ou même simultanément selon l’occasion et le genre littéraire, plusieurs types de langue. Sa première œuvre de fiction publiée, Le Serpent et le lys (1906), est écrite dans une langue mixte, émaillée de traits archaïsants6. Sa correspondance, ses lettres à son père notamment, fait elle aussi apparaître, à l’époque de ses études à Athènes et à Paris (1902-1910), des concessions très nettes à la καθαρεύουσα ; il n’est d’ailleurs pas rare que dans une lettre en langue puriste, Kazantzakis ajoute quelques phrases, destinées à sa mère ou à ses sœurs, en démotique7. Le mémoire qu’il consacre à Nietzsche, et qui paraît en 1909, est rédigé dans la langue puriste qu’exigeait alors l’institution universitaire8. Le drame Ξημερώνει (Le Jour se lève) de 1907, adopte une voie moyenne, se tenant à distance de l’extrémisme de Psichari comme de l’archaïsme9. C’est en revanche à une démotique tout ensemble plus uniforme et plus radicale, que Kazantzakis a recours dans les Ames brisées (Σπασμένες ψυχές10) de 1909, et plus encore, en 1910, dans son drame Le Maître-maçon (Ὁ Πρωτομάστορας11). Il n’en revient pas moins à la καθαρεύουσα, au cours des années suivantes, dans la série de traductions qu’il publie12, avant de rédiger dans une langue mixte les manuels scolaires qui lui sont commandés à partir de 191413. Sans doute importe-t-il de faire ici la part de la production « alimentaire » (les manuels), des circonstances, des exigences des éditeurs dans le cas des traductions. Ces hésitations et cette évolution ne sont cependant pas sans lien avec les conditions dans lesquelles, au cours des deux premières décennies du 20e siècle, se développe et s’affirme un mouvement démoticiste qui compte Kazantzakis parmi ses partisans et militants actifs de 1909 à 1919.

La langue de la première œuvre romanesque, Le Serpent et le lys, avait fait l’objet d’une recension défavorable dans la revue Noumas14, qui, regroupant des collaborateurs tels que Pétros Vlastos, Alexandros Pallis et Kostis Palamas, défendait les thèses de Psichari avec intransigeance, parfois même avec intolérance15. Mais dans le même temps ou peu après, Kazantzakis faisait paraître dans le quotidien Ἀκρόπολις, sous le titre « Tὸ γλωσσικόν μας ζήτημα »16, un article qui ressemble fort à un manifeste en faveur de la langue populaire, et dans lequel il s’interrogeait sur la notion de « mots étrangers », opposant à la position rigide des puristes, qui bannissaient du grec savant tout terme qui n’aurait pas été d’origine grecque antique – ou formé à partir de racines grecques et selon les règles de composition ou de dérivation propres au grec savant –, la thèse selon laquelle les véritables mots étrangers, et donc les mots indésirables, sont au contraire ceux qui, bien qu’attestés à des stades anciens de l’histoire de la langue, sont tombés en désuétude, et sont donc devenus étrangers pour le peuple qui, aux yeux de Kazantzakis, constitue le seul créateur et vecteur légitime de la langue – de la langue grecque vivante.

Les années qui suivent cette proclamation de 1907 sont aussi, et ce n’est pas un hasard, celles au cours desquelles Kazantzakis se rapproche de l’équipe de Noumas, soutenant le combat en faveur de la langue populaire non seulement par ses écrits, mais encore en créant et en présidant l’Association Solomos d’Héraclion, dont il expose les objectifs et le programme dans un article publié en 1909, sans nom d’auteur, dans Noumas, sous le titre « Σύλλογς δημοτικιστῶν Ἡρακλείου Κρήτης ‘Ὁ Σολωμός’ »17. Ce programme fonde la défense de la démotique sur deux arguments principaux. Le premier, qui est d’ordre strictement linguistique, ne présente en lui-même aucune originalité, puisqu’il ne fait guère que reprendre une thèse traditionnelle et ancienne du mouvement démoticiste, qu’expose par exemple déjà, quelque quatre-vingts ans plus tôt, le Dialogue de Solomos18 : les partisans de la langue puriste, les archaïsants de toute espèce, oublient qu’une langue évolue, et qu’aucune décision autoritaire, loi ou décret, ne peut entraver cette évolution. La καθαρεύουσα, ajoute Kazantzakis, est multiforme, plus ou moins proche du grec classique, tandis que la variété des parlers locaux n’empêche pas la langue démotique d’être une, les Grecs des diverses régions du monde hellénophone de se comprendre et d’avoir le sentiment d’appartenir à une même communauté linguistique et culturelle19. Le second argument, caractéristique du démoticisme des années 1900-1920, lie la question de la langue à une préoccupation politique et sociale : la coexistence d’une langue savante officielle et des diverses formes de la langue populaire – la « diglossie » – menace l’unité nationale, créant un clivage entre une classe cultivée qui maîtrise seule, et peut donc imposer, la langue puriste, et la grande masse de la population hellénophone, qui subit cette situation20.

