Nécrologie
NECRO
François Matter
(1932-2024)
Fils de Jean Matter, polytechnicien, ingénieur devenu Directeur Général de Pechiney, ancien Président de la Fédération Française de Ski, et de Simone Gatine, fille de polytechnicien et inspecteur général des finances, François Matter est né à Paris le 9 mars 1932, pendant la Grande Dépression. Adolescent heureux aux Éclaireurs Unionistes de France de Pentemont, il y a pris ses premières responsabilités. Ayant achevé ses études au lycée Louis-le-Grand, il a été admis à Polytechnique en 1952. À sa sortie de l’X, il a choisi l’arme de la Cavalerie. Envoyé en Algérie, le capitaine Matter y a été grièvement blessé au cours d’une opération dans le bled (1958). Après de lourdes hospitalisations et une longue rééducation, l’Armée lui a fait suivre une année à l’Université à Philadelphie pour parfaire son instruction. Estimant essentiel d’approfondir la technique des combats et des guerres, il a passé le concours d’État-Major et a été nommé colonel. Président de la Réunion des Officiers de Réserve du Service d’état-major, il a régné sur une cohorte de jeunes capitaines qui, selon la devise de l’École supérieure des officiers de réserve spécialistes d’état-major, « s’instruisent pour mieux servir ».
En 1961, il a quitté la carrière militaire pour entrer à la Manufacture des glaces de miroirs de Saint-Gobain. Ingénieur d’abord à l’usine de Chalon-sur-Saône, puis envoyé deux années en Cantabrie espagnole, il est devenu directeur dans diverses divisions de ce Groupe, ayant été nommé un temps chef du traitement de l’informatique puis responsable du service des études économiques. Il aimait rappeler que, sans les banquiers protestants genevois qui en 1702 avaient sauvé la société Saint-Gobain de la faillite, cette entreprise ne serait pas devenue un groupe mondial.
En 2001, la Société de l’Histoire du Protestantisme Français a élu François Matter membre du Comité et l’a chargé d’être son Trésorier. Il a assuré très scrupuleusement cette mission délicate, y ajoutant par la suite la charge de Secrétaire général adjoint. Hormis les jours de golf où, inlassablement, il travaillait son swing pour le rendre fluide et parfait, il s’est rendu quasi quotidiennement rue des Saints-Pères, veillant aussi bien sur les bâtiments que sur la bonne marche de la Société. Il était actif, infatigable et tenace, toujours souriant et bienveillant, ce dont la SHPF lui a été infiniment reconnaissante. Combien de fois, au sortir d’un Comité, continuait-il à évoquer les problèmes qui se posaient avant de rejoindre son havre de la rue d’Assas, où l’attendait au piano Dorothée, fille de Maurice Couve de Murville, qu’il avait épousée en 1962 à Pentemont.
Au cours de tant d’intenses années, qui lui valurent plusieurs actes de reconnaissance de la Nation, il est resté fidèle à sa famille, à sa communauté protestante de Pentemont-Luxembourg et aux œuvres familiales, en particulier l’œuvre d’assistance sociale des « Foyers Matter », fondée par son grand-oncle Étienne Matter en 1895. Fidèle aussi à la mémoire de son arrière-grand-père Albert Matter (1823-1907), il aimait se plonger dans le fonds Matter déposé à la SHPF, sur les traces de ce juriste devenu pasteur et théologien luthérien, à la Faculté de théologie protestante de Paris.