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Nicole Vray, Théodore Monod, Rencontres et engagements

Préface de Jean-Claude Hureau. Éditions Ampelos, 2021, 145 p.

Gabrielle CADIER-REY

Dans cette petite collection d’Ampelos qui regroupe des figures intéressantes ou emblématiques, il fallait bien qu’il y ait un Théodore Monod. C’est à Nicole Vray, déjà autrice de trois livres qu’elle lui a consacrés, qu’il revenait naturellement de l’écrire, en exploitant de nouvelles sources jusque-là inédites, notamment ses journaux privés. Dans cette étude, outre un récit de la vie de l’homme de science à la curiosité insatiable, elle met l’accent sur « les rencontres et les engagements » qui ont marqué sa vie. Rencontres avec des livres comme Le voyage du centurion d’Ernest Psichari, lu en 1922 et qui, soixante-douze ans plus tard, amènera l’écriture de Maxence au désert. Rencontres surtout au cours de sa vie avec des hommes comme Vercors, connu comme élève à l’École alsacienne et retrouvé dans la Résistance à Dakar, Albert Schweitzer pour un commun « respect de la vie », Amadou Hampaté Bâ, le musulman avec qui, dans une amitié fraternelle, il rencontre une identique tolérance religieuse, Louis Massignon avec qui il a partagé la revendication et la pratique de la non-violence, etc. En ce qui concerne ses engagements, ils découlent tous de sa foi évangélique, celle d’un unitarien, du christianisme d’avant le concile de Nicée, c’est-à-dire pré-trinitaire. C’est cette fidélité à l’Évangile qui l’a amené à créer en 1923 avec son père, le pasteur Wilfred Monod, l’ordre des Veilleurs, à lutter contre toutes les formes de violence, à participer chaque année autour du 6 août (anniversaires d’Hiroshima et Nagasaki) à un jeûne de quatre jours pour protester contre le nucléaire, à rejoindre Louis Massignon dans le jeûne hebdomadaire contre la guerre d’Algérie, à signer le Manifeste des 121 ou « Déclaration sur le droit à l’insoumission à la guerre d’Algérie ». De façon prémonitoire, il dénonce la pollution, la destruction de la faune et de la flore, le gaspillage du Paris-Dakar. Végétarien, défenseur de la cause animale, déjà en 1932, il est contre la chasse, et il présidera le ROC (rassemblement contre la chasse) de 1982 à sa mort en 2000. En 1991, il propose la première « Déclaration universelle des droits de l’animal » dont le texte se trouve dans les annexes de ce livre. Dans ce domaine comme dans tant d’autres, Théodore Monod s’est révélé un précurseur par son respect de la Vie.