Que la défense du grec populaire prenne, dès ce programme de 1909, une dimension politique, ne doit pas surprendre. L’un des aspects les plus intéressants de la pensée de Kazantzakis dans ces années-là réside en effet dans la double influence qu’exercèrent sur lui et sur ses positions en matière de langue, la personnalité de Ion Dragoumis d’abord, celle de Vénizélos ensuite.

Au populisme, au patriotisme, à la mystique nationale de Dragoumis, démoticiste lui-même21, Kazantzakis rend hommage en 1910, en lui dédiant sa pièce Ὁ Πρωτομάστορας22, mais également en publiant la même année une recension enthousiaste de Σαμοθράκη, intitulée « Γιὰ τοὺς νέους μας »23.

Quant à Venizélos, c’est aussi dans le cadre de mouvements suscités ou soutenus par l’homme politique, que se développe le militantisme de Kazantzakis à partir de 1909. Vénizélos protégeait sans doute l’Association démoticiste « Ὁ Σολωμός », d’abord fondée à La Canée avant que Kazantzakis n’assume sa présidence à Héraclion24. Kazantzakis avait côtoyé l’homme politique en 1912-1913, lorsqu’il fut brièvement employé à son cabinet ; il le fréquentera surtout quelques années plus tard, en 1919, en qualité de directeur général du ministère des affaires sociales (τῆς περιθάλψεων) que Vénizélos avait créé25.

L’Association pour l’Education (Ἐκπαιδευτικὸν Ὅμιλος), fondée en 1910 et dont Kazantzakis fut membre dès cette époque, regroupait des démoticistes tels que Delmouzos ou Dragoumis. Elle joua un rôle prépondérant dans la préparation de la réforme scolaire qui devait aboutir, en 1917, à l’introduction de la démotique à l’école primaire26, et encouragea en particulier l’élaboration de nouveaux manuels scolaires, écrits dans une langue sinon strictement démotique, du moins simplifiée, et à la rédaction desquels Kazantzakis lui-même participa27. La défaite de Vénizélos aux élections de 1920, l’assassinat de Dragoumis la même année, la réaction en matière de politique linguistique qui marqua la décennie suivante28, sont parmi les facteurs qui mettent fin, dans l’itinéraire de Kazantzakis, à cette période de militantisme en faveur de la démotique.

Que des préoccupations proprement linguistiques, et non pas seulement littéraires, aient cependant continué de le guider dans ces années-là, c’est ce que montre entre autres le projet avorté du dictionnaire français-grec que lui avait commandé l’éditeur Dimitrakos29 ; mais aussi ses presque constantes protestations lorsque des journaux ou des éditeurs grecs retouchent l’orthographe des textes qu’il leur adresse30.

