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Michel de L’Hospital : Le mythe et l’histoire

Loris PETRIS

Université de Neuchâtel

Les idées et les textes de Michel de L’Hospital (v.1505-1573) doivent être réexaminés. Juriste et avocat, conseiller au Parlement de Paris puis premier président de la Chambre des Comptes, ce protégé de François Olivier, de Marguerite de France et du cardinal Charles de Lorraine devient chancelier du Berry en 1550 puis chancelier de France en 1560. Sa destinée est singulière à de multiples égards puisqu’il fut à la fois homme d’Etat, magistrat, mécène, poète et juriste. Il vécut sous quatre rois et il fut le chef de la justice au moment où la France bascula dans l’horreur des guerres de religion. Son humanisme incarna longtemps l’union entre la culture et le pouvoir et son rayonnement politique et artistique s’exerça autant sur la tribune que par la plume. Et enfin, L’Hospital est devenu comme l’otage de l’histoire, dont il importe de revisiter les mythes.

On abordera ici les deux visages que le mythe et l’histoire prennent chez L’Hospital. Côté pile : comme tout son siècle, L’Hospital utilise le mythe et l’histoire dans ses poésies latines et dans ses discours. Côté face : l’histoire façonne à sa guise la figure de L’Hospital, qui devient au besoin démon ou ange, et elle s’empare de lui pour lui prêter a posteriori des propos que d’autres époques n’oseront pas exprimer : elle fait de lui un porte-parole du futur. Le travail peu fidèle de l’éditeur des Œuvres complètes de L’Hospital est à cet égard emblématique. Outre les erreurs involontaires et l’absence de rigueur éditoriale, P.J.S. Dufey s’est permis dans son édition des harangues et des traités des écarts considérables par rapport aux éditions de première main les plus fiables. Écrivant sous la Restauration, il a sciemment prêté à L’Hospital des propos que l’éditeur n’osait pas lui-même proférer ouvertement1. C’est pourtant sur cette édition très discutable que la majorité des études modernes continuent de se fonder, faute de mieux ou faute d’une vérification des sources. Il importe donc de reconsidérer la manière dont L’Hospital exploite l’histoire et le mythe avant d’être à son tour recyclé par l’histoire à des fins idéologiques, jusqu’à devenir la victime de sa propre légende. Double effet de loupe et de prise de distance, cette démarche revient à enrichir et à éprouver l’histoire de la littérature au travers de l’histoire littéraire, l’histoire au travers de la littérature, et vice et versa.

Comment Michel de L’Hospital utilise-t-il l’histoire et le mythe ? Force est de constater que, comme son temps, il s’en sert à la fois comme argument et comme ornement. La fonction ornementale, qui ressortit à l’elocutio, l’emporte dans les passages « détendus » des Carmina, là où la nécessité de persuader n’est pas primordiale, là où la fonction conative est comme mise en veilleuse. Par contre, la fonction argumentative, qui dépend de l’inventio, prédomine dans le discours « tendu », c’est-à-dire dans la majorité des pièces latines et des discours, où il s’agit presque toujours de convaincre. Le mythe devient ainsi pour L’Hospital un réservoir d’exemples et le ferment de leçons morales. Raillant dans une épître à Pibrac la philautie, cet « amour de soi » déjà condamné par Erasme2, L’Hospital exploite le mythe de Narcisse tout comme la fable d’Esope de la besace à deux poches, comme écrira La Fontaine, « pour nos défauts la poche de derrière / Et celle de devant pour les défauts d’autrui »3 : le mythe et la fable mettent en image une anthropologie négative dans laquelle l’homme, exilé et déchu de sa patrie céleste, est perçu comme le prisonnier de ses limites, de ses faiblesses, de son amour-propre et de son ignorance. D’autres fables et d’autres mythes cités par L’Hospital vont également dans le sens de cette interprétation : la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, Alcide et les grenouilles de Sériphe, Tantale, Phynée ou Ixion4. Le mythe n’est en général pas qu’une marqueterie ornementale : il véhicule l’enargeia de l’allégorie et, comme l’histoire, la leçon du temps qu’il s’agit de recueillir précieusement pour les mettre au service d’un évangélisme soucieux d’agir ici-bas. Derrière sa façade décorative se cache une valeur éminemment morale qui fonde le discours parénétique.

A la Renaissance, le retour à l’Antiquité ravive la conscience de l’histoire. La profonde nostalgie de l’Origine qui en découle sera très diversement exploitée : regret d’un Age d’or chez les poètes5, preuve de la corruption de l’Église catholique pour les protestants, dénonciation de la perversion morale chez les moralistes, curiosité philologique chez les humanistes, refus des gloses médiévales chez les juristes. Ce sursaut de l’esprit face au temps se traduit chez Michel de L’Hospital par une conscience historique en éveil et par un véritable mythe des origines et de la dégradation constante des mœurs. Ainsi, dans une satire anonyme de 1557 contre la papauté et contre les expéditions françaises en Italie6, L’Hospital puise ses arguments gallicans dans l’histoire afin d’illustrer et de prouver la décadence continuelle de la papauté et l’asservissement des Français aux ambitions temporelles des pontifes. L’histoire lui fournit à la fois la preuve et le recul nécessaire pour condamner la perpétuation de l’erreur :

Parcours par la lecture, les récits historiques et recense dans ton esprit les choses vues et celles entendues : tu verras que nous sommes toujours sortis d’Italie battus7.

