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Cheminement de la maxime

Philippe MORET

Université de Lausanne

Dans le cadre d’une thèse de doctorat consacrée en priorité à la littérature aphoristique au XXe siècle, j’ai été amené à m’interroger longuement sur la spécificité relative de l’aphorisme moderne et contemporain par rapport au faisceau de traditions gnomiques et sentencieuses dont il se réclame explicitement le plus souvent. J’aimerais reprendre ici la réflexion à nouveaux frais en concentrant mon attention sur ce qui m’apparaît comme un tournant décisif de cette longue histoire, celui qui s’effectue autour ou à partir du genre de la maxime.

Il s’agirait de réfléchir à l’évolution d’un genre, à sa réception, sa reprise critique par des écrivains qui s’en réclament pour s’en démarquer, qui, donc, le problématisent, et de tenter d’articuler ces considérations relevant de l’histoire littéraire à des considérations d’ordre plus général, relevant, elles, de l’histoire culturelle. On peut en effet considérer la maxime comme le produit d’un certain contexte culturel, et le moraliste, auteur de maximes, comme le témoin critique de son époque1. En tant qu’écrivain décrivant les mœurs et coutumes de ses contemporains, en tant que conscience critique de son époque, le moraliste poursuit une entreprise qui invite « tout naturellement » l’analyse littéraire à s’ouvrir à l’histoire culturelle. La maxime me paraît donc s’offrir comme un objet particulièrement propice à une mise en relation de faits de style et de faits de culture. Faute de temps, je ne retiendrai ici que trois auteurs, La Rochefoucauld, La Bruyère et Vauvenargues, mais il est clair que l’enquête devrait être poursuivie en amont comme en aval.

La maxime, en effet, n’est pas née du jour au lendemain avec le génie propre de La Rochefoucauld. Elle est elle-même le produit d’une très longue tradition, que l’on pourrait faire remonter « à la nuit des temps », mais qui, pour l’époque moderne, correspond à la promotion d’une prose discontinue – d’une « rhétorique du discontinu »2 – s’émancipant des recueils de lieux communs et autres florilèges de la Renaissance3. Quelques noms méritent d’être mis en avant à cet égard : Erasme et ses Adages, Montaigne, dont l’art de l’essai fait l’éloge du style coupé, et qui aime à recourir à la sentence, ce qui donne aux textes leur allure bigarrée de « marqueterie mal jointe » selon la propre expression de Montaigne ; mais aussi les auteurs de traités sur l’art de se comporter à la cour, et Castiglione tout particulièrement, qui dans son Livre du courtisan met au goût du jour la notion de sprezzatura, de désinvolture ou de négligence ornée, de dissimulation de l’art, dont Alain Pons a bien souligné l’origine rhétorique4. La Rochefoucauld s’inscrit dans le prolongement de cette réflexion mondaine dont dérive la notion d’honnêteté et la figure de l’honnête homme, mais il faut insister sur le net infléchissement critique de la réflexion sur l’honnêteté effectué par les Maximes du duc.

Les Maximes forment en effet une entreprise de grande envergure contre les valeurs, les « vertus apparentes », entreprise anti-stoïcienne emblématisée par le Sénèque démasqué en frontispice, et qui correspond à ce que Bénichou a appelé la « démolition du héros »5. Les commentateurs s’accordent généralement à situer cette entreprise dans le prolongement de l’échec de la Fronde des princes, défaite d’un héros, d’un Grand écarté du pouvoir. Les Maximes auraient ainsi une valeur compensatoire, elles convertiraient l’éviction politique en victoire esthétique6. Par ailleurs, Jean Lafond a bien montré ce que le pessimisme de La Rochefoucauld, en particulier dans la critique de l’amour-propre comme mobile des actions humaines doit au jansénisme7. Rappelons à ce propos l’avertissement inaugural du « libraire au lecteur », qui rend ce dernier attentif au fait que l’auteur des Réflexions ou Sentences et Maximes morales8 « n’a considéré les hommes que dans cet état déplorable de la nature corrompue par le péché ; et qu’ainsi la manière dont il parle de ce nombre infini de défauts qui se rencontrent dans leurs vertus apparentes ne regarde point ceux que Dieu en préserve par une grâce particulière ». Au fond, les Maximes, ce serait les Pensées sans apologie9.