Cet intérêt pour la lexicographie, et plus largement pour le vocabulaire du grec démotique, se retrouve dans les deux grandes réalisations de l’entre-deux-guerres : la traduction de la Divine comédie, et plus encore l’Odyssée. Dans l’un comme dans l’autre cas, nous sommes assez bien renseignés et sur les étapes successives de la composition des textes (l’Odyssée, entreprise en 1924, sera réécrite, partiellement ou totalement, à sept reprises jusqu’à sa parution en 193831), et sur ce qui fut l’un des soucis principaux de Kazantzakis durant leur élaboration : rassembler des vocables qui, intégrés à ces deux textes, seraient par là sauvés de l’oubli32. Ce long travail de collectionneur de mots a fait dire à Kazantzakis lui-même, comme à ses critiques les plus virulents, que son épopée constituait une sorte de thesaurus de la langue démotique33. De fait, la première édition de l’Odyssée (1938) est munie d’un glossaire d’environ deux mille mots34, et ses 33.333 vers ne contiennent, si l’on en croit Kazantzakis lui-même, que cinq véritables néologismes – les autres mots rares appartenant, ou ayant appartenu, à tel ou tel des parlers grecs modernes35. « Le poète », répond-il du reste à Leftéris Alexiou qui avait émis de sérieuses réserves sur la langue de la traduction de la Divine comédie, « doit recueillir des mots, des expressions, des structures syntaxiques à partir de tous les dialectes régionaux »36. Kazantzakis, ainsi que nous l’apprennent non seulement ses lettres à Pandélis Prévélakis, mais aussi la « Chronique d’une collaboration »37 de Kakridis, met lui-même en pratique ce précepte à deux grands moments de son itinéraire poétique : entre 1924 et 1938 – période qui correspond, nous l’avons vu, à l’élaboration de l’Odyssée et de la traduction de Dante –, mais aussi, à partir de 1942, tout au long du travail préparatoire à la traduction de l’Iliade en démotique.

Mieux qu’aucun autre témoignage, la correspondance échangée avec Prévélakis atteste le soin avec lequel Kazantzakis recueillait termes et tournures populaires. Ainsi s’intéresse-t-il, en 1927, au vocabulaire maritime38. En février 1929, il réclame des listes de mots et des dictionnaires : « Des mots. Envoyez-moi tous les mots nouveaux que vous avez trouvés (…) L’amour de la langue populaire me possède à nouveau. S’il vous plaît, envoyez-moi tout ce que vous jugerez bon »39. En avril de la même année, il demande de nouvelles listes, préparées par Prévélakis40. En septembre, il interroge son correspondant sur les équivalents démotiques d’une série de noms d’oiseaux41.

La riche correspondance que Kazantzakis échange avec Kakridis à partir de mars 1942, et dont l’essentiel a trait à la traduction de l’Iliade puis à celle de l’Odyssée, fait elle aussi apparaître cette même préoccupation, constante chez le poète crétois, d’engranger et de « préserver » le plus grand nombre possible de vocables populaires. En 1942 et 1943, Kazantzakis demande à son collaborateur de lui faire parvenir divers textes grecs médiévaux (Chronique de Morée, Chronique de Machairas, Digénis, Poèmes ptochoprodromiques…), afin que les deux traducteurs puissent en tirer « toute la richesse linguistique qu’ils pourront y trouver »42. En janvier 1943, il réclame plus généralement des ouvrages où il pourra puiser des mots : « Si tu trouves des livres, quels qu’ils soient, avec du matériau linguistique, ils seront les bienvenus. Notre traduction doit montrer à quel point notre langue s’est enrichie et a été travaillée depuis l’époque de Pallis »43. Dans d’autres lettres, il exprime sa joie d’avoir rencontré, dans un ouvrage nouvellement paru, les mots rares qui viendront résoudre quelques-uns des difficiles problèmes posés par la traduction d’Homère44. En plusieurs cas, c’est dans la littérature populaire (ballades ou légendes) qu’il recherche les termes qui lui manquent45. Dans la réponse qu’il adresse en 1943 à Vassilis Laourdas qui vient de publier une brève étude sur son Odyssée46, il proclame à nouveau qu’il considère comme de son devoir de sauver de l’oubli les mots de la démotique47.