Les premiers papes défendaient la foi par l’exemple, la douceur et la piété, alors que les papes actuels croient protéger l’Eglise par la contrainte, la violence et l’ambition8. La décadence commença lorsque les rois francs aidèrent les papes à fonder leur empire temporel en déposant le dernier roi mérovingien. Comme tant d’autres poètes et orateurs, L’Hospital se contente de puiser des arguments dans l’histoire, sans se livrer à une réflexion sur la connaissance historique : son intention n’est pas de gloser un savoir ou d’en vérifier la véracité car l’histoire qui est en train de se faire l’intéresse plus que le passé. C’est celle-là qu’il veut écrire. L’histoire n’est utile que dans la mesure où elle sert au présent.

Cette intégration du savoir historique ne craint pas le syncrétisme et l’amalgame de farcissures érudites qui constituent la face savante de cette « rhétorique des citations » de l’éloquence parlementaire9. Ainsi, Louis XI, Louis XII, Philippe de Valois et Charles le Bel sont convoqués aux côtés de Demetrius et de Théopompe, rois de Macédoine et de Sparte10. L’Hospital puise ses exempla chez les auteurs les plus divers, profanes comme chrétiens. Les citations et les exemples empruntés à Plutarque, Virgile, Juvénal et Thucydide y côtoient ceux tirés de la Vulgate et de Tertullien11. Alcibiade y confine à César et à Sylla. Rien d’étonnant à cela lorsqu’on sait tout ce que la littérature du XVIe siècle doit aux florilèges, du Florilegium de Stobée jusqu’aux Adagia d’Erasme, à l’Officina de Ravisius Textor et aux Polyantheae de Nanus Mirabellius12. Si le principe de l’imitatio suscite à la Renaissance un renouvellement de la production littéraire, l’approche de l’Antiquité se fait tantôt par une voie directe, tantôt par le raccourci de compilations encyclopédiques qui regroupent des sentences extraites de leur contexte et classées par thème ou par auteur.

Dans les poésies intimes comme dans les discours politiques, le monde profane ne tourne pas plus le dos au monde chrétien que le mythe ne s’oppose à l’histoire. Par un syncrétisme fécond, la Renaissance voit dans les dieux antiques des images du Dieu chrétien et Guillaume Budé donne les principes de l’intégration (la translatio studii) de la matière antique à la tradition chrétienne13. Ainsi, L’Hospital, qui mêle souvent Deum et dii, exhorte Claude d’Espence à mépriser les vers profanes et leurs auteurs qui sont dignes des dieux menteurs, méchants et faux qu’ils célèbrent14. Il définit dans cette épître de 1547 une poétique chrétienne basée sur la simplicitas Christiana : que le discours soit sans art, facile, aisé, pas tourmenté, qu’il fuie tout ornement, qu’il soit plein de gravité15. Si les idées et la vérité chrétienne priment les paroles et les divinités païennes, l’ornatus n’est toutefois pas rejeté puisqu’il sera admis s’il se présente de lui-même, « Sponte sua, sine delectu, splendore vel arte ». Pourtant, L’Hospital puise abondamment dans le vivier mythologique pour donner du lustre à ses vers. La Renaissance vit dans ces contradictions qui ne le sont que pour nous. Les descriptions poétiques et mythiques sont pour L’Hospital aussi porteuses de sens que l’Histoire et il n’y a en fait pas d’opposition entre elles. Erasme avait déjà mis le monde profane au service de la foi chrétienne, faisant de la poésie profane une véritable propédeutique à la Révélation chrétienne16. Comme à ses débuts, la Chrétienté se construit sur les ruines du monde profane, la croix trône au sommet des obélisques païens et les contraires se côtoient dans une stricte hiérarchie des valeurs. Dans ses poésies comme dans ses harangues, celui qui s’évertua à réformer la justice fait donc allusion à cette Astrée, déesse de la Justice réfugiée aux cieux17. La référence au mythe permet alors d’inscrire des débats judiciaires très particuliers et contextualisés dans une vérité qui dépasse l’instant, dans un devenir historique qui recèle – cela n’est paradoxal que pour nous – un appel au progrès par un retour. Loin de n’être qu’un ornement ressassé, le mythe acquiert une force nouvelle par son enracinement dans l’histoire, qu’il dirige à son tour vers un idéal supérieur à rétablir.

L’exemple historique que convoque L’Hospital draine avec lui tout le poids du passé perçu comme une autorité. Ainsi, lorsqu’il veut se défendre des reproches qu’il encourt de se livrer à l’écriture, passe-temps considéré comme incompatible avec la gravité et les devoirs de sa charge, L’Hospital écrit au cardinal de Tournon que l’exemple des Anciens le protège, « veterum me exempla tuentur »18. Le passé devient sa caution : on peut être à la fois poète et homme d’État et, comme Cicéron et Sénèque, écrire sans pour autant négliger son devoir civil, parce que l’otium est déjà une préparation au negotium. Et, si même Solon versifia, pourquoi L’Hospital ne le pourrait-il pas ? Ailleurs, l’exemplum historique sert, a contrario, de repoussoir, lorsque L’Hospital se plaint que l’exemple de Rome, envahie par le luxe après avoir conquis l’Asie, devrait servir aux Français et les inciter à plus de sobriété et de décence dans leurs mœurs19. L’influence certaine de L’Hospital sur Ronsard n’est plus à prouver, et c’est précisément celui dont L’Hospital sut, l’un des premiers (dès 1550), reconnaître « la gloire naissante », qui exprime peut-être le mieux toute l’importance que l’histoire revêt pour le XVIe siècle20 :

Qui cognoistroit Hector, qui cognoistroit Troïle,

Ny d’Ulysse les faits, ny le courroux d’Achille,

Alexandre, Cesar, sans l’encre qui combat

Contre la faulx du Temps qui toute chose abat ?

