Comptes rendus
CR
Michel Dupeyre, Franz Schrader
Pau : CAIRN, 2024, 76 p.
Franz Schrader (1844-1924) est un des plus brillants pyrénéistes protestants dont une exposition au musée d’Orthez en 2013 (Les Pyrénéistes protestants au xixe siècle) a rappelé l’importance, comme cartographe, géographe et dessinateur. Fils d’un Prussien luthérien venu à Bordeaux pour le négoce, il est par sa mère le petit cousin des cinq frères Reclus. Son père Ferdinand Schrader lui fait apprendre la menuiserie, mais Franz en autodidacte va faire des études complètes. À 22 ans, il découvre les Pyrénées chez un ami, Léonce Lourde-Rocheblave, fils du pasteur de Pau. C’est pour lui une révélation. Désormais il va y consacrer sa vie. Il lit guides et carnets de courses, et ascensionne les sommets les plus proches. Il étudie particulièrement le Mont Perdu, versant français (Gavarnie) et espagnol. Voulant en établir une carte, il devient topographe et invente un petit appareil de transcription graphique, l’orographe qu’il perfectionne à plusieurs reprises. Sa carte du Mont Perdu par sa perfection lui attire reconnaissance et notoriété.
La défaite de 1870 ayant révélé (entre autres) l’absence de cartes dans l’armée française, celle-ci va faire appel à de nombreux « géographes-crapahuteurs » pour établir des cartes du territoire national. Franz Schrader est l’un d’eux. Il est embauché par la maison Hachette pour qui travaillaient déjà ses cousins Reclus, Élisée et Onésime. En 1880, il prend la direction du bureau cartographique. Il supervise les guides Joanne, écrit des articles dans des revues géographiques, réalise des atlas universels ou scolaires, perfectionne diverses cartes et crée avec Louis Gallouédec une succession de manuels scolaires de géographie qui resteront en service jusque dans les années 1960.
Son activité débordante lui attire de nombreuses récompenses et décorations. Parallèlement, il laisse une importante œuvre artistique, en dessin, aquarelle, huile, dans laquelle il exprime les émotions que lui donne la montagne. Il meurt en 1924. Un monument à sa mémoire sera édifié par le Club alpin près de Gavarnie où il est enterré. En 1881, il avait épousé Suzanne Goy, la fille d’un ancien pasteur devenu directeur d’École Normale, connu pour son libéralisme. Ils eurent deux filles.