L’idéal auquel aspire Kazantzakis ne consiste évidemment pas à reproduire tel ou tel état de la langue démotique, mais à créer une langue vulgaire littéraire, et plus précisément poétique. Nous sommes donc assez loin des proclamations démoticistes et populistes des années 1910-1920, qui toutes faisaient du peuple le seul créateur légitime de la langue48. Si la source où puise Kazantzakis demeure la langue populaire, il prend soin désormais de distinguer des parlers réels un « haut langage » : fruit d’une création personnelle, cet instrument de la poésie ne saurait se confondre avec la langue parlée aux diverses formes de laquelle il emprunte pourtant sa substance49.

Normative et raisonnée, la méthode de Kazantzakis paraît s’inspirer ici du De vulgari eloquentia de Dante, auquel il fait de fréquentes allusions, et dont nous savons qu’il l’avait lu et attentivement médité50. De Dante semble ainsi provenir l’idée d’une langue poétique vulgaire conçue comme la somme des parlers régionaux, et qui appartiendrait donc à toutes les régions du monde hellénophone sans s’identifier à aucun idiome particulier51. Le principe qui consiste à opérer une sélection, selon des critères stylistiques, à l’intérieur du vocabulaire recueilli, rappelle lui aussi la méthode qui permet à Dante d’extraire le « vulgaire illustre » de la langue ordinaire et de la diversité des parlers52. Dans la note liminaire qui précède le glossaire de son Odyssée, Kazantzakis précise qu’y « sont expliqués les mots les plus difficiles », et que ces mots « proviennent tous de toutes les régions de Grèce et ont été retenus au terme d’une sélection longue et ardue »53. De même s’emploie-t-il, dans la réponse qu’il adresse à Leftéris Alexiou après la publication de la traduction de la Divine comédie, à réfuter les accusations de ce critique qui lui reprochait de considérer tous les mots comme également dignes d’être utilisés en poésie ; il prend soin, assure-t-il, d’établir une hiérarchie, de classer les mots selon leur qualité poétique, et ajoute : « Je m’efforce toujours d’effectuer un choix rigoureux. Il m’arrive de connaître pour une même chose cinq ou six dénominations, employées dans diverses régions de Grèce, et je me torture pour faire un choix »54. Quant au caractère artificiel et non populaire de la langue obtenue au terme de ce processus d’élaboration littéraire, Kazantzakis s’explique sur ce point dans une lettre de 1945 à Kakridis, où il précise notamment : « Je voudrais que nous posions ce seul principe préalable : il nous est permis d’utiliser, parfois, des mots qui ne soient pas connus de tous »55.

Semblables affirmations, principes ou postulats, pourraient faire penser que Kazantzakis a renoncé, au moment où il compose son Odyssée ou prépare ses traductions de Dante puis d’Homère, à l’ambition sociale et politique qui présidait à son combat pour la démotique dans les années 1900 et 1910. Il importe cependant de ne pas oublier que Kazantzakis conçoit comme panhellénique la langue poétique qu’il élabore, langue dans laquelle toutes les régions de Grèce pourront se reconnaître, et où la Grécité entière viendra se refléter56. Considérée sous cet angle, la recherche linguistique qui est au fondement de l’Odyssée et des traductions de Dante et d’Homère ne contredit pas totalement les manifestes démoticistes de 1907 et 1909, lesquels faisaient de la promotion de la langue vernaculaire un enjeu politique et social. Dans les deux cas, ce même souci de l’unification linguistique que le manifeste de l’Association Solomos liait étroitement à l’idéal d’unité nationale, commande les choix de langue et le travail sur la langue. Kazantzakis réalise, comme traducteur et comme poète épique, ce qui, à l’époque de ses premiers combats démoticistes, demeurait à l’état de programme ou de vague aspiration. La continuité et la cohérence qui sous-tendent, dans sa réflexion sur la langue, une série de ruptures ou de contradictions apparentes, expliquent sans doute pourquoi, interrogé à l’extrême fin de sa vie sur la valeur et l’importance relatives qu’il accordait lui-même à ses œuvres, il désigna sa traduction de l’Iliade et sa propre Odyssée comme ses apports majeurs à la littérature et à la culture grecques57.

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1 Cf. Bien 1972, 204-223 ; Tsopanakis 1977, 66-68 ; Prévélakis 1958, 191-192.