Mais par-sur tout l’histoire est un bien profitable

Et la plus propre à nous, quand elle est veritable :

Elle fait d’un jeune homme un vieillard à vingt ans,

D’un vieillard un enfant, s’il ne cognoist des temps

Et des mutations les miseres communes,

Et l’heur et le malheur des diverses fortunes.

L’histoire sans nous mettre au hazard des dangers

Nous apprend les combats des Princes estrangers,

Et de ceux de nostre âge, et comme une peinture

Nous represente à l’œil tout humaine avanture21

Par la connaissance et la somme d’expérience qu’elle condense, l’histoire fait de l’adolescent un puer senex, un sage avant l’heure : la connaissance du temps renverse l’œuvre du temps. Mais s’il ne connaît pas l’histoire, le vieillard n’est qu’un enfant qui a encore tout à apprendre. Plus qu’un simple registre de faits qui amasse l’épaisseur des choses pour les sauver de l’oubli, l’histoire devient ainsi une somme d’expérience qui enseigne, magistra vitae :

C’est le tesmoin du temps, la memoire des âges,

La maistresse des ans, la vie des mourans,

Le tableau des humains, miroir des ignorans,

Et de tous accidans messagere chenue22

L’histoire est donc porteuse de sens et d’expérience. Elle est indissociable de la matière littéraire, et toutes deux sont comme « le tableau des humains », « comme une peinture » vivante23. Si, pour L’Hospital comme pour Ronsard, l’histoire lutte « contre la faulx du Temps », sa valeur première est d’être source de sagesse et instrument d’un docere car elle recèle les potentialités de l’expérience vécue comme par procuration. Elle est une deuxième vie.

Il faut à présent prendre de l’altitude et interroger l’histoire littéraire et l’historiographie : après avoir lui-même abondamment utilisé l’histoire et le mythe, comme preuve et comme ornement, comment Michel de L’Hospital a-t-il été perçu et exploité par l’histoire ? Pourquoi et de quelle manière est-il devenu la victime de la légende qui s’est édifiée peu à peu autour de lui, sur lui, au point de l’étouffer ? Se plonger dans le devenir post mortem de ce magistrat revient à désencombrer l’histoire du mythe – pourtant toujours porteur de sens – qui le masque, à chercher l’homme derrière ses représentations, le vivant derrière le pensé, l’écrit derrière le commentaire.

Les égarements et les constructions idéologiques oscillent entre l’entreprise d’idéalisation et de démolition, entre l’adulation forcenée et la dépréciation systématique, entre le piédestal et la fange. Les multiples anamorphoses de L’Hospital lui ont façonné différents visages, des « nez de cire »24 qu’il faut reconnaître. Le chancelier fut tour à tour assimilé à Caton le Censeur, Solon, Socrate, Aristote, saint Jérôme ou Thomas More25. Le seul L’Hospital que l’on puisse espérer connaître – celui qui se reflète dans les textes – demeure ainsi masqué derrière un halo légendaire qui a fait de lui, au gré des époques, un parvenu machiavélique, un pacifiste, un philosophe avant l’heure, une créature des Guises, le premier apôtre solitaire de la liberté de conscience ou encore un magistrat déchu pour avoir été trop en avance sur son temps. Autant de L’Hospital que d’époques.

Inauguré par ses proches, le filon hagiographique encensa la figure de L’Hospital dans un nimbe d’éloges. Il trouve ses racines dans la poésie encomiastique que lui dédient les poètes qui gravitaient autour de lui, de Marguerite de France, du salon de Jean Morel et des Guises. Outre l’éloge qu’il lui adresse par son Ode à Michel de L’Hospital, remerciement pour sa protection dans la querelle avec Saint-Gelais26, Ronsard loue à plusieurs reprises L’Hospital,

[…] ce divin l’Hospital

Nourriçon d’Apollon, qui si doctement touche

La lyre, et qui le miel fait couler de sa bouche27.

Ici, Michel de L’Hospital devient celui qui redonne courage28 ; là, il est Michau, l’arbitre pastoral d’un concours poétique entre Bellot et Perot, entendez Du Bellay et Ronsard29. L’évolution de sa figure dans la poésie du Vendômois est significative : l’image de L’Hospital devient toujours plus abstraite, pour se transformer finalement en une figure quasi mythique, toujours plus désincarnée et détachée de tout référent30, jusqu’à devenir cosmique,

Quand L’Hospital despouillé de son voille

Dedans le ciel luira comme une estoile31.

