Remerciements
Le présent volume est en grande partie le produit d’un colloque, organisé à l’Université de Stanford en avril 1988, et dont le but premier était de favoriser le dialogue, de part et d’autre de l’Atlantique, entre critiques et théoriciens en matière d’études médiévales. Ce que nous nous proposions de faire — et ce que vise l’ensemble des communications ici rassemblées — c’est une mise au point de quelques-unes des perspectives nouvelles dont le Moyen Age est maintenant le propos. La modernité renvoie donc ici aux rapports respectifs entre présent et passé tels qu’ils s’articulent de l’antiquité au monde contemporain. La période du « Moyen Age » — d’un temps à proprement parler médiateur — est en ce sens le lieu privilégié d’une réflexion portant sur la transmission de la connaissance, comme sur la traduction, réelle ou imaginaire, des cultures antérieures. Car, ainsi que le rappelle éloquemment Roger Dragonetti dans un ouvrage récent quant au Mirage des sources dans la pensée médiévale (Seuil, 1987) « écrire, pour un auteur médiéval, n’est-ce pas avant tout se référer aux réserves d’une tradition dont les textes s’écrivent les uns dans les autres, copies de copies faisant palimpseste et compilation sous la surface de l’écriture actuelle, par où le scripteur relit l’ancien dans le nouveau, et inversement, sans distinction historique ? » (p. 41). Le défi du Moyen Age, c’est sans aucun doute celui que posent, pour un lecteur d’aujourd’hui, des textes à mi-chemin entre le vrai et le faux, entre l’original et sa copie, entre l’antique et le nouveau. En quoi cette équivoque reste actuelle, telle est en somme l’interrogation dont rend compte ce travail collectif, fruit des échanges, souvent animés et toujours amicaux, qu’a permis un colloque réunissant nos collègues de Genève, de France, du Canada et des Etats-Unis. Que le « Program of Interdisciplinary Research », et en particulier son directeur, René Girard, et le « Humanities Center » de l’Université de Stanford soient ici remerciés de l’encadrement, tant matériel qu’intellectuel, qu’ils ont si généreusement mis à notre disposition. Notre gratitude va aussi à la Faculté des Lettres de l’Université de Genève et aux organisateurs de cette nouvelle collection, grâce à qui la « modernité au Moyen Age » prend forme et substance.