CR
Comptes rendus
François GILARD, Lettres d’Indochine, 1946-1948
Paris : Les deux Sœurs, 2022, 399 p.
François Gilard (1925-2018) est issu d’une vieille famille huguenote de la Dordogne. Son grand-père (auquel il a consacré un article dans le BSHPF1) a été pasteur à Montcaret et à Eynesse. Il a toujours manifesté son intérêt pour le journal Réforme demandant à ses parents, quand il était en Indochine, de l’abonner, et quand il prend sa retraite en 1985 il participe à son Comité de lecture.
François Gilard est admis à Saint-Cyr en 1943, mais les Allemands ayant supprimé l’école militaire, c’est à Cherchell en Algérie où elle s’est repliée, qu’il va recevoir une formation accélérée. Et en mars 1946, à 21 ans, il se porte volontaire pour le corps expéditionnaire en Indochine. Là, il est affecté à la première brigade d’Extrême-Orient. Ce livre relate les deux années de la vie d’un lieutenant en campagne à travers sa correspondance avec ses parents, correspondance relue, augmentée, relativisée, par l’auteur devenu, quarante ans plus tard, général de corps d’armée. Ce n’est pas encore la « guerre d’Indochine », mais il raconte des successions d’escarmouches, d’accrochages, qui provoquent des morts des deux côtés. Il montre les populations locales attentistes, résignées, prises entre le programme de pacification qu’il doit mettre en œuvre en montrant ses bienfaits (dont l’assistance médicale) et la propagande nationaliste des Viet infiltrés partout, insaisissables, menant une guerre de partisans qui prit l’ampleur que l’on sait. Après ce séjour indochinois, François Gilard revint en France. Il en gardait le meilleur souvenir et il retourna deux fois au Viêtnam où il avait reçu avec joie sa première décoration, la médaille militaire, et la citation qui l’accompagnait : « Jeune officier d’un grand courage et d’une belle ardeur au feu. »
____________
1. « Le pasteur Louis Gilard et l’Affaire Dreyfus », BSHPF 144 (1998), p. 689-693.