L’Hospital entre ainsi dans le Panthéon littéraire. La perpétuelle reconstruction de la figure de L’Hospital devient donc une entreprise hagiographique mais aussi un travail récupération. Ainsi, à la fin du XVIe siècle, les Politiques, qui veulent voir en lui un père spirituel, fondent le mythe du partisan de la séparation de l’Eglise et de l’Etat32. Le discours du sacre de François II rédigé en automne 1559 par L’Hospital devient, cela est significatif, l’arme d’idéologies opposées : en 1652, l’anti-absolutiste Claude Joly l’utilise contre Mazarin alors que Charles Perrault, apologiste de Louis XIV et protégé de Colbert, publie en 1675 une autre traduction33. La tradition philosophique, inaugurée par l’article « L’Hospital » du Dictionnaire historique et critique (1695-1697) de Pierre Bayle, fait de L’Hospital un apôtre de la liberté de conscience qui « nage entre deux eaux » : contre Jurieu, le philosophe exilé doit se trouver des modèles, et L’Hospital est l’un d’eux. Cette interprétation sera utilisée au XIXe siècle par les mouvements libéraux protestants et par les courants anticléricaux, jusqu’à l’ouvrage de Henri Amphoux34. L’hagiographie de L’Hospital culmine de manière significative en 1777, lorsque le panégyrique du chancelier devient le sujet du concours de l’Académie française, nouvelle occasion de faire dire et penser au chancelier ce que l’on pense mais que l’on n’ose pas affirmer ouvertement35. Chaque époque a ainsi tendance à plaquer sur son sujet les idées dont elle a besoin. Le début du XXe siècle voulut donc tracer « un portrait psychologique » de Michel de L’Hospital36.

Aux antipodes de cette idéalisation protéenne, l’avilissement de la figure du chancelier n’attendit pas son décès pour le traîner dans la fange. Humaniste modéré et gallican entre les fanatiques des deux bords, catholiques comme protestants, L’Hospital devient dès 1562 la cause des troubles civils. On fait de lui le descendant d’un juif d’Avignon37. Jodelle, qui le louait quelques années plus tôt dans son Ode de la Chasse, chante sa palinodie et tonne contre L’Hospital :

Il vit encores ce vieillard,

Ce meschant asne montagnard,

Et veoit avec impunité

De son pays l’embrasement

Dont malheureux il a esté

La cause & le commencement38.

L’Auvergnat devient le germe du fléau. « Pour quelle raison l’Hôpital, issu d’une souche juive, se vante d’être l’égal des princes ? » s’écrie Jodelle39. Les catholiques plaisantent sur l’orthodoxie suspecte de L’Hospital par une expression qui devient proverbiale, « Dieu nous garde de la messe du chancelier »40, l’accusant ainsi d’être un nicodémite qui ne fréquente la messe que par conformisme. Sa femme et sa fille ne sont-elles pas protestantes ? Bèze, qu’André Thévet critiquera, voit en lui un cryptoprotestant qui n’a pas osé se déclarer ouvertement et qui ne porte donc la lumière que dans son dos41. Un recueil satirique de 1561 intitulé Regime de santé adressé à la Reine Catherine exhorte Catherine de Médicis à ne plus fréquenter son chancelier42. Rome et l’Espagne se coalisent pour provoquer le renvoi de L’Hospital, qui se retire finalement en 1568 après avoir refusé de donner son aval à une bulle papale. Enfin, même l’excellent historien Lucien Romier, soucieux de rétablir l’image de Catherine de Médicis et de réagir contre les panégyristes de L’Hospital, ne peut s’empêcher de noircir Michel de L’Hospital en faisant de lui « une figure heureuse de parvenu », un ambitieux « prudent ou subtil jusqu’à se contredire »43.

Les causes de ces égarements sont multiples. Les anachronismes sont d’autant plus faciles que les poésies du chancelier ne furent, pour la plupart, pas éditées de son vivant. De plus, sa personnalité complexe a paradoxalement facilité sa réduction à tel ou tel aspect. Sa cristallisation forcée a longtemps mystifié l’être en devenir en reportant sur toute sa vie ses pensées et ses paroles extraites de leur contexte44. De plus, l’écart entre la fonction publique et l’individualité a notablement compliqué le sujet. Dans ses discours, L’Hospital rappelle souvent que c’est le roi qui lui a demandé de tenir ces propos45. Pourtant, autour des positions officielles de la royauté qu’il rapporte et défend, le chancelier, loin de n’être qu’un simple porte-parole, qu’une « bouche » du roi, influence ces décisions et il enrichit ses discours de toute une rhétorique qui lui est propre, de sa culture d’humaniste et de tout le poids de son expérience.

Comment donc restituer, derrière ses mythes perpétuellement ressassés, l’humanité complexe de ce personnage ? Comment retrouver l’Histoire et l’individu derrière la légende construite ? Une sérieuse réévaluation de l’histoire et des écrits de cet humaniste s’impose. La critique récente s’est heureusement intéressée à des aspects très précis de l’action de Michel de L’Hospital : son attitude face à la tolérance et à la concorde, ses rapports tourmentés avec le Parlement de Paris, ses Carmina dans la mouvance évangélique, son intégration aux réseaux de clientèle lorrains et auvergnats46. Le problème textuel qui entoure toute la production de L’Hospital (qui porte sa part de responsabilité), à savoir ses Carmina, ses discours et ses traités, n’a pour l’instant été soulevé et affronté que par Robert Descimon. On espère pallier partiellement ce problème crucial en éditant d’autres textes de L’Hospital.