Tel paraît être l’environnement politique, intellectuel et théologique de la maxime, genre mondain, forme-sens dérivant des traités de l’honnêteté et d’une réflexion augustinienne laïcisée, et dont le pessimisme se transmue en beauté, se fait spirituel, witzig, dans l’élection d’un faisceau de formes, d’un style caractérisé par la distance qu’on pourrait dire hautaine ou aristocratique, l’« effet de sourdine » d’une énonciation de vérité dérivant de la sentence traditionnelle, par la brièveté et la pointe sentencieuse, le goût du paradoxe, du retournement de la doxa et des idées convenues sur les valeurs, geste systématique d’une critique idéologique omniprésente. Si la maxime est devenue genre littéraire, c’est qu’elle a rencontré un public mondain, qu’elle satisfaisait un certain horizon d’attente, qu’on reconnaissait en elle un objet d’admiration esthétique au moins autant qu’intellectuelle, comme en témoignent les réactions des lecteurs contemporains qui sont unanimes à saluer le piquant et la grâce des « tours » d’un bel esprit.

La Bruyère s’inscrit bien dans cette réception esthétisante des maximes. Se réclamant explicitement de la tradition gnomique et « glan[ant] », comme on le sait, « après les anciens et les habiles d’entre les modernes » (« Des ouvrages de l’esprit », 1), il retient, avec les modèles antiques de Théophraste et des Proverbes de l’Ancien Testament, deux de ces modernes pour situer son œuvre : Pascal et La Rochefoucauld, justement, dont l’« unique pensée, comme multipliée en mille manières différentes, a toujours, par le choix des mots et par la variété de l’expression, la grâce de la nouveauté » (« Discours sur Théophraste »). Mais s’il se réclame de La Rochefoucauld, c’est pour mieux se démarquer du genre d’écrire de ce dernier. Le passage du préambule aux Caractères est bien connu, mais il vaut la peine de le relire ici :

Ce ne sont point au reste des maximes que j’aie voulu écrire : elles sont comme des lois dans la morale, et j’avoue que je n’ai pas assez d’autorité ni assez de génie pour faire le législateur ; je sais même que j’aurais péché contre l’usage des maximes, qui veut qu’à la manière des oracles elles soient courtes et concises. Quelques-unes de ces remarques le sont, quelques autres sont plus étendues : on pense les choses d’une manière différente, et on les explique par un tour aussi tout différent, par une sentence, par un raisonnement, par une métaphore ou quelque autre figure, par un parallèle, par une simple comparaison, par un fait tout entier, par un seul trait, par une description, par une peinture : de là procèdent la longueur ou la brièveté de mes réflexions. Ceux enfin qui font des maximes veulent être crus : je consens, au contraire, que l’on dise de moi que je n’ai pas quelquefois bien remarqué, pourvu que l’on remarque mieux.

Telle est la nouveauté rusée, ironique de La Bruyère, qui correspond bien à l’encadrement du premier chapitre des Caractères, entre le « tout est dit » inaugural et le « je l’ai dit comme mien » du dernier énoncé. Au hiératisme de la maxime et à son allure normative, il convient de préférer la souplesse de la « remarque », et à une esthétique de la variation d’une « unique pensée », une esthétique de la variété, de l’adaptabilité des formes aux contenus. Ce qui est ici mis en avant, c’est la personne de l’écrivain, la dimension subjective de la remarque à l’encontre de l’impersonnalité apparente de la maxime. Il convient en effet de « parler juste » (« Des ouvrages de l’esprit », 2), nous dit La Bruyère, et de relever pleinement le défi que constitue le métier d’écrivain : « C’est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule : il faut plus que de l’esprit pour être auteur » (« Des ouvrages de l’esprit », 3). On est loin de la position de retrait de La Rochefoucauld, pour qui « le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien » (max. 205), et surtout pas d’être un auteur. Les Caractères valorisent la figure de l’homme de lettres ou du « philosophe » comme figure de l’auteur dans son œuvre, autoportrait idéalisé de l’écrivain critique des « mœurs de ce siècle » – c’est le sous-titre des Caractères –, sorte d’« outsider »10 observant satiriquement les travers de la société dans laquelle il s’inscrit et prenant explicitement en charge les valeurs chrétiennes ancestrales en fonction desquelles la critique peut et doit se faire.

