Remerciements
Le livre qu’on va lire représente la mise en forme d’un séminaire de recherche que j’ai donné à l’intention des étudiants médiévistes de licence et de 3e cycle de la Faculté des lettres de l’Université de Genève au cours du semestre d’été 1998. Mon idée première, en expliquant un texte qui semblait particulièrement s’y prêter – ce « poème sur la poésie » qu’est l’œuvre de Geoffroy de Vinsauf –, était de faire l’épreuve de la notion de réflexivité en littérature, chère à l’école de Genève et notamment à Roger Dragonetti : avec la Poetria nova, venue au terme d’un siècle prodigieux de vitalité en matière (entre autres) de création poétique, l’œuvre littéraire se tendait à elle-même son propre miroir et finissait, tel Narcisse, par s’y noyer ; d’où la crise profonde qui affecte la poésie latine du XIIIe siècle. Or, en déchiffrant patiemment le texte, je crois y avoir découvert bien autre chose ; par des voies sans doute obliques, il donne au contraire un nouvel élan à cette « ancienne et très vague mais jalouse pratique » qu’est l’acte d’écrire. Charles Méla l’avait pressenti dans un essai fort stimulant (« Poetria nova et homo novus », Littérature 74 (mai 1989), p. 4-26) : qu’il soit remercié de m’avoir, à son insu, « ouvert les portes du sens ». Mais ma gratitude va d’abord à la dizaine d’étudiants qui, de façon totalement désintéressée – le séminaire ne donnant lieu à aucune espèce d’évaluation –, m’ont, par leur ardente attention et par leur questionnement ingénieux, contraint à tirer au clair mon intuition.
J’ai ensuite pu tester quelques-unes des idées formulées ci-dessous devant les publics savants du Groupe de recherche sur l’histoire de la poétique, animé à l’Ecole normale supérieure de Fontenay – Saint-Cloud par Mme Michèle Gally et M. Michel Jourde, et du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers, où M. Gabriel Bianciotto et mon ami Pierre-Marie Joris m’avaient invité à présenter une série de conférences. Je sais gré aux uns comme aux autres de m’avoir fourni de tels bancs d’essai.
C’est ainsi que le présent ouvrage a pu, sur la base de notes de cours éparses, être rédigé d’un seul jet, en quelques lumineuses semaines de l’été 1999. Je l’ai alors soumis à la relecture attentive de Mme et MM. les professeurs Pascale Bourgain (Ecole nationale de Chartes), Jacques Dalarun (Institut de recherche et d’histoire des textes), Peter Dronke (Université de Cambridge), Pierre Laurens (Université de Paris IV – Paris-Sorbonne), Alain Michel (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) et Michel Zink (Collège de France), dont les suggestions en ont notablement amélioré le propos. Je ne suis pas sûr que les notes qui recueillent ces suggestions suffisent à mesurer l’étendue de la dette que j’ai envers eux.
Enfin, je suis heureux de marquer ma reconnaissance à Mme Colette Isoz, qui a dactylographié ce texte avec sa diligence et sa précision coutumières, à mes collègues membres du Comité de lecture de la collection Recherches et Rencontres, qui ont bien voulu le juger digne d’y figurer, et à M. Max Engammare et à ses collaborateurs des Editions Droz, qui en assurent la publication.