Le devenir post mortem de L’Hospital est un réquisitoire pour l’étude conjointe et critique de l’historicité et de la littérarité (au sens de « qualités littéraires ») du texte. Tout écrit est le produit d’un moment et d’un individu plongé dans le devenir historique, individuel et collectif, de surcroît un homme politique comme L’Hospital, dont la vision est empreinte d’une grande cohérence mais aussi marquée par une constante évolution. Son existence comme ses écrits montrent que la littérature englobe des existences embarquées dans la réalité plutôt que des essences désincarnées, coupées du concret, dans des textes qui seraient toujours autoréférentiels. Il importe donc de relier le texte à son contexte de production. En effet, le référentiel occupe ici une place essentielle, pour deux raisons : premièrement parce que chaque discours se place à un moment précis d’une histoire tourmentée qui sombre dans l’atrocité des guerres de religion ; deuxièmement parce que le commerce épistolaire fait presque toujours référence aux événements contemporains. Ainsi, il est impossible de comprendre hors de leur contexte la vague de pièces de circonstances que suscitent en 1559 le traité de Cateau-Cambrésis et la mort de Henri II47. De même, les nombreuses poésies latines qui comparent L’Hospital à Aristote ne peuvent pas être analysées sans les relier à la découverte à Lyon, en 1564, d’une pièce de monnaie à l’effigie du fondateur du Lycée, portrait que Henri de Mesmes offrira à L’Hospital. Le texte ne flotte donc pas dans l’espace éthéré d’une littérarité abstraite. A la Renaissance et même jusqu’au théâtre de Corneille, il est généralement finalisé, orienté vers un but précis : l’éloge ou le blâme, la délibération, le jugement, à savoir les trois genres rhétoriques (démonstratif, délibératif, judiciaire), que L’Hospital utilise tous.

Coupé de son contexte historique de production, le texte de L’Hospital a aussi été séparé de son milieu sociologique, celui des humanistes de la Robe gallicane qui firent le voyage en Italie et par lesquels la Renaissance put se développer grâce à une convergence d’intérêts48. Ce milieu était parcouru de liens de solidarités verticales et horizontales, entre anciens étudiants de Padoue et entre Auvergnats. C’est grâce à ces puissantes attaches que L’Hospital, fils d’un proscrit fidèle au connétable de Bourbon, put s’élever. Conscient de ce que la Robe humaniste attendait de lui, il s’adapta, pour s’élever, aux attentes de ce milieu, à une sorte d’horizon d’attente sociologique49, à la fois toujours flou et changeant selon les modes, les revers de fortune et les aléas de la politique, et pourtant toujours stable à certains égards, vu la permanence d’une idéologie conservatrice au sein de la noblesse de Robe gallicane.

Le retour au texte est ici fondamental. Texte de L’Hospital d’abord, dont il importe de vérifier et de rétablir l’exactitude ; texte de ses contemporains ensuite, dont il faut parfois mettre en question la bonne foi à une époque si polémique, ouvertement ou de manière larvaire, où l’on manie la plume comme l’épée. Ainsi, dans son Histoire Universelle, Agrippa d’Aubigné, soucieux de gagner la mémoire de L’Hospital à la cause protestante, est le seul à prétendre avoir eu à la main les preuves écrites que L’Hospital baigna dans la conjuration d’Amboise en mars 156050. Pour ne pas avoir à produire ce document « impossible » puisqu’au moment des faits L’Hospital accompagnait Marguerite de France à Nice, d’Aubigné dit l’avoir détruit pour ne pas faire de L’Hospital la victime d’un chantage.

Les textes littéraires sont toujours plus ou moins enracinés dans leur contexte immédiat de production. Les Carmina comme les discours politiques de Michel de L’Hospital sont fortement ancrés dans l’instant, sur lequel ils veulent constamment agir. Seule une mise en contexte et une approche du texte littéraire comme produit d’un moment déterminé et d’une individualité en perpétuel devenir permettent de saisir ce que l’auteur a réellement voulu dire plutôt que ce qu’on veut lui faire dire. Tout en gardant leurs spécificités, leurs domaines et leurs méthodes, l’histoire de la littérature et l’histoire littéraire, l’histoire et la littérature, doivent, sans se confondre, s’éclairer mutuellement dans cette quête du sens des mots et des choses.

Le XVIIe siècle a voulu oublier L’Hospital pour conjurer le souvenir des guerres civiles, le XVIIIe anticlérical n’a vu en lui qu’un apôtre de la liberté de conscience et qu’un proto-philosophe, le XIXe l’a affublé d’un manteau de libéral. Chaque époque redécouvre la littérature et revisite l’histoire en projetant sur elles ses préoccupations. Quel sera le Michel de L’Hospital du XXIe siècle ?

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1 Michel de L’Hospital, Œuvres complètes, Paris, 1824-1826 ; Genève, Slatkine, 1968, 5 vol. Le t. III (ici abrégé DUFEY), qui édite les Carmina, est le seul qui soit fiable. Pour une critique, voir Michel de L’Hospital. Discours pour la majorité de Charles IX et trois autres discours, éd. Robert Descimon, Paris, Imprimerie nationale, 1993, p. 35-36 et 46.

2 Voir surtout l’Eloge de la Folie, XXII et XLII-XLIV (Œuvres choisies, éd. J. Chomarat, Paris, Livre de Poche, 1991, p. 133-134 et 163-165) et l’adage 292 Les philautes (p. 356-357).

3 Ad Vidum Fabrum, De amore et ignoratione sui, dans Michaelis Hospitalii, Galliarum Cancellarii, Carmina. Editio a prioribus diversa & auctior, Amsterdam, apud B. Lakeman, 1732, p. 208-214 (ici abrégé AMST) ; DUFEY, p. 281-284. Voir La Fontaine, Les Fables, I, 7, inspiré de l’allégorie d’Esope (Les deux besaces) et de Phèdre (IV, 10), exploitée entre autres par Catulle (Elégies, XXII, v. 20-21), Erasme (Adages, I, 6, 90), Rabelais (Pantagruel, chap. XV ; Tiers Livre, chap. XV).