Dimension subjective donc, et dimension sociologique11 ou quasi ethnographique de l’entreprise de La Bruyère, moraliste « fin de siècle », qui prétend faire la somme critique de son époque, comme l’indique la table des matières des Caractères ; tels semblent être les apports de La Bruyère à l’histoire des formes brèves et sentencieuses et l’infléchissement propre qu’il fait subir à la maxime. On a beaucoup glosé sur la position-charnière de La Bruyère dans l’histoire intellectuelle, notre moraliste se situant dans « l’arrière-saison » du classicisme, pour reprendre la jolie expression de Noémi Hepp12, dans cette période où Paul Hazard situe « la crise de la conscience européenne »13. Les Caractères relèvent-ils du « crépuscule » du classicisme ou de l’« aurore » des Lumières, pour citer encore une fois Noémi Hepp – ou encore : constituent-ils une clôture ou une ouverture ?

J’ai déjà souligné la dimension chrétienne de l’œuvre : sa critique se fonde sur une orthodoxie catholique explicitée dans le dernier chapitre (« Des Esprits forts »), directement inspiré de Pascal et de Descartes, que La Bruyère, en bon disciple de Bossuet, donne comme l’aboutissement théologique de sa satire sociale. On a ainsi pu fustiger le conservatisme du moraliste. Je préfère quant à moi la position, disons, dialectique de Louis Van Delft qui voit l’ouverture des Caractères sur l’avenir non pas tant dans le contenu, où « la philosophia moralis et la doxa chrétienne se rencontrent et se donnent la main » que dans les ruses de l’écriture. Ou plutôt, dans la mesure où l’idéal classique de La Bruyère veut qu’« entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne » (« Des ouvrages de l’esprit », 17), c’est l’écriture, le style, le travail de la variété, la prolifération et la discontinuité, l’éclatement relatif des énoncés dans l’organisation elle aussi relative de l’ensemble, qui informent la pensée et lui donnent un tour nouveau. C’est ainsi, selon Van Delft, « que l’écriture, chez lui, est plus révélatrice, plus signifiante que l’anthropologie, et que Les Caractères, en dépit de leurs ‘clôtures et barrières’, vont, pour reprendre l’expression du poète, ‘au-delà de l’horizon’ »14.

De La Rochefoucauld à La Bruyère, l’évolution qui se joue tient donc autant de la forme que du contenu de la pensée : la discontinuité des Caractères s’émancipe de l’énonciation gnomique propre à la maxime pour faire valoir l’art de la variété sur celui de la variation, la richesse de postures d’une écriture moraliste mettant en avant la figure de l’écrivain comme artisan au moins autant que comme observateur critique. Le pessimisme augustinien du duc fait place à une sorte d’optimisme et de plaisir de l’écrivain-philosophe, dénonciateur satirique des mœurs de son temps en fonction d’un idéal chrétien positivement formulé dans le dernier chapitre des Caractères.

Si l’on en vient maintenant à Vauvenargues, et plus précisément à la section des « Réflexions et maximes » de son unique livre, Introduction à la connaissance de l’esprit humain (1747 pour l’édition définitive), il convient d’abord de souligner que le moraliste des Lumières s’inscrit explicitement dans la filiation directe de ses deux prédécesseurs. Mais si La Bruyère est loué pour la variété de son éloquence et ses qualités de « grand peintre », La Rochefoucauld, quant à lui, ne rencontre pas les faveurs de Vauvenargues :

La répugnance que j’ai toujours eue pour les principes que l’on attribue au duc de La Rochefoucauld, m’a engagé à discuter quelques-unes de ses Maximes. Ce sont les erreurs des hommes illustres qu’il importe le plus de réfuter, leur réputation leur donnant de l’autorité, et les grâces de leurs écrits les rendant plus propres à séduire. (« Critique de quelques maximes du duc de La Rochefoucauld »)

Vauvenargues accorde au duc le mérite d’« avoir été, en quelque sorte, l’inventeur du genre d’écrire qu’il a choisi » ; et il ajoute : « J’ose dire que cette manière hardie d’exprimer brièvement et sans liaison, de grandes pensées, a quelque chose de bien élevé ». Mais voilà, le discours pessimiste de La Rochefoucauld est inversement proportionnel aux mérites de la forme, et il s’agit pour Vauvenargues, en reprenant le genre de la maxime, de restituer toute leur intégrité aux valeurs. De là des maximes qui tendent à l’idéal stylistique d’une concision non-paradoxale, susceptible de relever les vertus après le travail de sape de La Rochefoucauld, et d’exalter la grandeur de l’homme. Citons quelques exemples particulièrement caractéristiques :