2 Avgéris 1939.

3 Alexiou 1937.

4 Cf. Janiaud-Lust 1970, 530-533 ; Bien 1972, 214-220 ; Prévélakis 1958, 193-194.

5 Cf. Bien 1972, 240-258 ; Bien 1989b, 89-94.

6 Voir en particulier Kalogéropoulos 1906. Sur la réception de l’œuvre en Grèce et les observations sur la langue que formula la critique, cf. Janiaud-Lust 1970, 89, 91-92 ; Bien 1972, 149-152.

7 Voir Kazantzakis 1959.

8 Kazantzakis 1909b ; cf. Prévélakis (éd.) 19842, 5 ; Bien 1989a, 25-34.

9 Kazantzakis 1977 ; cf. Janiaud-Lust 1970, 83-88 ; Bien 1972, 153-156.

10 Kazantzakis 1909-1910 ; cf. Prévélakis (éd.) 19842, 5 ; Janiaud-Lust 1970, 120-122.

11 Kazantzakis 1910a ; reproduction, avec traduction française, de cette première édition dans Kazantzakis 1995.

12 Voir, dans Prévélakis (éd.) 19842, 6, et dans Katsimbalis 1958, n° 28-38, la liste des œuvres que Kazantzakis traduit de l’anglais, de l’allemand, du français et du grec ancien entre 1911 et 1915 ; cf. Bien 1972, 177 et n. 54.

13 Bien 1972, 181-184.

14 Vlastos 1958 ; cf. en outre Kalogéropoulos 1906.

15 Voir Kalogiannis 1984 ; Kriaras 1986, 67, 116 ; Kriaras 1987, 90-96.

16 Kazantzakis 1907 : cf. Bien 1972, 152-153.

17 Kazantzakis 1909a.

18 Solomos 1994, 513, 539-540.

19 Kazantzakis 1909a, 11 (7) : « Mὰ θὰ πεῖτε : ὑπάρχει μιὰ τέτοια πανελλήνια γλώσσα, ποὺ νὰ ἑνώνει σϕιχτὰ σϕιχτὰ ὅλο τὸ ἔθνος ; […] Σὲ κανένα ἔθνος τοῦ κόσμου δὲν ὑπάρχει τόση γλωσσικὴ ἁρμονία, ὅση sστὴν Ἑλλάδα. […] Oἱ διαϕορὲς στὰ ἑλληνκὰ ἰδιώματα εἶναι πολὺ ὀλίγες καὶ πολὺ ἀσήμαντεςσ, ἀϕοῦ εἶναι μόνο διαϕορὲς λέξεων καὶ ὄχι τυπικοῦ καὶ συνταχτικοῦ ». Dans tous les extraits cités de textes de Kazantzakis, nous reproduisons l’orthographe et l’accentuation des éditions utilisées.

20 Kazantzakis 1909a, 11 : « Ἡ καθαρεύουσα διασπᾶ τὴ γλωσσικὴ ἑνοτητα τοῦ Ἔθνους καὶ σιγὰ σιγὰ κι αὐτή μας τὴν ἐθνικὴ ἑνότητα. […] Τὸ γλωσσικὸ ζήτημα δὲν εἶναι οὔτε ϕιλολογικό, οὔτε ἐπιστημoνικὸ ζήτημα. Εἶτναι ζήτημα ἐθνικό. »

21 Sur le nationalisme de Dragoumis, ses conceptions en matière d’éducation et ses positions sur la question de la langue, voir Bien 1972, 158, 166-168 ; Photiadou 1986, en particulier 42-43 et 49-59. A propos de l’influence qu’exercèrent sa personnalité et sa pensée sur Kazantzakis : Vrettakos 1957, 62-64 ; Janiaud-Lust 1970, 157-158 ; Bien 1989a, 14-19 ; Prévélakis 1958, 21 ; Prévélakis (éd.) 19842, 464, 467.