4 La fable de la grenouille est dans AMST, p. 214-228 ; DUFEY, p. 289-305 ; celle des grenouilles de Sériphe dans AMST, p. 174-176 ; DUFEY, p. 268-270 ; sur Tantale et Phynée, AMST, p. 334-338 ; DUFEY, p. 439-443 ; sur Ixion, AMST, p. 297-306 ; DUFEY, p. 461-472.

5 Voir E. Armstrong, Ronsard and the Age of Gold, Cambridge University Press, 1968 ; H. Levin, The Myth of the Golden Age in the Renaissance, New-York, Oxford University Press, 1969.

6 De Postrema Gallorum in Italiam expeditione carmen, scriptum anno 1557, s.l.n.d., AMST, p. 462-464 (version incomplète). Voir mon édition dans « Michel de L’Hospital et les guerres d’Italie : De postrema Gallorum in Italiam expeditione carmen (1557) », BHR, LX, n°1 (1998), p. 77-105. Cette pièce, absente des deux premières éditions des Carmina (1585 et 1592), n’apparaît pour le première fois que dans l’édition de 1732.

7 « […] percurre legendo / Historias & visa animo atque audita recense / Oenotriis semper victi decessimus oris. » (v. 13-15).

8 « Tanto plus suadere potest, & flectere sensus / Relligio, quam vis hominum mala cogere mentes, / Dirarumque metus. Sed quod pietate tenebant / Quondam illi, vos nunc aegre defenditis armis. » v. 139-142. Le v. 139 est une réminiscence de Lucrèce, De Rerum Natura, I, v. 101.

9 Voir Marc Fumaroli, L’Âge de l’éloquence. Rhétorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Genève, Droz, 1980 ; Paris, A. Michel, 1994.

10 Ed. R. Descimon, op. cit., p. 73-75.

11 Ainsi dans le discours du 13 décembre 1560, édité par R. Descimon, op. cit.

12 Voir surtout B. Beugnot, « Florilèges et Polyantheae : diffusion et statut du lieu commun à l’époque classique », Etudes françaises, XIII, 1977, p. 119-141 (dans B. Beugnot, La Mémoire du texte, Essais de poétique classique, Paris, Champion, 1994, p. 257-279) ; A. Moss, Printed Commonplace-Books and the Structuring of Renaissance Thought, Clarendon Press, 1996 ; M. Fumaroli, op. cit.

13 Voir par exemple l’Abrégé de l’Art poétique français (1565) où Ronsard identifie Jupiter à Dieu (Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance, éd. F. Goyet, Paris, Livre de Poche classique, 1990, p. 468). Voir Guillaume Budé, Le Passage de l’hellénisme au christianisme, trad. fr. du De Transitu Hellenismi ad Christianismum, éd. M.-M. de La Garanderie et D.F. Penham, Paris, Les Belles Lettres, 1993.

14 Ad Claud. Espens. nobiliss. & doctiss. Theologum, de poësi Christiana iudicium, & exemplum, AMST, p. 28-29 ; DUFEY, p. 42-43. Voir L. Petris et A. Schneider, « Nec enim est infans sapientia semper : Définition et illustration d’une poétique chrétienne dans les Carmina de Michel de L’Hospital », in In dubiis libertas. Mélanges d’histoire offerts au professeur Rémy Scheurer, éd. Philippe Henry et Maurice de Tribolet, Hauterive, G. Attinger, 1999, p. 193-203.

15 « Sit sermo incomptus, facilis, non anxius, omnem / Ornatum fugiens, plenus gravitatis […] » AMST, p. 29 ; DUFEY, p. 43, v. 55-56.

16 Voir surtout l’Hyperaspistes I et II (1526 et 1527), éd. J. Chomarat, op. cit., p. 874-877 et 894-899.

17 Voir AMST, p. 10-17 ; DUFEY, p. 19-27 et, pour les discours, éd. R. Descimon, op. cit., p. 108-109 et 122. Le thème est repris d’Ovide, Métamorphoses, I, v. 150, et de Virgile, Géorgiques, II, v. 473 et Bucoliques, IV, v. 6.

18 Ad Franc. Turnonium Cardinalem, AMST, p. 10 ; DUFEY, p. 19.

19 Sermo in luxum. Ad Chr. Thuanum P. Par., AMST, p. 215 ; DUFEY, p. 290.

20 Tite-Live, De la seconde guerre punique que les Carthaginois feirent avec les Romains sous la conduite d’Annibal, 1559. Sur la conception de l’histoire, voir C.-G. Dubois, La Conception de l’Histoire en France au XVIe siècle (1560-1610), Paris, Nizet, 1977 ; Franco Simone, « La Coscienza storica del Rinascimento francese e il suo significato culturale », Convivium XXII (1954), 157-170 ; L’Histoire au temps de la Renaissance, éd. M.T. Jones Davies, Paris, Klincksieck, 1995.

21 Ronsard, L’Excellence de l’Esprit de l’Homme. Préface sur Tite Live, traduit en françois par Hamelin, éd. P. Laumonier, t. X, p. 101-108 ; éd. La Pléiade, t. II, p. 837-840, v. 89-102. Pour une apologie de l’histoire, voir aussi la préface de Ravisius Textor (Jean Tixier), Ioannis Ravisii Textoris Nivernensis Officina, Basilae, 1552.

