Ouverture
Au nom de la Fondation Grumiaux et d’Aremi
Le colloque “Le Temps et la Forme” permettra certainement de mieux appréhender les relations du temps et de la musique grâce aux participants et à la diversité de leurs travaux. L’association Aremi et la Fondation Grumiaux sont heureuses d’apporter leur soutien à cette initiative. Elles s’intéressent tout particulièrement à mieux appréhender les relations temps-musique en ce qui concerne la pédagogie musicale qui fut une des grandes préoccupations du violoniste Arthur Grumiaux. D’autre part l’interprète se trouve aussi confronté au rapport temps-musique. Sa réflexion doit aboutir à un apport de création véritable.
Toute œuvre d’art porte en elle-même sa propre signification. Elle peut être décrite et analysée et ainsi être mieux comprise. Elle ne peut être transcrite ou traduite sous une autre forme sans se trouver atrophiée. Si les œuvres des domaines visuels ou littéraires sont directement perceptibles, par contre la musique oppose une difficulté d’approche. Car elle n’existe pas sans l’intervention d’un musicien généralement autre que son auteur : l’interprète. L’œuvre perçue devient alors le résultat de trois pensées qui interfèrent entre le compositeur, l’interprète et l’auditeur.
L’œuvre musicale écrite par le compositeur est la représentation notée d’un imaginaire abstrait. C’est une œuvre virtuelle. Elle n’entre dans la réalité concrète qu’en étant jouée. L’interprète, qu’il soit amateur ou professionnel, doit entreprendre un véritable travail de création qui l’entraîne au-delà d’une reconstitution rigoureuse. Sa propre objectivité devient technique ; elle donne à l’œuvre son évidence et la rend vivante parce que différente à chaque exécution. Encore faut-il que l’interprète puisse prendre la liberté de cette différence.
Quant au temps musical, tissé de durées mesurables, et constitué par la forme, il fait de l’œuvre un objet particulier dont l’interprète doit avoir constamment la représentation globale. Ce temps, qui a fait l’objet de si nombreux débats scientifiques et philosophiques, confère sens et vie à l’œuvre chaque fois réinventée. C’est ce qui permet à l’interprète, respectueux des données écrites, de jouer l’œuvre comme s’il l’inventait en l’improvisant.