22 Cf. Janiaud-Lust 1970, 118.

23 Cf. Kazantzakis 1910b.

24 Voir Bien 1972, 160 sq.

25 Janiaud-Lust 1970, 157, 171-176 ; Izzet 1965, 28, 138.

26 Kriaras 1987, 30-33, 102-104 ; Kriaras 1992, 73-75, 186-187.

27 Bien 1972, 181-184.

28 Kriaras 1987, 34-37 ; Kriaras 1992, 191-192.

29 Janiaud-Lust 1970, 326-329 ; Bien 1972, 196-199.

30 Bien 1972, 194, 200 ; Janiaud-Lust 1970, 140-141. Kazantzakis n’utilise pas encore, dans les années 1920, le système simplifié d’accentuation qu’il adoptera pour son Odyssée, et qui préfigure, avec quelques différences (l’accent n’est pas noté lorsqu’il frappe la syllabe finale), le système monotonique actuellement en vigueur : voir Bien 1972, 213-214.

31 Janiaud-Lust 1970, 511-512 ; Prévélakis 1958, 302 note 113.

32 Voir par exemple Kazantzakis 1943, 1029 (4α) : « Στο κρίσιμο εξελιχτικο στάδιο που περνα η δημοτικήμας, είναι ϕυσικο κι απαραίτητο – κ’ εξαιρετικα χρήσιμο – ένας δημιουργός να λαχταρίζει με απληστία na θησαβρίσει και να σώσει όσο μπορεί μεγαλήτερο γλώσικό πλούτο· κοιτάχτε τις ομόλογες εποχες του Ντάντε, του Ραμπελαι, του Λούθηρου. » ; Kakridis (éd.) 1977, 275, n° 44, 28 mars 1945 : « (…) τρελαίνουμαι για κάθε ζωντανη λέξη της δημοτικης, τη λυπούμαι, θέλω να την τοποθετήσω σ’ ένα κείμενο, να μη χαθει. (H μέθη αϕτη, καθως καλήτεράμου ξέρεις, είναι ϕυσικη – κ’ ίσως και χρήσιμη – στην κάθε εποχη που είναι γλωσικα ’ομόλογη’ με την εποχη που περνα η δημοτικήμας. Το ίδιο δεν έκανε ο Rabelais ; Το ίδιο ο Λούθηρος ; Κι απάηω απ’ όλους τοίδιο ο Dante ; »

33 Cf. Avgéris 1939 ; Lambridi 1939 ; Vrettakos 1957, 544-546 ; Janiaud-Lust 1970, 141-142, 531-532 ; Bien 1972, 215-217.

34 Voir Tsopanakis 1977, 66-68 ; Bien 1972, 211-213.

35 Bien 1972, 211.

36 Cf. Alexiou 1966, 322 : « Ὁ ποιητής πρέπει να μαζέψει λέξες καὶ ϕράσεις καῖ συητακτικὲς πλοκὲς ἀπ’ ὅλες αὐτὲς τὶς ντοπιολαλιές ».

37 Kakridis 1959.

38 Prévélakis (éd.) 19842, 37, n° 21.

39 « Ὅ, τι νέες λέξες βρήκατε νὰ μοῦ τὶς γράψετε (…) M’ ἔχει κυριέψει πάλι ὁ ἔρωτας τῆς δημοτικῆς γλώσσας. Ὅ, τι νομίζετε πὼς μπορεῖ νὰ μοῦ κάμει καλό, Σᾶς παρακαλῶ, στείλετέ μου το » : Prévélakis (éd.) 19842, 113-114, n° 75.

40 Prévélakis (éd.) 19842, 121, n° 79.

41 Prévélakis (éd.) 19842, 162, n° 93.

42 « να πάρουμε ό, τι γλωσικο πλούτο μπορούμε » : Kakridis (éd.) 1977, 262, n° 10, 1er septembre 1942 ; cf. ibid., 260, n° 8, 17 août 1942 ; 262, n° 13, novembre 1942 ; 273, n° 34, 21 décembre 1943.

43 Kakridis (éd.) 1977, 264, n° 18, 7 janvier 1943 : « ό, τι βιβλίο με γλωσικο υλικο βρεις, θάναι καλοδεχούμενο. Πρέπει στη μετάϕρασήμας να ϕανει πόσο πλούτισε και δουλέϕτηκε η γλώσαμας απο την εποχη του Πάλη. »

44 Cf. par exemple Kakridis (éd.) 1977, 285, n° 58, 24 juin 1948.

45 Kakridis (éd.) 1977, 262, n° 12, 23 octobre 1942 ; 263, n° 15 ; 274, n° 40, 14 mars 1944 ; 290-291, n° 68, 1er juin 1955.