La clarté orne les pensées profondes. (Maxime 4)

Le sentiment de nos forces les augmente. (Maxime 75)

Nos plus sûrs protecteurs sont nos talents. (Maxime 86)

La force peut tout entreprendre contre les habiles. (Maxime 95)

Les grandes pensées viennent du cœur. (Maxime 127)

Celui qui recherche la gloire par la vertu ne demande que ce qu’il mérite. (Maxime 295)

Cette valorisation du cœur, de la force ou de la gloire, cette énergétique morale, ce vitalisme, correspondent à ce que l’on pourrait appeler une réhabilitation ou une reconstruction du héros, pour inverser l’expression fameuse de Bénichou. D’où l’adjectif « inactuel » qu’utilise Jean Dagen pour caractériser Vauvenargues et « la volonté de dépouillement extrême » qui se manifeste dans ses maximes. Dagen en vient même à dire qu’il est « moins successeur que juge [des moralistes classiques] ; une sorte de conscience seconde ; en somme le moraliste des moralistes. Et venu le dernier, il finirait par apparaître comme le premier, le plus pur »15.

Mais dans un autre texte consacré à Vauvenargues, le même Jean Dagen historicise, en quelque sorte, l’inactualité du jeune moraliste en confrontant son entreprise à celle de La Bruyère et en explicitant l’« arrière-fond philosophique » qui les sous-tend. Selon l’influence plus ou moins directe de la réflexion critique de Fontenelle et celle de l’empirisme anglais, ce qui se joue chez Vauvenargues, ce serait « l’avènement de l’individualisme moderne », qui nous conduirait du côté de Diderot et de Stendhal. En cela, la démarche de Vauvenargues serait l’inverse de celle de La Bruyère :

Dans la forme que lui donne Vauvenargues, l’éthique individualiste apparaît comme le support indispensable d’une pensée rationnelle. C’est au prix de cette sorte de pari philosophique que se trouvent intégrées et autorisées les notions morales que La Bruyère jugeait fondamentales, les plaçant au commencement de toute réflexion. De l’un à l’autre des deux auteurs les processus de pensée et les rapports de valeurs s’inversent16.

Le « subjectivisme universaliste » de La Bruyère s’inverserait donc dans l’« individualisme vitaliste » de Vauvenargues. Et il est vrai que cette promotion de l’individu se trouve comme confirmée dans la valorisation de l’amour de soi qu’accomplit notre moraliste à l’encontre de l’amourpropre dénoncé par La Rochefoucauld comme le mobile secret des vertus apparentes.

Ce qu’on peut dire au total, c’est que l’entreprise moraliste de Vauvenargues se justifie comme quête personnelle, et l’avertissement inaugural de la section des « Réflexions et maximes » m’apparaît tout à fait éloquent à cet égard :

Il n’y a personne qui ne sache que toutes les propositions générales ont leurs exceptions. Si on n’a pas pris soin ici de les marquer, c’est parce que le genre d’écrire que l’on a choisi ne le permet pas. Il suffira de confronter l’auteur avec lui-même pour juger de la pureté de ses principes.

L’universalité de la maxime lui est imposée génériquement. Ce n’est qu’une apparence au-delà de laquelle il s’agit d’aller si l’on veut rencontrer la vérité incarnée du texte. Avec Vauvenargues, tout se passe comme si la vérité maintenant ne pouvait plus se faire jour que dans une « confrontation » des idées et de la vie, de l’auteur et de son œuvre, que le lecteur serait invité à faire pour les authentifier l’un et l’autre en les identifiant l’un à l’autre.

Contrairement à ce que pensait La Bruyère, la maxime pour Vauvenargues n’est donc pas « comme [une loi] dans la morale ». C’est un sujet producteur réhabilité qui en garantit la pertinence et l’éclat. Si la maxime selon La Rochefoucauld visait à destituer l’image d’un sujet humain centré, maître de ses actes et de ses pensées, par la critique de l’hégémonie de l’amour-propre, la maxime chez Vauvenargues vise au contraire à en faire un sujet moral autonome, dont la plénitude et la transparence à soi garantissent la validité de la brièveté sentencieuse.

