Marie-Elisabeth Kocher, Le sourire de Ravensbrück. Yvonne Kocher alias Nanouk, résistante déportée
Ampelos, 2021, 142 p.
Voici une nouvelle édition d’un livre publié en 1947, quasi introuvable. Il avait été rédigé par la sœur d’Yvonne Kocher qui s’était appuyée sur les témoignages d’une partie des très nombreuses personnes qui ont bénéficié de son aide et de son amour. Il y manque quelques dates et des précisions biographiques, mais l’essentiel est dans les échos d’un esprit de service et d’une énergie presque incroyables. Fille de médecin, infirmière et assistante sociale, Yvonne Kocher a travaillé au service du personnel d’une usine, tout en étant active dans la « zone » de la banlieue sud de Paris, inventive, accueillante et généreuse à l’extrême. Elle a aussi été monitrice d’École du Dimanche. Pendant la guerre, elle a été assistante sociale en prison ainsi qu’au sein d’un milieu rural défavorisé en Normandie, et de plus en plus engagée comme agent de liaison d’un réseau d’exfiltration de parachutistes. Arrêtée le 5 juin 1944, torturée puis incarcérée à Fresnes, elle a fait partie du dernier convoi de déportés et a vécu douloureusement et courageusement à Ravensbrück, Torgau et Klein Koenisgsberg, comme Marie Médard qu’elle a bien connue. Elle était admirée pour son courage et sa foi et aimée pour son attention souriante et son service des plus souffrantes. Alors que son camp avait été libéré durant deux jours mais repris en main par une unité de SS, elle a été tuée par l’un d’eux le 3 février 1945 lors d’une marche forcée.
La vie et l’action d’Yvonne Kocher s’expliquent-elles seulement par la bonne nature d’une personnalité spécialement altruiste ? Sans doute pas. Comme l’indique bien la préface de Patrick Cabanel, son fort enracinement spirituel est à prendre en compte.