22 Vers 110-113, amplificatio du De oratore (II, 9) de Cicéron : « Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae, nuntia vetustatis, qua voce alia nisi oratoris immortalitati commendatur ». On notera les parallèles et les échos dans la construction des v. 110-112.

23 Vers 112 et 101. La relation entre la poésie et la peinture remonte à Horace, Ars poetica, v. 9-10 et 361.

24 L’expression est de Denis Crouzet, La Sagesse et le malheur. Michel de L’Hospital, chancelier de France, Seyssel, Champ Vallon, 1998, p. 9.

25 « C’estoit un autre censeur Caton celuy là, et qui sçavoit très bien censurer et corriger le monde corrompu. Il en avoit du tout l’apparance avec sa grand’barbe blanche, son visage pasle, sa façon grave, qu’on eust dict à le voir que ç’estoit un vray pourtraict de saint Hierosme […] J’ay ouy de ce temps faire comparaison de luy et de Thomas Morus […] », Brantôme, Œuvres complètes […], éd. P. Mérimée et L. Lacour, Paris, 1895, 13 vol., t. IV, p. 145-146 et 154.

26 L’Hospital écrit au nom de Ronsard une pièce apologétique et satirique, l’Elegia nomine P. Ronsardi adversus ejus obtrectatores & invidos scripta à Mich. Hospitalio, Franciae Cancellario (BN, Rés. Yc8285 ; AMST, p. 457-460 ; éd. P. Laumonier, t. XVIII1, p. 257-262) qui donne de précieux renseignements sur la perception de la nouvelle poétique de Ronsard. Sur la position très nuancée et modérée de L’Hospital dans cette affaire, voir surtout P. de Nolhac, Ronsard et l’Humanisme, Paris, 1921, p. 48, 178-187 et 342 et « Documents nouveaux sur la Pléiade : Ronsard, Du Bellay », RHLF, VI (1899), p. 355-356.

27 L’Hymne de tresillustre prince Charles, cardinal de Lorraine, éd. P. Laumonier, t. IX, p. 68, v. 715 ; éd. La Pléiade, t. II, p. 507, v. 591.

28 Le Bocage, éd. P. Laumonier, t. VI, p. 82, v. 185 ; éd. La Pléiade, t. II, p. 1405 : « Lui seul [d’Avanson] et L’Hospital me donnerent courage / A grands coups d’aviron ramer contre l’orage ».

29 Eclogue III ou Chant pastoral sur les nopces de Monseigneur Charles duc de Lorraine et madame Claude, fille deuxiesme du Roy Henri II, éd. P. Laumonier, t. IX, p. 75 ; éd. La Pléiade, t. II, p. 182-193.

30 Le Procès, éd. P. Laumonier, t. XIII, p. 29, v. 268 ; éd. La Pléiade, t. II, p. 77, v. 234.

31 Bocage royal dans Mascarades et Bergerie, éd. P. Laumonier, t. XIII, p. 157 ; éd. La Pléiade, t. II, p. 84, v. 145-6.

32 Nicolas Rapin traduit ainsi l’épître de L’Hospital Ad Amicos (Discours de M. le chancelier de L’Hospital à ses amis, tourné du latin, Poitiers, J. Blanchet, 1601 ; Œuvres I. Vers publiés du vivant de l’auteur, éd. Jean Brunel d’après E. Berthé, Genève, Droz, 1982, p. 634-647).

33 Claude Joly, Discours de Michel de L’Hospital […], Paris, 1652, ainsi que le Recueil de maximes véritables et importantes pour l’institution du Roy […], Paris, 1652 et 1825 ; Charles Perrault, Recueil de divers ouvrages en prose et en vers, Paris, G. De Luyne et J. Guignard, 1675.

34 Henri Amphoux, Michel de L’Hospital et la liberté de conscience au XVIe siècle, Paris, 1900 ; Genève, Slatkine, 1969. L’ouvrage, truffé d’anachronismes, fait de L’Hospital le promoteur des Droits de l’homme. Pour une critique, voir J. Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, Ed. Montaigne-D. de Brouwer, 1955 ; A. Michel, 1994 ; V. De Caprariis, Propaganda e pensiero politico in Francia durante le guerre di religione (1559-1572) I, Napoli, Ed. scientifiche italiane, 1959 ; M. Turchetti, Concordia o tolleranza. François Bauduin e i Moyenneurs, Genève, Droz, 1984.

35 La plupart de ces éloges furent publiés en 1777. Citons en particulier ceux de Condorcet, Doigné, H.-D. Garat, Comte de Guibert, Montyon, et de l’abbé J.-H. Rémy. Voir S. Hottiaux, Michel de L’Hospital et ses images historiographiques du XVIIe au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise (dir. D. Crouzet), Université de Paris IV, 1997-1998, I.R.C.O.M.

36 Jean Héritier, Michel de L’Hospital, Paris, 1943, p. 7.

37 Ce mythe antisémite vient de Jodelle et de Beaucaire de Péguillon (Rerum gallicarum commentarii, Lyon, 1625), repris par Dupleix, Henri de Sponde, Mézeray, Raynaldus, Duchesne, Maimbourg, Le Féron et Varillas. Un quatrain de l’époque fustige ce « Natione in figure Judaeus / Religione peta / Factionem huguenotus / Furtonem papista » (BN, Fr. 3939, fol. 41).

