René NODOT, Le commandant Azur, héros de la Résistance dans la Drôme et le Vercors
préface d’Éric Peyrard, s. l., Éd. Ampelos, 2019, 123 p.
De nombreux ouvrages ont été écrits sur la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, mais le plus souvent les auteurs se sont intéressés aux « grands noms », aux personnalités les plus en vue placées en position hiérarchique, tandis que les hommes de « second rang » ont souvent été quelque peu éclipsés.
C’est à l’activité clandestine de l’un d’eux, Gaston Vincent – alias le « Commandant Azur » –, que ce livre est consacré, tout en donnant aussi des précisions sur l’un de ses proches, Pierre Bouquet, dont deux oncles sont pasteurs. Pour le rédiger son auteur a dû mener une enquête longue, et difficile, surtout en interrogeant des témoins de cette époque tragique. Issu d’une famille baptiste, Gaston Vincent (1891-1944) est le fils de Philémon Vincent (1860-1929), longtemps pasteur de l’Église baptiste de la rue de Lille à Paris. En 1940 il vit à Marseille et très vite il cherche à mener des actions de résistance. Grâce à des contacts parmi les Américains de la ville – en 1940 et 1941 les États-Unis sont encore neutres –, il commence par agir au sein de filières d’évasion vers l’Espagne. Puis, en 1941-1942, à la demande du pasteur Heuzé il participe au sauvetage d’enfants juifs en prenant la direction de la filiale marseillaise de l’Amitié chrétienne. Enfin, à partir de la fin de l’année 1942, et alors que la zone sud a été envahie par les Allemands, il entre dans la clandestinité en devenant un opérateur radio en lien avec le mouvement Combat et aussi l’Office of Strategic Service américain. C’est à sa vie de clandestin, traqué par la Gestapo et ses auxiliaires français, que ce livre s’attache. D’autant que G. Vincent, installé à Saint-Donat (Drôme) à partir de fin 1943, joue un rôle fort important tant dans la coordination des parachutages d’armes par les Alliés, que dans la transmission de renseignements très utiles à la préparation du débarquement en Provence d’août 1944. Dans son livre, G. Nodot – ancien résistant lui-même – ne cache pas son admiration pour G. Vincent et c’est donc un récit de l’action du « Commandant Azur » qu’il nous offre. On y trouve aussi de nombreux témoignages de première main qui illustrent, en particulier, les difficultés de l’action clandestine.
G. Vincent n’a pas vu la Libération : il est mort de maladie à l’hôpital du maquis du Vercors le 25 juin 1944. Il a reçu la « Médaille des Justes » de l’Institut Yad Vashem en 1986.