Comptes rendus
CR
Myriam Métayer, Adriana Sotropa, Dessiner, enseigner, François-Georges Pariset (1904-1980)
Les Cahiers du Centre François-Georges Pariset, n° 11, Hors-Série. Bordeaux : Presses Universitaires de Bordeaux, 2024, 227 p.
En 1952, François-Georges Pariset est nommé professeur d’histoire de l’art moderne et contemporain à la Faculté des Lettres de Bordeaux, poste créé pour lui. Cette nomination est une double reconnaissance : celle de ses travaux (son importante thèse ressuscitant l’œuvre du peintre lorrain Georges de La Tour et le milieu artistique où il évoluait) ; et celle de l’histoire de l’art par l’Université qui « vint tard à l’histoire de l’art et celle-ci fut lente à se développer » (Pierre Vaïsse). La licence d’histoire de l’art et d’archéologie, avec ses différents certificats spécialisés, ne sera créée qu’en 1958.
Pendant plus de vingt ans, F.-G. Pariset a incarné l’histoire de l’art pour les Bordelais. Par ses conférences, ses articles dans Sud-Ouest, ses cours publics, par ses interventions lors de la restructuration du quartier Mériadeck de Bordeaux, il a fait sortir l’histoire de l’art du seul cadre universitaire. Dès 1959, il reçoit le diplôme d’honneur de la ville de Bordeaux ; puis la Légion d’honneur. Il a été membre de la Société de l’histoire de l’art français (président en 1957) et de la Société Archéologique de Bordeaux. En 1972, il crée et dirige le Centre de recherche du classicisme et du néo-classicisme. Et en 1977, il est élu président de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Vice-président puis président de la Société d’histoire moderne (1980), il est aussi vice-président de la Société française d’études du xviiie siècle et toujours actif dans la Société de l’histoire du protestantisme français. Les deux autrices ont conscience que la dimension religieuse manque à leur étude. Pariset était issu d’une famille luthérienne, mais il a accompagné son épouse et ses enfants dans la voie réformée. Il était protestant tout simplement.
Étudier le cursus de F.-G. Pariset, c’est aussi suivre comment s’est développée institutionnellement cette discipline universitaire et comment elle a pu être enseignée, ce que montrent concrètement les importantes archives de Pariset. Ces archives, versées par ses enfants dès 1983, ont été augmentées à plusieurs reprises. Un premier fonds est entré dans la bibliothèque municipale de Bordeaux, riche de tirés-à-part, de documents iconographiques et de plus de 8 000 cartes postales. En 2017, l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) a créé un fonds F.-G. Pariset, doté de livres d’art issus de sa bibliothèque et de ses archives professionnelles dont des correspondances (plus de 1 800 lettres). Depuis, l’université Bordeaux-Montaigne a ouvert un site de documents numérisés et un site de recherche intitulé « François-Georges Pariset, historien de l’art au xxe siècle ». Ce centre a organisé le 10 octobre 2020 une journée d’étude intitulée « François-Georges Pariset (1904-1980) objets et méthodes d’un historien de l’art » où furent pour la première fois exposés ses dessins, aquarelles et esquisses.
En effet, la surprise, quand ces archives ont été ouvertes, vint de l’importance des dessins (crayon, lavis, aquarelle, Bic…), plusieurs milliers, connus seulement de ses proches. Ces dessins sont variés, famille, portraits d’amis, paysages, scènes de genre, notamment à Berlin où il croque la montée du nazisme, monuments, églises, mais surtout ces dessins ont une valeur documentaire comme le détail d’un tableau ou d’un monument. F.-G. Pariset avait reçu une formation au dessin par deux de ses tantes (sœurs de son père), Amy et Mina Pariset, professeurs de dessin à Nancy. Elles avaient d’ailleurs publié un petit livre de pédagogie du dessin en 48 leçons, dont le but était d’« affiner le goût, l’esprit d’observation et l’âme française des petits Lorrains ». Pour Pariset, il s’agit de « dessiner pour mieux voir », mais aussi pour garder le souvenir d’une scène de genre, d’une œuvre d’art ou d’un détail. Un gros cahier iconographique en témoigne.
Les autrices soulignent enfin la grande disponibilité de F.-G. Pariset vis-à-vis de ses étudiants et des jeunes collègues, de ceux qui lui demandaient conseils et renseignements. Sa correspondance en témoigne, mais cela se traduisait aussi par une maison largement ouverte et accueillante à tous.