38 Première strophe de la Satire contre le Chancelier de L’Hospital, Les Œuvres et mélanges poétiques d’Etienne Jodelle, éd. Marty-Laveaux, 1870, t. II, p. 348-350, aussi dans BN, Fr. 3283, fol. 118v°.

39 BN, Fr. 3283, fol. 119, « Con. Mich. Hosp. Gall Cancell. Principibus cur aequalem Judaeus propago », (aussi dans BN, Fr. 1662, fol. 32r° et Œuvres complètes, éd. E. Balmas, Gallimard, 1968, t. II, p. 419).

40 Voir Brantôme, Œuvres complètes, éd. Prosper Mérimée et Louis Lacour, t. IV, p.154 ; Mémoires de Messire Michel de Castelnau, par J. Le Laboureur, Bruxelles, 1731, t. I, p. 494. Voir aussi BN, Dupuy 951, fol. 95r° : « De trois choses Dieu nous garde, / Des patenostres du vieillard, / Du curedent de l’Admiral, / De la messe de L’Hospital ». Les versions divergent. Une autre parle des grains du chapelet de Montmorency, de la messe de L’Hospital et du bonnet rouge du cardinal de Châtillon : « One is ever mumbling upon his beads, and his head ever occupied with other affairs ; the other hears daily Mass, and is the chief Huguenot in France ; the third wears a cardinal’s cap and defies the Pope. They say otherwise, from the Admiral’s toothpick, the Constable’s beads, the Chancellor’s Mass, and Châtillon’s cap, Libera nos Domine » (Calendar of State papers, 1563, p. 645-646, doc. 1553, 28 décembre 1563). Voir Seong-Hak Kim, Michel de L’Hospital : The vision of a Reformist Chancellor during the French religious wars, Kirksville, Sixteenth Century Journal Publishers, 1997, chap. 4.

41 Théodore de Bèze, Icones, id est verae imagines virorum doctrina simul et pietate illustrium, Anvers [Genève], Jean Remy, 1580, en liminaire des éditions des Carmina de L’Hospital en 1592 et 1732, et traduit par Simon Goulart, Les Vrais Portraits des hommes illustres en piété et doctrine […], [Genève], Jean de Laon, 1581, p. 143-144 ; Genève, Slatkine, 1986.

42 Regime de santé adressé à la Reine Catherine & affiché à saint Germain en Laye & à Paris au mois de Février 1561, dans Les Mémoires de Messire Michel de Castelnau, par J. Le Laboureur, Bruxelles, 1731, t. I, p. 494. Castelnau croit voir en Artus Desiré, catholique zélé, l’auteur de ces vers.

43 Lucien Romier, La Conjuration d’Amboise, Paris, Perrin, 1923, p. 182 ; Catholiques et Huguenots à la cour de Charles IX, Paris, Perrin, 1924 ; Le Royaume de Catherine de Medicis, Paris, Perrin, 1922 ; Genève, Slatkine, 1978 ; Les Origines politiques des Guerres de religion, Paris, Perrin, 1914 ; Genève, Slatkine, 1974.

44 Ainsi en ce qui concerne son prétendu pacifisme. Voir Loris Petris, « Guerre et paix dans les Carmina de Michel de L’Hospital », BHR, LXI (1999), p. 95-108.

45 Par exemple dans son premier discours en tant que chancelier de France (5 juillet 1559) : « le Roy luy a commandé y venir pour dire de sa part ce qu’ilz orront. […] le Roy luy a commandé dire […] », AN, X1A 1594, fol. 311v°, aussi dans Catalogue des actes de François II, éd. M.-T. de Martel, Paris, CNRS, 1991, t. II, p. 729 et 733.

46 A savoir les études de M. Turchetti, op. cit. ; S.H. Kim, op. cit. et deux articles, « Michel de L’Hôpital Revisited », Proceedings of the Annual Meeting of the Western Society for French History, 17 (1990), p. 106-112 et « The Chancellor’s Crusade : Michel de L’Hospital and the Parlement of Paris », French History, 7/1 (March 1993), p. 1-29 ; la « biographie a-biographique » de Denis Crouzet, op. cit. ; et l’introduction de R. Descimon (op. cit.) à son édition de quatre discours.

47 Voir D.J. Hartley, « La célébration poétique du traité de Cateau-Cambrésis (1559) : Document bibliographiques », BHR, XLIII (1981), p. 303-318 et « La mort du roi Henri II (1559) et sa commémoration poétique : document bibliographique », BHR, XLVII (1985), p. 379-388.

48 Voir M.P. Gilmore, Humanists and Jurists, Cambridge, 1963 et Michel Reulos, « L’humanisme des juristes au XVIe siècle », in Actes du Congrès de l’Association Guillaume Budé, Grenoble, 21-25 septembre 1948, Paris, Les Belles-Lettres, 1949, p. 301-304.

49 Par analogie à la notion littéraire d’horizon d’attente développée par Hans-Robert Jauss et son école de Constance (Pour une esthétique de la réception, 1972-1975 ; trad. fr. Paris, Gallimard, 1978).

50 Agrippa d’Aubigné, Histoire Universelle, éd. A. Thierry, Genève, Droz, 1981, t. I, p. 280-281 ; Sa Vie à ses enfants, dans Œuvres, éd. H. Weber, Gallimard, La Pléiade, 1969, p. 395. Voir Iter Nicaeum, AMST, p. 272-289 ; DUFEY, p. 367-386.