On pourrait dire que l’optimisme de Vauvenargues et son individualisme correspondent à une « réhabilitation de la nature humaine »17, pour reprendre le titre d’une étude déjà ancienne, à l’encontre de l’augustinisme classique. Il n’est pas sans affinités avec l’écriture diariste, dont Jean-Marie Goulemot a souligné que la vérité qu’elle prend en charge

« n’est point à démontrer, à prouver, elle ne tient pas aux actes publics du sujet, elle n’appartient pas non plus au groupe, aux témoignages majoritaires, elle appartient tout entière à ce regard individuel, en marge, presque secret, porté sur les choses et le monde »18. L’écriture diariste me paraît d’ailleurs avoir joué son rôle dans l’infléchissement de la prose aphoristique vers la subjectivité, la contingence, un régime provisoire et provisionnel de la vérité dans l’écriture. Ce n’est pas une autre histoire, comme le prouvent les Carnets de Joubert au tournant du XIXe siècle, mais la place me manque pour poursuivre le cheminement.

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1 Pour une réflexion historicisée sur la notion de moraliste, je renvoie à l’étude de Louis Van Delft, Le Moraliste classique. Essai de définition et de typologie, Genève, Droz, 1982.

2 Voir Marc Escola, « Ceci n’est pas un livre. Prolégomènes à une rhétorique du discontinu », in XVIIe siècle, Société d’étude du XVIIe siècle, 182, janvier-mars 1994, pp. 71-82.

3 Pour cette filiation, voir Bernard Beugnot, « Florilèges et Polyantheae. Diffusion et statut du lieu commun à l’époque classique », in Etudes françaises, Les Belles-Lettres, 13, 1-2, 1977, pp. 119-141, ainsi que la préface de Jean Lafond à l’anthologie établie sous sa direction, Moralistes du XVIIe siècle de Pibrac à Dufresny, « Bouquins »-Laffont, 1992.

4 Voir sa présentation du Livre du courtisan (1528), d’après la version de Gabriel Chappuis (1580), GF-Flammarion, 1991.

5 Paul Bénichou, Morales du grand siècle, Gallimard, 1948.

6 Voir à ce propos Jean Starobinski, « La Rochefoucauld et les morales substitutives », in NRF, 163-164, juillet-août 1966, pp. 16-34 et 211-229.

7 Jean Lafond, La Rochefoucauld. Augustinisme et littérature, Klincksieck, 1977.

8 Tel est en effet le titre exact et complet de l’œuvre.

9 A ce propos, voir Philippe Sellier, « La Rochefoucauld, Pascal, Saint Augustin », in RHLF, mai-août 1969, pp. 551-575.

10 Je reprends le terme utilisé par Jules Brody dans Du style à la pensée. Trois études sur les Caractères de La Bruyère, Lexington Kentucky, French Forum Publishers, 1980.

11 « Bien souvent […] La Bruyère […] explique les comportements par le conditionnement social. C’est certainement l’un des points les plus nouveaux et les plus actuels de l’observation dans les Caractères » (François-Xavier Cuche, Une pensée sociale catholique. Fleury, La Bruyère, Fénelon, Les Editions du Cerf, 1991, p. 126).

12 In Précis de littérature française du XVIIe siècle, sous la direction de Jean Mesnard, PUF, 1990.

13 Paul Hazard, La Crise de la conscience européenne (1680-1715), Paris, Boivin, 1935, 3 vol. Pour une critique récente de cet ouvrage important, voir Jean Mesnard, « La Crise de la conscience européenne : un maître livre à l’épreuve du temps », in Jean Mesnard, La Culture du XVIIe siècle. Enquêtes et Synthèses, PUF, 1992.

14 Pour l’ensemble de la discussion, voir Louis Van Delft, Littérature et anthropologie. Nature et caractère à l’âge classique, PUF, 1993, chapitre IX : « Du monde clos à l’œuvre ouverte », titre-valise où l’on aura reconnu Umberto Eco et Alexandre Koyré.

15 Vauvenargues, Introduction à la connaissance de l’esprit humain, édition de Jean Dagen, GF-Flammarion, 1981, pp. 15-16.

16 Jean Dagen, « Vauvenargues et La Bruyère », in CAIEF, Les Belles Lettres, N˚ 44, mai 1992, p. 364.

17 Roger Mercier, La Réhabilitation de la nature humaine (1700-1750), Villemonble, Editions « La Balance », 1960.

18 Histoire de la vie privée, sous la direction de Philippe Ariès et Georges Duby, tome 3 : « De la Renaissance aux Lumières », Le Seuil, 1986, p. 392.