46 Laourdas 1943.

47 Kazantzakis 1943, 1029.

48 Cf. Lassithiotakis 2000, 185-186.

49 Cf. par exemple Kazantzakis 1943, 1030 (b) : « Μὴν ξαϕνιάζεστε πὼς ἡ γλῶσσα τῆς Ὀδύσσειας εἶναι ἀσυνήθιστή στὴν καθημερινὴ ὁμιλία. Μὰ τὸ ξέρετε, ἡ γλῶσσα τῆς ποίησης ποτὲ δὲν εἶναι ἁπλῶς ἡ λαλούμενη γλῶσσα ὅπως λαλιέται· πάντα παίρνει ἕνα τόνο ὑψηλότερο ἀπὸ τὴν καθημερινὴ ζωή, καὶ μοιραῖα προσωπικό ».

50 Voir notamment Luciani 1994, 345 et note 21 ; Mitsakis 1994, 40-42, 44-46 ; Lassithiotakis 2000, passim et en particulier 177-180. Cf. Prévélakis (éd.) 19842, 7.

51 Cf. Lassithiotakis 2000, 182-183.

52 Lassithiotakis 2000, 183-185.

53 Tsopanakis 1977, 67 : « Ἐξηγοῦνται ἐδῶ οἱ πιὸ δύσκολες λέξεις. (…) Ὅλες εἶναι παρμένες ἀπὸ ὅλα τὰ μέρη τῆς Ἐλλάδας καὶ μπῆκαν ὕστερα ἀπὸ πολύχρονη καὶ δύσκολη ἐπιλογή. »

54 « Δὲν ἔχεις δίκιο νὰ λὲς πὼς θεωρῶ ὅλες τὶς λέξες ἄξιες γιὰ τὴν ποίηση, καὶ δὲν ξεκρίνω τὶς ψυχικές τους κατηγορίες. Κάθε ἄλλο. Προσπαθῶ πάντα νὰ κάνω αὐστηρὴ ἐπιλογή· κάποτε γιὰ ἕνα πράμα ξέρω πέντε ἤ ἕξι ὀνομασίες, ποὺ λέγονται στὰ διάϕορα μέρη τῆς Ἑλλάδας, καὶ τυραννιοῦμαι πολὺ γιὰ νὰ διαλέξω » : Alexiou 1966, 323.

55 « Μια μονάχα απo τα πριν θάθελα ßάση να θέσουμε : μπορούμε να χρησιμοποιήσουμέ λέξες, κάποτε, που να μην είναι γνωστές σε όλους (αλίμονο αν περιοριζόμαστε στο λεξικο πλούτο και του πιο μορϕωμένου νεοέληνα αναγνώστη !) » : Kakridis (éd.) 1977, 275, n° 44, 28 mars 1945.

56 Voir par exemple Alexiou 1966, 323 : « Στὴ Θεία Κωμωδία, ὅσες λέξες δημοτικὲς ϕάνταξαν σπάνιες κι ἄγνωστες, μὲ τὸν καιρὸ τρίϕτηκαν, ἔγιναν κοινές, κ’ ἔχασαν τὴν ϕανταχτερὴν ἀπόχρωση τοῦ σπάνιου ποὺ έἶχαν, ὅταν πρωτογράϕτηκαν. Τὸ ἴδιο ἐλπίξω νὰ γίνει μιὰ μέρα καὶ γιὰ τὴ δημοτική μας γλῶσσα. Κι ὅσες λέξες κ’ ἔκϕρασες τώρα ξαϕνιάζουν στὴ μετάϕραση, νά ’χουν γίνει ὣς τότε πανελλήνεις, ἐλάχιστα σπάνιες » ; Kazantzakis 1909, 11 (7) ; Kazantzakis 1943, 1030.

57 Evelpidis 1962 ; cf. Bien 1972, 239.